Tête du Puy ou des Aiguillons en boucle par la Roche-de-Rame
- Randonnée
- Queyras / Hautes-Alpes / La Roche-de-Rame
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1600m
- Durée :
- 10h
Une montée partiellement hors-sentier à travers un jardin de pointes rocheuses, un sommet à 360° avec vues sur les Ecrins, la vallée de la Durance et le Queyras. Et s'il vous reste un peu de temps, le Lac de l'Ascension dans son cirque minéral. – Auteur : CourtePatte
Accès
Après le centre de la Roche de Rame en direction de Briançon, tourner à droite vers le lieu-dit les Bruns et garer la voiture au bout de la route. La route forestière au-dessus est interdite à la circulation.
Précisions sur la difficulté
Randonnée cotée difficile pour les raisons suivantes :
- portion en hors-sentier
- pentes raides sur la partie hors-sentier
- quelques passages en terrain érodé entre la Cabane des Aiguilles et le Gros Puy
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : TOP 25 - 3537 ET "Guillestre Vars-Risoul PNR du Queyras"
- Altitude minimale : 1015 m
- Altitude maximale : 2532 m
- Distance : 18 à 20 km en poussant jusqu’au Lac de l’Ascension
- Horaires : comptez entre 8 et 10 h
- Balisage : sur les portions en sentier, balisage assez rare mais explicite
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Itinéraire
NDLR : ce topo est une "interprétation" de celui-ci.
Suivre la piste puis le sentier qui monte vers l’Eyrette. À l’Eyrette, laisser le sentier qui part à droite vers les ruines du Puy et continuer en direction de la Cabane des Aiguilles.
À la Cabane des Aiguilles, chercher en bordure de clairière le sentier qui part vers l’est. Vous devriez rapidement voir un balisage sous la forme de flèches indiquant "Les Aiguilles les lacs" (de mémoire ce balisage n’est visible qu’après quelques pas et non directement au départ du sentier).
Le sentier est parfois érodé et nécessite un peu de précautions. À noter la présence lors de mon passage d’un câble incongru qui semblait destiné à retenir un rocher dans une pente, et qu’il fallait enjamber.
Le topo d’origine indique qu’il faut quitter le sentier au point 2100m environ. N’ayant pas de GPS, je me suis fiée aux photos pour ma part...Si vous êtes dans le même cas, vous pouvez utiliser la photo 10 comme repère visuel. Il faudra tirer à gauche à travers la pente en visant le rocher presque cylindrique à ventre rose.
Bien que cette portion nécessite du mollet et de l’attention, il faut prendre le temps de lever la tête et d’en profiter. Car vous voilà maintenant au milieu de ces "Aiguillons" aux formes fantasques et variées.
Après avoir contourné la base du rocher cylindrique, l’on arrive en vue d’une pente herbeuse, sur la droite, qu’il va falloir remonter pour accéder à la crête (photo 14). Elle est divisée en deux "couloirs" par une formation rocheuse à mi-pente : personnellement j’ai visé le couloir qui se trouvait le plus à gauche, mais les deux sont praticables.
De la crête, l’on accède au sommet de la Tête des Aiguillons par un bref passage rocheux (cairns) puis en montant la croupe herbeuse.
La suite du parcours emprunte la Crête des Queyrelets. Pour accéder à cette dernière il faut revenir à peu près au point où l’on a rejoint la crête des Aiguillons et guetter une sente qui part à l’est, sur le versant nord-est. Ne disposant pas de photos de cette partie, je vous recommande de regarder les photos 5, 6 et 15 de ce Topo.
Sur la crête, la sente devient un sentier bien marqué. Il emprunte d’abord la crête puis s’infléchit sur la droite pour descendre à flanc. L’on arrive ainsi au replat de l’Alpavin.
À l’Alpavin, si le temps commence à presser, il est possible de traverser à droite par les pelouses après le chaos rocheux pour rallier le sentier du Torrent de l’Ascension, qui constitue l’itinéraire de retour. Mais il serait dommage de rater le Lac de l’Ascension. Pour atteindre celui-ci il suffit de poursuivre tout droit. Au Lac, l’on retrouvera le sentier du Torrent de l’Ascension.
