Le Péouvou, Pic Nord (3230m) par l’arête nord - Pic Sud (3174m) en traversée par Maljasset
- Alpinisme
- Ubaye / Alpes de Haute-Provence / Saint-Paul-sur-Ubaye
- Sommet mythique
- Difficulté :
- Alpinisme AD
- Dénivelé :
- 1500m
- Durée :
- 1 jour
De nombreux superlatifs pourraient décrire cette imposante montagne. Un sommet mythique en Ubaye qui laisse songeur la plupart des montagnards lui ayant tourné autour. Atteindre le sommet nord du Péouvou est déjà une grande récompense. La traversée jusqu'au sommet sud fait basculer cette course dans une autre dimension. Celle qui marque un homme à jamais. – Auteurs : Fab1984 et Mick1018
Accès
De Barcelonnette (04) dans la vallée de l’Ubaye, prendre la direction de Jausiers et St-Paul-Sur-Ubaye. Dans le village, remonter la petite route de la haute vallée de l’Ubaye jusqu’à son terminus, Maljasset. En basse saison il est possible de se garer au terminus : Maurin.
Précisions sur la difficulté
Cotation globale AD-
- Approche entre le point 3026 m et l’arête nord du Péouvou : PD.
- Escalade III max.
- Passages aériens.
- Rocher médiocre.
- Contournement très exposé.
- Pic Nord du Péouvou par l’arête nord : PD+
- Escalade III+ .
- Quelques passages aériens.
- Rocher globalement bon, parfois pourri en contournement.
- Traversée entre les Pics Nord et Sud : AD-.
- Escalade III/III+ max obligatoire (on peut faire plus).
- Passages très aériens.
- Rocher correct à moyen sur le fil, du pourri surtout dans les traversées.
- Globalement très exposé, isolement important, retraite compliquée, éprouvant physiquement et mentalement.
- Descente du Pic Sud du Péouvou : randonnée difficile.
- Descente dans des couloirs d’éboulis, très physique.
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : TOP 25 - 3637 OT Mont Viso - St Véran - Aiguille.
- Altitude minimale : 1926 m.
- Altitude maximale : 3230 m.
- Distance : environ 19,5 km pour le parking de Maurin.
- Durée : de 9h à 13h.
- Balisage : GRP traits rouge et jaune sur le début et la fin de l’itinéraire.
- Matériel : casque - quelques sangles - corde 30 m suffisante pour la traversée (une corde plus longue permet plus de sécurité en cas de réchappe...)
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
La première traversée avait eu lieu le 31 août 1888 par Christian Almer fils, W.A.B. Coolidge. Le sommet était nommé "Péou Roc" dans le récit de l’ascension paru dans l’Alpine journal. Ils étaient montés par un couloir au point 3174 m, puis avaient fait la traversée de l’arête du sud vers le nord jusqu’au sommet 3230 m. La descente avait eu lieu par l’arête ouest.
Approche
Commencer par la piste (GRP) en direction du Plan de Parouart, puis prendre à gauche après la passerelle pour traverser le malcommode ravin de la Salcette.
Peu après le point 2172 m, il y a une trace qui descend à gauche vers l’Ubaye. La prendre et traverser la rivière au meilleur passage. Remonter l’alpage en passant devant les cabanes de bergers et remonter au mieux le vallon des Hugues.
Deux possibilités ensuite :
- Viser directement le collu au départ de l’arête nord du Pic Nord du Péouvou. Remonter le pierrier qui semble finir avec des portions de dalles. À vue, cela semble passer, nous ne l’affirmons pas.
- Rejoindre un collu à l’ouest du point 3026 m. De là, un parcours d’arête difficile débute. Il faut suivre au mieux le fil de l’arête. Le rocher est souvent mauvais, l’escalade est dans le III max, c’est parfois aérien, il y a des contournements exposés. Le dernier contournement se fait main droite, par une vaste zone de dalles pourries à descendre à reculons puis à traverser vers le collu menant au pied de l’arête nord du Pic Nord du Péouvou. L’itinéraire est déjà dans la catégorie alpinisme PD, un bon échauffement !
Le départ de l’itinéraire se fait dans les dalles à droite de la grande tour rocheuse.
Pic Nord du Péouvou par l’arête nord
Remonter les dalles et les gradins jusqu’à arriver à côté de la grande tour rocheuse. Traverser pour grimper une dalle déversante avec des prises mains sur une longue fissure, III+.
