Les terrasses du Pic Saint-Michel, par la vire magique

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
700m
Durée :
1 jour

Randonnée du vertige très engagée, avec de nombreux passages délicats, où l’assurance est par endroits illusoire, et l’exposition bien réelle. Ambiance hors du commun dans un territoire quasi-vierge (malgré la proximité de la vallée) et au milieu d’une grande paroi dont les surplombs sont parmi les plus gros de la barrière est du Vercors. – Auteur :

Accès

Depuis Seyssins, ou Vif, en région grenobloise, monter par la route goudronnée au plateau de St-Ange. Aller au bout du goudron, puis encore un peu sur la route forestière, jusqu’au parking à 1177 m.

Précisions sur la difficulté

Difficultés maximum pour une randonnée.
Via corda pour 4 longueurs de 25 m.
1 rappel facile.

Si les 4 longueurs de 25 m sur la vire restent dangereuses malgré l’assurance, elles ne sont pas les plus dangereuses. Il ne faut pas négliger la difficulté des autres passages (le Rouleau calcaire ; les 2 couloirs ; le Pervers dévers ; la zone du Bloc cubique ; les terrasses St-Michel), où l’assurance est infaisable et où aucune chute ne doit se produire.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : (Exemple : TOP 25 - 3235 OT "Autrans")
  • Altitude minimale : 1177 m
  • Altitude maximale : 1870 m
  • Distance : environ 3 km
  • Horaires : 6 h
  • Balisage : aucun

Attention : tout ou partie de l'itinéraire se trouve hors-sentier. Cela nécessite un bon sens de l'orientation. L'imprécision du tracé peut être grande car dessiné manuellement (non relevé sur le terrain).

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Itinéraire

Depuis Vif, monter en voiture au bout de la route goudronnée, puis de la piste forestière, jusqu’au parking du plateau de St-Ange (1177 m).

A pied : Prendre les pistes forestières qui montent au pas de l’Âne, puis qui traversent vers le col de l’Arc. Au moment où la piste devient horizontale et se transforme en sentier, repérer à droite le départ d’une toute petite sente qui prend droit dans la pente (arbre, à droite, avec panneau : « 5 »).
10 m au-dessus du départ : pierre gravée « 71 », en rouge sur fond blanc.

La sente sort rapidement de la forêt. Aller très légèrement vers la gauche (20 m), puis monter droit (20 m, 1 cairn), puis biaiser vers la droite afin de rejoindre un fin pierrier qui descend suivant la ligne de plus grande pente (20 m, 2e cairn). A partir de là, la ligne est simple : droit vers le haut ! (5 cairns)

Strate de calcaire à franchir facilement de droite à gauche horizontalement : un peu d’équilibre est nécessaire.
De suite après, en diagonale à droite pour rejoindre l’arête herbeuse, que l’on remonte. On trouve alors une trace de passage, horizontale, qui bascule côté nord de l’arête.

Amorcer une courte descente à ras la falaise (20 m), et parcourir horizontalement tout le travers terreux qui fait suite (environ 200 m.) Une fois sur l’herbe, remonter (sur 30 m) pour trouver la trace la plus haute, au pied des falaises.

Alternative : au bas de la courte descente, une alternative peut être empruntée, moyennant un petit passage d’escalade facile (corde fixe en place : vérifier la corde avant de tirer dessus). Monter d’un étage (4 m). Continuer horizontalement sur un magnifique balcon rocheux, surplombant le grand travers en-dessous, balcon large juste ce qu’il faut pour 1 personne. C’est à peine croyable, mais ça passe facilement ! (excellent équilibre nécessaire). A la fin, monter également (sur 15 m) pour trouver la trace la plus haute au pied des falaises.

Continuer vers le nord (150 m environ) sur une fine trace (parfois délicate) touchant la falaise, jusqu’à un gros pin qui barre le passage. L’objectif étant de monter à l’étage supérieur, prendre ici une diagonale montante, sur la droite d’abord. Monter hors trace en 2 larges lacets jusqu’à atteindre une nouvelle sente de bêtes, horizontale elle aussi, peu sous les falaises sommitales. Suivre cette sente vers le sud. Arriver au petit col du premier éperon.

