Traversée Tenneverge (2989m) - Ruan (3057m), par Sixt et le glacier
- Alpinisme
- Haut-Giffre / Haute-Savoie / Sixt-Fer-à-Cheval
- Glacier - Sommet mythique
- Difficulté :
- Alpinisme PD
- Dénivelé :
- 2900m
- Durée :
- 1 jour
La course reine du Haut-Giffre, pas la plus difficile mais exceptionnelle par son ampleur et sa variété. – Auteur : Randorama74
Accès
De Samoëns aller en direction de Sixt-Fer-à-Cheval par la D907 en suivant les panneaux "Fer à Cheval".
Dépasser Sixt et continuer au-delà de Nambride pour accéder aux parkings de Plan-du-Lac
Tarif du parking (2017) : 4€/j en saison entre 7h00 et 19h00, 7€ le pass illimité pour la saison, cette taxe est utilisée pour aménager et entretenir ce site classé.
(Vu l’heure de départ matinale, le parking sera gratuit, et si vous dormez sur place (camping interdit, dormir dans la voiture discrètement), il n’y a qu’à arriver après la fermeture du péage.)
Précisions sur la difficulté
Course techniquement peu difficile, mais presque toujours exposée et parfois impressionnante.
S’il y a besoin, les échappatoires sont longs, tous versant Émosson. Il faut donc prévoir en plus un retour sur Sixt.
Attention aux risques d’orages, la région les attire.
Dans le vallon de Tenneverge existe un abri au cas où, simples murs et toit.
Sur les falaises vers la Croix Moccand existent des grottes (les balmes) peu profondes pouvant servir d’abri également.
(La trace GPS est surtout illustrative, mieux vait se laisser guider par le sentier et le terrain.)
Photos
Les infos essentielles
Carte : IGN Top25 3530ET
Durée : une (longue) journée, entre 10h et 15h
Dénivelée : 2700m à 2900m
Difficulté : PD+
Matériel :
- Casque, crampons et piolet nécessaires.
- Prendre une corde pour les rappels et le glacier soit de 20m, soit de 50m (rappel en une fois), baudrier, matériel de rappel si on choisit cette option.
- Bâtons très utiles.
- 3L d’eau minimum.
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
Des topos pour le Ruan seul seraient les bienvenus aux départs de Sixt, Susanfe et Émosson. Accessible en randonnée (soutenue quand même) quand la neige a disparu, sinon alpinisme Peu Difficile.
Itinéraire
Le départ se fait à Plan-du-Lac. Rejoindre la brasserie du Fer-à-Cheval et prendre le chemin en direction du Fond de la Combe. Quelques centaines de mètres plus loin, atteindre le torrent de la Perrita (Pierrette sur les cartes) et remonter son cours au mieux.
Vers 1230m remonter l’affluent se présentant sur la gauche (rive droite de la Pierrette) jusqu’à atteindre la base de la cascade issue de la Résurgence de la Méridienne. Traverser ce cours d’eau pour atteindre le suivant quelques mètres en face qu’il faut traverser également.
Repérer sur la gauche de ce dernier torrent une cheminée dans les gradins qu’il faut remonter (II). C’est le Pas Noir. Emprunter la sente qui apparaît ensuite pour remonter les raides pentes herbeuses au-dessus du Pas Noir.
Vers 1850/1900m la sente arrête de monter et s’engage dans des ravines sur la droite. La deuxième immédiatement après la première (facile) est la Rigole, courte ravine encaissée que l’on franchit à l’aide d’une vire solide au milieu des schistes noirs. Il y en a quelques autres plus simples à passer.
La sente emmène au grand cirque appelé Ravin de Sèchevère que l’on traverse par une large vire d’éboulis coincée entre deux systèmes de falaises sous la Barme aux Fées et la Corne du Chamois. Au bout de cette vire se trouve un arbre qui sert de point de repère pour sortir. Quelques pentes schisteuses ou gradins mènent au vallon de Tenneverge.
Remonter au mieux ce vallon où la sente se perd, en visant le pierrier sous la barre rocheuse issue des Taureaux. Rejoindre le col de Tenneverge puis continuer sur une sente en direction du Tenneverge.
Cette sente remonte un pierrier sous quelques gradins faciles que l’on franchit (II) pour retrouver des éboulis. Plus haut rejoindre une large vire visible de loin que l’on prend le plus haut possible. Sortir par une cheminée (II) et atteindre le sommet par des dalles gravillonneuses.
Entre la cascade de la Méridienne et le sommet du Tenneverge il y a une sente et des cairns pour guider, à part dans le vallon de Tenneverge. La suite jusqu’au col du Ruan est hors sentier et balisage.
Du sommet du Tenneverge, continuer sur son arête Est, parfois effilée en coutournant quelques difficultés rocheuses d’un côté ou de l’autre. Aller jusqu’à son extrémité et désescalader un court ressaut (II soutenu) ou le sauter. Poursuivre sur l’arête jusqu’à atteindre une brèche, le col des Rosses.
