Traversée de la Pointe de la Galise (3343m), par l’Arête Sud.
- Alpinisme
- Alpes grées (ou Alpes graies) / Savoie / Val-d’Isère
- Difficulté :
- Alpinisme PD
- Dénivelé :
- 1300m
- Durée :
- 2 jours
Course d'alpinisme mixte qui n'est plus à la mode, dommage ! Cette belle montagne réserve cependant une traversée d'arête magnifique, plein gaz, peu difficile mais alpine dans un environnement unique. Le retour par le glacier de Bassagne en fait une course complète et variée. Le must, la cerise sur le gâteau, c'est le lever de soleil dans l'échancrure du col de la Galise ! La pointe de la Galise, c’est le pic là-bas au fond à gauche du vallon du Prariond. On ne voit qu’elle, on ne peut pas la manquer... – Auteur : patrick73
Accès
Accéder à Val d’Isère :
- Soit depuis la Tarentaire (Bourg-Saint-Maurice - Séez - col du Petit Saint-Bernard) par RN90, puis D902 (route du col de l’Iseran).
- Soit depuis la Maurienne (Modane - Lanslebourg - Col du Mont-Cenis D1006), puis traverser le col de l’Iseran par la D902.
- Se garer au grand parking juste après le Fornet (en venant de Val d’Isère) au Pont Saint-Charles, 2050m, départ pour le vallon du Prariond, et les sources de l’Isère.
Photos
Les infos essentielles
Difficulté
PD, passages de 3c, passages sur glacier à 30°
Horaires
1h pour le refuge du Prariond.
2h du refuge au col de la Galise.
2 à 3h pour l’escalade de l’arête sud.
3 à 4h pour le retour au Pont Saint-Charles
Matériel
Piolet, crampons, corde 60m (30m à double), 3 à 4 grandes sangles, 2 coinceurs câbles, matériel de sécurité (casque, deux broches à glace...)
Cartographie
IGN TOP 3633 ET Tignes-Val d’Isère-Haute Maurienne, Parc National de la Vanoise.
Bibliographie
Les 100 plus belles courses de la Vanoise (éditions Denoël) pour ceux qui connaissent encore cette "vieille collection", les 100 plus belles !
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Itinéraire
Très belle traversée "alpine", où tous les sens de l’alpiniste sont sollicités.
On parcourt une longue arête sauvage dans un terrain varié où le sens de l’itinéraire est nécessaire, et plein gaz !
Le retour par le facile glacier de Bassagne ne doit pas faire oublier les belles crevasses souvent cachées dans la descente du plateau.
Mais c’est avant tout un fabuleux voyage de funambule, cette arête !
Difficulté
- PD, passages de 3c, passages sur glacier à 30°
Horaires
- 1h pour le refuge du Prariond.
- 2h du refuge au col de la Galise.
- 2 à 3h pour l’escalade de l’arête sud.
- 3 à 4h pour le retour au Pont Saint-Charles
Matériel
- Piolet, crampons, corde 60m (30m à double), 3 à 4 grandes sangles, 2 coinceurs câbles, matériel de sécurité (casque, deux broches à glace...)
Cartographie
- IGN TOP 3633 ET Tignes-Val d’Isère-Haute Maurienne, Parc National de la Vanoise.
Bibliographie
- Les 100 plus belles courses de la Vanoise (éditions Denoël) pour ceux qui connaissent encore cette "vieille collection", les 100 plus belles !
Descriptif
- L’arête sud se voit intégralement quand on arrive dans la "plaine" du Prariond.
Le refuge du Prariond
Du pont Saint-Charles (2054m), au pied des premiers lacets de la route du col de l’Iseran, part le très bon sentier qui monte au refuge du Prariond (2334m), d’abord en quelques raides lacets puis par la longue traversée des gorges de Malpasset.
On débouche alors dans la « plaine » du vallon du Prariond où le refuge, bien camouflé, apparaît blotti contre les pentes d’herbe en rive droite du vallon. (1h-1h15)
La Pointe de la Galise
Suivant que l’on fait étape, ou non, pour la nuit au refuge, continuer le large sentier du col de la Galise qui monte raide en lacets serrés au-dessus du refuge jusqu’à la bifurcation à 2450m (panneau).
Continuer à droite le large sentier du col de la Galise à flanc des soubassements du vallon de la Galise jusqu’aux grands cairns que l’on ne peut pas louper à 2750m. (1h15)
Là, se séparent les sentiers du col de la Vache et de la Galise.
Suivre ce dernier dans un pierrier de schistes plus marqué, qui contourne par le nord la tête du Grand Cocor jusqu’à la fine brèche du col. (0h45)
Traverser alors plein nord sous l’arête sud de la Galise (grand éperon) pendant 100m environ pour venir trouver un grand couloir en rochers rouges caractéristiques, instables (80m environ) qui permet l’accès à l’arête. (0h30)
Le remonter (pas de 3b). Une fois sur l’arête, la remonter 50m environ par une dalle inclinée en bon rocher aérien (passages en 3b).
