Châteaux et rochers autour des crêtes du Taennchel (989m)

Difficulté :
Moyen
Dénivelé :
1200m
Durée :
8h

Des ruines dramatiques en grès rose comme les Vosges savent faire, mais aussi une longue balade entre rochers remarquables et paysages boisés : tout ce qu'il faut pour passer une belle journée. – Auteur :

Accès

Cette randonnée n’est pas une boucle. Le réseau de transports en commun permet de l’envisager sans difficultés au départ de Sélestat ou de Strasbourg : Ribeauvillé (départ) et Lièpvre (arrivée) sont desservis l’un et l’autre. Pour les randonneurs motorisés, il faudra disposer de deux véhicules.

Précisions sur la difficulté

  • La balade peut être raccourcie si l’on s’arrête à Lièpvre (donc sans pousser jusqu’au château de Frankenbourg) : le dénivelé passe alors de 1200m à 800m environ, et l’on gagne 2h30.
  • Le balisage des sentiers alsaciens (par pictogrammes de forme et de couleur distinctifs) peut être déroutant au début.
  • Comme souvent dans les Vosges, le secteur est quadrillé de sentiers balisés qui s’entrecroisent, et dont le trajet est sujet à modifications. C’est pourquoi, plutôt qu’indiquer un balisage particulier, je recommande de suivre la direction des différents points d’étape qui sont signalés sur les panneaux. Pour la même raison, cette balade devrait être entreprise avec une carte Top 25, papier ou numérique.

Avertissement : le tracé GPX a été réalisé à main levée, à titre indicatif, et n’est pas destiné à être suivi sur un lecteur GPS.

Les infos essentielles

  • Carte IGN : TOP 25 - 3717 ET "Sélestat Ribeauvillé"
    NB : fourbement, cette carte ne contient pas l’intégralité du village de Ribeauvillé. Pour ce dernier il faudrait la carte TOP 25 - 3718 OT "Colmar Kayserberg", mais franchement le départ est évident (voir itinéraire).
  • Distance (A/R) : 26 km
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Itinéraire

Mettre le cap sur le fond (nord-ouest) du village de Ribeauvillé (les châteaux sont déjà visibles au flanc de la colline). A partir de la dernière église l’on commence à voir des pancartes "Château de Saint-Ulrich".
Le sentier, à travers les vignobles puis le sous-bois, est abondamment balisé jusqu’à l’intersection entre l’accès à Saint-Ulrich et celui au Girsberg : il ne vous restera qu’à choisir l’ordre dans lesquels vous les visiterez ; dans les deux cas on reviendra à l’intersection, qui est aussi le point de départ pour l’accès au château du Haut-Ribeaupierre.

Après la visite du Haut-Ribeaupierre, prenez le sentier qui passe juste en contrebas à l’ouest du château. Il faut maintenant viser le Carrefour du Cerisier Noir, au nord-ouest, qui ne tardera pas à être indiqué sur les panneaux. En attendant d’y parvenir, une bonne règle serait de rester sur le chemin de gauche à chaque nouvelle fourche des sentiers, mais gardez toutefois l’œil sur la carte (une nouvelle piste est vite ouverte).

Au Carrefour du Cerisier Noir, suivre "Abri du Taennchel" plein ouest. De là, prendre le premier sentier à droite puis le suivant, encore à droite (en direction du "Carrefour du Brigadier Denny"). Après environ 500m en direction du nord-est, ouvrir l’œil : une piste démarre en oblique vers l’arrière sur votre gauche. L’emprunter sur 200m : vous croiserez un petit sentier qui monte en lacets vers la crête du Taennchel, et qu’il faut prendre sur la droite. Une courte montée vous emmène au Rocher de la Paix d’Udine.

Plusieurs sentiers suivent la crête et s’entrecroisent. Il n’est pas très important, et même assez difficile, de s’en tenir à l’un plutôt qu’à l’autre ; d’autant que l’on est régulièrement tenté de faire un détour pour un rocher ou une autre curiosité. De toutes façons la crête n’est pas très large et il est donc à peu près impossible de dévier du cap. Parcourez-la à votre fantaisie et retrouvons-nous à l’Abri Kutzigbuech, tout au nord, où démarre la descente vers Lièpvre.

