Sortie du 2 juin 2019 par Rapha06 Pic Coolidge (3775m) arête sud, voie normale
Une nouvelle ascension mythique dans les Ecrins, marquant le début de la saison estivale 2019 ! C'est aussi l'occasion de découvrir le secteur de la Bérarde et le Vallon de la Pilatte, qu'on ne connaissait pas encore… Un secteur moins populaire que la Meije, le Soreiller ou le Glacier Blanc mais tout aussi attractif !!
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Grand beau temps tout au long du séjour !
Températures élevées pour l’approche au refuge ainsi que la descente.
Pas de regel sous 3000m...
Récit de la sortie
Préambule...
Ah les Écrins, ce massif si joli ; si sauvage ; si populaire mais pourtant tellement costaud (je parle pour les plus hauts sommets...). Nous en avons encore eu la preuve avec cette ascension haute en couleur, marquant le début de la saison estivale 2019 ! Accompagnés de Marcel et de Denis, nous sommes partis tous les trois à l’assaut ce ce sommet mythique du massif…
J1 : La vallée de la mort...
Nous ne le savions pas encore, mais cette approche, tant qu’elle soit somptueuse, fût vraiment un supplice pour les organismes ! Au départ de la Bérarde, il est 14h30. Après avoir effectué la route depuis la Côte d’Azur !
Mais le soleil tape d’une force inouïe et le manque de ventilation se fait vite ressentir.
Une chaleur terrible nous assomme durant toute la montée, et nous met le moral en berne (les guiboles aussi...).
On se dit que cela ne vas pas durer et tant bien que mal, doucement mais surement, nous mettons un pied devant l’autre et en avant !
Pas mal de pauses et de courage nous en aura t-il fallu pour atteindre au bout de 3 interminables heures le Refuge Temple-Écrins, toujours sous le soleil bien sûr
Au moins, là on va pouvoir se réfugier (c’est le cas de le dire pour se rafraîchir un minimum car ça a été désertique, une ambiance saharienne !
Nous voilà rassurés avec une approche réussie tant bien que mal, contents d’en être arrivés là !
La soirée se passe comme d’habitude. Il y a un peu de monde mais ça reste raisonnable, c’est pas comme en Juillet...
Dodo à 22h max, le réveil sonnera à 3h30 pour un départ une heure après...
J2 : Approchons-nous de la bête...
Comme promis, départ à 4h30, à la frontale avec d’autres cordées se suivant...
Et déjà la stupéfaction au passage rocheux une centaine de mètres au-dessus du refuge : introuvable et en plus avec les névés tout mous, c’est encore moins évident de trouver l’attaque et les cairns...
On se plante de chemin à plusieurs reprises (avec les autres cordées au passage) dans les rochers instables.
Nous décidons alors de grimper tout droit jusqu’à trouver un semblant de passage : bingo ! Le sentier était une cinquantaine de mètres au-dessus de nous tous...
Le jour commence à se lever au même moment mais déjà 45 minutes de perdues et beaucoup d’énergie mentale.
Au moins on avancera à un rythme plus que correct pendant une heure jusqu’à tomber au niveau des moraines de la combe, à 2800m.
On chausse les crampons et deuxième stupéfaction : regel inexistant !
Et mince, le moral en prend un coup mais dans un élan de solidarité entre tous, on se relaye pour faire la pénible trace dans les moraines...
1h00 plus tard, il est 7h30 lorsque nous tombons dans la combe située sous le Coolidge.
Surprise : un bon regel soudain à partir d’ici, ce qui remonte franchement le moral.
Nous ne mettrons que peu de temps pour parvenir au Col de la Temple, et au soleil, s’il vous plait ! 8h30, horaire correct...
C’est alors que Marcel et Denis décident de quoi... Laisser tomber le sommet ! Maaaaaais pourquoi ? D’autres cordées se sont élancées mais eux ne le sentent pas : le soleil tape déjà fort et ils sont un peu fatigués de cette lassante approche et pensent à la descente longue bien sûr...