L’arête devient alors horizontale, fine en terrain peu stable, recouverte d’une fine poussière de schiste noir. Remonter au mieux cette partie pour venir buter contre un ressaut marqué que l’on gravit ou contourner facilement par un passage aérien versant Prariond.
L’arête se redresse alors mais reste facile pour venir buter contre la paroi sommitale. Trouver une large fissure dans un ressaut vertical (3b) qui conduit à une vire évidente. Cette vire donne accès au plateau glaciaire sommital (contournement par la gauche de la tour de calcaire jaune caractéristique).
Rejoindre le sommet soit en suivant l’arête sommitale en rocher facile, soit par le glacier de Bassagne, jusqu’au grand cairn du sommet. (2h-2h30)
Descente en traversée
La descente s’effectue par la voie normale de la pointe de la Galise. Descendre par le glacier de Bassagne (plutôt rive droite), puis la raide moraine parcourue d’une sente qui ramène au fond du vallon de Bassagne, puis la bifurcation à la cote 2450m au-dessus du refuge. (3-4h du sommet au Pont Saint-Charles)
Remarques
- La montée au col se fait sur un sentier versant ouest qui cache le lever du soleil, l’arête est orientée plein sud, le glacier à la descente est orienté ouest.
- L’arête fait 250m de dénivelée, escalade maxi en 3, mais passages alpins et aériens sans difficulté.
- Nombreux béquets si besoin de poser une sangle.
- Escalade facile où l’on avance anneaux à la main, sauf dans de petits passages d’escalade en 3 maxi où il est possible de poser des sangles. Itinéraire facile mais haute montagne et aérien.
- Glacier facile à la descente mais parfois très crevassé.
L’arête sud de la pointe de la Galise
- le 10 septembre 2006
"Viens jouer les funambules !"
Il est des week-end d’automne où tout semble parfait. La semaine qui précède la course n’a pas été terrible au niveau météo, et lorsque nous arrivons au pont Saint-Charles, des nuées traînent encore sur la chaîne frontière. Mais la lumière est claire, limpide, les couleurs d’automnes sont déjà au rendez-vous. Les alpages sont jaunis par le gel des jours précédents, les myrtilliers et rhododendrons sont roux. Les glaciers sont saupoudrés mais haut en altitude. La douceur ambiante est une invitation à partir en montagne. Fred et Rémi sont de la partie pour cette belle course sauvage et passée de mode.
En avant pour la montée au Prariond. Nous la connaissons par cœur.
Les sacs sont lourds, il fait déjà chaud.
Le nez sur mes chaussures, je monte tranquillement, et je sais, à chaque pas ce que je dois voir. Et à chaque fois c’est un émerveillement.
Tout est lumineux, superbe.
Puis c’est l’entrée dans les gorges de Malpasset. Le furibond torrent rugit. Il emplit l’espace, et l’esprit.
La traversée nous amène à l’entrée de la plaine et tous les sommets apparaissent.
C’est un fantastique théâtre que nous découvrons, que je dévore des yeux, je ne m’en lasse pas, c’est merveilleux.
Nous arrivons au refuge où nous retrouvons les « Bois Mariage », les sympathiques gardiens, connaissances de longue date, et quelques randonneurs ainsi qu’un père et son jeune fils qui iront à la pointe de la Galise avec leur guide le lendemain. La soirée se passe tranquillement dans la douceur ambiante du moment.
On chasse la marmotte, "on marcherait" dessus tellement il y en a !
Mais nous ne les mangerons pas, nous ne ferons que les photographier.
L’orage éclate, quelques grêlons frappent les carreaux du refuge.
L’heure du repas approche enfin, nous sommes autonomes, mais nous partageons l’apéritif avec les convives du refuge.
Le matin, réveil à 5h pour un départ à 6h.
Le temps est clair, il a gelé, j’espère pas trop fort afin que le rocher ne le soit pas dans le couloir d’accès à l’arête !
À la frontale nous remontons les raides lacets jusqu’à l’embranchement du col de la Galise.
Le clair de lune est fantastique et illumine de sa pâle clarté tout le vallon. La luminosité des glaciers est incroyablement belle.
La grande traversée s’engage, puis les lacets et enfin les fameux grands cairns à 2750m. Les lueurs du jour apparaissent, bientôt les sommets s’illumineront. La Grande Casse rosit déjà.
Nous laissons le sentier du col de la Vache, et contournons le Grand Cocor. Il fait maintenant clair, la Grande Casse et la Grande Motte s’illuminent de l’or de la lumière du jour nouveau. Il fait froid tout d’un coup, la bise du lever du jour nous transperce. Nous marchons plus vite vers le col de la Galise. Au passage nous constatons les dégâts du fameux été caniculaire qui a complètement fait disparaître le glacier de la Galise. C’est incroyable, il ne reste qu’une langue de glace cachée au creux de la dernière moraine rocheuse.
