Sortie du 2 août 2018 par Randorama74 Grenier de Commune (2775m) - Traversée Est-Ouest par Passy (Sixt)

Une semaine après la Pointe Rousse des Chambres, j’ai envie de continuer les grosses bavantes dans le Haut-Giffre. Après quelques hésitations, je décide de partir sur un itinéraire rentré par Alexis sur le présent site : la traversée des arêtes du Grenier de Commune. L’itinéraire passe par le mystérieux versant Nord. A priori, rien de bien insurmontable pour en avoir largement parlé avec l’intéressé, mais le terrain sera labellisé « Haut-Giffre ». Prudence donc !

Départ à 7h20 du hameau de Passy pour une première partie qui consiste en une longue approche rébarbative à travers les pistes de la petite station de ski. Ensuite, ça grimpe en forêt jusqu’à ce que l’on débouche dans les alpages de Commune, sous la face Nord du Grenier de Commune. Le soleil est déjà là et je suis heureux de voir qu’il éclaire abondamment mon itinéraire du jour, plutôt orienté au Nord-Est. Ce sera déjà un plus pour le moral que de ne pas être écrasé dans l’ombre des parois, comme c’est le cas au Pas Noir ou dans la Guivre. Surtout que cette fois, y a pas de poto pour se remonter le moral.

Il est 8h50 quand je rejoins la Croix de la Frête et mine de rien, 1000 mètres de dénivelé ont déjà été avalés. Plus « que » 800, mais ce sont les plus délicats.
Je remonte ensuite l’arête herbeuse qui monte dans la face Nord du Grenier de Commune. Les premiers mètres sont rendus difficiles par des vernes bien épaisses. Le sac accroche un peu partout. Le reste de l’arête est plutôt plaisant. A gauche, on a cette immense pente d’éboulis suspendu au-dessus du Fer-à-Cheval. Dire que tout ça va descendre un jour...brrrrrrrrr

L’herbe cède peu à peu la place au rocher et je sors piolet/casque juste avant que l’arête ne vienne mourir contre la paroi. La suite se passe à gauche et c’est ici que les choses sérieuses commencent. Il faut franchir une ravine encombrée d’un gros névé en son centre. Le terrain devient schisteux et glissant. Je traverse prudemment ce passage, où la pente plonge bien à gauche. De l’autre côté de la ravine, je décide de traverser sous une petite barre, de façon à pouvoir m’aider du rocher. Je remonte ensuite en ascendance à gauche dans des pentes raides et désagréable. Le piolet est comme toujours très utile.

Je vise un gros bloc isolé, puis un second un peu plus loin. La pente devient moins raide et la tension redescend un peu (mine de rien ça plongeait un peu à gauche). Après le second bloc, je rejoins une espèce de petit plateau suspendu. Le terrain est débonnaire et c’est un bon soulagement. Plus loin, je devine une cheminée dans les arêtes du Grenier de Commune. Je me dis que c’est celle mentionnée dans le topo. C’est gagné, la sortie est proche !

Oui mais non...parce que derrière, ça redevient soudainement très raide et escarpé. Je rejoins la base d’une petite paroi jaune. Les schistes sont plus croulants et délités que jamais. Face à moi, je peux voir une traversée peu engageante. Le terrain est très raide et il y a plusieurs séries de barres d’une dizaine de mètres. Je regarde encore et encore le topo et ma capture d’écran de la carte IGN. Dans ce genre de terrain, cela n’est pas d’une grande utilité (après vérification la carte Swisstopo semble mieux rendre compte du terrain ici). Le topo d’Alexis indique de traverser jusqu’à trouver une cheminée. Certes ! Mais comment savoir si elle se trouve derrière cette traversée ? D’ici, cela ressemble plutôt à un cul de sac.

Au-dessus de moi, à environ 30 mètres, il y a la fameuse cheminée que j’avais aperçu il y a quelques minutes. De loin, la cheminée ressemblait bien à celle de la photo d’Alexis, avec deux petites pointes au sommet. Je remonte tant bien que mal vers celle-ci. Le cheminement est tortueux et rien ne tient debout. La traversée de gradins branlants est particulièrement éprouvante pour les nerfs. Tout me reste dans les mains, et je suis obligé de dégager prudemment les morceaux de schistes qui s’émiettent sous mes pieds.

Une fois dans la cheminée, ça ne va pas vraiment mieux. Disons simplement que ça a été la partie de démineur la plus longue de toute ma vie. Enfin bref, après un bon quart d’heure de grimpe/déblayage, je sors sur l’arête du Grenier de Commune. La transition entre le terrain de la face Nord, raide et piégeux, et celui de la face Sud, solide et débonnaire, est un moment magique.

La traversée des arêtes est très belle, avec à droite le vide de la face Nord et à gauche les dalles couchées de la face Sud. Il n’y a jamais rien de compliqué, pour peu que l’on fasse attention au terrain parfois piégeux (notamment quelques dalles recouvertes de caillasses). Je suis au sommet à 11h30 et fait une bonne pause repas. La vue est saisissante de tous les côtés et j’ai tout le loisir d’étudier mes projets futurs dans le secteur (y a encore de quoi faire).

La dernière difficulté du jour est la désescalade qui permet de rejoindre le sentier des Frêtes du Grenier. Il y a deux sangles pour un rappel au sommet, mais cela passe sans problème (rocher très bon). Ensuite, Il ne me reste plus que la très longueeeeee descente sur le Refuge du Grenairon et le parking, que j’atteins à 14h10.

Encore un grand merci à Alexis pour son topo et ses précisions sur l’itinéraire. Malgré ma « couille » du jour, je dois reconnaître que c’est un itinéraire magnifique et sauvage, comme seul le Haut-Giffre en propose dans le secteur. A faire au moins une fois si l’on est fan du genre.

La vidéo de la sortie :