Avant d’entamer la descente vous pouvez pousser, un peu plus à l’ouest, vers le Ramelstein qui est le point culminant du Taennchel. Personnellement je n’ai pas eu la curiosité d’y aller ; la carte n’y promet aucun point de vue.

Depuis l’Abri Kutzigbuech, prendre le sentier qui descend d’abord au nord-est. Environ 120m plus bas l’on croise une large piste (balisage direction "Rotzel"). La prendre sur la droite (nord-est) et la suivre sur environ 1 km : on parvient à un carrefour forestier, avec un "abri" sans nom et un parking.

Emprunter la piste de gauche, qui part plein nord et devrait indiquer "Schweinsbach" ou "Lièpvre". Attention : le sentier prend bientôt une tangente oblique à gauche de la piste et il est facile de rater la séparation.
En théorie vous êtes maintenant sur le GR jusqu’à Lièpvre. La direction de ce village devrait toujours apparaître sur les panneaux.

Lièpvre n’est pas un village touristique et la première vision que vous en aurez est celle d’une usine chimique construite en bordure du bourg. Contournez-la par la gauche (ouest) et mettez le cap sur l’église au nord du village. Dépassez cette dernière et prenez la première rue à droite.
Suivez cette rue sur environ 1,3 km : elle devient alors un sentier (non balisé) qui vous emmène, 1km plus loin, au village de la Vancelle.

A la Vancelle prenez la petite route sur la droite puis la première route à gauche : cette dernière s’élève vers la colline. Suivez-la jusqu’à emprunter, sur votre droite, soit l’itinéraire pédestre, soit la route forestière Himmelsleiter qui vont tous deux au château du Frankenbourg : la branche non empruntée pourra vous servir d’itinéraire de retour à la redescente.

Selon le temps qu’il vous restera après la visite du château du Frankenbourg, redescendez à Liépvre par l’itinéraire aller, ou faites un peu de fantaisie en empruntant l’un des nombreux sentiers balisés du secteur.

Sortie du 20/01/2024

Une envie de châteaux en ruine, ça ne se commande pas.
C’est facile à satisfaire : il y en a un peu partout en France des châteaux en ruine, des beaux avec encore des gros morceaux, et même librement accessibles au visiteur.

Mais aujourd’hui je veux des châteaux roses. C’est que je suis un peu lassée de la monochromie de l’hiver, et je veux mes vieilles pierres cuivrées par les lumières que la météo me promet en ce week-end de grand froid. Or je sais très bien où en trouver des châteaux roses : dans les Vosges.

Et comme avec mes châteaux il me faut aussi une bonne balade, je ne tarde pas à repérer le massif du Taennchel. Ce n’est pas bien haut le Taennchel, ça ne dépasse guère les 900m, mais ça me garantit que je n’aurai pas à barboter dans la neige. La carte m’y promet des rochers remarquables en veux-tu en voilà, et même quelques petites vues. En route pour Ribeauvillé !

Les villages touristiques alsaciens sont beaux comme des boîtes à biscuits, et Ribeauvillé n’y fait pas exception. Mais aujourd’hui je parviens à résister à toutes les séductions des bâtiments à colombages et des façades en pain d’épice : dès le bas du village j’ai repéré, au flanc de la colline, le livre de pierre des murailles de Saint-Ulrich. Il me tire comme un aimant à travers les vignobles et le sous-bois.

Et ce qui est formidable, c’est qu’il n’y a pas que Saint-Ulrich : un peu plus haut, le nid d’aigle du Girsberg surgit fièrement de la fourrure des petits chênes. Voilà ce que j’ai sous les yeux en montant dans la lumière du petit matin ; je m’en régale déjà.