Enfin nous débouchons à la brèche du col à l’instant même où le soleil sort de derrière le massif du grand Paradis, au dessus de la nebbia qui recouvre tout le Piémont.
Avec Fred nous nous battons pour pouvoir faire la plus belle photo tellement le moment est sublime.
En même temps, la douceur du jour apparaît avec la lumière et réchauffe. Nous nous équipons, mais Fred décide d’en rester là, il montera au Grand Cocor pour nous suivre dans notre ascension.
Rapidement nous longeons l’éperon à sa base, en chevauchant d’énormes blocs tous gelés jusqu’au pied d’un couloir raide de 80m évident. Il y fait froid, il est tout à l’ombre, le rocher délité est gelé.
J’attaque cette escalade facile, Rémi souhaite que l’on s’encorde. Nous remontons corde tendue ces passages dont certains sont en 3b jusque sur l’arête où la lumière et la douceur nous accueillent. Nous voyons Fred installé au sommet du Grand Cocor qui nous fait de grands signes. La vue est superbe sur le Grand Paradis, le Piémont et toutes les sources de l’Isère.
L’arête débute par une raide dalle de 50m compacte et inclinée en 3b/3c. Le rocher est sain et très prisu, l’escalade est agréable. Sur une partie moins raide, nous remontons les anneaux à la main.
La progression est rapide, nous escaladons quelques pas, contournons quelques gendarmes jusqu’à venir buter contre un ressaut raide et aérien. Je décide de le contourner par un raide passage en schistes instables versant Prariond. Le passage n’est pas difficile mais aérien et un petit peu engagé. J’ai adoré.
A la sortie, un pas d’escalade délicat nous ramène sur l’arête qui se raidit mais devient franchement facile. Le soleil est déjà haut, la brume sur le Piémont se dissipe, il fait presque chaud. Les à-pics versant Novalaise sont sublimes, presque 800m de face quasiment verticale, délitée, de schistes noirs domine le lago Serru.
Nous venons buter contre la grande paroi sommitale en calcaire ocre et très compacte. Un ressaut présente, versant Piémont, une large fissure de 20m en 3b qui se remonte facilement et nous permet de déboucher sur une large vire qui conduit sur le plateau glaciaire sommital. Le passage est rapidement avalé et c’est en quelques minutes en suivant le rebord du plateau que nous atteignons le grand cairn du sommet.
La douceur est exceptionnelle, un peu d’air frais assure une luminosité qui nous permet de jouir d’un panorama fantastique sur le Grand Paradis, le mont Blanc et le mont Rose, la Vanoise et l’Oisans lointain.
Avec Rémi nous en profitons pour faire une longue sieste en faisant de grand signes à Fred, tout petit en bas sur son sommet. Il n’y a personne, pas un bruit à part le froissement de l’air par le vol d’un choucas quémandeur !
Malgré tout nous décidons « de nous arracher », nous chaussons les crampons et entreprenons la descente du glacier de Bassagne, en rive droite afin d’éviter les larges crevasses. Nous en enjamberons et en sauterons quelques-unes, bien profondes, jusqu’à rejoindre le front du glacier par sa pente très raide en glace noire, sous les raides et magnifiques tours du roc de Bassagne. L’univers très minéral de cet endroit est étonnant et sévère mais tellement beau.
Alors s’engage la descente de la raide moraine pour retrouver le vallon de la Galise. La moraine est en cailloux branlants. Heureusement des bouquetins nous accompagnent dans cette pénible descente. J’en profite pour faire de nombreuses photos. L’arête que nous venons de gravir apparaît de profil, la face nord de la grande Aiguille Rousse resplendit de blancheur… Cette splendeur nous accompagne jusqu’au refuge où nous retrouvons Fred.
Nous ne couperons pas à notre tradition, nous nous délectons d’une bonne bière afin de trinquer à notre réussite.
Voilà, c’est fait !
Vingt ans après notre échec avec ma sœur "Nano", j’ai parcouru cette arête qui occupe mon esprit depuis lors !
Oui, je suis peut-être opiniâtre ! Le nombre de fois où en la voyant je disais "il faut que l’on y aille !"
J’aurais aimé partager cette journée avec ma sœur, histoire de finir le début d’il y a vingt ans qui s’était terminé dans la tourmente de neige. Mais c’est avec mes copains que j’ai partagé ce rare moment d’absolu.
Funambule d’un jour, rêveur pour toujours...
Auteur : patrick73
Avis et commentaires
Merci.
Dans les années 80 le glacier de la galise existait encore, je me souviens des "ecoles" initiation glace et neige que faisait les guide de val d’isère l’été la haut.
Bonne continuation !
Patrick
Souvenirs... J’ai fait cette course en 81, comme le temps passe ! Merci pour ce beau récit, Patrick.
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