Petit Pinier (3100m) par le versant nord
- Randonnée
- Ecrins / Hautes-Alpes / Freissinières
- Lac(s)
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1800m
- Durée :
- 8h00
Au sud-est du Parc national des Écrins, en bout du vallon de Freissinières, du Pont des Oules (1432m) et du hameau de Dormillouse, belle et rude randonnée à la journée, en partie hors sentier dans un itinéraire sauvage en versant nord débouchant sur une arête rocheuse et un sommet quelque peu aérien où fort peu de gens s’aventurent. L’intérêt du parcours réside en la recherche de l’itinéraire en versant nord, un peu austère mais jamais difficile, puis au parcours de sa raide arête sommitale où un petit pas d’escalade attend le randonneur, à l’aller comme au retour. Solitude et jolies sensations garanties. – Auteur : Thierry GARCIN
Accès
De Gap (Hautes-Alpes), prendre direction de Embrun – Savines-le-Lac – Briançon par la N94. A Saint-Crépin, prendre direction Champcella – Freissinières par la D38 (grand rond-point sur la N94 permettant de bifurquer facilement). Cette petite route passe, à travers champs, en bout de piste de l’aérodrome de Mont-Dauphin-Saint-Crépin, puis s’élève très rapidement. A Freissinières - Les Ribes, continuer à gauche dans la haute vallée par la D238 en direction de Dormillouse. Traverser successivement les hameaux des Viollins puis des Mensals, continuer jusqu’au bout de l’étroite route de montagne bitumée, laquelle devient une piste carrossable qui conduit en quelques centaines de mètres au parking, près du Pont des Oules.
Précisions sur la difficulté
Itinéraire sportif, nécessitant pied montagnard et bonne lecture de la topographie – quoique l’itinéraire se décrypte aisément au fur et à mesure de l’ascension du versant nord constitué de gradins et pierriers suspendus jamais difficiles si l’on ne s’en écarte pas, puis, une fois sur l’arête, devient évident. Par temps clair s’égarer dans le versant nord est peu probable, tant s’offrent les possibilités d’orientation et de passage (attention néanmoins au rocher de qualité médiocre pour ne pas dire pourri). En revanche s’y aventurer par mauvaise visibilité pourrait s’avérer « paumatoire » et donc dangereux.
D’une manière générale, l’itinéraire est à déconseiller fortement en cas de brouillard et/ou de pluie et/ou de prévisions météo instables car, d’une part, s’y égarer - notamment lors de l’approche du versant nord et à la montée en versant nord à travers gradins et barres rocheuses, tout comme à la descente dans le large versant est - n’est en effet pas à exclure et, d’autre part, à certains passages raides et plus ou moins exposés et rendus glissants par l’humidité une chute pourrait y être fatale. En cas d’orage, l’itinéraire final en crête forcément exposé à la foudre est sans possibilité de repli rapide, que ce soit directement vers le lac Faravel (où existe une petite possibilité d’échappatoire en versant nord - plus bas que celui gravi à la montée - avant le point coté 2718 sur la carte IGN : pente de caillasse moyennement raide donnant sur le lac en ligne de mire), ou que ce soit après le point coté 2718, par la crête vers la Grande Cabane d’alpage de Faravel.
Le petit pas de désescalade (du II tout au plus) se trouve sur l’arête rocheuse sommitale (au point coté 3030 sur la carte IGN), entre une sorte de col où l’on sort de l’ascension du versant nord (entre les points cotés 3039 et 3030 sur la carte IGN) et peu avant que l’arête ne se redresse vers le sommet. Évidemment, comme l’on emprunte le même trajet d’arête au retour, il faudra l’escalader ensuite. Ce très court passage facile (de mon point de vue) pourra néanmoins impressionner certains et, par précaution, l’emport d’un bout de corde (en section 8mm) au fond du sac peut éventuellement s’avérer utile.
En résumé :
1) Savoir s’orienter et lire une carte.