L’on redescendra par ce dernier jusqu’à l’embranchement où l’on mettra le cap sur les "ruines du Puy" (de mémoire c’est ce qu’indiquent les panneaux, et non simplement "le Puy"). Attention, peu avant d’atteindre les ruines du Puy je suis tombée sur une piste de débardage. Il faut alors la suivre jusqu’au moment où elle dessine une épingle à cheveux serrée : l’on retrouve alors le sentier dans le virage.
Au niveau des ruines du Puy, l’on met le cap sur l’Eyrette où l’on retrouvera l’itinéraire aller.
Sortie du 13/09/2019
Aujourd’hui c’est vendredi 13. Mais ce n’est pas la date qui va me marquer : c’est la balade.
Hier, à mon grand dépit, j’ai dû renoncer au Pic de Panestrel via Basse-Rua pour cause de petite forme, et me suis "contentée" de la Pointe d’Escreins. Alors pour aujourd’hui, j’ai choisi une destination qui me semble plus modeste tout en me promettant malgré tout de belles formations minérales : je vais monter à la Tête des Aiguillons depuis Roche-de-Rame.
À Roche-de-Rame, j’apprends que les habitants se battent depuis des années pour obtenir une déviation de la RN94 qui éventre littéralement le village. Ce ne serait pas un luxe : les trottoirs y sont quasi-inexistants et je prends probablement autant de risques à faire quelques mètres le long de la route au centre du village que sur le reste de la balade.
Jusqu’à l’Eyrette, l’on monte dans un décor agreste et bucolique, parfait pour la mise en jambes d’autant que l’on a des vues dès le départ avec les Ecrins en toile de fond. Après l’Eyrette, un bon sentier m’emmène sous les pins, dans une ambiance presque méridionale où l’ombre de la forêt est déjà bienvenue par ce soleil, et l’on parvient bientôt à la cabane des Aiguilles.
Cette cabane est remarquable. Perchée dans une petite clairière, elle est minuscule mais il ne lui manque rien : à l’intérieur, poêle à bois, équipement culinaire, mezzanine ; à l’extérieur elle dispose d’une source qui coulait encore malgré la sécheresse, et même de toilettes (euh, pas visitées hein) ! Je ne mettrais qu’un bémol avant l’inscription au Guide des Palaces, c’est qu’il faut manifestement partager l’endroit avec les rongeurs (le cahier mentionne des loirs) dont les...cartes de visite...sont très présentes.
Après la cabane des Aiguilles, l’on rentre dans le vif du sujet. Le sentier, beaucoup plus rustique que le précédent, nécessite une certaine attention. Les dents de la cime se rapprochent vraiment, et il faut bientôt ouvrir grand les yeux, photo du topo à l’appui, pour trouver l’endroit où l’on quitte le sentier pour commencer à tirer à travers la pente
Cette fois les choses sérieuses commencent. La pente est relativement raide, mais le terrain est plutôt bon, avec de bonnes mottes de terre qui tiennent bien sous le pied, et une végétation pas trop pénible à négocier. Et maintenant ça y est, me voilà au milieu de ce décor de tours, de minarets et de pointes, où les couleurs vont du lie-de-vin à l’ocre et les textures varient du pélitique au calcaire. J’en bave un peu, mais qu’est-ce-que c’est beau.
Lors d’une pause pour contemplation minérale, surprise. Ce feuillage argenté et alangui, étalé comme une algue au milieu des pélites rouges, est-ce-que ça ne serait pas le fantôme de ce fameux génépi que je lamente si fort n’avoir encore jamais vu ? Je pince une feuille pour voir, et je reste dubitative car j’attendais un parfum à tomber par terre...et ça sent moins qu’une armoise de basse extraction...Alors je compte sur d’éventuels connaisseurs pour me donner un avis (photo 11).
Me voici maintenant face au large couloir herbeux à gravir pour atteindre la crête. Il reste environ 200m à monter, mais ceux-là me coûtent drôlement cher. C’est raide, le soleil cogne, le petit déjeuner est très loin et je roule sur la réserve - bref je pousse un soupir de soulagement lorsque je débouche sur l’épaule. Atteindre la Tête des Aiguillons ne demande plus que 50m d’effort.
