La Pyramide (2839m), traversée des Rochères, arête nord-ouest
- Randonnée
- Taillefer / Isère / La Morte (l’Alpe du Grand Serre)
- Lac(s)
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 1300m
- Durée :
- 6h30
Vous avez aimé l'arête nord-est ? Vous allez adorer l'arête nord-ouest ! Esthétique, panoramique et un peu plus grimpante pour atteindre le sommet des Rochères, sans pour autant être vraiment plus difficile. Puis, après avoir admiré la vue depuis ce magnifique promontoire tellement peu parcouru, une petite arête aérienne vous mènera au sommet de la Pyramide, d'où une descente bien minérale contraste fortement avec la verdure calme de l'immense plateau ponctué de lacs plus bas où on trouvera toute la douceur souhaitée pour terminer le parcours. – Auteur : Pascal
Accès
Vizille - Séchilienne - l’Alpe du Grand Serre, prendre la route du Poursollet jusqu’à son terminus, et se garer sur le petit parking qui s’y trouve, sinon au mieux le long de la route (bondé les weekends d’été).
Départ envisageable versant Bourg d’Oisans depuis Ornon ou Oulles.
Précisions sur la difficulté
Ce parcours s’adresse aux randonneurs expérimentés et habitués aux terrains d’aventure. Au-dessus du plateau des lacs, l’ascension se déroule hors-sentier, sans balisage visible, bien que parfois de petites sentes facilitent le parcours.
Techniquement, les nombreux petits passages à grimper sont toujours faciles et en général peu exposés, les mains sont parfois utiles sur de courts passages ne dépassant pas quelques pas de II, la plupart des difficultés du fil de l’arête étant contournables. Ailleurs, on aura parfois affaire à de courts ressauts de mixte herbe-rochers pas trop difficiles. C’est surtout dans la traversée de quelques dévers herbeux raides, parfois facilités par de légères sentes à chamois, qu’il conviendra d’être prudent. Terrain sec fortement souhaitable.
Photos
Les infos essentielles
- Altitude départ : 1650m.
- Altitude sommet : 2783m (Les Rochères), 2839m (La Pyramide).
- Durée : 6h30.
- Carte : IGN TOP25 3335OT Grenoble - Chamrousse - Belledonne.
Période
Praticable en conditions estivales, en général à partir de juin. Constater de visu depuis le plateau des lacs que l’essentiel de l’itinéraire est déneigé, et qu’il n’y a pas de névé bloquant le raide couloir inférieur du sentier de descente.
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Itinéraire
Ascension
Depuis le Poursollet, monter le sentier classique du lac Fourchu, et poursuivre en direction du lac Culasson. On passe en bas d’un haut cirque rocheux duquel descendent, surtout au printemps, plusieurs cascades.
Le coin gauche du cirque est formé par une croupe alternant devers herbeux et dalles rocheuses par lesquelles sera faite l’ascension. On l’aborde par son extrémité nord, en grimpant un petit ressaut donnant accès à quelques raides pentes herbeuses que l’on remonte. On évite un ressaut rocheux en rejoignant une petite crête à gauche puis en prenant pied dans le couloir derrière, que l’on remonte. On poursuit l’ascension dans les raides pentes peu difficiles, traversant à droite par une petite sente à chamois.
Le haut de la croupe est défendu par un ressaut de dalles rocheuses qui s’évite en grimpant l’herbe à gauche puis en remontant la crête. La pente se couche, abordant la grande dalle rocheuse du haut de la croupe. La croupe est séparée du reste de la montagne par une profonde crevasse dans laquelle coule un torrent. On la franchit par une faiblesse permettant d’y descendre, au pied d’un muret défendant la suite de la croupe.
On se retrouve en bas de la large combe fermée en haut par les raides falaises sous les Rochères et la Pyramide. Remonter la combe au plus facile sur les bosses herbeuses, puis traverser vers la gauche à travers les pierriers pour rejoindre une large vire herbeuse déversante, seul passage commode pour franchir le ressaut au-dessus duquel se trouve l’arête nord-ouest des Rochères. Les pentes à traverser sont faciles, mais demandent quand même un peu de prudence.
Remonter l’arête. Celle-ci est rocheuse, peu raide et facile, très prisée, mais il faudra quand même vérifier la solidité des nombreux béquets avant de s’y agripper. Les rares petites difficultés se contournent facilement, le plus souvent par la gauche.
