Aiguilles Crochues (sommet nord 2837m), en boucle autour de l’Aiguille du Belvédère

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
1600m
Durée :
9h

Le grand tour de l'Aiguille du Belvédère... Car, une fois quitté dans le magnifique vallon de Bérard la foule montant vers le Mont Buet, on se retrouve seul dans un décor sauvage, en particulier lorsqu'on bascule versant Diosaz pour une incursion entre les austères aiguilles pointues de l'envers des Aiguilles Rouges... Un parcours hors-sentier mènera à un improbable passage pour rejoindre la crête des Aiguilles Crochues, seule option pour basculer ensuite dans la combe du lac Blanc, dont le décor face au Mont Blanc terminera la boucle en beauté... – Auteur :

Accès

Sallanches - Chamonix, poursuivre direction Vallorcine et se garer au col des Montets, ou sur un petit parking le long de la route descendant vers le village du Buet.

Précisions sur la difficulté

Il s’agit d’un itinéraire assez long, en grande partie hors sentier entre le refuge de la Pierre à Bérard et le lac Blanc. Une bonne capacité à naviguer dans un terrain sauvage est souhaitable pour éviter au mieux les difficultés de parcours.

Il y aura quelques champs de caillasses à traverser, en général pas trop pénibles.

La principale difficulté technique se situe au niveau de l’ascension et de la descente des Aiguilles Crochues. Il faudra faire face à l’ascension d’un raide couloir de caillasses ainsi que le franchissement de quelques ressauts rocheux faciles (escalade et désescalade en I, quelques pas de II).

Le principal obstacle peut être la présence de névés tardifs raides, pouvant subsister jusqu’au mois d’août. En cas de doutes, piolet et éventuellement crampons sont souhaitables, même si ceux-ci ne seront utilisés que sur quelques mètres.

En cas d’impossibilité à faire l’ascension des Aiguilles Crochues, on aura l’option de faire le détour par le col des Aiguilles Crochues. La descente de ce col requiers également le franchissement de quelques ressauts rocheux à désescalader, et des pentes raides pouvant être compliqués par des névés. En début d’été, se renseigner sur la praticabilité de ce col.

L’ascension facultative de l’Aiguille de Bérard demande un certain sens de l’itinéraire, ainsi que la capacité à franchir quelques dévers herbeux raides.

Les infos essentielles

  • Altitude départ : 1375m (point bas).
  • Altitude sommet : 2837m (Aiguilles Crochues sommet nord).
  • Durée : 9h.
  • Carte : IGN TOP25 3630OT Chamonix- Massif du Mont Blanc.

Période

Praticable en conditions estivales. Des névés tardifs pouvant encombrer le raide couloir d’ascension des Aiguilles Crochues, il est souhaitable d’attendre le mois d’août pour faire ce parcours, sinon tout au moins être bien équipé et se renseigner sur la praticabilité du col des Aiguilles Crochues avant de s’y lancer.

Bonne visibilité souhaitable, ainsi qu’un terrain sec pour l’ascension de l’Aiguille de Bérard.

Attention : tout ou partie de l'itinéraire se trouve hors-sentier. Cela nécessite un bon sens de l'orientation. L'imprécision du tracé peut être grande car dessiné manuellement (non relevé sur le terrain).

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Itinéraire

Ascension du col de Bérard

Prendre le large chemin horizontal bifurquant de la route entre le village du Buet et le col des Montets à l’altitude 1375m, se dirigeant vers la cascade de Bérard. Poursuivre sur le long sentier du vallon de Bérard jusqu’à atteindre le refuge de la Pierre à Bérard.

Délaisser le sentier montant à Salenton et au Buet pour monter vers le sud sur de petites sentes jusqu’à atteindre le point de captage des eaux du torrent de Bérard. La montée s’effectue ensuite, après avoir traversé les alluvions du torrent, par une petite sente sur la croupe le long d’une coulée herbeuse évidente.

Au sommet de cette croupe, une courte montée à travers quelques blocs permet de joindre l’ancienne moraine, derrière laquelle la combe minérale montant vers le col de Bérard se montre. Monter vers le col à vue, au plus facile.

Ascension facultative de l’Aiguille de Bérard

Au bas de l’ancienne moraine, ne pas rejoindre la combe minérale, mais poursuivre l’ascension sur la crête de la moraine, puis la quitter pour monter à vue plus à droite à travers l’herbe et les roches moutonnées.

