Sortie du 28 juin 2018 par Agarock et Fanthomas Pic Coolidge (3775m) arête sud, voie normale
Magnifique course d'alpinisme au cœur du massif des Écrins, classée "F" que j'imaginais bien moins difficile !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Conditions météorologiques parfaites et présence de grands névés sur le haut du vallon de la Temple ainsi que sur le grand plateau sommital.
Récit de la sortie
Parti dans l’Oisans pour 3 jours avec un groupe du C.A.F de Aix-en-Provence, et mon ami Claude, je savais que le séjour n’allait pas être de tout repos, mais pas ici en villégiature, moi !
Gioberney et Richardson gravis la veille au départ du refuge de la Pilatte, nous avons rejoint, dans la foulée, celui de Temple - Écrins, presque tout neuf...
Effectivement, des travaux sont encore en cours et les visqueuses, ponceuses et autres perceuses nous accueillent durement.
Les travaux concernent l’aménagement d’un grand parterre de bois sur le parvis du refuge et des hommes y travaillent encore.
Après une nuit un peu trop courte pour entièrement récupérer des 1300m de dénivelé de la veille, et un réveil à 3h30 du matin, nous voilà partis à 4h25 à l’assaut du Pic Coolidge.
Sentier très bien tracé au départ du refuge Temple / Écrins, celui-ci se délite bien plus haut, avant de déboucher sur le grand replat sous l’ancien glacier de la Temple.
Nos lampes frontales nous ont été comme toujours, d’une très grande utilité.
En cette fin de mois de juin, ce sont d’immenses névés qui ont remplacé l’ancien glacier, mais je suis persuadé que ceux-ci ont bien facilité notre ascension vers le col de la Temple.
Crampons bien fixés à mes chaussures, et piolet sorti, j’attaque avec gourmandise ces pentes enneigées.
Le bruit que font mes crampons sur cette neige durcie par la température nocturne, est un véritable régal, le dénivelé défile et le Col de la Temple est atteint aux alentours de 7h40.
Cet endroit, qui permet de basculer du Vallon de la Temple vers le Glacier Noir, dévoile rapidement la suite de notre itinéraire.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il semble bien plus technique que ce que l’on vient de gravir.
Les fameuses vires rocheuses décrites dans le topo impressionnent et des alpinistes sont déjà en train de négocier au mieux leur traversée.
À la vue de cet écueil relativement exposé, cumulé à la fatigue de la première partie du parcours, une petite partie de notre groupe décide de s’arrêter là.
Le reste (2 cordées de 3 et 4 personnes) entame donc cette traversée pas forcément très engageante, avec en point de mire, un beau couloir de 40 degrés encore bien enneigé.
Mais, je me rends compte que ce n’est qu’une partie de la traversée des vires, puisque peu après l’escalade de ce couloir, se dévoilent d’autres sections similaires.
D’ailleurs, ayant raté un cairn, nous sommes montés un peu trop haut et avons failli gravir l’antécime située sous le grand plateau sommital du Coolidge (point coté 3440m).
C’est la première cordée, qui avait pris de l’avance sur nous et que nous avions perdu de vue, qui a éveillé nos soupçons.
Nous les avons à nouveau repéré, derrière un ressaut, dans une position bien plus basse que la notre.
Du coup, nous désescaladons 50 mètres afin de reprendre la voie normale et la suite du parcours des vires.
La sortie de celles-ci sur le plateau sommital encore bien enneigé en ce mois de juin, est finalement un petit soulagement.
Personnellement, je ne me suis jamais senti à l’aise dans ces vires, pas du tout habitué à crapahuter dans du rocheux avec des crampons d’alpinisme.
Mais le terrain étant mixte, (neige et rocher), nous avions décidé de les garder.
La suite devient évidente, de grandes pentes enneigées à remonter et un choix à faire pour atteindre le sommet :
- Rejoindre l’évident col situé entre le sommet et l’antécime Est, afin de bifurquer à gauche pour un final en arête, peut-être aérien.
- Ou emprunter un petit couloir bien pentu (entre 40 et 50 degrés de pente) qui semble rejoindre directement le sommet.
La première option est choisie et les derniers efforts pour atteindre le sommet du Pic Coolidge sont autant physiques que mentaux.
La récompense est là !
L’impressionnante face sud de la Barre des Écrins, le point culminant de la P.A.CA, toute proche !
Au Sud, Ailefroide, Pic Sans Nom et Pelvoux, nous sommes entourés de géants !!!
Quelle sensation d’immensité !
Nous ne nous éternisons pas au sommet, car le timing a été dépassé et il est plus prudent d’entamer rapidement la descente, d’ailleurs, le couloir ayant fait l’objet du choix numéro deux, non retenue pour atteindre notre objectif du jour, vient d’obtenir à l’unanimité, nos faveurs pour l’entame de la longue descente qui nous ramènera au refuge !
Et ce n’est pas une mince affaire, car la neige est ramollie et la pente sévère.
Descente du plateau et retour sur les vires, agrémenté d’une descente en moulinette (rappel) du couloir enneigé au-dessus des premières vires, nous ont coûté 1h30 de plus pour rejoindre le Col de la Temple.
La suite dans le Vallon du même nom devient plus ludique, même si nous commençons à "brasser" dans les grandes pentes de neige dorénavant, molles.
Les crampons sont retirés de nos chaussures vers 2900m et la longue descente sur sentier vers le refuge, s’enchaîne.
Une petite pause au "Temple / Écrins" et c’est reparti pour une descente usante et interminable jusqu’à la Bérarde.
Arrivé "rincé" à la voiture, je balance tout dans le coffre, mais bien conscient d’avoir à nouveau vécu un merveilleux rêve éveillé...
Photos
Avis et commentaires
Merci pour vos retours, ce fût une course de montagne mémorable.
Belle course, belles photos, beau récit, après la Pointe Richardson, tu démarres fort la saison !
Thierry
Bravo pour ton récit de cette ascension, Cyril !
Bien joué ! Les photos sont superbes.
De bons souvenirs de ce sommet fait à la journée du pré de Mme Carle il y a 3 ans avec un de mes frères... Mais c’était beaucoup plus sec que ça !
Une bien belle course, certainement plus sympa à faire en début de saison qu’à la fin de l’été. On s’est régalés.
Un sympathique récit et de bien belles photos qui rendent bien l’ambiance de la course, Merci.
Photo.55 ... attention à ne pas partir sur les fesses !
Et puis un petit ’pinaillage’ (tu m’en excuseras) ... en fait il n’y a pas une Ailefroide mais 3 Ailefroide(s), l’Orientale étant la plus ’courue’, et la plus photographiée étant l’Occidentale avec son glacier suspendu qu’on voit très bien sur tes photos (et bien sûr il y a la Centrale).
Jean-Marc
Ah oui et j’oubliais... certaines de tes photos sont très intéressantes. Notamment celle où l’on voit bien l’arête NE du Gioberney. A+
Salut Cyril,
Et oui les cotations alpi des Ecrins ne sont pas données.
Tu écumes les voies normales des Ecrins semble t-il.
Le coolidge pour moi (allez, je ramène ma fraise), c’était en 87 avec une double tendinite aux genoux au sommet. J’avais pris une variante, cotée F elle aussi, qui shunte le col de la temple pour tirer directement. Vu les caillasses que nous avons fait tomber, je ne la recommande pas...
Superbe sortie, Cyril, çà fait un moment que je lorgne dessus.
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