Saint-Ulrich est une merveille. Ce n’est pas un de ces châteaux où il faut tout imaginer à partir de trois lambeaux de mur et une voûte effondrée, non, il présente encore des vestiges bien définis : donjon, bâtiment d’apparat, barbacane ; c’est le dosage parfait entre le château trop bien conservé, le château-musée – pour ça il y a le Haut-Koenigsbourg qui n’est pas bien loin – et la ruine fondue qui ne parle plus qu’à l’archéologue. On prend des escaliers, on contourne des murailles, on monte à des points de vue, il y a de quoi passer un gros moment. Et comme dans beaucoup de châteaux vosgiens, il y a tous ces petits détails de pierre : motifs sculptés, bossages, fenêtres ouvragées.

Le château du Girsberg est moins généreux : ses dimensions sont étroites et le visiteur n’est pas encouragé à s’approcher de l’intérieur des murailles. Mais il mérite néanmoins la visite, ne serait-ce que pour admirer l’ajustement de sa maçonnerie au rocher sur lequel il est appuyé ; et puis il offre des vues sur le Saint-Ulrich, dont il renforçait les défenses.

Ces deux édifices pourraient déjà me rassasier ; mais il n’est que de monter encore un peu pour trouver le dernier château de Ribeauvillé, celui du Haut-Ribeaupierre. Et même si son accès est partiellement défendu en raison d’une campagne de « cristallisation », il offre un visage encore assez dramatique, coiffant le point culminant de la colline de ses pans de mur rongés par la végétation.
D’une manière générale l’histoire du pays est bien trop compliquée pour moi et je me contente d’admirer en béotienne ces vestiges dont je ne sais pas grand-chose, ces pages de pierre dévorées par le temps, la rage ou l’indifférence des hommes.

Après ce bouquet de châteaux vient le temps de la balade. Je ne savais pas qu’attendre de ces crêtes du Taennchel et c’est un enchaînement de petites surprises délicieuses. Il y a les nombreux rochers – non de grès, mais d’un conglomérat également rose, aux formes plus ou moins dramatiques -, qui émaillent le parcours. Il y a le ruban de pierres écroulées qui trace un long trait à travers la forêt, et que les cartes appellent pudiquement le « mur dit païen » - sans doute pour le distinguer du « Mur Païen » plus célèbre du côté du Mont Saint-Odile. Il y a les bornes, toujours un peu mystérieuses, qui surgissent au détour du sentier. Et tout cela poudré d’une farine de neige juste suffisante pour surligner la végétation, et offrir par endroits des visions de carte de Noël. D’ailleurs tous les rochers sont barbus de stalactites de glace, ce qui ajoute encore à l’exotisme du décor.

Après le Taennchel, je descends sur Lièpvre pour mettre le cap sur mon dernier château de la journée, celui du Frankenbourg. J’ai drôlement bien agencé mon itinéraire, car si les châteaux de Ribeauvillé sont des châteaux du matin, offerts au soleil du levant, je trouve celui du Frankenbourg baigné par la lumière du soir. Lui aussi a tout ce qu’il faut : des pans de grès enchâssés dans le mur d’enceinte, une grosse tour ronde encore debout, des lambeaux de rempart très respectables. Et ce qui ne gâte rien c’est la neige qui tapisse l’intérieur de l’enceinte, ajoutant encore au caractère dramatique de l’endroit.

Je profite un petit moment de la vue vers la mer de nuages qui enveloppe la plaine d’Alsace, et le liséré noir des collines allemandes au-delà du Rhin. Mais le soleil décline très vite, et déjà la nuit approchante commence à diluer les couleurs. Dans le froid de plus en plus vif qui commence à me pincer les doigts, l’heure est venue de redescendre vers la plaine.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 20 janvier

Dernière modification : 31 janvier 2024

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Avis et commentaires

Bonsoir CourtePatte,

Je viens de passer un super moment à te lire et à compulser les images. Ce fut un véritable voyage, au cours duquel tes nombreux vocabulaires imagés m’ont ravi de plaisir.
Aahh, "les villages touristiques alsaciens beaux comme des boîtes à biscuits"...
Comment fais-tu donc pour penser à écrire ces choses-là ?
Chapeau bas !