Dans le topo ce sommet a été décrit comme un "belvédère des Ecrins" et c’est exactement ça. Un 360° dont les vues glorieuses ont été bien plus précisément décrites par l’auteur que je ne saurais faire, et dont je me régale pendant une bonne heure. Il y a même le Viso, dis donc : je le repère grâce à l’unique nuage sur tout l’horizon. Et avec tout ça j’ai le sommet pour moi toute seule.
Vient le moment de repartir, et c’est là que je commets une petite bêtise. Je ne sais pourquoi mais je me suis mis dans le crâne que la suite de l’itinéraire, via la crête des Queyrelets, nécessite au préalable un petit parcours d’arête sur les rochers des Aiguillons. Ça passe plutôt bien, tantôt sur l’arête tantôt en contournement ; je trouve même un début de sentier, certes peu avenant mais sentier tout de même, et puis...la raison me revient lorsque je réalise que je suis en train de m’éloigner allègrement des Queyrelets. Que je rattrape alors en traversée via les pierriers en contre-bas sur des sentes de chamois - on a fait plus confortable mais ça passe. Bêtise réparée.
Je suis alors la crête, puis le sentier qui descend vers l’Alpavin. Et c’est là que je tombe sur la deuxième merveille minérale de la journée : l’extraordinaire replat de l’Alpavin. Il y a là des rochers qui me laissent bouche bée : au milieu des pelouses, leurs formes débonnaires de léviathans échoués me rappellent furieusement les blocs de granite rose, sculptés par les diaclases, de mon enfance en Trégor. Sauf qu’ils portent des griffures d’érosion qui évoquent bien plus le lapiaz que le granite. J’y vais voir de plus près : non seulement il y a du calcaire là-dedans, mais je vois également le nougat rosâtre de la brèche de Guillestre. Et là...non ?!? Une ammonite dans la brèche ! J’en danserais de joie. Moi qui étais si jalouse de celle photographiée par Stef04 dans sa sortie au pic de Panestrel ! J’ai mon ammonite, j’ai mon ammonite !
Il est déjà 17h30 lorsque j’arrive à l’Alpavin. Si j’étais raisonnable ce serait le moment de penser à la descente...Mais après toutes ces merveilles, je ne suis pas pressée de quitter cet endroit. Alors, en route pour le Lac de l’Ascension ! Et c’est le clou de la journée. Un immense cirque de murailles en draperies d’éboulis domine un univers de pelouses bosselées ; posé là-dedans, le lac a des reflets d’acier. Impossible de résister à l’envie de sauter dedans, et...elle est bien plus froide que je ne m’y attendais. J’avais oublié l’épisode de froid de ces derniers jours ! Je la mets à 12°, mais c’est quand même délicieux.
Sortie du lac, je traverse les pelouses de manière plus ou moins pifométrique jusqu’à trouver le sentier qui longe le torrent de l’Ascension. Et même si je me presse, j’ai encore le temps d’observer des lapiaz qui sont bien plus évocateurs des Aravis ou de Platé que du Queyras...Sauf que je n’ai pas l’habitude d’associer les lapiaz avec le chant d’un torrent...
Le retour sera difficile. Comme je m’y attendais, il fera noir bien avant que j’en aie fini avec les 1300m qui restent à descendre. L’apparition inattendue de la piste de débardage, effaçant tout sentier et balisage, manquera de peu de me condamner à une nuit dans la forêt ; enfin les atroces lacets des sentiers forestiers provoquent une mutinerie généralisée de mes genoux ; et c’est clopin-clopant, à la frontale, que je retrouve enfin Roche-de-Rame à 21h30. Sans un regret !
Auteur : CourtePatte
Avis et commentaires
Artemisia glacialis raplaplatis
L’examen attentif des feuilles et des capitules semble pourtant indiquer qu’il s’agit bien de Génépi (Artemisia glacialis) 😉
A mon humble avis, ce n’est pas du genépi...ou alors bien maltraité !
Récit bien sympathique à lire et belles photos...
"Roche-de-Rame : une fresque évoque les "habitants fantômes" d’un village traumatisé par la RN94 "
Le projet de déviation est en discussion depuis les années 50.
Le maire est optimiste : il espère avoir sa déviation dans 10 ans...
laprovence.com/actu/en-di...
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