On atteint une épaule derrière laquelle l’arête se fait un peu plus tourmentée. Deux bosses effilées barrent le fil. Si les grimpeurs expérimentés pourraient tenter de passer par-dessus, la plupart contourneront ces bosses par les raides pentes herbeuses à droite, en s’aidant d’une sente à chamois faiblement marquée. Le contournement est facile, mais prudence en raison de l’exposition. Il faudra ensuite remonter ces raides pentes, heureusement truffées de rochers servant de points d’appui, pour revenir sur le fil. Ce passage est peut-être le plus délicat de l’itinéraire.
La montée reprend, plus raide, mais sans excès. Un raidillon s’aborde par la droite, puis une dernière montée sur le fil mène au sommet des Rochères. La vue s’ouvre brutalement sur l’Oisans, dominant de très haut la vallée d’Ornon.
Pour poursuivre vers le Pic de la Pyramide, il faut suivre l’arête tout d’abord sur le fil vers le sud. L’arête, d’abord débonnaire, se fait de plus en plus tourmentée au fur et à mesure de la progression. Il faudra alors descendre de quelques dizaines de mètres dans le versant ouest pour trouver une sente dans la caillasse contournant la partie difficile, notamment une petite brèche où le fil est fin et exposé. On remonte finalement vers le fil où l’arête, en marches d’escalier, se grimpe très facilement vers le plateau sommital.
Le sommet de la Pyramide, assez plat, est peu impressionnant, mais on pourra se rendre vers le rebord où se trouve l’antenne pour un panorama plus spectaculaire sur l’Oisans, les Grandes Rousses et les Écrins.
Descente
Partir vers l’ouest dans les grandes pentes de caillasses débonnaires. Quelques cairns indiquent la présence d’une légère sente facilitant la descente, sinon on peut très bien descendre à vue. On visera, au bas de la pente, le creux où se trouve le col de la Pyramide.
Suivre le creux vers le nord. En général, celui-ci est occupé par un névé tardif qui peut être un peu délicat s’il est "béton", sinon une légère trace dans la caillasse côté droit de la cuvette peut faciliter la descente. On débouche sur la large combe du versant nord du Taillefer, qu’on traverse vers la gauche en suivant un sentier marqué de cairns.
On finit par rejoindre, côté gauche de la combe, le sentier descendant du col du Grand Van qu’on a plus qu’à suivre. Après le franchissement d’un couloir raide (petit pas à désescalader, très délicat en cas de névé, attention à la glace de ruissellement en fin d’automne), on aboutit sur les pentes verdoyantes dominant le lac Fourchu où, après un détour facultatif pour visiter les lacs Culasson, on rattrape le sentier descendant au Poursollet.
On notera qu’une belle traversée des Rochères peut être effectuée en y montant par l’arête nord-ouest et en redescendant par l’arête nord-est. Il est cependant préférable d’avoir préalablement reconnu l’itinéraire nord-est, notamment la traversée dans la raide face nord, dans le sens de la montée, avant de s’y engager en descente.
Détail de la sortie du 18 octobre 2022
Nord-est ou nord-ouest ? Telle était la question initiale qu’on s’était posée auparavant pour savoir quelle était la meilleure arête pour monter aux Rochères. Finalement, l’ascension de ce sommet s’était déroulée il y a quelques mois sans encombre par l’arête nord-est, celle où l’itinéraire semblait le moins difficile.
Mais voilà, à chaque ascension au lac Fourchu, l’arête nord-ouest rappelle son existence. Plutôt débonnaire vue de profil, mais vraiment intimidante vue de face, depuis le sentier du lac Fourchu. Cela mérite qu’on aille y jeter un œil de plus près, et aussi y poser un pied...
Départ vers 13h du Poursollet, une grosse demi-journée devrait suffire... On avale rapidement la montée vers le plateau des lacs et, malgré le temps limité, on se permettra quand même une rapide tournée des lacs Culasson, histoire de prendre un peu de douceur avant d’aller affronter les rochers.
L’option la plus simple serait de commencer l’ascension par le sentier des Grands Vans et ensuite traverser la grande cuvette minérale et rejoindre la crête par là, mais la logique d’exploration l’emporte pour tenter un itinéraire plus direct par cette petite croupe d’herbe et de dalles montant directement depuis les lacs Culasson vers le bon côté de la cuvette. De visu ça semble passer, mais il y a une petite incertitude sur ce ressaut rocheux défendant le haut de la croupe... Bon, on se lance...
Montée raide, mais pas trop désagréable, on trouve rapidement le cheminement ludique qui se faufile entre les ressauts. Finalement voilà le ressaut supérieur, qui en fin de compte se franchit facilement en grimpant à gauche un raidillon herbeux, puis quelques dalles qui se couchent progressivement sur le haut de la croupe... Reste la dernière petite inconnue, cette longue et profonde crevasse à traverser séparant la croupe de la combe. Heureusement, on trouve rapidement un point faible permettant d’y descendre et de remonter en face.