Continuer vers le sud, traverser un premier couloir en diagonale descendante, rejoindre un deuxième éperon. Traverser un deuxième couloir, pour arriver sur un troisième éperon (la traversée horizontale est bien délicate ; il est préférable de traverser en diagonale descendante, puis de remonter le troisième éperon au milieu des pins à crochets). (voir photo)
Toute cette partie est acrobatique, à cause de la pente qui augmente, des passages un peu rocheux, de quelques descentes, mais la trace est toujours visible.

Après ce troisième éperon, se trouve un dévers raide (le « Pervers dévers ») dans lequel la trace s’engage franchement. Le passage demande une bonne concentration : au départ préférer traverser dans la dalle au-dessus d’un petit pin.
Au bout du dévers, la sente arrive à un petit pin, sur un vague replat : vous êtes au bord de l’arête rocheuse, qui cache tout de la suite des passages.

R0 2 spits de relais.
L1 : aller à l’arête. Descendre 4 m puis atteindre la vire qui est plate, horizontale, large de 1 à 2 mètres (2 spits ; 26 m). Astuce pour le second de cordée : prévoir un anneau de cordelette d’environ 5 m, à passer dans le spit, anneau qui servira de main courante pour la descente.
R1 à un grand pin à crochets, sur sangle.

L2 : contourner le pin par-dessous (impressionnant mais facile) ; remonter en face la trace belle mais terreuse (1 spit ; 25 m).
R2 dans une petite niche, sous un surplomb (1 spit) et sur un balcon sympathique.

L3 : horizontale et très facile (25 m)
R3 devant une dalle (1 spit).

L4 : monter dans le travers (peut être délicat si mouillé), puis plus facile (1 spit ; 25 m).
R4 devant un bloc (1 spit)

L4 bis : facile (10 m) ; on arrive à une petite arête
R4 bis : sangle sur un bloc

La suite se fait sans corde, bien que parfois un peu aérien.
Un petit creux à traverser horizontalement (25 m). On arrive sur l’arête du « Bloc cubique », et la vue sur les Terrasses St-Michel se dévoile enfin. Descendre dans l’éboulis (20 m) pour remonter vers les Terrasses supérieures en longeant la falaise (80 m environ). Circuler librement dans la zone supérieure, au milieu des pins à crochets, et de l’éboulis, jusque sous les énormes surplombs.

Pour la descente, revenir à hauteur du Bloc cubique. Descendre l’éboulis, celui à la verticale sous le bosquet principal de pins. Repérer une touffe d’herbe caractéristique (herbes longues, fines, et inhabituelles dans de tels lieux). Le rappel se trouve environ 15 m plus loin que ces herbes, au bout d’une traversée vers la droite sur une petite margelle (1 piton + 1 spit visibles au dernier moment). Ce rappel n’est pas raide ; il permet surtout de descendre en sécurité des escaliers couverts de gravillons ; en bas, se présente un passage que l’on peut dé-escalader (5 mètres en III ; rappel de 23 m).

La fin de la descente est évidente : par le chemin de la montée.

Récit du premier parcours :

Hiver 2018-2019 :

L’histoire de cette randonnée a commencé au cours de l’hiver 2018-2019.
Et c’est l’observation d’une photo, une fois encore, qui en a créé l’origine.

Le Pic Saint-Michel est un sommet de la falaise est du Vercors. De ce fait, côté est, il est constitué d’une grande face, rocheuse, verticale, impressionnante, barrée d’énormes surplombs dans son tiers supérieur. Les grimpeurs la connaissent d’ailleurs fort bien, car ils en escaladent le pilier est, appelée aussi le pilier des Photographes. Une autre escalade était citée, rarement, un peu plus au nord, mais son rocher semble douteux, et cette voie s’est perdue dans les connaissances alpines.

Toutefois, dans cette haute falaise est, il existe un relief particulier : ce sont des « terrasses » - enfin, je veux dire des pentes qui ne sont pas des parties verticales – constituées d’éboulis et de quelques bosquets de pins à crochets. Ces terrasses ne se voient que très difficilement depuis la vallée, et à peine des forêts inférieures comme par exemple du Pré du Four, car leur inclinaison les fait rester dans un angle mort. Il n’y a donc que lorsque les neiges de l’hiver sont tombées que, par déduction, on peut comprendre leur présence.