Après, grimper à droite sur du bon rocher pour remonter un couloir qui débouche sur l’arête nord.
Suivre l’arête sur le fil et rapidement il faudra contourner un grand bastion infranchissable. Il faut descendre versant ouest face à une belle aiguille. Remonter dès que possible sur l’arête nord.
Rester au maximum près du fil, tous les contournements se font versant ouest jusqu’à atteindre le sommet du Pic Nord du Péouvou.
Par ciel dégagé la vue est admirable : les géants des Écrins, Mont Viso, Vanoise, Aiguilles d’Arves, Mont Blanc, Mont Rose, etc.
Traversée Pic Nord - Pic Sud
Globalement rester au maximum près du fil, il y a des passages grimpants, parfois très aériens. La qualité du rocher est variable, du correct et du pourri principalement dans les contournements. Il ne faut jamais perdre trop de dénivelé jusqu’à atteindre la brèche.
Quelques précisions imagées :
- Arrivée devant un grand gendarme (escalade possible mais très bon niveau nécessaire), contourner par la gauche en descendant sur environ 10 m un couloir. Puis faire une traversée ascendante pour trouver une vire. Cela ne sert à rien de grimper la cheminée qui mène au gendarme contourné.
- Un des grands gendarmes orangés s’escalade par la gauche. C’est aérien en haut, la pointe est bifide et il faut désescalader dans la faille entre les pointes (Vue avant - vue arrière).
- Au bout d’une longueur relativement plate, sans escalades, on arrive face à une cassure verticale de 3 m de haut environ. Nous avons traversé vers la gauche une dalle déversante très exposée peu prisue sur 3 m, puis trouver des prises correctes au bout à gauche de la dalle pour désescalader. Cette partie est très exposée, s’y lancer que si on le sent. Vue arrière, la partie dangereuse est sur le haut à droite sur le fil.
- La descente à la brèche se fait bien, c’est la fin des grosses difficultés.
- À la brèche, descendre une partie d’un couloir à droite sans trop perdre d’altitude, traverser (un peu grimpant) pour rejoindre un collet entre la grande aiguille et la petite aiguille.
- Traverser longuement sur le flanc à travers couloirs et dalles pour rejoindre l’arête.
Terminer l’ascension sans difficultés notables jusqu’au sommet du Pic Sud du Péouvou.
Descente
Poursuivre vers le sud de l’arête et au niveau du point 3134 m descendre un couloir. Il y a plusieurs choix, ça sera inconfortable peu importe le choix !
Une fois au niveau du replat qui est une grande vire d’éboulis, traverser vers le nord en restant assez haut pour trouver le passage clé afin de passer la barre rocheuse qui donne accès au pierrier qui conduit à l’alpage.
Suivre une direction sud-ouest avec des descentes et des remontées herbeuses pour rejoindre la cabane du Tiéouré. De là, trouver une sente qui rejoint le GRP emprunté à l’aller puis le parking.
Plus d’informations pour la descente sur le topo : Le Péouvou, Pic Sud (3174m)
Avis et commentaires
Je dois être un gars très très idiot et extrêmement chanceux puisque j’ai fait 2 fois cette traversée et la première fois, je l’ai faite en solo.
Personnellement, je connais parfaitement le rocher ubayen,ça fait 8 ans que je parcours ce massif et je me suis jamais senti en danger de mort.
Certes l’accident peut arriver, je suis désolé pour ton ami décédé, je sais faire demi-tour quand il le faut et je l’ai fait assez souvent.
Sur cette traversée en testant bien le rocher je pense que le danger n’est pas extrême
Après c’est un ressenti, on est pas tous egaux là dessus.
J’ai un niveau que de 6a à vue.
Dès qu’on perd quelqu’un devant soi doit jouer dans le jugement certes.
Je ne me permettrai jamais de juger quiconque sans les connaître.
Ce mess avait bien commencé avant de nous traiter d’idiot… Le problème c’est que vous êtes sûrement un « grimpeurs » avant tout et moins un montagnard à vous lire, ce qui n’est absolument pas le cas pour nous. Des accidents il y en a partout et à tout niveau. Nous ne sommes pas assez stupides comme vous dites pour mettre un pied et tout notre poids dessus sur qqch qui ne tient pas (ou sans le tester). Allez donc voir notre traversée de l’Aiguille de Cédera. Là vous pourrez monter en gamme en terme de jugement.