Repérer sur la gauche un piton et (peut-être des sangles ou cordelettes) permettant de tirer un rappel. Une corde de 50m suffit pour descendre en une fois, sinon une corde de 20m permet d’effectuer un deuxième rappel depuis une vire intermédiaire équipée d’un piton. Une corde fixe en place aide à se stabiliser dans ce deuxième rappel en biais.
On peut esquiver le rappel en s’aidant de vires côté Émosson, mais si on ne les connait pas le cheminement est très exposé.
Après le col continuer un peu sur l’arête et descendre dès que l’on peut sur les névés supérieurs du glacier de Prazon, à gauche. Contourner la Pointe des Rosses en restant le plus haut possible puis descendre par une large rampe d’éboulis entre la Pointe et la Tour des Rosses sur le glacier de Prazon. Cette rampe orientée d’abord Nord-Nord-Est tourne ensuite plein Ouest.
Une fois sur le glacier, aller en direction du Ruan jusqu’à atteindre la pointe 2851m avant le col du Ruan. Pour rejoindre le col ne pas s’engager sur les vires de la pointe 2851m mais la contourner assez bas (environ 2720m) pour éviter une barre rocheuse. Remonter au col du Ruan.
À partir de là on retrouve une sente et des cairns pour se guider, jusqu’au col des Ottans.
Du col partir vers le Nord-Est par une croupe empierrée et contourner par le versant Émosson les pointements de l’arête Est du Grand Mont Ruan. Par une dernière pente d’éboulis rejoindre l’arête sommitale horizontale et au bout atteindre le sommet.
Revenir sur ses pas jusqu’au col puis s’engager versant Sixt dans les pentes de pierres pour atteindre le Couloir du Ruan : franchir quelques gradins et éboulis puis arrivé au-dessus d’une barre rocheuse aller vers la gauche contre les falaises soutenant le glacier de Prazon. Trouver une cheminée à désescalader (II) pour atteindre le replat plus bas.
Au replat suivre les cairns, sinon une direction générale Nord-Ouest, franchir par le glacier du Ruan et des lapiaz le col entre la Tour de Saint-Hubert et le contrefort du Petit Mont Ruan. Traverser de niveau ce contrefort par des vires qui demandent de l’attention à ce moment de la course (fatigue, pressé de retrouver le sentier facile vers la Vogealle...) et atteindre le col des Ottans.
Du col poursuivre sur la Vogealle puis le Boret par le sentier. Descendre sur Plan-du-Lac soit par le sentier du Bout du Monde (plus long mais sûr) soit par le Pas du Boret (plus court mais exposé, attention s’il est humide avec la fatigue de fin de journée).
Devant le restaurant près du parking il y a une fontaine où l’on peut rassasier sa soif.
Le topo en vidéo :
Impressions personnelles
A_D : Cette course j’en ai rêvé depuis mon adolescence, fasciné par l’immensité de la face Nord du Tenneverge, redoutant le Pas Noir et impressionné par son caractère alpin et dangereux.
À force de mises en garde des proches concernant cette zone, de lecture de compte-rendus impressionnés et de photos parfois peu engageantes, on garde dans notre inconscient une idée biaisée de la chose et une appréhension tenace.
Pourtant cela fait quelque temps que je côtoie ce genre de terrain, m’offre de temps à autre quelques belles bambées, et m’aventure parfois proche de ma limite psychologique en terme d’exposition. Cette préparation inconsciente facilite l’entreprise : je savais que techniquement et mentalement nous serions à la hauteur Randorama74 et moi. Les blocages étaient l’endurance et oser, il nous manquait à chacun un partenaire pour la motivation et la sécurité.
Bilan de la journée : genoux en miettes, assoiffé mais tellement heureux.
Je sais que j’y retournerai, plusieurs fois, par d’autres variantes, mais mieux préparé physiquement car je n’étais pas à la hauteur en terme de résistance.
Randorama74 : J’ai découvert cette course lors de mon retour définitif en Haute-Savoie en 2012. La description faite par Pierre Millon dans ses "Randonnées du Vertige" ne pouvait qu’attiser ma curiosité au moment où je commençais tout juste à me lancer dans les itinéraires aériens et engagés.
J’ai lu quasiment tous les compte-rendus disponibles sur le net concernant cette course, cherchant à analyser la moindre photo et mémorisant les petits conseils des personnes qui revenaient de cet itinéraire formidable. J’ai également beaucoup discuté avec des connaissances qui ont réalisé ce parcours. J’ai ainsi fini par me convaincre que cette traversée était à ma portée.
Pourtant, j’ai laissé passer de nombreux étés avant de finalement oser franchir le pas. Comme le dit A_D, l’itinéraire en impose tellement que l’on fini par douter de ses propres capacités face à l’ampleur du défi. Pour moi, le frein principal à mon entreprise était de devoir le faire seul. Au début de l’été, j’ai fait la connaissance de A_D par mail et nous avons convenu de tenter le coup si l’occasion se présentait. Une petite bambée aux Dents Blanches une semaine avant nous a permis de faire connaissance et de nous évaluer sur le terrain. Étonnant de s’engager dans le Pas Noir avec un montagnard que l’on ne connaît pas ! Le courant est bien passé entre nous et la liste de sorties de A_D m’ont tout de suite convaincu qu’il serait le bon partenaire pour cette course.