Ainsi, en mars 2019, lors de plusieurs séances photo depuis Vif, Champagnier, Varces ou Seyssinet, je construisis une collection de clichés, sous différents angles, à différentes dates pour profiter de la fonte progressive de la neige, cette fonte dégageant lentement les reliefs constitutifs des lieux, afin de me familiariser avec eux.

L’observation attentive des images me convainquait, timidement, qu’il pouvait y avoir là un passage à vérifier, sur une vire, joignant ces terrasses au centre de la falaise, avec les pentes herbeuses situées, elles, plus au nord que le sommet du Pic St-Michel (je connaissais ces pentes herbeuses-là pour les avoir parcourues à l’automne 2006, à tous les étages possibles ; et il y en a cinq, étages successifs). Par contre, l’accès direct aux terrasses par le bas semblait exclu.

Bref, une approche de terrain s’avérait indispensable, pour comprendre exactement ce qu’il était possible de faire dans ce secteur de la falaise.

Octobre 2019 :

L’été a passé.
Je n’avais rien fait au Pic St-Michel….

Ce n’est qu’à cause d’un contretemps dans le Diois, que je décidais, faute de mieux, d’aller voir de près cette falaise St Michel, pour vérifier mes suppositions. Ce fut une sortie d’après-midi, un très bel après-midi, chaud mais pas trop. Faisant appel aux souvenirs de grimpeur, je retrouvais la sente, raide et ténue, qui sort de la forêt et qui attaque droit vers le haut la remontée jusqu’au pied des rochers, là où un éperon herbeux sépare les faces du Pic St-Michel : face est (à droite) et face sud-est (à gauche).
J’allais voir l’arche-tunnel qui se trouve là, car je ne la connaissais pas encore et, suite aux informations de Pascal Sombardier, je m’étais de longue date promis d’y venir.

Ici, la falaise présente quand même un point faible, sous la forme d’un couloir, descendant justement du milieu de la paroi. L’aspect de ce couloir ne semble pas bien joyeux, et sa difficulté technique ne faisait pas partie de mes prévisions du jour….
Regardant tout cela dubitativement, tentant quand même un ou deux essais d’escalade, je me rendais compte que ce n’était finalement pas si difficile : environ cinq mètres en III, avec un rocher solide et bien nettoyé des prises branlantes par les eaux des pluies et orages successifs. Le franchissement n’en a quand même pas été tenté cet après-midi-là, car je n’avais pas de corde pour faire le rappel de retour. Mais c’était noté pour la fois suivante !

A droite de l’éperon herbeux, vers le nord donc, il y a une traversée qui est exposée. La sente domine ici un ravin, plus une barre rocheuse, et ce passage de deux cents mètres de long demande quelque attention.
Deux cents mètres encore plus au nord, c’est le premier point faible de la barrière rocheuse. Il faut de suite s’insinuer dedans, et monter presque au dernier étage pour trouver une nouvelle sente de bête, horizontale.

A partir d’un petit col, commençait la traversée retour, c’est-à-dire vers le sud cette fois. J’espérais que cette trace mènerait au point de jonction avec la vire supposée.
Un premier couloir était à traverser. En diagonale descendante : tout va bien. Un deuxième couloir, plus raide, dont la traversée horizontale délicate m’a d’ailleurs donné quelques chaleurs ! (L’année suivante, je modifierai le cheminement et viserai plus bas l’arrivée de cette traversée, pour remonter ensuite l’éperon au milieu des pins à crochets, solution qui s’avèrera bien plus sûre).

Enfin, j’arrivais face à un dévers très pentu. Ce dévers n’est pas du tout rassurant. Le bas saute plusieurs barres rocheuses. Le haut : ce sont des rochers verticaux qui montent jusqu’au sommet du Pic St-Michel et qui interdisent tout cheminement. Droit devant, à trente mètres, et à hauteur de ce petit pin rabougri, une crête rocheuse empêche de voir la suite. Le dévers se finit : d’accord. Mais s’il se termine : qu’y a-t-il ensuite ?? Il est évident que le versant se transforme et que, de pentu qu’il est encore ici, il devient vertical là ensuite, et que les vraies falaises vont intervenir maintenant.
L’inquiétude montait.

Si ce n’était cette trace de bête, qui se voit très nette là-devant, qui parcourt le dévers dans son entier, et dont on sent bien qu’elle est assez large pour y poser les pieds, si ce n’était tout cela je ferais demi-tour de suite.
Mais la simple présence de cette belle sente signifie clairement que les bêtes, elles, continuent, et qu’il y a donc un parcours faisable.
Mais est-ce un parcours à ma mesure ??