Mais elle est horrible cette deuxième légende ! C’est très...gothique tout ça.
Moi, sur les Ribeaupierre j’ai retenu l’histoire rocambolesque du chevalier anglais qui fut emprisonné au château du Haut-Ribeaupierre :

Vers 1368, Brunon de Ribeaupierre devient propriétaire du château. Vouant une haine féroce aux anglais, il enferme dans son donjon le chevalier John Harleston de 1384 à 1387 qui avait eu le malheur de parader dans la région avec un sauf conduit impérial. Il ne le libère que contre une forte rançon et à la suite de fortes pressions de l’empire. (source : fr-academic.com/dic.nsf/f...)

Présenté comme ça on imagine ce chevalier comme une sorte de touriste nigaud. Apparemment il s’agissait en réalité d’un capitaine d’armée/bandit de grand chemin dont la biographie mouvementée (nonington.org.uk/the-fred...) n’a rien à envier à celle de son geôlier (voir Brunon de Ribeaupierre dans la page fr.wikipedia.org/wiki/Fam...). Ah ! on savait vivre en ce temps-là !

Une vieille sentence alsacienne

« Trois châteaux sur une montagne (Ribeauvillé)
Trois églises dans un enclos (Riquewihr)
Trois villes dans une vallée (Ammerschwihr, Kaysersberg, Kientzheim)
C’est là toute l’Alsace ».
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Il faudra y retourner à Noël, car tout château qui se respecte à sa Dame Blanche.

La dame blanche du Saint Ulrich

" Le Saint Ulric a aussi sa "dame blanche". Les Ribeaupierre et les Horbourg se vouaient une haine féroce, faite de rivalités et de jalousies. Mais deux jeunes gens - Roméo et Juliette alsaciens - s’aimaient d’amour tendre et se retrouvaient dans la forêt du Saint Ulrich ... jusqu’au jour où le père de la jeune fille, ulcéré, tua l’impudent jeune homme. La jeune fille en mourut de chagrin, et depuis, chaque nuit de Noël, elle sort, spectre diaphane, et fait à pas lents le tour du château. Alors un cavalier s’envole de Zellenberg et tente sans succès de la rejoindre. Et la jeune fille rejoint le château, attendant qu’un vivant vienne la délivrer de son attente.
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Autre légende.

Le comte Jacques de Ribeaupierre, dernier rejeton mâle d’Egenolff d’Urselingen, n’a que deux filles : Anne et Hélène. Cette dernière épouse le comte Palatin de Birckcnfeld. Anne est recherchée en mariage par Ferdinand de Schœneck et par un baron de Bernhold. Elle donne la préférence à Ferdinand de Schœneck. Les noces ont lieu au château de Saint-Ulrich, mais pendant la nuit des noces et pendant le bal que le châtelain donne à cette occasion , des danseurs masqués se présentent, attirent le jeune époux hors de la chambre nuptiale, le tuent, mettent un masque sur son visage et le portent dans la salle du bal. Pendant qu’on s’empresse autour de ce cadavre qu’on prend pour un mannequin, les meurtriers parviennent facilement à s’enfuir, mais bientôt Anne de Ribeaupierre, effrayée de l’absence prolongée du nouveau marie , rentre dans le bal et, conduite par un pressentiment fatal, court au mannequin prétendu , enlève le masque et reconnaît son bien-aimé. Aussitôt, mettant sa douleur au pied de la croix, elle prend le voile de religieuse, et abandonne ainsi tout l’héritage de Ribeaupierre à sa sœur Hélène, comtesse de Birckenfeld. Quant à l’assassin de Ferdinand de Schœneck, à l’infâme Bernhold, il a le temps de vendre ses biens, de quitter l’Allemagne, et de se faire renégat au service du Grand-Turc.
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(Sources : Revue d’Alsace, 4e année, Colmar, 1853). Conservée à l’université de Princeton - New Jersey !

Merci à tous les deux !

Très chouette, la balade, les photos et la narration, comme d’habitude ! Un beau dépaysement....

Très original cet itinéraire.

Et comme toujours, un récit agréable à lire agrémenté de belles photos. Merci pour la visite !

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