Crête de Grande Leirie (1714m) - Versant est direct
- Randonnée
- Vercors / Isère / Chichilianne
- Difficulté :
- Très difficile
- Dénivelé :
- 400m
- Durée :
- 4h
Des fois, il suffit d'un poil d'imagination - et d'un poil d'audace, c'est vrai - pour réaliser une magnifique sortie. La crête de Grande Leirie - qui m'était complètement inconnue il y a encore deux ans, et qui est revenue sur le haut de la pile "des choses à faire" grâce à une sortie récente de vermatoiz et à un topo de valverco - m'a enchanté au-delà de tout ce que je pouvais souhaiter. Mais attention : cette sortie n'est plus de la randonnée. Je dirais que c'est une "voie de montagne". – Auteur : François Lannes
Accès
Sur la D 1075 Grenoble —> Col de la Croix-Haute, tourner à droite direction Chichilianne.
Continuer direction col de Menée. Après avoir passé le ravin du torrent des Ruines, aller jusqu’au troisième pont, et stationner la voiture juste avant, sur le terre-plein côté aval.
Précisions sur la difficulté
Pentes d’herbe raides, voire très raides pour ce qui est de la partie "randonnée".
2 piolets utiles à plusieurs endroits.
Partie d’escalade sur 40 m environ, en III+ maximum, mais non protégeable (rocher médiocre).
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : IGN TOP 25 3237 OT Glandasse - Col de la Croix Haute
- Altitude minimale : 1320 m
- Altitude maximale : 1714 m
- Distance : environ 4 km
- Horaires : comptez 4 h
- Balisage : aucun
Attention : tout ou partie de l'itinéraire se trouve hors-sentier. Cela nécessite un bon sens de l'orientation. L'imprécision du tracé peut être grande car dessiné manuellement (non relevé sur le terrain).
Chargement de la carte en cours
Itinéraire
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Du stationnement, descendre la route goudronnée jusque deux ponts plus bas (environ 700 m) pont qui est répertorié sous la référence TTR/D7/8.
Monter dans la forêt, de suite en rive gauche du ruisseau. Suivre le fil de la crête, en bordure du ravin des Ruines.
Franchir un ressaut très redressé en terre + herbes + roches affleurantes (2 piolets utiles - mesuré à 50° sur 10 m).
Continuer dans la forêt et déboucher dans la prairie inférieure, au pied de la falaise.
Monter toute la prairie (passage raide en herbe haute, ce qui peut être désagréable - 2 piolets utiles - 40° à 45°). En haut, suivre la trace des bêtes qui traverse à gauche (10 m) et rejoindre la partie rocheuse, dans le fond de la cheminée.
Monter les 40 m de cette cheminée (beaucoup de pas d’opposition avec les pieds). Début facile mais rocher médiocre + beaucoup de cailloutis ; puis la difficulté technique augmente un peu ; un pas de III+ à la fin, mais sur un rocher qui s’est amélioré.
Il est bien malcommode de poser des points d’assurage.
Arrivée dans l’herbe à la sortie de la cheminée, traverser à gauche (15 m, herbe raide : 2 piolets) pour rejoindre la grande prairie supérieure.
Remonter cette prairie jusqu’à la crête finale (raide, mais 1 piolet + bâton rigide suffisent - de 35° à 40°).
Suivre la crête vers le sud, et descendre au col de la Lauzette.
Option : Aller vers le nord pour voir d’en haut le ravin du torrent des Ruines : spectacle assuré ! Puis revenir vers le sud, à l’horizontale, par un magnifique sentier (non indiqué sur Géoportail) jusqu’au col de la Lauzette.
Continuer de traverser (direction sud-est), à flanc jusqu’au col non nommé un peu au nord de la Sistreire.
Descendre les pentes herbeuses du versant nord-est (sans problème, à comparer de ce qui a précédé) jusqu’à son point bas. Rentrer dans la forêt en diagonale vers la gauche, et rejoindre un ancien chemin 100 m en dessous (chemin abandonné, avec beaucoup de végétation parasite au milieu, genre nénuphars et arbustes divers ; chemin indiqué sur Géoportail). Suivre ce chemin pour rejoindre la route goudronnée, juste en amont du stationnement de la voiture.
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Réflexions :
J’avais remarqué ce versant est de la crête de Grande Leirie lors d’une balade au Platary, en mai 2020.
De la forêt en bas, jusqu’au sommet, en passant par cette prairie supérieure, une ligne de progression apparaissait de façon évidente. C’était un itinéraire captivant.
Captivant, oui !
Sauf qu’il y a une falaise au milieu, et que cette falaise semblait interdire toute possibilité de passage.