Monter au mieux en direction du sommet. Les dalles laissent la place à la caillasse. Défendant les pentes supérieures, un raide ressaut s’aborde de préférence par une croupe herbeuse sur la gauche. Au-dessus, remonter un raide pan herbeux sous le sommet, puis franchir quelques rochers sur sa gauche pour rejoindre la croupe montant au sommet.

Vue magistrale sur le vallon de Bérard, le Mont Buet, la vallée de la Diosaz, l’envers des Aiguilles Rouges.

Redescendre par l’itinéraire de montée jusqu’en bas de la croupe herbeuse, puis à vue dans la caillasse en visant une légère combe un peu sur la droite. Poursuivre la descente à travers les dalles en évitant au mieux les passages raides, puis traverser à droite pour rejoindre la combe montant au col de Bérard quelques centaines de mètres en aval du col. Attention, le meilleur point de passage est difficilement visible d’en haut, il faudra certainement chercher un peu.

On évitera de traverser plus à droite les pentes herbeuses pour tenter de rejoindre le col sans descendre dans la combe. Celui-ci est défendu par une raide pente de mélange herbe-terre-roches pourries qu’une sente à bouquetins permet certes de franchir, mais en pratique beaucoup trop étroite, croulante et scabreuse pour que cela soit une alternative raisonnable.

Compter 1h30 et 300m de dénivelé supplémentaires pour le détour.

Ascension des Aiguilles Crochues par la combe de la Balme

Basculer derrière le col pour faire une traversée descendante de la caillasse rive gauche, visant un replat herbeux évident. La sente disparaît rapidement et il faudra franchir à vue un chaos de blocs qui constitue le passage "caillasse" le plus pénible de la rando.

Quittant la caillasse pour l’herbe, ne pas descendre complètement vers le replat, mais rester assez haut sur la pente pour trouver une petite vire herbeuse facile permettant de franchir l’épaule pour déboucher dans la combe de la Balme. Y fait suite une légère sente permettant de poursuivre la traversée ascendante dans l’herbe, en contournant quelques pierriers par le bas.

Traverser ensuite la caillasse sans trop prendre de l’altitude, visant une zone de roches moutonnées permettant une progression plus agréable. Monter ensuite à vue au plus facile pour atteindre la base d’une large moraine, dont on fera l’ascension par la gauche pour éviter au mieux les pentes raides.

On se trouve sur le replat de l’ancien glacier des Dards, au bas de la longue barre rocheuse défendant la ligne de crête du col des Dards. Le seul passage raisonnable pour franchir cette barre est un couloir rampe, raide mais évident, débouchant au collet juste au sud du sommet nord des Aiguilles Crochues.

Aborder le cône d’éboulis montant au bas du couloir, puis remonter le couloir encombré d’une caillasse peu difficile, mais abominablement croulante. Lorsque le couloir se redresse (névé tardif fréquent), quitter le fond du couloir pour monter au plus facile sur la petite croupe rocheuse formant le rebord droit. La grimpe est facile, mais attention aux pierres recouvrant la roche. On débouche ensuite facilement sur la ligne de crête au niveau du collet. Une petite grimpette facile vers la gauche amène rapidement au sommet nord des Aiguilles Crochues.

Superbe vue sur l’ensemble de la chaîne du Mont Blanc, en particulier dans la lumière de l’après-midi.

Contournement par le col des Aiguilles Crochues

Si le couloir rampe devait s’avérer impraticable (notamment à cause d’un névé de neige dure trop encombrant), il faudra renoncer à l’ascension des Aiguilles Crochues et contourner.

Sur le replat de la moraine, partir horizontalement vers le sud, puis monter au plus facile vers le col, qui est l’échancrure à gauche de l’aiguillette se trouvant au point bas entre les Aiguilles Crochues et l’Aiguille de la Floria.

La descente derrière le col s’effectue d’abord en désescaladant un ressaut rocheux, puis par de raides pentes de caillasses. Quitter ensuite la sente vers la gauche au moment le plus opportun pour traverser à vue la grande cuvette de caillasses, et rejoindre le sentier reliant l’arrivée du télésiège au lac Blanc, qu’on atteint par un parcours presque horizontal.

Attention à la présence de névés pouvant sérieusement compliquer la descente du col. En cas de doutes, il est préférable de se renseigner avant.

