Mont Buet (3096m), par Tré les Eaux et le col des Cristaux

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
1850m
Durée :
10h

Un itinéraire d'ascension varié, sauvage et peu fréquenté vers un grand sommet... Après le parcours du magnifique vallon de Tré les Eaux jusqu'aux restes glaciaires du fond du vallon, la suite se passe sur une austère vire pour rejoindre le col des Cristaux, au pied de l'arête est du Buet, la moins fréquentée. Pimentée de quelques petites difficultés, celle-ci se remonte vers le sommet dans une ambiance minérale entourée d'un panorama époustouflant. – Auteur :

Accès

Chamonix ou Vallorcine - Route du col des Montets - le Buet, parking vers la gare, ou au-dessus au hameau du Couteray. Également accessible en train, par la ligne Le Fayet - Chamonix - Le Buet - Vallorcine - Martigny.

Précisions sur la difficulté

Il s’agit d’un itinéraire sauvage d’envergure en terrain d’altitude, hors sentier dès qu’on quitte le fond du vallon de Tré les Eaux. La ligne de l’itinéraire est assez évidente, mais demande un peu d’expérience pour surmonter les difficultés par les passages les plus faciles.

Outre la longueur de l’itinéraire et l’altitude, la principale difficulté est la traversée de longs dévers de terrains détritiques par endroits assez raides et parfois exposés, demandant de l’expérience et de l’aisance. Chaussures de montagne adaptées de rigueur. L’usage d’un piolet sécurise la progression.

L’ascension de la crête comporte un court ressaut à escalader, dont le haut est vertical et exposé, un peu délicat (quelques pas de III, pile de parpaings aux prises confortables mais douteuses, ne pas tirer sur n’importe quoi). Le ressaut est éventuellement contournable au prix d’une prudente traversée sur un dévers raide.

Crampons fortement souhaitables pour faire face aux névés qui peuvent persister tard en saison. La vire étant exposée aux éventuelles chutes de pierres de la face nord, un casque est également souhaitable.

Les infos essentielles

  • Altitude départ : 1340m.
  • Altitude sommet : 3096m.
  • Durée : 9h.
  • Carte : IGN TOP25 3630OT Chamonix- Massif du Mont Blanc.

Période

Praticable en conditions estivales, lorsque les névés ont libéré l’itinéraire. La vire menant au col des Cristaux n’est pas praticable si elle est barrée par le moindre névé. Il faudra alors la contourner par le bas. En général, les névés tardifs sur le haut du versant d’exposition nord oblige d’attendre jusqu’à la mi-août au moins. Terrain sec et non bétonné par le gel de rigueur pour franchir les dévers détritiques.

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Itinéraire

Ascension

Au départ du Couteray, prendre le sentier en direction des chalets de Sur le Rocher, et prendre à droite puis à gauche en suivant le balisage de Tré les Eaux. L’accès au vallon est défendu par un raide mur de dalles qui se surmonte facilement par un dièdre équipé de rampes.

On débouche dans la magnifique vallon de Tré les Eaux dans lequel on s’enfonce en suivant le sentier. Quitter le sentier au moment opportun pour poursuivre sur la large plaine d’alluvions jusqu’à la Gouille du Bouc, où se trouve un captage redirigeant l’eau du torrent en direction du lac d’Emosson.

Monter les pentes herbeuses à gauche du torrent en suivant une sente peu marquée. Elle se dirige vers une croupe herbeuse formant le bas de l’arête nord du Gros Nol, qu’on remonte. L’herbe fait place à des rochers dalleux, dans lesquels on se fraie un chemin ascendant contournant par derrière le sommet du Gros Nol. La progression n’est pas trop difficile en se frayant au mieux un passage dans le labyrinthe de ressauts moutonnés. Selon le parcours choisi, on débouche éventuellement au collet au sud du Gros Nol, offrant une belle vue sur la suite du parcours.

Poursuivre la traversée ascendante vers le sud, en se rapprochant du rebord caillasseux du glacier de Tré-les-Eaux. Le lieu regorge de filons de quartz, et en cherchant un peu on pourra trouver quelques cristaux (les chasseurs de cristaux ont laissé des traces).

