Tête des Toillies (3175m), arête nord-est
- Alpinisme
- Queyras / Hautes-Alpes / Saint-Véran
- Sommet mythique
- Difficulté :
- Alpinisme TD
- Dénivelé :
- 675m
- Durée :
- 2 jours
Une course incontournable du Queyras. Une arête de 300m aux difficultés soutenues pour aboutir à ce sommet mythique. Escalade TD -, la voie est équipée en goujons. – Auteur : Paul
Accès
De Guilestre, prendre la combe du Queyras par la D902 jusqu’à Château Queyras, puis prendre à droite la D5 jusqu’à St-Véran. Parking obligatoire et payant 2€.
Remonter à pied le pittoresque village et prendre la direction du refuge de la Blanche. Une navette mène à la Chapelle de Clausis (7h/18h en été, 5.30€ l’aller).
Photos
Les infos essentielles
- Carte : IGN TOP25 3637 OT
- De la Chapelle de Clausis au refuge de la Blanche : 2 km soit une petite 1/2 heure.
- Compter 1h00 d’approche depuis le refuge, 4/5h00 d’escalade, 1h30 de descente.
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Itinéraire
APPROCHE
De la chapelle, on suit le large chemin jusqu’au refuge de la Blanche (2499m).
Du refuge, prendre le sentier du col Blanchet, puis le laisser à gauche au niveau d’un replat pour prendre une sente à peine marquée qui prend la direction de la base de l’arête NE de la Tête des Toillies. Compter une petite heure.
LA COURSE
En cette fin août, les projets de courses de neige sont pratiquement tous à revoir dans les Alpes du sud. Il était temps de se pencher sur cette course rocheuse en projet depuis quelques années.
La Tête des Toillies (ou tête Noire) est un sommet caractéristique facile à reconnaitre par sa forme de pyramide accomplie.
Nous partons donc avec Léopold qui a une vieille et mauvaise expérience de cette arête NE, puisqu’il a du y faire une traversée expo et une retraite dans le mauvais temps. Le refuge affichant complet, nous portons donc le matériel de bivouac, ce ne sont pas les emplacements qui manquent à proximité.
Nous partons avec un jeu de dégaines complet, 6 sangles, 4 friends et un jeu de câblés... toujours méfiant !... Léopold prend même un jeu de câblés prétextant que les miens ne sont pas assez petits, j’vous jure...
La montée à l’attaque de la brèche se fait dans un bon terrain, je prends la sente qui part directement à l’attaque tandis que Léo se dirige vers le col Blanchet puis coupe à flanc. J’essaye de photographier une compagnie de lagopèdes qui courent devant moi, une bonne vingtaine, en émettant leur cri glauque. Le début de l’arête facile devient vite un peu aérien et nous nous encordons avant le premier relais (2 spits).
> L1 : 20m - 5c
Voilà le premier mur qui rappelle à Léo de fâcheux souvenirs. De fait je trouve l’attaque difficile, j’essaye à gauche, à droite, à gauche et finalement à droite. Je n’ai pas trop envie d’y aller, un vent froid souffle d’Italie, les prises ne crochètent pas et le caillou est froid. De plus je ne voudrais pas critiquer mais les points sont mal placés et ne protègent pas d’une chute sur la vire. Je mousquetonne le premier, pose un câblé à droite avec une sangle, mousquetonne le deuxième, démousquetonne le câblé... pas évident, mais ça finit par s’enchaîner. Léo n’est pas mieux en second avec le sac.
Pour moi la longueur la plus pénible. Ce n’est jamais évident de commencer par un truc expo.
> L2 : 35m - 5a
Relais (2 spits) au pied d’un ressaut vertical mais coupé de bonnes strates et en rocher réchauffé par le soleil, ça va mieux. On trouvera un friend coincé à gauche, je le mousquetonne mais la voie ne s’engage pas sur la vire de gauche. Je reviens donc à droite, puis tout droit, après avoir démousquetonné le friend. Un spit (encore placé trop bas), pour l’attaque du gendarme où se trouve le relais, m’incite à shunter ce passage un peu expo au dessus d’une terrasse et de relayer (câblé en contrebas).
> L3 : 35m - 3 puis marche
Nous désescaladons dans une petite cheminée (3+) puis sur une face pour trouver l’attaque de la L4 au pied du grand ressaut sur le fil de l’arête. Un peu de brume fraîche nous enveloppe.
> L4 : 30 m - 4c
Léo part dans cette belle longueur en 4+, équipée en spits, à droite avec un gros bloc qui sonne creux, puis à gauche du pilier, puis tout droit pour trouver les 2 spits du relais.
> L5 : 30m - 4b
Je traverse à gauche pour m’engager dans une fissure sympa en 4. relais en contrebas du fil.
> L6 : 80m environ - marche
Il faut suivre l’arête puis contourner la muraille verticale par la gauche. La traversée est longue, on trouvera éventuellement un ou deux points pour un petit câblé. En suivant la muraille qui tourne vers la droite on dépasse une grotte. Juste après cette grotte, il faut repérer un petit piton rouge. Cairn à gauche. Une petite flèche rouge, un peu mangée par le soleil montre la direction de la prochaine longueur. Avec les indications que nous avions le piton n’était pas facile à dénicher, je m’attendais à un gros truc ainsi qu’à une grosse flèche bien grasse, heureusement que Léo a des yeux de renard.