2) Être à l’aise en terrain à chamois (moyennement raide en versant nord, arête assez raide donnant sur des versants nord et sud un peu abrupts). Bien que facile, la section finale sur l’arête est quand même à déconseiller aux personnes sujettes au vertige.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN TOP25 3437ET (Orcières-Merlette – Sirac – Mourre Froid)
- Altitude départ : Pont des Oules (1432m)
- Altitude maximale : Petit Pinier (3100m)
- Dénivelé total cumulé : 1800m de dénivelé positif
- Distance : calculée au curvimètre : environ 15,2km – distance GPX : 16km
- Durée : 8h00
- Matériel nécessaire : bâtons de marche, carte et compas, altimètre, vêtements couvrants de haute montagne, en cas d’accident : téléphone cellulaire (le réseau passe selon le positionnement sur les points hauts et parfaitement au sommet du Petit Pinier). En début de saison crampons-piolet à emporter obligatoirement. Éventuellement un casque (je n’en avais pas).
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
ITINÉRAIRE DE LA PARTIE SENTIER JUSQU’AU LAC FARAVEL
Du parking, traverser le Pont des Oules et prendre le large sentier en direction de Dormillouse (très touristique, fort fréquenté, possibilité d’hébergement et de restauration au Gîte de l’École), peu pentu et en grande partie ombragé, lequel monte au tout départ en rive gauche du Torrent des Oules pour s’en écarter, puis monte en rive droite de la grande cascade et du torrent de Chichin.
Nota : tout au long de l’itinéraire sur sentier, et à chaque intersection, le panneautage en place indique les différentes directions.
Arrivé à l’altitude de Dormillouse que l’on atteint en 30 petites minutes (hameau situé rive gauche de la grande cascade et du Torrent de Chichin), laisser le hameau à sa droite (donc plein nord) et poursuivre toujours en rive droite en direction du col de Freissinières et des lacs Faravel et Palluel. Peu après, au niveau de Pré Moulin (indiqué sur la carte IGN), prendre le sentier de gauche (celui de droite monte en direction du col de Freissinières ou d’Orcières) montant plein sud à l’ombre de l’immense et magnifique forêt de mélèzes ("splendissime" à l’automne : j’en fus témoin en 2017).
En sortie de forêt (au point coté 2022 sur la carte IGN), le sentier aboutit à une intersection. Le sentier de droite va en direction du lac Palluel et du Grand Pinier (ou Pic Brun), le sentier de gauche poursuit sa trace en balcon, vers le lac Faravel : la direction à prendre.
Parvenu à Peyrourasses (marqué sur la carte IGN, point coté 2205), poursuivre à travers l’alpage sur le sentier montant maintenant plein ouest.
Nota : environ 250m plus bas que le point coté 2205, à un énorme cairn, à l’amorce de la pente montant plein ouest, du sentier principal menant au lac Faravel (sur lequel on se trouve) une sente part plein sud sur la gauche (marquée en pointillé sur la carte IGN) en direction du Pont de Fer et de la Grande Cabane d’alpage de Faravel (troupeaux à l’estive) : c’est là l’itinéraire de retour.
Poursuivre jusqu’à atteindre le joli lac Faravel (pour combien de temps encore ? vu le changement climatique… et d’ailleurs il a déjà bien baissé depuis mon dernier passage en 2017) cerclé de ses pelouses et logé dans une cuvette calée en bout de moraine de l’ancien glacier de Faravel, moraine qui tend les bras à l’excursionniste volontaire…
Là débute la partie hors sentier de l’itinéraire.
APPROCHE DU VERSANT NORD, SON ASCENSION ET CELLE DU PETIT PINIER
Gravir plein ouest au mieux le pierrier morainique sillonné de petits torrents, en prenant en face pour cap une barre rocheuse noire immanquable constituant les contreforts est de l’Entre Piniers, culminant au-dessus dans l’axe (suivre plus ou moins le tracé bleu sur la carte IGN). Comme toute moraine, a fortiori non tracée car peu de gens s’y aventurent, ce terrain terro-pierreux est assez pénible. Toutefois cette section est courte (environ 1km du lac).
Cette ascension en direction (légèrement à gauche) de la barre rocheuse noire permet tout bonnement de contourner par la droite les barres rocheuses que l’on a sur sa gauche (visibles sur la carte IGN, dominées par deux sources). Ce virage fait que l’on se retrouve naturellement en direction plein nord, et permet d’accéder aux faciles gradins polis jadis par le glacier disparu de Faravel. L’itinéraire est évident.
Parvenu à ces gradins polis parsemés de caillasses et parcourus ici ou là de petits torrents, la pente s’adoucit. Aucune trace de passage si ce n’est quelques cairns perdus dans le pierrier. De toute façon cela passe partout.
