Roc d’Enfer (2244m) : traversée sommet Est - sommet principal
- Alpinisme
- Chablais / Haute-Savoie / La Côte-d’Arbroz
- Difficulté :
- Alpinisme PD
- Dénivelé :
- 900m
- Durée :
- demi-journée
Une traversée d'arête très sauvage et un poil engagée qui permet de relier le sommet Est au Roc d'Enfer. – Auteur : Randorama74
Accès
De Cluses dans la Vallée de l’Arve, suivre la direction du Col de Châtillon pour rejoindre Taninges.
Suivre la D902 en direction des Gets, puis au Pont des Gets suivre à gauche la D307 vers Le Praz-de-Lys.
Suivre, avant une épingle à gauche, la D328 qui descend vers Bonnavaz à droite. La suivre jusqu’au parking du Col de l’Encrenaz.
Précisions sur la difficulté
Itinéraire d’alpinisme relativement facile, mais réservé à des personnes expérimentées, en raison notamment de la difficulté à protéger les passages d’escalade.
La première partie de la traversée s’apparente plus à un itinéraire de randonnée T5 (pentes herbeuses raides, ressaut faciles en II).
L’accès au Roc d’Enfer se fait via un ressaut de 15 mètres en III, suivi d’une pente herbeuse/rocheuse/terreuse, raide et très exposée.
Cotation alpinisme : PD
Cotation escalade : 3c obligatoire
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : TOP25 3429ET Bonneville - Cluses - Le Faucigny
- Altitude minimale : 1433 m
- Altitude maximale : 2244 m
- Distance (A/R) : 9,5 km
- Matériel : corde 50 mètres, baudrier, casque, quelques friends et pitons, piolet éventuellement
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Itinéraire
Approche
Du col de l’Encrenaz, suivre le sentier au NW en direction du col Ratti. Atteindre un replat à mi-hauteur de la montée vers le col et quitter alors le sentier pour se diriger vers la large face herbeuse qui monte vers l’épaule située à l’E du sommet E du Roc d’Enfer.
Remonter cette face en suivant quelques traces pour déboucher sur l’épaule précitée. Suivre la crête, large et facile mais qui se redresse sur la fin, jusqu’au sommet E (2188 m).
Traversée
Descendre quelques mètres en versant W pour trouver un rappel de 25 m équipé. Atteindre ainsi l’arête située entre le sommet E et le sommet principal.
Descendre quelques mètres dans les pentes herbeuses du versant S pour contourner un gendarme.
Revenir sur le fil, aérien mais facile, pour contourner un deuxième gendarme par la gauche. Peu avant le troisième gendarme, désescalader un ressaut facile mais délicat en versant S.
Poursuivre sur l’arête large et herbeuse.
Remonter en direction du Roc d’Enfer (quelques pas rocheux faciles) jusqu’à atteindre la base d’un grand ressaut rocheux.
Escalader celui-ci (15 m en III+, difficilement protégeable) pour déboucher sur une terrasse herbeuse. Remonter la raide pente au-dessus du ressaut (50 m en terrain mixte terre/herbe/rocher), également difficile à protéger jusqu’à une écaille rocheuse bien visible qui marque la fin des difficultés.
Remonter les dernières pentes herbeuses jusqu’au sommet du Roc d’Enfer (2244 m).
Descente
La descente la plus directe se fait en suivant les arêtes du Roc vers le N.
Un bon sentier mène au col de la Golette (1971 m, non nommé sur IGN).
Suivre ensuite le sentier vers le S pour traverser la large combe qui mène au col Ratti.
Suivre le sentier qui descend au S du col pour rejoindre l’itinéraire de l’aller.
Il est aussi possible d’enchaîner avec la traversée intégrale des sommets du Roc d’Enfer.
Récit
Dimanche 26 juin 2022. Nous démarrons à 8h30 du Col de l’Encrenaz avec Alexis. C’est notre première rando ensemble depuis cet hiver.
Comme à chaque fois, l’approche est l’occasion de partager nos expériences récentes. Pas mal d’alpinisme pour Alexis. Beaucoup de repérages dans ce secteur du Roc d’Enfer pour moi.
L’approche du sommet Est me semble d’ailleurs encore plus longue que le mois dernier. Nous laissons le sentier du Col Ratti à la mi-montée, pour nous diriger vers la grande face herbeuse qui mène à l’épaule à l’Est du sommet Est.
La montée est raide et l’herbe est encore bien trempée des orages de la veille. Les mollets chauffent bien, mais nous trouvons pas mal de traces de chamois qui nous facilitent la tâche. J’ai une super caisse et Alexis aussi semble en forme.
Après l’épaule, nous traversons vers le sommet Est, et avons le loisir d’observer une harde de bouquetins juste sous la Pointe du Replan.
La dernière pente, bien que raide, est vite avalée, et nous débouchons au sommet Est à 9h45. Nous nous équipons en alpi, et descendons de quelques mètres en versant Ouest pour trouver le rappel. Après une descente de 25 mètres, nous débouchons sur un petit collet, juste derrière un gendarme. Je vais voir rapidement sur celui-ci, mais la traversée semble compliquée. Nous décidons de faire au plus simple en descendant de quelques mètres dans les pentes herbeuses du versant Sud pour contourner la difficulté.