Ces trente mètres sont vraiment sérieux, et vont nécessiter une grande concentration car tout faux pas y est interdit.

L’équilibre est amélioré par le bâton rigide à main gauche.
Au sol, les cailloutis sont nombreux. Et malgré les passages évidents de bêtes, qui habituellement enlèvent ces cailloutis avec leurs sabots, il en reste beaucoup. C’est donc qu’ils sont renouvelés régulièrement, venants du haut ! Alors, un peu comme en apnée – ce qui n’est qu’une image, car je respirais fort ! – je traversais cette longueur d’un trait, et me retrouvais enfin à côté du petit pin, accroupis sur une toute petite plateforme, et un mètre avant l’arête qui me masquait la suite. J’étais rassuré, mais pas complètement. Je ne bougeais plus, n’osais pas me relever, ni tenter d’avancer de ce mètre-là pour voir au-delà de l’arête ce qu’il y avait. Je savais d’avance que ce serait vertical et que, faute de pouvoir m’assurer à un point solide, il ne fallait pas s’avancer de crainte d’un possible vertige. Je m’asseyais, faisais quelques photos.

Ne pouvant faire plus, il fallu faire demi-tour.
La trace, vue du petit pin rabougri, est en légère descente. Ce n’est pas la meilleure circonstance, avec ces cailloutis. Mais…
Finalement, tout se passa bien, et mieux que craint.
Je jaugeais à nouveau ce passage, de loin, et me demandais si je saurais le refaire. Il le faudra bien, pourtant, si je voulais connaître le fin mot de cette sente. Et de la potentielle vire à suivre. Si elle existe…. ???
Du coup, je donnais un nom à ce dévers, et l’appelais : « le Pervers dévers »….

C’est sur le retour, au niveau de la traversée exposée, que je me trouvais sur une trace logique mais dix mètres plus haut qu’à l’aller. Cette trace menait en plein dans la falaise calcaire, sur un vrai balcon, étroit mais confortable. Intrigué par la chose, et partant de l’hypothèse que si la trace passait là c’est qu’il y avait une suite, je m’engageais.

Ce balcon était stupéfiant !
De forme arrondie, en creux, il m’évoquait la même forme que celle des vagues dans lesquelles les surfeurs font leurs acrobaties : les rouleaux, en mer. Du coup, ce mot vint à l’esprit et l’envie de désigner ce passage de cent mètres par « le Rouleau calcaire » s’imposait de suite. Incrédule, j’avançais sur le Rouleau calcaire, sans difficulté. Un pas, plus étroit que le reste, se franchissait facilement. Et le bout était atteint.
Une petite descente, où il fallait mettre les mains, clôturait cette variante superbe et finalement bien plus « sécurit » que la trace normale dix mètres dessous, bien que plus impressionnante quand même.

Octobre 2019, trois jours plus tard :

Très content de cette première exploration, je décidais de revenir très vite sur place, avant que les jours froids ne s’installent. Il fallait remonter le couloir en III, à côté de l’arche-tunnel, car très visiblement cela mènerait facilement au centre de la paroi.

Effectivement, la petite grimpette se fit simplement, et la suite du couloir se remontait sans anicroche.
Je me trouvais sur un éperon marqué par un bloc cubique de deux mètres d’arête, face aux terrasses de la falaise. Le grand éboulis se montrait entièrement. Les bosquets de pins à crochets allaient pouvoir être visités !

Pendant un bon moment, je circulais dans tous ces reliefs semblant immaculés. Je me faisais l’impression de vivre un instant de Robinson….
C’était très fort.

Au-dessus, les énormes surplombs de la falaise dominaient la zone de toute leur puissance. Y a-t-il eu un grimpeur pour venir tenter l’exercice de les franchir ??

Redescendant au bloc cubique, je prenais la direction du nord, pour voir si la sente que je suivais trois jours plus tôt, mais dont le cheminement m’avait été interrompu, se retrouvait ici.
En effet, les bêtes passent dans ces terrasses. C’est un bon point de départ.
Sauf que, après trente mètres de marche, se profile une vire très pentue, dans laquelle la trace descend. Les cailloutis sont nombreux, encore une fois. Le vide est très présent. Les hésitations reprennent. Je gagne cinq mètres de plus, mais dois arrêter quand même : le risque est trop fort !