En face, se dresse le sommet du Petit Pinier, sombre et austère. L’endroit est sauvage et rudement beau, surtout lorsqu’on est seul, face à soi-même, embrassé par le silence minéral. La nature a cette faculté d’élever la conscience et de restituer l’ego à sa juste proportion : là est la vraie ascension.
Mettre le cap sur l’arête sommitale du Petit Pinier, précisément vers un col bien visible, situé entre les points cotés 3039 et 3030 (marqués sur la carte IGN). Évident.
Traverser en diagonale le vestige du Glacier de Faravel (une savonnette) légèrement en direction d’une barre rocheuse descendant du point coté 3039 (marqué sur la carte IGN) que l’on gardera à main gauche durant toute l’ascension proprement dite. Attention toutefois, a fortiori sans crampons (ce qui était mon cas, par choix de légèreté, ayant déjà emprunté ce versant nord du Petit Pinier à la descente à l’automne 2017 je n’ai pas jugé utile de les emporter), prudence sur le haut de ce qui reste du glacier avant d’aborder les premiers gradins rocheux car la pente, sans être sévère, n’autorise pas pour autant une glissade ( !)…
Attaquer dans le versant nord à proprement parler en escaladant au mieux les gradins rocheux, entrecoupés de pierriers suspendus, de rochers brisés et de zones terro-caillouteuses. Poursuivre l’ascension au large de la barre rocheuse à main gauche sans succomber à la tentation d’aller dans la pente sous le sommet du Petit Pinier. Cette pente semble en effet accessible mais est bel et bien plus raide (peut-être que ça passe mais je n’ai pas essayé). Progresser au plus facile – toujours en visant le col ou en essayant de le deviner car parfois non visible en fonction de la déclivité de la pente et/ou des obstacles (intégrer mentalement la carte) – jusqu’à tomber sur une très courte section rocheuse en escaliers, sorte de « mille-feuille de rocher » (prudence). Ces escaliers franchis, la pente s’adoucit tout de suite et débouche sur le col visé.
Du col le Petit Pinier se dresse fièrement et l’on est impatient d’en fouler le sommet. A ceci près que ce sommet est un enchevêtrement de rochers de toutes tailles peu engageant : sorte de pile d’assiettes soudées entre-elles par l’amalgame terre…
Poursuivre sur l’arête et désescalader un léger ressaut rocheux (pas de II tout au plus, au point coté 3030 sur IGN). Un bout de corde (en section 8mm) emporté au fond du sac pourra rassurer ici une personne moins à l’aise. Poursuivre sur l’arête sommitale, contourner un gendarme par la droite (par la gauche à la descente). De là, quelques mètres d’ascension encore suffisent pour atteindre le sommet du Petit Pinier. Cairn. Belle ambiance.
La vue assez vaste s’étend au nord sur l’Entre Piniers (3044m), le Grand Pinier (3117m), à l’ouest sur la station d’Orcières-Merlette, la Grande Autane (2782m), la Petite Autane d’Orcières (2548m), au sud sur la toute proche Crête de Chabrières (2851m), le Tuba (3008m), les Lauzes Rousses (2915). Au sud lointain sur le Mourre Froid (2993m).
ITINÉRAIRE DE DESCENTE
Descendre par l’itinéraire de montée jusqu’au col, sous le point coté 3039, puis le gravir, en contournant facilement les obstacles rocheux par la gauche. Évident.
De cette antécime du Petit Pinier, sorte de dôme pierreux (deux cairns), dévaler la large et longue pente de caillasse en direction de l’est (suivre le tracé bleu sur la carte IGN) en rejoignant une sorte d’arête bombée jusqu’au point coté 2718 (sur la carte IGN). Là un lièvre variable sorti de dessous les blocs a détalé les oreilles dans le vent devant moi… Échappatoire possible en cas de mauvais temps : en effet, peu avant le point coté 2718, sur la gauche, une large pente pierreuse orientée nord permet de descendre directement et rapidement jusqu’au lac Faravel.
Poursuivre vers le point coté 2718 (légère remontée) puis en direction du point coté 2689 (sur la carte IGN) où trône un énorme cairn immanquable. En-dessous de ce cairn, basculer au nord dans la pente (suivre le tracé bleu de la carte IGN, entre le point coté 2689 et les Têtes de Pommette). Assez raide et caillouteuse au début, cette pente devient terro-herbeuse ensuite et s’adoucit plus bas. Viser l’extrémité gauche d’un large pierrier de forme ovale : c’est la direction à suivre pour atteindre l’alpage et la sente du Pont de Fer, entre les Clamis et la source (tous deux marqués sur la carte IGN), laissant sur la droite le tracé bleu (sur IGN). Immanquablement, l’on rejoint la sente bien marquée qui traverse l’alpage du Pont de Fer (sorte de vallon verdoyant traversé par le Torrent du Pont de Fer) et conduit à la Grande Cabane d’alpage de Faravel (rappel : troupeaux à l’estive).