On remonte tranquillement la combe profitant de quelques bosses herbeuses providentielles permettant d’éviter la caillasse. Direction cette large vire déversante, semble-t-il seul passage raisonnable pour franchir le ressaut défendant l’arête. Quelques sentes à chamois aident à la traversée de la vire et du pan d’herbe derrière, finalement nous voilà sur l’arête. Il n’y a plus qu’à...
Une grimpette finalement agréable sur un rocher peu raide et bien prisu. On fait juste attention à quelques béquets tellement tentants, mais bien traîtres à vouloir se déloger dès qu’on essaie de tirer dessus.
Première partie de l’arête faite, voilà qu’elle forme une épaule et se fait plus horizontale, ce qui ne veut pas du tout dire qu’elle se fait plus facile, car c’est en général en de tels lieux qu’on trouve des surprises, du genre profondes brèches, ressauts et gendarmes pas forcément franchissables ou contournables. En l’occurrence, deux étroites bosses barrent le fil. Heureusement, il y a ici une pente herbeuse sur le versant droit, offrant une possibilité de contournement. Celui-ci n’est pas difficile, mais c’est notamment sur ce genre de terrain peu franc et exposé qu’il faut faire attention.
La fin de la montée ne pose aucun problème, les derniers ressauts observés d’en bas se laissant facilement franchir. Et voilà enfin le sommet des Rochères, la deuxième fois cette année, qui dévoile son superbe panorama sur l’Oisans, juste un peu délavé par la brume du vent saharien qui offre à cette journée une incroyable douceur pour la saison...
La suite, c’est l’arête en direction de la Pyramide, aérienne, mais sans soucis, dans la mesure où elle a déjà été parcourue quelques mois auparavant, et ne présente donc aucune surprise. 17h, voilà le sommet de la Pyramide et son "salon canapé tout confort", on s’y pose pour le casse-croûte.
17h30, avec ces jours qui raccourcissent, il est vraiment temps de descendre. On plonge dans les immenses pentes de caillasses. Sous le col, maintenant totalement privé de son célèbre névé, on plonge dans l’ombre. En face, le plateau des lacs resplendit dans la lumière du couchant, mais hélas, on n’aura pas le temps de rejoindre les rives du lac Fourchu avant le coucher du soleil. Ce n’est pas grave, la mission du jour est remplie, il n’y a plus qu’à terminer tranquillement la descente dans le calme vespéral... Fin de la balade vers 20h.
Auteur : Pascal
Avis et commentaires
( 5 |
1 avis )
Bonjour, superbe itinéraire ! Bravo pour le topo de cette arête que j’avais déjà lorgné sans prendre le temps d’essayer.
Parcours effectué ce 15 Octobre, en ajoutant le Taillefer pour terminer la boucle, mais désolé point de photos, j’avais oublié l’appareil à la maison ! C’est un véritable plaisir de parcourir cette arête, jamais trop difficile, mais effectivement il faut rester concentré tout le long. Départ raide dans les myrtilles et rhodos un peu rébarbatif tout en bas, mais ce passage vaut le détour pour ces belles dalles au dessus et ce cheminement astucieux.
Belles randonnées à tous !
Bonjour Très belle randonnée. pas dure mais très esthétique. pas besoin de piolet dans les pentes d’herbe à la montée par contre oui dans le névé sous le col.
J’(ai pris bcp plus tôt l’arête : une fois franchi la faille, je suis monté en diagonale vers le début de l’arête, en plus les bas du pierrier il y a un véritable chemin, puis j’ai pris une vire herbeuse en faisant une sorte de Z. Juste pour info pour les suivants si le coeur vous en dit : ça passe !
C’est mon problème. Dès que je vois un sommet, je ne peux m’empêcher de le demander comment monter là-haut...
Mais je suis surpris que malgré mes recherches, je n’ai trouvé aucune mention d’un quelconque itinéraire pour gravir les Rochères, malgré l’esthétique du sommet et de la ligne pour l’atteindre (mis à part quelques topos ski dans la face nord). Je pense qu’on se situe sous le niveau de technicité à partir de laquelle les alpinistes commencent à considérer la ligne comme intéressante, alors que le randonneur à du mal à sortir des classiques de ces massifs connus.
Mais cela est parfait pour le randonneur alpin et piètre grimpeur que je suis ! (Un pas de III suffit en général à me faire faire demi-tour.)
Ouaouh ! très belle rando-alpine, fallait y penser et la tenter... bravo !