Pour avoir perdu un compagnon de cordée dans une traversée sous le petit Ferrand dans le Devoluy (une prise de pied ayant cédée..) sur du rocher qui en comparaison s’apparente à du béton armé et Dieu sait que le rocher est pourri la bas, je peux vous dire que vous vous êtes sacrément veinards d’être toujours parmi les vivants après une traversée pareille. Merci pour les photos, le topo est au top mais pour avoir essayé ne serait ce que le premier pas de la traversée des arêtes au pied du collu j’ai préféré rebrousser chemin : les prises de main et de pieds se font sur des feuillets et des piles d’assiettes, ce qui m’incite à penser, peut être à tort car vous avez sans doute une expérience et un mental que je n’ai pas, qu’il faut donc une sacré bonne étoile ou une certaine inconscience pour s’engager la dedans… ? Ce jugement n’est absolument pas ad hominem, c’est juste mon constat très subjectif et je dis ce que je pense contrairement à la plupart des gens, ce qui ne favorise pas la bienveillance forcément. Pour info je grimpe depuis 30 ans et suis encore dans le 7.
En tout cas « l’exploit « mérite d’être relevé !
Course engagée au cheminement complexe et expo. Fallait oser ! Bravo ! 🙂
Enooorme ! je n’avais pas pensé qu’un jour, on ait ce topo sur le site, respects à vous 3, avec un petit clin d’œil supplémentaire à Mick qui boucle une année exceptionnelle en terme de sommets.
Bravo les gars, ça fait des années que je tourne autour sans oser m’y attaquer ! Je crois que j’ai bien fait ! ☺️ Peut-être à deux ! Why not ??
Un monstre de roches pour des monstres de la grimpe !
Perso, ça ne me donne pas du tout envie (et j’ai sûrement pas le niveau) mais c’est fascinant à regarder, un grand bravo !
En tout cas les possibilités sont nombreuses dans cet océan de roche de qualité aléatoire !!
Merci encore Mick,
J’avais vu les photos de Fred.
Pas sûr que ce soit le plus simple son histoire.
Je verrai avec Raph à l’occasion.
Respect les gars
Merci à tous pour vos retours
Une belle course qui mérite d’être faite au moins une fois, c’est tellement magique là-haut
Den’s Tu peux aussi tenter de suivre Coolidge, descendre par l’arête O. Le début à vue c’est gérable, c’est la fin qui plonge je pense.
— > Pour Coolidge : "La descente s’est déroulé sur l’arête Ouest en empruntant l’éperon occidental puis le flanc Sud de ce même éperon."
Il y a aussi la voie que Fred et Rapha ont faite versant ouest, "voie du Z" ils l’a nomme.
Sur le carnet au sommet il y avait 7 mots depuis 2019 dont celui de Fred et Rapha et celui de Fabrice pour sa 1ere visite.
Superbe course les gars et quelle ambiance, un grand bravo à tous les deux !!!
Merci pour les infos Mick.
Oui il faudra trouver un moyen de bricoler un rappel.
Une course qui répond aux questions que se posent tous ceux qui passent au pied de cette formidable forteresse.
Merci à tous. Dens, pour l’AR c’est possible. Le plus difficile ou du moins le plus exposé sera de désescalader la dalle avec la fissure. Il y a un petit couloir à côté mais je n’ai pas fait attention si un béquet permettait de poser un rappel afin de contourner l’obstacle.
Un très grand bravo à vous deux !! Sacrée course d’arête, et ça n’a vraiment pas l’air d’être du bon granit chamoniard... C’est magnifique mais je ne m’y risquerai pas... Les photos retransmettent bien cette ambiance dantesque et austère ! Une belle et grande course en montagne, félicitations !!
Magnifique et impressionnant !!! Une autre dimension....
Quel colosse ce Pic Nord du Péouvou... Il en a fait rêver plus d’un... et rares sont ceux qui l’ont réalisé...
Avec la traversée en prime... Vous êtes des véritables tueurs !
Chapeau très très bas les gars !
Ho ho !! Bravo et bien joué !
Étant passé au sommet sud au début de l’été, je confirme que la traversée est vraiment peu engageante.
C’est une vraie sauvagerie ce truc, si toutefois je tenterai peut être un jour le sommet nord en A-R, pas sûr que je prenne de risques sur cette traversée.
Gros mental en tout cas les gars !
Faites gaffe quand même...
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