Sortie du 1er août 2013 par jean331 Caïre Cabret (2938m)

Une randonnée ingrate ? C’est un peu l’a priori qui frappe à tort le Caïre Cabret et explique sa faible fréquentation. Il faut dire que du parking de la Madone de Fenestre, le magnétisme de cette montagne ne saute pas aux yeux. D’allure assez quelconque voire pataude, elle est écrasée par son charismatique voisin, le Gélas. Pour ne rien arranger, son itinéraire se fait en grande partie hors sentier dans des éboulis, et vue d’en bas, la montée parait bien longue et un tantinet monotone. Et puis comme si cela ne suffisait pas pour décourager l’audacieux randonneur en quête d’objectifs inédits, le panorama au sommet est en grande partie obéré par les sommets alentours plus élevés. C’est vrai que vu comme ça... Et pourtant.

Le Caïre Cabret a un charme discret, indéniablement, mais il mérite vraiment le détour. Situé sur la longue ligne de crête séparant le vallon de la Madone de Fenestre et la vallée de la Gordolasque, il souffre du profil insignifiant qu’il daigne montrer quand on le regarde du refuge de la Madone de Fenestre. Du fond de la vallée de la Gordolasque, il présente en revanche un aspect beaucoup plus impressionnant avec de belles parois rocheuses qui dominent directement le très sauvage Lac Long. C’est d’ailleurs cette position surplombante sur ce superbe point d’eau qui fait une grande partie du sel de cette sortie.

Après un court tronçon de GR52, la montée par la combe de Cabret se fait effectivement sur un sentier discret au début, puis inexistant après les lacs Balaour. Le secteur est désert d’humain. Mais il est peuplé de nombreux chamois, de bouquetins et de marmottes extrêmement sympathiques.
La suite du parcours emprunte un terrain minéral que l’on pourrait qualifier d’austère. Pour moi c’est surtout beau.

Après le passage sur le petit plateau herbeux qui accueille les magnifiques lacs Balaour d’où l’on aura contemplé l’élégante silhouette du Caïre de la Madone, la remontée dans la caillasse le long du torrent jusqu’au Lac Cabret est agrémentée d’une vue originale sur les sommets stars du coin (Le Saint Robert, Le Gélas et le Mont Ponset).

Encore un peu de grimpette dans les éboulis et l’arrivée sur la crête ouvre l’horizon sur la Gordolasque et surtout, en contrebas, presque inquiétante, l’immense tâche sombre du Lac Long.

Le final, un rognon rocheux à gravir, permet d’effectuer quelques pas d’escalade facile , histoire de pimenter la balade.

Du sommet, la vue est en effet limitée mais elle permet quand même de contempler les 3000 du coin, la Malédie, le Mont Clapier ou la Cime Chamineye....et puis surtout, juste sous nos vibrams et quelques centaines de mètres, le bleu cobalt du lac Long enclavé entre les parois cendrées.... L’ambiance est sauvage, rude, délicieusement âpre. C’est magnifique.