Là se termine la partie de l’itinéraire hors sentier.
Parvenu sur la sente (marquée en pointillé sur la carte IGN, devenant drailles par endroits), j’ai opté pour couper à travers l’alpage du Pont de Fer (marqué sur la carte IGN au point coté 2159). En effet, un troupeau de moutons s’y agitant à grands bêlements et à pleins tintements de clochettes, je ne voulais pas le déranger, encore moins me faire lécher par le patou – sans quoi je serais tout naturellement resté sur la sente principale comme initialement prévu. Ce petit raccourci m’a seulement évité le virage en fer à cheval de la sente au point coté 2159.
J’ai donc quitté la sente principale pour prendre à travers l’alpage un raccourci bien tracé et cairné, traversé le Torrent du Pont de Fer et j’ai rejoint tout de suite après la sente principale ramenant vers les bas de Peyrourasses. Sur cette sente, l’on tombe pile-poil à l’intersection marquée du gros cairn laissés au matin et donc sur le sentier balisé du lac Faravel à Dormillouse.
Une jolie balade dont on savoure déjà les souvenirs...
Nota : du Pont de Fer existe une autre variante de descente, à savoir : emprunter la sente courant plein est en rive droite du Torrent du Pont de Fer. Cette sente (marquée en pointillé sur la carte IGN) part du point coté 2159, passe par le point coté 2039 et aboutit plus bas au joli petit Lac de Fangeas (1990m). De-là, prendre plein nord le sentier bien tracé en rive gauche du Torrent des Oules qui conduit au Pont des Oules.
Auteur : Thierry GARCIN
Avis et commentaires
Bonjour hereme,
Je ne connaissais pas ce site "Vallouimages" où, effectivement, l’on voit parfaitement la régression des glaciers de Freissinières.
Moi de même, j’ai connu ces vingt dernières années (pour ne pas remonter plus loin) de grands névés persistants tard en saison partout dans les Écrins à des altitudes de 2500m, et notamment au Grand Pinier et Petit Pinier selon les années. D’ailleurs, l’année dernière 2021, début juillet, le versant nord du Petit Pinier était tout en neige et son ascension en crampons, évidemment aux aurores, se faisait sans problème.
En octobre 2017, j’étais descendu du Petit Pinier par son versant nord et j’avais pu constater de visu le vestige du glacier de Faravel : une étendue de glace vive constellée de rochers m’attendait au bas du versant, m’incitant à la prudence d’autant que j’étais seul. Renseignements pris à l’époque auprès du gérant du Gîte de l’École à Dormillouse (il ne l’est plus puisqu’il a vendu son affaire), un montagnard dont les parents sont natifs de Dormillouse et où il possède toujours une maison de famille, m’avait dit que le glacier de Faravel survivait ses dernières années sous la forme d’un glacier rocheux...
Pour ce qui est du sentier reliant le Pont de Fer au Lac Fangeas, eh bien effectivement c’eut été tout à fait possible (et c’est d’ailleurs une très bonne idée de variante descente que tu me suggères là). Je ne sais pourquoi je n’ai pas choisi cette option... Bref. Il faut dire qu’il existe plusieurs possibilités pour tracer un itinéraire au Petit Pinier : moi-même j’en ai fait quatre fois l’ascension, à chaque fois par un itinéraire de montée et de descente différent.
Cordialement,
Thierry
Ça devrait peut-être t’intéresser (si tu n’as pas déjà consulté le site) :
" Les glaciers dans la Vallée de Freissinières "
(Cliquer sur les photos pour les agrandir)
Il y a eu un glacier ... j’ai connu au mois d’août au lac Palluel (100 m plus haut) une neige résiduelle de 1 à 2 m d’épaisseur s’arrêtant dans le lac.
Pourquoi ne pas être descendu par le sentier rive droite du torrent du Pont de Fer jusqu’au lac Fangeas, puis sentier rive gauche du torrent des Oules ?
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