Prendre pied sur la large vire de caillasse terreuse inclinée se dirigeant vers le col des Cristaux. La parcourir au mieux, en général plutôt proche du rebord inférieur, ou plus haut si c’est plus facile. En général, on progresse dans la caillasse un peu croulante mais sécurisante. Cependant, on traverse quelques sections un peu plus raides de terre dure, ainsi que quelques petites ravines, ce qui demande un peu d’attention. La partie la plus délicate se situe au niveau du début de la petite barre rocheuse sous le col des Cristaux. A ce niveau, passer assez haut sur la vire pour trouver des pentes un peu plus raisonnables. Juste après, les pentes redeviennent débonnaires jusqu’au col.

Il est possible d’éviter la traversée de la vire pour éviter les dévers délicats, notamment en cas de mauvaises conditions (terrain humide ou gelé, névés barrant la vire). Pour cela, descendre de la vire à son début (juste après être passé sur quelques rochers clairs) par un court dévers pierreux raide et peu commode, et prendre pied sur le pierrier en contrebas. Remonter facilement ce pierrier sous la vire, pour passer sous la petite barre rocheuse dominée par le col des Cristaux. Poursuivre la traversée dans une cuvette débonnaire (névé persistant parfois contournable par le bas, sinon crampons souvent nécessaires). De l’autre côté, on grimpera quelques rochers faciles pour rejoindre la crête à l’est du col.

Au col, ceux qui le souhaitent peuvent parcourir en aller-retour la crête un peu descendante vers l’est pour atteindre le Mont Oreb (2634m), offrant un des rares replats herbeux du coin et une vue magnifique. Il est également possible de zapper l’ascension du Buet en descendant directement dans le vallon de Bérard en direction du refuge. Cependant, cette option nécessite une bonne visibilité pour pouvoir se frayer à vue un chemin entre les dalles rocheuses souvent raides.

Pour atteindre le Buet, il faut contourner par la gauche les Tours, premiers ressauts de l’arête des Cristaux, en traversant les pierriers pour aller chercher, derrière, un couloir permettant de franchir un raide ressaut. À ce couloir moins scabreux que d’apparence succède une raide montée dans des rochers détritiques faciles pour rejoindre l’arête au-dessus des Tours.

Remonter la longue crête sur le fil. La vue est magnifique sur les deux versants. Cependant, un petit ressaut rocheux, insignifiant vu de loin, barre le passage. Cet empilement de parpaings d’environ 6m de haut est cependant délicat dans sa partie supérieure en raison de sa verticalité et de son exposition (quelques pas de III). Bien qu’offrant des prises franches, il faut faire attention à ne pas tirer sur n’importe quoi car rien ne garantit qu’un parpaing ne sera pas délogé.

Il est possible de contourner le ressaut par la gauche, au prix d’une traversée sur un raide dévers de roche terreuse et gravillonnée, un peu délicate. Un plus grand détour par le bas pose moins de difficultés.

Le haut de la crête se poursuit sans difficultés jusqu’au sommet, bien que la longueur et l’altitude se fasse sentir (c’est comme ça sur toutes les arêtes du Buet). Cependant, la beauté du panorama sera éventuellement prétexte à d’innombrables pauses contemplatives... Puis finalement le sommet, la vue qui s’ouvre aussi sur le versant ouest, et aussi la foule durant les jours de beau temps...

Descente

La descente du col des Cristaux dans le vallon de Tré les Eaux est déconseillée en raison des difficultés de parcours et des potentiels obstacles pouvant empêcher le passage (dévers mouillés ou gelés, névés...).

L’option la plus simple et la plus rapide consiste à descendre par l’itinéraire habituel du vallon de Bérard, en suivant un sentier en général bien tracé, avec pour seule partie un peu pénible quelques passages sur des roches moutonnées sous le col de Salenton, sans difficultés. À la saison où l’itinéraire d’ascension est praticable, on ne profitera pas des névés pour faciliter ce passage. Puis, sous le refuge de la Pierre à Bérard, c’est le retour sur un bon sentier le long du fond du vallon...