La journée a sans doute été la plus éprouvante que j’ai pu passer en montagne, aussi bien en terme de fatigue physique que mentale mais la récompense fut à la hauteur des espérances.
Auteur : Randorama74
Avis et commentaires
tres belles photos et un terrain qui me fait "flipper " une sacrée course j’ai ainsi pu voir ce qu"il y avait au dessus du cirque modestement je suis monté jusqu’au lac de vogealle je me doutais qu’à la partie supérieure c’etait tres engagé
Il y a une quinzaine d’années peut être ! Mais je n’ai maintenant plus l’endurance nécessaire pour faire des parcours techniques de plus de 2000m de dénivelé ! Ni l’agilité de chamois nécessaire pour traverser les passages techniques rapidement...
Ceci dit, la traversée de la vire du Prazon me tente bien, dans la mesure où l’ascension du Grand Ruan est facultative et qu’on peut se contenter de sortir au col des Ottans si le timing est trop serré. Mais c’est toujours le même problème sur ces itinéraires confidentiels : L’impossibilité de connaitre les difficultés réelles du terrain, et le crainte de buter sur un court dévers de terrain péteux typique du Haut-Giffre, impossible à traverser avec une sécurité raisonnable, et obligeant à reparcourir en sens inverse une grande partie de l’itinéraire à la descente...
@A_D ayant traîné du côté de la Dent de Barme jeudi, j’ai eu tout le loisir de regarder du côté des vires de Prazon et du Passage des Mines...faudra qu’on aille voir ça l’été prochain. Par contre pour la face Ouest c’est vraiment pas très engageant ^^
@Pascal vu votre "palmarès" vous devriez pouvoir réaliser cet itinéraire.
"Photo 60 : Euh, plutôt la Pointe de la Finive ?" Corrigé, merci.
"La vire herbeuse du Prazon peut-elle se parcourir ?" Oui, on peut y accéder par le Pas Noir et par le passage des Mines (C’est un accès direct au Ruan depuis le Bout du Monde en remontant le long du Foulon), ce qui permet de faire une traversée. Depuis le lapiaz du glacier du Ruan aussi.
On peut aussi accéder de façon presque directe au Tenneverge depuis ces pâturages et le Pas Noir en louvoyant dans les barres ou en forçant le passage (III).
"sachant qu’il y a hélas peu de chances que j’y mette les pieds !" Je suis ouvert à tout partenariat, je compte bien y retourner et arpenter ces pentes dans tous les sens.
Merci pour toutes ces photos me permettant de parcourir cette magnifique boucle "par procuration", sachant qu’il y a hélas peu de chances que j’y mette les pieds !
Photo 60 : Euh, plutôt la Pointe de la Finive ?
Et une question pour les connaisseurs : La vire herbeuse du Prazon peut-elle se parcourir ? (Montée par le Pas Noir, puis plein nord sur les vires herbeuses en négociant au mieux les ravines successives, et au fond du cirque montée en direction du replat déserté par le glacier du Ruan)
J’avais pensé à cette possibilité à l’époque si nous ne trouvions pas le rappel, mais cela fait perdre pas mal de temps. L’autre option est de trouver le passage dans les vires et cheminées de la face Est...mais c’est casse-gueule et il faut connaître.
Merci pour ce topo !
Pour info, nous avons trouvé un chemin évitant les rappels sur l’arête est du Tenneverge. Marche arrière jusqu’à la Grande Vire du Tennerverge (photo 63) et la suivre tout du long direction est. On arrive juste sous le col des Rosses.
Possible également d’éviter la petite cheminée sous le Tenneverge. Juste sous ce ressaut, continuer sur la vire direction est, toujours sous cette petite barre, jusqu’à pouvoir monter facilement sur l’arête du Tenneverge à l’est du sommet.
Il y a une suite logique a cet itineraire pour fermer le cercle du Fer a Cheval. Le Pas Noir, les Taureaux, la Finive, les Cavales et belle balade sur les vires suspendues vers la Cheneau Noire puis longue traversee vers la Croix des Fretes et les Chalets, avec l’interminable retour au Plan du Lac. Ca se fait en solo, pas besoin de materiel, Comptez un tour d’horloge mais on en revient aussi avec des etoiles plein les yeux
Tres belles photos de toute la course
Merci. Effectivement c’est une aventure bien particulière. Un vieux rêve pour chacun. Une journée qui te vide complètement à tous les niveaux.
Je rejoins Alain, félicitations à vous. Rien que le Tenneverge par le Pas Noir, ça a l’air d’être un gros morceau (pour avoir lu le récit de Pierre Million), alors la traversée vers le Ruan plus les 2900 de D+...
Inoubliable, avec l’aspect émotionnel en plus pour chacun.
Bravo les gars !
C’est une bambée d’ampleur peu commune.
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