Les topos de Pascal... toujours du très bon boulot ! ;)
Bonjour Pascal,
Je commence à comprendre l’organisation de tes sorties afin de maîtriser au mieux les surprises potentielles de ces arêtes. Et effectivement, cette virée sur la NO des Rochères était un préalable à la balade suivante. Bien vu !
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C’est vrai que la montagne a plusieurs formes de pratique. Les arêtes en sont quand même la quintessence, compte tenu de l’exposition au vide qu’elles procurent, et à l’absence de solution de repli si besoin était : " il faut finir par le haut ! " disait l’autre...
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Au stade où en sont les choses, j’ai du mal à monter si haut maintenant, et du coup, puisque le physique ne suit plus assez bien, le moral flanche. C’est logique.
Je me rabats donc sur les altitudes plus modestes, et forcement il y a les forêts. Mais, ce que je croyais n’être qu’un palliatif s’est révélé, en fait, un véritable centre d’intérêt. Ces forêts m’ont procuré, à chaque fois, de grands plaisirs - et de grandes inquiétudes : elles m’ont appris la prudence.
Tu as bien compris la difficulté qu’est le manque de perspective dans les sous-bois. Difficulté à laquelle il faut ajouter les barres rocheuses imprévues, qui sont rédhibitoires. Bref tout un nouveau monde de montagnes, infiniment appréciables.
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Tu vas voir la dernière mouture !
C’est dans la forêt aussi. Mais j’ai évité les arbres et les arbustes !
Et je suis arrivé, en partant de l’altitude 1000 m, à monter dans l’étage alpestre sans fatigue inutile...
Trop content !
Désolé pour la confusion ! Ma fainéantise exploitant les miracles du copier-coller a fait que seul deux lettres différencient les titres des deux topos.
Effectivement, la Pyramide par l’arête est, c’était pour le lendemain ! L’autre motivation de ce retour préalable aux Rochères, c’était de jeter un dernier coup d’oeil à l’arête pour la scruter en détail, ainsi que de vérifier la praticabilité d’un "plan B" qui consisterait à monter aux Rochères depuis le haut de la combe Chave. Et enfin de parcourir, en aller-retour depuis la Pyramide, le dernier raidillon de l’arête pour s’assurer que ça passe.
Bien que moins spectaculaires, tes défrichements en bonne et due forme du Cornillon n’ont rien à envier à mes parcours d’arêtes ! Alors que j’ai pu scruter à loisir en détail ces arêtes avant de m’y lancer, se balader dans les forêts touffues sur des pentes bien raides coupés de couloirs foireux sans visibilité globale, là c’est de l’aventure !
Et, autant je me vois parfaitement redescendre de la Pyramide en pleine nuit à la frontale si il le fallait, autant se retrouver de nuit sur des sentes scabreuses et paumatoires dans les forêts touffues des "basses montagnes" doit être une expérience autrement plus compliquée...
Bonjour Pascal,
Moi j’attendais le 3è épisode, et j’ai été décontenancé de lire ce récit. Je ne comprenais plus de quoi il était question, entre nord-est, nord-ouest, Rochères... Il m’a fallu tout reprendre à zéro depuis le début de ton été pour avoir enfin les idées claires sur les sujets dont tu faisais les récits.
Bref...
Maintenant, ça y est : j’ai tout compris.
Vermatoiz a raison : c’est magnifique !
J’adore les photos des lacs et de leurs couleurs si particulières.
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Mais je suis impressionné par ton audace à monter ces arêtes-là !
Tu vas dire que tout y est facile, et qu’on n’a que peu à se tenir par les mains. Sûrement. Mais encore faut-il pouvoir le faire. En tous cas, bravo pour ce 2è épisode de la Pyramide. Surtout que tu l’as entrepris, comme le premier, en deuxième partie de journée ! Faut pas se rater, car avec la nuit, ce n’est plus la même histoire...
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Moi, tu vois, parfois j’aime bien les fonds de vallon, ceux qui sont bien à l’abri. Mais là, c’est une autre histoire...
On attend la ponte avec impatience !
Et dire que j’avais jusqu’à présent totalement ignoré la Pyramide au profit de son (à peine plus) grand frère le Taillefer... Mais cette année l’erreur est réparée ! D’ici à ce que je trouve le temps de pondre le 3e épisode de la trilogie...
Voilà donc la suite.... Magnifique ! Tes photos superbes donnent une impression de facilité, mais c’est un sacré parcours que tu as réalisé là....
Je ne regarderai plus ces belles Rochères avec les mêmes yeux, ce seront maintenant des yeux envieux, sachant que c’est possible !
Le névé a disparu depuis le début de l’été, début juillet il n’y avait déjà plus rien, et ça nous a mis un petit coup au coeur....
Bonnes randos d’automne !
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