Pour ceux qui veulent prolonger le plaisir de parcourir des crêtes panoramiques, le retour par le Cheval Blanc, et le col de la Terrasse s’impose... voir ici.
En bonus, on aura droit à un magnifique panorama au dessus des lacs d’Emosson, trouées émeraudes dans un univers minéral. Puis sous la Pointe de la Terrasse, quelques lacs cristallins adouciront la minéralité de la journée pour une pause bienvenue. La suite se passera soit par le vallon de Tré les Eaux, ou plus facilement par la Loriaz en basculant dans les raides pentes derrière le col de la Terrasse. Une longue descente dont les 1300m de dénivelé ne sont pas à sous-estimer... Compter environ 2h et 300m de dénivelé en plus.

Une variante de descente, plus courte et assez sauvage, consiste à plonger dans un raide couloir permettant de descendre dans le vallon de Tré les Eaux à partir de la crête juste avant la remontée vers le Cheval Blanc (après être passé à proximité d’un horrible pylône électrique). Par une traversée à vue, on rejoint le sentier descendant du col de la Terrasse vers le fond du vallon de Tré les Eaux.

Détail de la sortie du 8 septembre 2018

Monter au Buet par sa troisième arête, la plus esthétique, sauvage et peu fréquentée, l’arête des Cristaux, qu’on atteint par cette vire depuis le magnifique vallon de Tré les Eaux... Un projet maintes fois reporté étant donné la petite fenêtre saisonnière où ce parcours est possible. Une grande journée encore estivale pour que la vire soit ensoleillée et sèche, mais suffisamment tard en saison pour que les névés aient fondu. Deux tentatives se sont déjà soldées en "plan B" en direction du col de la Terrasse pour cause de névés. Bon, cette fois, avec un été particulièrement chaud sur le point de se terminer, ça devrait le faire...

Départ du Couteray vers 7h30 du matin, alors que les sommets s’illuminent déjà de lumière chaude. Une belle montée vers le vallon de Tré les Eaux qu’on commence dans une forêt fraîche et humide avant de trouver le soleil dans l’ascension des dalles, un petit passage qui réveille bien et qui sert de porte d’entrée au magnifique vallon de Tré les Eaux. Tout sculpté en dalles grises et en herbe verdoyante, il resplendit dans la chaude lumière matinale, merveilleux décor qui vaut à lui seul le détour.

Montée, on quitte le sentier pour monter derrière le Gros Nol. Voilà donc le glacier de Tré les Eaux, ou plutôt ce qu’il en reste, sous l’abominable face nord détritique du Buet. On quitte la verdure pour le monde minéral. Passages dans les dalles, petit labyrinthe ludique où il faut grimper un peu, facilité par quelques cairns de quartzite pour indiquer que le col des Cristaux, c’est bien par là. D’ailleurs, on ira glaner quelques jolies petites aiguilles de quartz en fouillant les restes d’un gisement creusé par quelques cristalliers.

On aborde enfin la vire de caillasses. Ça passe assez bien, sauf sur quelques petites sections un peu plus raides où la caillasse fait place à un dévers terreux plus dur. On range les bâtons et on sort le piolet qui offre des appuis plus sûrs, tout en étant content d’être en grosses chaussures dont les semelles peuvent bien mordre dans la terre dure.

Ça y est, voilà le col des Cristaux... La vue s’ouvre sur le versant de Bérard, surmonté par les dentelles des Aiguilles Rouges surmontées derrière par celles, scintillantes, des aiguilles de Chamonix et le Mont Blanc. Quelques photos...

Bon, la suite ? Ces Tours qu’il faut contourner... On ne voit pas bien par où ça pourrait passer, c’est raide partout. Mais allons-y, traversons dans les pierriers... Effectivement, ce couloir, là devant, n’est finalement pas si raide que ça, et se remonte facilement. On grimpe facilement pour rejoindre la crête. Enfin au-dessus de ces abominables ravins du versant nord, et la vue...

La crête ? Elle ne semble pas si difficile. Où est donc ce fameux petit ressaut ? On grimpe tranquillement... Finalement, on finit par buter sur ce petit mur, dont la partie supérieure, empilement de parpaings vertical sur un gros mètre, n’est pas sans rappeler le "Malpasset* de l’Obiou. Grimpe prudente... La verticalité oblige à tirer avec les mains, et il faut vraiment faire attention à ce que cela ne déloge pas un parpaing qu’on risque de suivre dans l’abominable face nord. Autrement dit, ne pas mettre les mains n’importe où...

