Sortie du 4 septembre 2018 par bibox Circuit Grande Lauzière (2741m), Pic du Grand Doménon (2802m), Croix de Belledonne (2926m)

Une très belle sortie qui me rabiboche avec ce massif où je rechignais à me rendre pour des raisons un brin puériles : trop de Grenoblois, moche est le Grésivaudan, trop évident... malgré un beau souvenir de jeunesse aux Lacs Achard, Robert et Longet, c’est une première en tant qu’adulte !

Par ce temps mitigé, alors que j’ai un bel objectif en tête avec le Puy Gris, je me lance sur un grand classique : la Croix de Belledonne. N’est pas un classique sans de bonnes raisons. J’ai adoré ce parcours sur plusieurs étages qui par certaines analogies, m’a fait penser un peu à mes randonnées dans les Pyrénées Occidentales.

La vue est imprenable sur la Chartreuse en montant dans la forêt. Le sentier se faufile sur et entre les reliefs pour explorer le Lac du Crozet puis les beaux environs du Col de la Pra et ses cascades avant de grimper jusqu’au vallon plus sauvage du Doménon et ses lacs qui invitent à s’arrêter là sous les hauts sommets qui siègent Tout ça avec déjà un dénivelé important.

Se hisser dans l’ombre d’une montée pénible pour atteindre le Col de Freydane et contempler les lugubres faces nord enfumées, dont celle du Grand Pic, a des airs de voyage en Mordor. J’aimerais dire que je l’ai fait exprès mais je me suis juste planté de chemin et une sente salvatrice me permet de rejoindre le névé de la Grande Pente. Quelle chance ! Je me disais bien que j’entendais des voix en bas puis plus ensuite !

Dans les parties finales de la croix, je retrouve un certain nombre de mammifères sur pattes, bouquetins peu farouches ou de ma propre espèce. Même si ce n’est plus la haute saison, on était une quinzaine de randonneurs au sommet pour contempler les superbes paysages qui s’offrent à nous. Pourtant il y avait pas mal de nuages. Qu’est-ce que ça doit être par grand beau ! Le Lac Blanc est un diamant vert émeraude et le Grand Pic impressionnant est vaincu par quatre alpinistes. Je me demande bien dans quelles limites ce dernier peut se gravir en solo...

Alors que la Grande Lance d’Allemont se montre inaccessible sur la gauche, le Pic du Grand Doménon me fait des clins d’œil et sa traversée est naturelle pour qui ne veut pas encore en rester là. Je me rends à sa base, au Col du Bâton, le long des multiples jolis lacs entourés de névés.

Alerte topo pour la suite de l’itinéraire jusqu’au sommet de la Grande Lauzière. Je n’ai pas vu beaucoup de description, déjà pour le Pic du Grand Doménon présenté comme facile d’accès. Alors certes, rien de bien méchant pour qui a l’habitude de ce genre de terrain mais qui peut en impressionner d’autres. De bonnes prises mais quelques passages déversant surtout dans la redescente de l’arête ouest et des pentes soutenues. Ne pas aller trop vite car mieux vaut ne pas glisser.

Ensuite vient le passage asses délicat pour grimper au point coté 2702 avant de se sortir des difficultés et rejoindre le large plateau de la Grande Lauzière. J’ai fortement songé à faire marche arrière sur le Lac du Bœuf. Cet obstacle dissuasif est court, avec de gros blocs, mais très raide dans sa partie haute et propice aux chutes de pierres surtout si vous êtes plusieurs. J’ai pris la vire sur la gauche qui permet de sortir un plus bas. Faux pas interdit. Je conseille aussi fortement cette boucle dans le sens de ma sortie car ce passage doit être plus dangereux dans celui du topo. Je n’ai pas vu du tout comment l’éviter sans problèmes par la droite !

Mais j’en prends encore plein les yeux dans ce secteur plus rugueux. La Meije et les Écrins se laissent apercevoir par-delà la vallée de la Romanche et Bourg d’Oisans. L’arrivée sur le haut plateau de la Grande Lauzière est reposant alors que les brumes l’envahissent. Plutôt que de rejoindre le Refuge de la Pra par le Lac David plus au sud, je repère une combe sur la carte IGN qui débute à un petit col juste en dessous du sommet, au nord, et qui plonge sur le Lac Claret.

D’abord glissant en amont, cette descente sur pierrier offre un panorama grandiose sur les environs verdoyant de la Pra jusqu’à la Croix de Chamrousse. Emmurés par les Pointes de Jasse Bralard et le Grand Colon, on compte cinq beaux lacs (David, Bernard, Longet, Claret, Merlat) à proximité si on ne distingue pas bien les Lacs Robert plus loin.

Atteindre le Refuge de la Pra est assez mythique dans mon imaginaire personnel et je profite de sa terrasse avec délectation. Quelques chasseurs parlent déjà des chamois qu’ils vont pouvoir bientôt tuer. Mince, je n’avais pas pensé encore à eux ! Infos : pas de chasse les vendredis en Isère. Réserves autour du Rocher Blanc et dans les Hautes Bauges en Savoie. Parc Nationaux aussi bien sûr. Youpi.

Je termine cette journée en bouclant la boucle au Col de la Pra avant de traverser littéralement, sous le Lac du Crozet, un cheptel de 1200 têtes, moutons en masse, chèvres, boucs et huit patous !