Une aventure solitaire...
Je prends alors mon courage et décide de tenter l’aventure en solitaire, puisque je me sens bien en forme et capable d’être efficace, d’autant plus que les risques du jour semblent minimes si l’on ne dépasse pas les horaires prévus : 10h max au sommet.
Possible ? Et bien pour moi, je le pense fort à ce moment là et décide de continuer la montée. Un premier couloir raide à droite de l’arête et en bonne neige stable me mène au fil de l’arête où la neige devient plus pénible mais avec le rocher en dessous, aucun risque de coulée malgré l’exposition !
Je serais quand même bien lent pour le passage étroit jusqu’au plateau glaciaire sous le sommet.
Je déciderai de rattraper mon retard dans la partie finale, qui s’avère plus évidente mais gaffe quand même : je suis seul et l’erreur est interdite. Heureusement que j’ai encore toute ma lucidité et la tête sur les épaules !
Je suis parvenu au sommet aux alentours de 10h30. Pas question de s’arrêter longtemps, je rebrousse vite chemin malgré mon euphorie d’avoir réussi cette ascension. L’erreur est interdite et la retraite est longue.
En effet, la neige est bien revenue maintenant avec le soleil de plomb et les chaleurs soudaines... On va être prudents !
Je ne recroiserai pas les autres cordées qui sont redescendues sans faire le sommet...
En revanche, j’arriverai à bon port après une descente presque en courant dans le vallon, la forme est présente malgré les hauts et les bas...
13h00, Marcel et Denis sont là, en mode bronzette Tant mieux, tout le monde se retrouve sains et saufs et heureux d’être là.
Pendant la descente, les chaleurs sahariennes de la veille resurgissent mais en descente, c’est moins pénible qu’à la montée.
Nous discuterons pendant un bon moment, ce qui passera le temps dans la longue descente à plat du vallon de la Bérarde...
Jusqu’à ce que nous atteignons enfin le parking à 15h30 !
Sortie réussie à moitié mais réussie quand même puisque nous sommes sains et saufs et surtout satisfaits de ce voyage en altitude !
Que retenir ?
Bon, la prochaine fois, j’avoue que j’aurais dû laisser tomber l’ascension en solitaire et rester avec mes amis. Suis encore trop gamin dans ma tête, 18 balais c’est pas signe de maturité L’expérience ne fait pas tout et la vie est imprévisible !
Au moins, cette aventure me servira de leçon pour l’avenir en pensant que la vie et les amis sont plus importants qu’une montagne, elle ne partira jamais au moins, elle
Merci de la lecture de cette sortie, ça peut donner des idées de ce qu’est la haute montagne au printemps !!
Photos
Auteur : Rapha06
Avis et commentaires
Et ils avaient de la répartie en plus...
En effet, j’ai pas zoomé la photo lorsque je l’ai légendée et du coup j’ai inversé... Merci, je corrige
... Et encore, si on leur demande pourquoi ils font ça, ils répondront : "C’est mon boulot." !
Photo 55 : Euh, plutôt les Agneaux ?
Punaise, c’était des costauds les mecs avant ^^ c’est important de relater des faits historiques tels, ça remet en question ;)
Il y a plus d’un siècle, le curé de Vallouise partait du village le samedi vers 16 h, avec ses souliers cloutés, sa soutane et son bâton ferré, passait le col de la Temple vers minuit, célébrait l’office du dimanche à 11 h à la Bérarde, et repartait pour le trajet inverse dans l’après-midi.
Il est vrai qu’à l’époque le col était enneigé/englacé jusqu’à 3100 m environ.
Merci mais j’étais encore foufou à l’époque, cette sortie doit servir de leçon , je pense qu’elle est utile dans pleins de sens, au-delà de la course en elle-même !
C’est plus qu’une balade à ce niveau ;)
Bah.... J’aime bien ton écriture... C’est marrant !
Et quelle balade...! Bravo.
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