La paroi forme un arrondi qui cache la suite. Il n’est possible d’en voir qu’une trentaine de mètres, jusqu’à un vague surplomb. La trace y est toujours présente, mais inaccessible pour moi, cette fois encore.
Décidément, la vire des Terrasses St-Michel est coriace, et ne se laisse pas parcourir facilement. Il faudra revenir, une troisième fois, équipé de bien plus de matériels.
Et puis il y faudra aussi un gros mental, car ce parcours signifie forcement une auto-assurance. Et des passages dont la difficulté est inconnue…

Pourtant c’est là que je veux aller…
Il y a tout l’hiver pour se préparer !

Juin 2020 :

L’idée de cette vire potentielle ne m’avait bien sûr pas quitté.

Aussi, au cours du mois de juin 2020, je fis deux sorties préparatoires :
• l’une pour mettre une corde fixe permettant un accès rassurant au Rouleau calcaire ;
• l’autre sortie pour faire un portage de matériel assez haut, afin d’éviter le sac lourd lors de la marche d’approche. Ainsi je cachais dans un trou une corde de cinquante mètres, dix spits et un litre d’eau, soit un peu plus de cinq kilo.

C’était le bon calcul.

A la descente, j’en profitais pour compléter et améliorer les cairns que j’avais construits l’automne dernier. Le parcours est maintenant bien mieux balisé.

07 Août 2020 :

C’est aujourd’hui le jour choisi pour tenter la vire !

Il fait très chaud, et dans la vallée, la température est annoncée pour 38°…
Afin d’éviter au mieux cette difficulté, il faut partir très tôt : donc de Seyssinet à 4h 00 ; du parking voiture à 4h 45. Il fait encore nuit à cet horaire et je n’ai pas pensé à la lampe frontale… Heureusement, une belle lune, dans son dernier quartier, réglera le problème. Chance !

Montée. Cairns. Corde fixe. Matos à récupérer.
Tout s’enchaîne bien.
En montant au dernier étage, je croise le soleil qui, lui, descend vers la vallée.
Les lumières sont magnifiques, et les falaises blanches du dessus sont grandioses !

Couloir n°1.
Couloir n°2.
Pervers dévers…
Je toise l’obstacle.
Mais aujourd’hui, toutes les conditions sont bonnes : forme physique, température, lumière, envie.
J’avance.
Sans problème.
Me voici au petit pin rabougri.
J’avais anticipé les gestes à faire et, de suite, je passe une cordelette de diamètre 7 mm autour du tronc, à la base, en deux tours ; fais une boucle ; et me vache dessus.
Ouf ! Çà va mieux !
Le sac est posé au sol : ses quinze kilos sont un peu rudes…

Dans le bon rocher, au-dessus, je pose les deux spits de relais, et m’assure dessus.
Enfin, maintenant seulement, je peux faire les deux pas pour m’avancer vers l’arête, et voir de quoi la suite est faite.

Miracle !
La vire est là, et elle est magnifique !
Quatre mètres en dessous, d’une dé-escalade facile, sur un balcon de deux mètres de large, et complètement plat, la trace des bêtes continue, facile, accueillante, petite bande de terre sans cailloutis, encadrée d’herbe bien verte.
C’est génial !

L’intuition d’un passage possible là, conforté par la sente qu’elle vienne du nord ou du sud, cette intuition est validée. Et la traversée vers les Terrasses St-Michel va pouvoir être réalisée !

Se mélangent en moi d’un côté l’envie de me décontracter complètement pour profiter de la joie de cette balade qui s’annonce maintenant comme une réussite ; et de l’autre la nécessité de rester bien concentré pour éviter toute faute de procédure dans les manipulations de corde et d’assurage.
C’est la deuxième option que je choisis, car il n’est pas possible, pas autorisé, de faire autrement.

Calmement, au mieux, j’avance, fais les relais successifs, pose de nouveaux spits, fais les aller-retours nécessaires à l’auto-assurage quand on est en solitaire afin de récupérer le matériel. Bref, tout baigne…
C’est un peu long en temps.
Mais ce ne sont que cent mètres en distance, soit quatre longueurs de corde seulement, et il faut en profiter au mieux.
Je fais des photos. Mais pas assez quand – à la maison – je les regarderai.