La photo faite ce jour-là, trop latérale pour bien juger de la chose, me laissait dubitatif. Et le « dossier crête de Grande Leirie » resta du coup un temps en attente, puis s’enfonça dans les profondeurs de la pile des dossiers en cours. Et il fut oublié…
Une sortie récente de vermatoiz, au mont Barral, et une photo en particulier, réactiva les souvenirs. Après recherche plus approfondie dans les topos de valverco - qui a quadrillé tout ce secteur - il en ressortait que la falaise, au milieu du versant est, pourrait ne pas être si rédhibitoire. Et que cela valait le coup de faire une tentative, et de voir au pied de l’obstacle s’il ne présenterait pas un point de faiblesse. Le risque n’était que de devoir faire demi-tour.
Cela tombait bien : il y avait une après-midi de beau temps annoncée par la météo.
D’emblée, la partie s’annonçait rude ! Même en forêt, cela grimpe sérieusement…
Un court ressaut, avec quelques rochers, provoque le premier obstacle de la balade. Comme la terre est encore un peu humide des pluies passées, et que c’est raide, je sors les deux piolets. Ils ne sont pas de trop. Ce passage est court, heureusement, et s’il faut redescendre par là, un rappel de corde posé sur un arbre, et le tour sera joué !
Maintenant, j’arrive à la prairie inférieure.
Que c’est beau !
L’herbe est d’un vert incroyable, et la hauteur de coupe laisse croire que le jardinier local est passé hier pour mettre un coup de tondeuse. La remontée dans ces herbes est quand même délicate, et la vigilance ne doit pas baisser. Juste à droite, dans un précipice sans fond, le ravin du torrent des Ruines est un voisin un peu inquiétant. Ne pas se tromper !
La trace des bêtes montre clairement où il faut continuer : traverser à gauche de 10 mètres, monter ces quelques escaliers assez larges mais très garnis de cailloutis, trop garnis d’ailleurs, et rejoindre le fond de la cheminée.
Avec l’œil du grimpeur, rodé il y a fort longtemps aux falaises du Vercors, ou des Dolomites, je jauge la suite du parcours. Cela a l’air faisable…
Le rocher est vraiment médiocre, mais les marches semblent être suffisamment nombreuses au début. Quelques terrasses (herbe + terre) fournissent des repos possibles. Et le haut de la cheminée semble déboucher sur les pentes herbeuses supérieures. D’où je suis, aucun obstacle n’est bloquant. De plus, s’il fallait redescendre, ici je m’en sens capable. Donc je monte.
Dix mètres : tout va bien.
Cinq mètres encore, et un bloc vraiment pas rassurant oblige à un décalage vers la droite. Le pas à faire est d’équilibre et je m’y risque, sans trop oser penser au retour, si besoin était…
La suite se fait bien, avec quelques marches hautes.
Et puis arrivent les derniers mètres.
La cheminée est devenue fissure, avec de chaque côté une dalle qui s’effrite un peu moins que celles du dessous. Là, il faut ranger le deuxième piolet dans la bretelle du sac : le premier y est déjà depuis le bas du passage. Les gants sont aussi mis en poche afin de bien sentir les prises de doigts.
Main droite sur l’écaille, main gauche à plat, trois pas rapides des pieds pour monter sur la marche du haut... Et ça y est, c’est fait !
Ouf, je suis bien content, mais je ne regarde pas vers le bas.
Juste dessus, une dernière barrière de rochers n’est vraiment pas sympathique.
Je regarde à gauche, car je devine - plus que je ne vois - la trace des bêtes qui fuit de ce côté.
Les deux piolets sont à nouveau de sortie pour traverser ces 10 mètres, et c’est enfin la fin, avec l’arrivée dans la prairie supérieure.
C’est le bon moment pour se restaurer quelque peu, boire une gorgée, et faire baisser la pression. La peur n’a pas eu le temps de rentrer.
Finir cette dernière pente est un vrai plaisir. Il faut zigzaguer facilement sur cette surface et choisir les zones où la terre est dégagée de l’herbe : cela fournit toutes les marches voulues pour les pieds. En procédant ainsi, c’est simple et rassurant. Le seul problème à bien gérer, c’est le souffle car le cœur est quand même soumis à rude effort.
En arrivant dans les pins à crochet, c’est vraiment la fin : c’est la crête !
Le barda est mis au sol, le sac ouvert, et la collation peut être plus sérieuse, maintenant.
Je suis content de cette belle réussite, pour laquelle je ne donnais pas 20% de chance au départ. Comme quoi…
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Auteur : François Lannes
Avis et commentaires
Merci vermatoiz et valverco pour vos commentaires..... (je n’ai que trois ans de retard...- oupss !)
Oufff !!! Quel parcours ! Comme tu dis ce n’est plus de la randonnée, donc pas pour moi, mais ravie d’avoir "réactivé tes souvenirs" !
Merci de nous emmener dans le sauvage.
Bravo François pour cette montée. Il faut pas se tromper, s’engager là-dedans et pas pouvoir en sortir là-haut. Personnellement je serais en panique. Merci de nous citer avec Nadine, et ce secteur que j’adore, encore bravo !
patrice
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