Descente

Du sommet nord, se diriger sur le fil de la crête quelques dizaines de mètres vers le nord, puis basculer dans la raide pente du versant est. Après un premier raidillon rocheux et quelques caillasses, on bute sur la principale difficulté qui est un ressaut à désescalader, prisu et facile pour peu qu’on l’aborde au bon endroit. Éviter les mauvaises pentes trop à droite.

Il y a plusieurs manières de descendre vers le lac Blanc, que ce soit à gauche par la croupe de la Persévérance, soit à droite par les rochers moutonnés en évitant les zones trop raides, ou simplement en rejoignant le bas de la combe pour ensuite contourner le lac par la gauche ou la droite. Le choix se fera selon l’humeur du jour, ou de la présence des névés pouvant accélérer la descente.

Du refuge du Lac Blanc, poursuivre la descente vers le lac des Chéserys, puis plus bas vers la Tête aux Vents. Ensuite, l’itinéraire le plus logique est de suivre vers le nord le sentier traversant les grands replats de la Remuaz avant de finalement descendre vers le col des Montets. Sinon, on pourra descendre par les échelles de la falaise des Chéserys vers l’Aiguillette d’Argentière puis vers Tré-le-Champ, pour ensuite remonter au col des Montets par le sentier le long de la route. Cette dernière option n’est guère plus longue que la première.

Détail de la sortie du 20 août 2024

Ça passe ou pas ? Le passage en question avait été repéré début juin lors d’une ascension des Aiguilles Crochues. Vu d’en haut, cela ressemblait à un couloir enneigé, raide mais peut-être pas infranchissable, dont l’intérêt serait d’offrir un possible entre l’est et l’ouest du col des Dards, qui sans cela n’est versant ouest qu’une raide muraille barrant toute velléité de franchissement. Franchissement qui permettrait une version "rando" du classique hors-piste depuis le col des Aiguilles Crochues en direction du col et du vallon de Bérard, en s’offrant en plus un joli sommet ainsi qu’une descente sur le lac Blanc.

Mais voilà, impossible de trouver de l’info sur ce couloir, et les photos aériennes ainsi que les photos de ce versant de la montagne ne sont pas probantes : Il y a bien une espèce de rampe visible, mais impossible d’en constater la raideur et les éventuels obstacles pouvant le barrer. Il n’y a pas d’autres options que d’aller voir...

C’est en cette belle journée d’été qu’on s’y colle enfin, espérant que les névés aient suffisamment fondu pour ne pas poser de difficultés supplémentaires. De toute manière, il paraît que le col des Aiguilles Crochues passe sans problèmes, cela offre l’unique "plan B" pour ne pas rester coincé du mauvais côté de la montagne si ça ne passait pas.

11h au départ de la route du col des Montets. Toujours trop tard pour ce genre d’aventure, mais on a l’habitude... C’est parti pour le parcours du long vallon de Bérard, incroyablement vert cette année malgré l’été bien avancé. La montée se fait tranquillement jusqu’au refuge, où on quitte enfin la foule candidate au Mont Buet pour partir hors sentier en direction du col de Bérard.

On monte au plus logique, et on trouve assez souvent une petite sente qui facilite la progression. On aboutit ainsi rapidement au bas de l’ancienne moraine du vallon, où la montée finale vers le col se dévoile, toute en caillasse...

Peut-être est-il possible de progresser plutôt à droite du vallon, dans des pentes herbeuses entres les roches moutonnées dans un décor beaucoup plus sympathique ? On va voir par là... Au-dessus, l’Aiguille de Bérard se montre et attire le regard. Cela ne semble pas bien loin, y monter ne rajouterait que 250m de dénivelé... Malgré l’heure qui avance dans une exploration qui est loin d’être terminée, on va s’offrir ce détour.

14h30, voilà le sommet, atteint après le franchissement de quelques pentes herbeuses assez raides qu’on ne soupçonne pas vu d’en bas. Aucune trace, on est bien sur un sommet délaissé, malgré la vue spectaculaire qu’il offre sur les vallons de Bérard et de la Diosaz, le Buet, l’envers des Aiguilles Rouges... On profite du lieu...

15h, il faut penser à la suite... De visu, le col de Bérard semble tout proche et facile d’accès, mais en fin de compte, il n’en sera rien. Car, une centaine de mètres avant le col, la pente est coupée d’un raide dévers raviné. Il y a bien une sente à bouquetins qui la traverse, ça vaut le coup d’aller voir pour s’éviter de rebrousser chemin pour un long détour. On sort le piolet qui avait été prévu en cas de névés plus haut, on ne sait jamais...