Ouf, passé, Il n’y a plus qu’à continuer jusqu’au sommet... Finalement, toutes les trois crêtes du Buet semblent interminables, et celle-ci est peut être la plus longue de toutes. Mais le sommet est finalement en vue, et le panorama s’ouvre sur le brumeux versant ouest qu’on domine de haut. 14h, on retrouve la foule des grands jours. Casse-croûte et photos...

15h30, on va tranquillement commencer la descente. Pas envie de plonger prématurément dans le vallon de Bérard, on va plutôt aller vers la longue crête en direction du Cheval Blanc, histoire de prolonger le plaisir du panorama. Quelques petits cumulus viennent lécher les versants, amas cotonneux pas trop dérangeants. La partie câblée de la crête des Eves n’est pas du tout difficile, cependant la vue sur le précipice à l’ouest est toujours aussi vertigineuse : On est bien debout sur ce qui semble être une énorme pile verticale d’assiettes noires en équilibre précaire au-dessus du ravin, qui ne demanderait qu’à s’écrouler au moindre déséquilibre...

Longue traversée vers le Cheval Blanc sur les caillasses lunaires... Magnifique ambiance, superbe panorama seulement altéré par quelques abominables pylônes rappelant la civilisation...

Descente du Cheval Blanc au-dessus des lacs d’Emosson, où les étendues turquoises tranchent avec la minéralité de leurs écrins. Le lac du Vieux Emosson est enfin rempli, et a même pris de la surface par rapport à son ancienne version. Une dernière remontée dans la caillasse en direction du replat de la Terrasse et de son lac, lieu de calme idéal pour une ultime pause dans la lumière jaune du soleil descendant. Tour des rives du lac pour quelques photos encore, même si ces abominables pylônes font encore tâche...

Col de la Terrassse, 18h30. À cette heure tardive, la descente par la Loriaz est la seule raisonnable. il est maintenant temps de plonger dans l’ombre de la raide pente face aux glaciers du Tour et d’Argentières qui étincellent dans la lumière chaude. Bientôt, tous les sommets plongent progressivement dans l’ombre et les couleurs s’estompent alors qu’on atteint les chalets de la Loriaz. Il n’y a plus qu’à descendre le longuet sentier en forêt qui plonge dans vallée et la nuit... Fin de la balade vers 21h sous les étoiles et la Voie Lactée.

Bilan de la journée : des jambes lourdes, une grosse soif car, ayant oublié de vérifier le casse-croûte, il a fallu boucler le périple avec juste 1l de boisson, mais surtout des souvenirs pleins de magnifiques panoramas, et une montagne de photos (environ 280 après suppression des doubles et des ratés)... En comptant environ 20s pour faire une photo (sortir l’appareil, cadrer, prendre, vérifier, si besoin refaire, ranger), cela veut dire qu’on a passé en gros 1h30 juste pour les photos. Pas négligeable...

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 8 septembre 2018

Dernière modification : 23 février 2021

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Avis et commentaires

Bonjour,

j’ai réalisé cette randonnée fin juillet 2019 c’était vraiment super beau tout du long, un bon souvenir pour finir une vue magnifique qui se mérite !

Bonjour,

Merci pour ton commentaire, j’ai vu aussi l’autre topo par Emosson mais j’ai l’impression qu’il faut marcher 3-4 km sur route (notamment sur le barrage) avant de démarrer vraiment la rando, ce qui m’intéresse un peu moins du coup... à voir. Quel est le chemin qui fait prendre le moins de temps ? et quel est le plus beau 🙂 ?

Pascal

Depuis le Cheval Blanc, vue intégrale sur le lac supérieur, et une bonne partie du lac inférieur aussi.

Sinon, je suggère cet itinéraire :
altituderando.com/Le-Buet...

Bonjour,

Est-ce qu’on a une belle vue sur les lacs d’Emosson en passant par le cheval blanc (chemin orange clair) sans faire de détour et sans descendre ?

Merci

Bien vu l’itinéraire de montée.
Et bien qu’imposée par les circonstances, belle boucle par Loriaz.

Tout simplement superbe (texte, photos illustrant bien la progression).
Merci pour ce ’voyage’ au ’Mont Blanc des Dames’.

Jean-Marc

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  • Sortie du 9 juillet 2020 par Agarock, Fanthomas

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