> L7 : 45m - 5c
Certainement la plus belle de la voie. On part bien en traversée et non en direction d’un piton au-dessus (mauvaise pioche), les spits se découvrent peu à peu. D’abord un relais avec 2 spits pas vraiment utiles si on a 50 mètres de corde. Traversée de gauche à droite, puis on repart à la verticale, bien veiller au tirage lors du mousquetonnage des points, sinon ça sera dur en fin de longueur. Le rocher est assez joli, la difficulté continue, mais rien de terrible. Tout au long, je m’attendais à un ou des pas durs mais il n’y en a pas, c’est un 5c de continuité avec un peu d’intelligence dans le cheminement. On revient ensuite vers le fil de l’arête par un beau mouvement.
Là je me dis que c’est dans la poche, mais la prochaine vaut son pesant de nougat.
> L8 : 50m - 4c
Ambiance sauvage. On suit le fil et on s’engage dans une large fissure-couloir en face nord. Rien à voir avec l’ambiance précédente. Gros blocs coincés à franchir plus ou moins directement. Ça c’est de la montagne ! 2 spits + piton sur la paroi de gauche. Le relais est au sommet de cette rampe (1 spit) À l’endroit où l’on voit l’équipement de la longueur suivante sur le mur (à gauche du spit).
> L9 : 25m - 5c
C’est pour certains topos la plus dure techniquement. Parfois cotée 6a elle part en traversée à gauche, départ avec des pieds délicats, puis revient à droite dans de jolis mouvements. On rejoint l’arête sommitale en s’agrippant à des blocs assez moyens, un plus que moyen sur lequel je n’ai pas osé mettre les pieds. J’ai mis une sangle pour protéger ce dernier passage.
Sympa l’arrivée sur l’arête. Le sommet est à proximité. J’ai fait le relais autour d’un gros bloc posé.
J’aime la vue sur ce massif si sauvage où la frontière est souvent marquée par la brume. Je n’aurais vu le Viso, pourtant proche, que 2 minutes ! belle vue sur le Chambeyron (Aiguille et Brec), l’Aiguille Pierre André.
Descente
Par des vires en II+, équipée de Wischard (mousqueton inox scellés).
Du sommet repérer au début du premier couloir vers l’ouest, un piton rouge avec anneau, en contrebas on trouvera un Wishard sur la paroi à gauche et un autre au fond du couloir, idem en prenant le couloir qui suit. Puis corde fixe pour passer un pas, en tournant à gauche, et retour par des éboulis et sente jusqu’au chemin.
Il faut alors remonter au Col de la Noire (pas la première dépression mais la 2°) pour trouver le sentier qui descend en lacets vers le refuge de la Blanche.
En conclusion, je dirais que c’est à peine du TD, mais que l’ambiance est assez montagne et qu’il y a du cheminement malgré le rééquipement. Pour moi les coinceurs sont nécessaires. L’escalade est assez belle, le rocher correct mais demande assez d’attention. L’itinéraire n’est pas toujours évident, ne pas partir sans le topo. Le sommet est mythique.
Auteur : Paul
Avis et commentaires
C’est du Gabbro, roche éruptive métamorphique comme au Mont Viso ou au Bric de Rubren.
Pour être plus précis le collet à l’attaque de l’arête NE est à 2910m, soit 400m de denivelé du refuge.
Dac merci
L’Aconcagua c’est très haut mais on pose jamais les mains ! Si tu tiens bien l’altitude l’ascension se résume finalement à une simple randonnée 😉
salut au Team Rando
Je ne suis pas très averti en rocher. C’est plutôt du type granit assez lisse, virant parfois au marbre avec des teintes vertes (mine de cuivre à proximité), ou parfois ressemblant à de la marne noire / ardoide. Pas très adhérent mais correct. C’est assez spécifique au Queyras ce rocher.
Laurent, pour quelqu’un qui a fait l’Aconcagua, ça devrait aller 😉
Quelle nature de rocher ?
En effet ça doit être faisable à la journée, puisque la première navette part de St Véran à 7h.
En tout cas bravo Paul pour cette belle arête ! J’ai noté la Tête des Toillies sur mes tablettes. Mais je me contenterai de la voie normale, qui n’est pas très facile semble t-il...
Oui c’est au départ du refuge, le départ de l’arête doit être à 2850m (mon alti ne marchait pas). Il y a donc 350 m à faire du refuge. On peut éventuellement envisager de faire cette course en une journée, en aller retour de St Véran. Dans ce cas cela ferait 850m d’approche. En tenant compte de l’arrivée fréquente du brouillard sur ces crêtes frontalières, il faut être à l’attaque au plus tard à 9hoo selon moi.
Il semble que cela soit 1h d’approche depuis le refuge et donc 420m de D+. Paul va sans doute nous le préciser.
"Compter une petite heure" pour l’approche. Mouais, faut pas traîner alors parceque y’a quand même 600m de dénivelé depuis le parking !
Bon c’est sûr qu’une belle arête comme ça on est pressé d’y aller 😉
Sympa ! 1h d’approche pour 5h de grimpe, qui dit mieux !
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