La suite de l’arête se traverse sur un fil aérien mais facile, alternance de passages rocheux et herbeux. Nous contournons un deuxième gendarme par la gauche avant de buter sur un troisième.
Une petite désescalade en rocher suspect, mais finalement correct, sur la gauche, nous permet de rejoindre la large crête herbeuse qui monte en direction du Roc d’Enfer.
Je sais qu’une bonne partie des questions sont derrière nous, mais il reste encore le ressaut et la pente finale, sujets des interrogations les plus sérieuses.
Dans le pire des cas, il sera possible de sortir par l’écharpe de la face Sud pour retrouver la voie normale, mais la traversée en sera forcément moins esthétique.
À mesure que nous approchons du sommet, la crête se fait plus raide et après quelques passages rocheux faciles, nous atteignons le pied du ressaut qui barre l’accès à la dernière pente.
Celle-ci semble assez facile depuis notre point de vue actuel. Alexis s’encorde et passe en tête, car il est nettement plus compétent que moi dans la pose des protections, et en escalade en règle générale.
Il tente d’abord de passer tout droit, sans succès. Une deuxième tentative dans une cheminée plus à gauche n’a pas plus de réussite. Le rocher est globalement solide, mais extrêmement compact. Impossible de poser un friend, même le plus petit.
L’escalade ne semble pourtant vraiment pas difficile, mais monter 15 mètres en libre sans protections, c’est un peu trop d’engagement pour nous. Après un bon 1/4 d’heure à essayer dans tous les sens, nous signons le but et nous décordons.
Mais Alexis se ravise, se réencorde, et décide de passer au mental. Il monte, il monte, il monte. Il tente dix fois de poser des friends. Pas une fissure à l’horizon. Finalement, il sort sur une plate-forme au-dessus du ressaut de 15 mètres et poursuit dans la pente mixte. Il parvient enfin à poser un friend dans une petite fissure.
Environ 25 mètres d’escalade, certes facile, mais sans aucune protection. Chapeau l’artiste ! Le milieu de la corde vient de passer, et Alexis décide de poursuivre encore pour tenter d’atteindre une zone rocheuse. Il sort son petit piolet à pitonner et tente de dégager des fissures par ci par là, mais ne trouve rien de bien approprié. Par pure flemme, nous avions balancé la corde dans le sac après le rappel, ce qui donne un dialogue savoureux dont on a le secret :
- Euh, t’es bien là ? Tu peux te poser ?
- Euuuuh... oui pourquoi ?
- Parce qu’il y a un nœud !
- Ah... ben attend, si tu peux encore me laisser monter un poil, je serai mieux.
Bref après une dizaine de mètres, Alexis place enfin un second friend douteux. 25 mètres plus haut, il atteint la zone rocheuse et pitonne tant bien que mal pour poser un relai.
Je peux enfin le rejoindre enfin, en bon couard assuré depuis le haut. Finalement, le ressaut passe très bien (facile à dire quand on n’est pas en tête et sans protections) et l’escalade est plaisante et ludique.
J’atteins la plate-forme et peut enfin découvrir la dernière pente, qui semblait facile depuis le pied du ressaut. Elle est en réalité proprement immonde. Des graviers, de la terre, de l’herbe, des racines, du rocher, le tout aggloméré de façon plus ou moins solide et tout ça bien raide (un bon 45° voir plus). Chapeau à Alexis pour avoir remonté ça à poil. Même en second, je prends bien le temps d’assurer ma grimpe, et utilise à plusieurs reprises le piolet, les racines ou les herbes. C’est moche, mais ça marche !
Une fois que j’ai rejoins Alexis, il me laisse l’honneur de faire les derniers mètres en tête.
Après une traversée de quelques mètres à droite sur une banquette rocheuse, je remonte droit vers le sommet le long d’une petite croupe rocheuse. Je plante le piolet dans l’herbe de la main gauche, monte d’un petit mètre sur la croupe à droite, récupère le piolet et recommence. Tout ça pour dire que le piolet reste une bonne assurance dans ce genre de terrain où les protections classiques sont quasi inutilisables.
Après quelques minutes, j’arrive au sommet de la croupe, marqué par une écaille rocheuse et poursuis sur les pentes herbeuses sommitale jusqu’au sommet. Il est 12h et nous décidons de descendre au plus rapide par la Golette, sans enchaîner avec la traversée intégrale.
Après un 1h15, nous sommes de retour au parking, bien heureux d’avoir réalisé ce petit projet. Encore merci et bravo à Alexis pour avoir assuré dans le dur.
Auteur : Randorama74
Avis et commentaires
Effectivement en solo il faut être solide mentalement (techniquement cela reste assez accessible).
Pour la face sud, j’ai rentré le topo. Bonne balade.
Bravo pour cette traversée ! A titre personnel, cela fait longtemps que j’ai envie de la faire, sans trouver jusqu’à présent d’information pouvant m’éclairer sur la difficulté. A la lecture du topo et du compte rendu d’ascension, je ne suis pas sûr d’avoir la compétence pour franchir seul ou en tête le ressaut rocheux du sommet principal mais je note la possibilité de sortie par la rampe de la face sud (sur la gauche, non ?), certes moins élégante. Merci de nous faire rêver.
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