Aujourd’hui, à cause de la fatigue, de la chaleur, je ne monterai pas dans les hauteurs des Terrasses St-Michel. J’en ai bien profité en octobre dernier. Et donc je descends de suite au rappel.
Au piton en place, j’ajoute un spit.

Bientôt je suis enfin à l’ombre dans l’arche-tunnel. Un courant d’air frais améliore grandement l’atmosphère. Et c’est le casse-croûte : il est onze heures du matin.
Magnifique !
Je suis super content.

Arrivé à la maison, je me sens « fracassé »…
Cette journée était vraiment au max, pour moi.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 7 août 2020

Dernière modification : 2 septembre 2024

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Auteur :

Avis et commentaires

Bonjour François,

Merci pour le partage ; je lirai avec plaisir la suite alors pour la prochaine sortie ! ;)

J’ai hâte de lire les suivants, même si pour ma part ce ne sera que le plaisir de la lecture !
Et je partage ton point de vue sur l’"optimisation de la randonnée", c’est en effet un plaisir qui prolonge l’autre que venir se raconter sur ce site presque d’amis, et pour moi qui suis à la retraite, un bon moyen de faire encore travailler son neurone !
Au plaisir de te lire, et bonnes randos !

Bonsoir bibox,

Merci de ton commentaire. Cela m’encourage à continuer d’écrire, et à faire les "efforts" nécessaires pour que le résultat soit acceptable. Mais je reconnais, aussi, que ces écritures sont devenue un vrai plaisir pour moi.

Et - quelle chance ! - au plaisir de la préparation devant l’ordinateur et les photos (l’hiver), au plaisir de la réalisation sur le terrain (l’été), s’ajoute aussi celui de la rédaction...
C’est ça qu’on appelle l’optimisation de la Randonnée...

Je prends conscience qu’un site comme Altituderando, que je découvre actuellement, m’apparaît comme ce qu’il y a de mieux en la matière pour stocker ses souvenirs et les faire connaître.

J’ai longtemps été sur Bivouak.net, ce n’est un secret pour personne. Je lui suis resté fidèle de 2006 à 2020. J’y ai mis en ligne plein de souvenirs magnifiques - de ceux que je n’aurai probablement plus la force ni le courage de refaire aujourd’hui. J’ai œuvré à améliorer son contenu, tant que j’ai pu.

Mais aujourd’hui, depuis début juillet, Bivouak ne bouge plus....
Je ne sais pas ce qu’il se passe ??
Et je suis triste de cette situation.
Peut-être n’est-ce rien de plus que la Vie, que la roue qui tourne...??
Soit.

Toujours est-il que je ne peux pas, ne veux pas rester sur place.

Alors je suis venu taper à la porte de Altituderando.
J’y ai été accueilli magnifiquement. Beaucoup. Et gentiment.
Bref, je veux bien rester chez vous.
Et comme je l’écrivais à Dyn’s, qui aimerait bien voir le Chauchas-Pierroux en images et textes, je mettrai donc volontiers d’autres souvenirs en dépôt - précieusement - sur Altituderando.

Voilà voilà.

.

Bonsoir vermatoiz,

A toi aussi merci de tes encouragements !
Cela me fait très plaisir que tu aies apprécié.

Comme tu as dû le saisir, à la lecture, cette sortie était le maximum de ce que je peux m’autoriser à faire, avec encore un peu de marge de sécurité.
Le malheur, c’est qu’il n’y en a pas tant que ça, de si beaux parcours à découvrir dans les falaises.
Bon, celui-là est réussi. Chic !
Mais le suivant ...???
Où est-il ??

A+

François

Passionnant ! Hors de portée pour beaucoup d’entre nous, mais passionnant ! Merci du partage...
Les photos sont très parlantes, comme si on y était...mais je n’irai pas ! C’est pour toi Rémi, ça...

Ah la belle plume ! Tu vas te faire plaisir sur ce site à raconter et préserver les souvenirs de tes excursions en noir sur blanc ! Fantastique de lire le cheminement menant à ces topos. Merci !
Cette grande barrière du Vercors... il y en a des "bêtises à faire" sur toute sa longueur lol 🙂
@+ Rémi

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