La sente sera finalement franchie après plus de 30min à progresser à tâtons sur la trace ténue dans la terre herbeuse, les graviers, les rochers délités qui ne demandent qu’à partir... Bon, ce "raccourci" n’en vaut pas le coup, d’autant plus qu’un contournement par le bas semble possible, le tout étant de ne pas rechigner à 100m de dénivelé supplémentaire pour un détour dans la caillasse...

On franchit le col, et nous voilà dans un autre univers, celui d’un coin perdu de la haute-Diosaz... Une traversée descendante, pas trop longue, mais bien pénible à travers pierriers et quelques chaos de blocs est au programme avant d’atteindre l’herbe plus bas. Heureusement, on trouve facilement la petite vire herbeuse qui permet de basculer rapidement dans le vallon de la Balme qu’il va falloir remonter.

Cette montée ne sera finalement pas trop désagréable, avec une sente traversant l’herbe au début, puis plus haut un peu de caillasse assez stable qu’on changera pour quelques passages ludiques sur des rochers moutonnés. Le tout dans le décor austère de l’envers des Aiguilles Rouges, entre les hautes falaises de l’Aiguille du Belvédère et les roches noires des aiguilles de la Floria, de la Glière, du Pouce, où est enchâssé un des derniers glaciers du coin, celui de la Floria, tristement petit, mais encore bien fourni en crevasses... Mais l’inquiétude est plus haut, sous la grosse barre rocheuse défendant le col des Dards, avec enfin un visu sur la rampe montant aux Aiguilles Crochues : Celle-ci est clairement bien raide, avec en plus un beau petit névé bien pentu en plein milieu...

Hésitations à bifurquer tout de suite vers le col des Aiguilles Crochues... Mais non, ça vaut quand même le coup d’aller voir de près avant de renoncer... On s’élance donc pour l’ascension de la moraine de l’ancien glacier des Dards.

Direction le pied du couloir, défendu par un cône d’éboulis bien croulant. Une fois dedans, le couloir est finalement moins raide qu’anticipé, la seule chose pénible étant la pierraille, avec parfois de gros blocs, qui glisse quel que soit là où on pose le pied... Plus haut, le névé... Certes bien raide, mais finalement petit. Et surtout, on peut maintenant sortir du fond du couloir pour grimper à droite la croupe rocheuse, ce qui est beaucoup plus agréable que la pierraille croulante. Les difficultés sont derrière, voilà enfin le collet de la crête, retour en terrain connu, le sommet nord des Crochues est juste à côté au-dessus d’une petite grimpe facile...

Il est 19h passé, bien en retard sur l’horaire prévu, qu’on blâmera sur les imprévus de l’Aiguille de Bérard. Deux alpinistes, visiblement un guide et son client, terminent la traversée des Crochues, avec tout leur barda d’alpiniste. Ils doivent clairement se demander ce que ce "touriste" sorti de nulle part vient faire là-haut à une telle heure... Ils ne s’attardent pas et commencent la descente, On profitera donc du lieu tranquillement, terminant les restes du casse-croûte face à la chaîne du Mont Blanc, dont les glaciers replacés par de gros cumulus resplendissent dans la lumière du soir...

19h30, le soir arrive à grand pas. On entame donc la descente en terrain archi-connu, cherchant à profiter de ce qu’il reste de névés pour quelques belles glissades. Le lac Blanc est maintenant à l’ombre, retour à la civilisation au refuge, et son lot de promeneurs profitant du décor sur la terrasse...

On poursuit la descente... Le soleil s’est couché, mais la foule est bien présente au niveau des lacs des Chéserys, transformés pour l’occasion en camping municipal. On ne s’attarde pas, la descente est encore longue. On choisit l’option "échelles" permettant une descente plus régulière, le tout étant de franchir les échelles avant la nuit noire.

Trois versant, cela signifie trois cols à franchir, et il reste encore le dernier, celui des Montets... Heureusement, la montée est facile, le tout étant de ne pas se faire faucher par les touristes mécanisés lors des traversées de la route... Fin de la balade vers 22h.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 20 août

Dernière modification : 26 août 2024

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Sacrée aventure Pascal !

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