Aiguille de la Bérangère (3425m), par les Têtes de Tré-la-Tête

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
2300m
Durée :
11h

Un itinéraire sauvage et hors-sentier, mais logique et direct, et peut-être le plus rapide entre le refuge de Tré-la-Tête et l'Aiguille de la Bérangère, qui s'affranchit de la longue traversée en dents-de-scie du nouveau sentier d'été reliant le refuge de Tré-la-Tête à celui des Conscrits. Cet itinéraire satisfera notamment les alpinistes redescendant en vallée après la traversée des Dômes de Miage, leur épargnant une bonne heure de marche. De leur côté, les randonneurs alpins parcourant cet itinéraire en aller-retour se verront soulagés de plus de 400m de dénivelé, rendant l'ambitieuse ascension de l'Aiguille de la Bérangère à la journée un brin plus abordable. – Auteur :

Accès

Sallanches - Le Fayet - Les Contamines-Montjoie, Parking de Notre-Dame de la Gorge. Départ également possible du Cugnon,

Précisions sur la difficulté

Cet itinéraire présente assez peu de difficultés techniques. Elle se déroule cependant hors-sentier sur un terrain minéral de pierrailles entrecoupé de ressauts rocheux entre lesquels il faut se faufiler, ce qui nécessite un peu d’expérience et de sens de l’itinéraire. La difficulté peut aussi être fortement modifiée par la présence de névés, qui peuvent faciliter le parcours si elle est en bonne condition, ou alors la compliquer si elle est dure ou gelée dans des passages où la pente peut atteindre 35°. Crampons et piolet peuvent alors être nécessaires.

L’ascension de la pyramide sommitale de l’Aiguille de la Bérangère est relativement facile lorsque le reste glaciaire de sa face sud est enneigé, mais se complique si cette face est en glace plus tard en été, auquel cas il faudra contourner par des ressauts de rochers brisés assez délicats.

Le parcours du sentier d’été d’accès au refuge des Conscrits est bien tracé, mais présente des passages parfois exposés traversant des dalles et ressauts rocheux, en général équipés de grosses cordes fixes.

Malgré le raccourci qu’offre cet itinéraire, l’ascension de l’Aiguille de la Bérangère à la journée depuis la vallée reste néanmoins longue (environ 20km aller-retour pour 2300m de dénivelé), et fatigante de par la haute altitude du sommet.

Les infos essentielles

  • Altitude départ : 1200m.
  • Altitude sommet : 3425m.
  • Durée : 11h.
  • Carte : IGN TOP25 3531ET Saint-Gervais - Massif du Mont Blanc.

Période

Praticable en conditions estivales, lorsque la montagne est suffisamment déneigée pour rendre praticable le sentier d’été d’accès au refuge des Conscrits depuis celui de Tré-la-Tête, en général à partir de mi-juin, jusqu’au premières neiges en altitude.

L’ascension est beaucoup plus facile dans la première partie de l’été, lorsque le reste glaciaire de la face sud de la pyramide sommitale est enneigé et que de beaux névés facilitent la descente dans des pentes sinon caillasseuses.

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Itinéraire

Ascension

Il y a deux manières d’atteindre le refuge de Tré-la-Tête. L’option classique consiste à prendre le sentier montant en forêt depuis le Cugnon, ou éventuellement depuis la Bottière. A peine plus long mais beaucoup plus varié, on peut également partir de Notre Dame de la Gorge par le chemin romain. Peu avant Nant Borrant, on bifurque à gauche vers la Laya jusqu’à la cascade de Combe Noire. De là, un sentier monte en forêt vers le refuge avec quelques beaux points de vue en chemin. Panneaux "Tré la Tête" clairement indiqués à chaque intersection.

Depuis le refuge de Tré la Tête, poursuivre sur le chemin d’été d’accès au refuge des Conscrits, ignorant les traces du chemin historique descendant vers le glacier. On se faufile entre alpages et quelques ressauts rocheux sous la Grande Roche de Tré-la-Tête, où certains passages sont facilités par de grosses cordes fixes.

Après un passage cordé en légère descente, on atteint une petite combe où le sentier se fait plus ou moins horizontal. Il est alors temps de quitter le sentier pour poursuivre l’ascension des pentes herbeuses à gauche de la combe sous les dalles rocheuses de la Grande Roche. Lorsque la crête du haut de la combe est en vue, la rejoindre en traversant au plus facile un petit chaos rocheux.

Remonter la crête vers la droite en s’aidant de quelques traces. On bute sur une petite barre rocheuse qui se franchit par une petite rampe vers la gauche. Juste derrière, quelques petites vires faciles permettent de traverser le ressaut de rochers brisés dominant la combe se trouvant derrière la crête pour y prendre pied.

Remonter la combe en direction de la Pointe de Chaborgne, visant le couloir de caillasse terreuse menant au collet à la droite de celle-ci. Montée un peu pénible dans la partie raide et croulante, mais sans difficultés sur de légères traces. Le collet atteint, remonter le ressaut à droite pour rejoindre le plateau minéral à l’est de la Pointe du Plan.

En option (et en particulier pour remplacer l’Aiguille de la Bérangère si celle-ci se révèle hors d’atteinte), la Pointe de Chaborgne s’atteint facilement par son arête est. Elle gratifiera d’une impressionnante vue plongeante sur le val Montjoie.

Monter vers l’est le plateau de dalles en visant une petite épaule juste à droite de la bosse 2897m bien visible, permettant de passer facilement derrière celle-ci. La raide montée finale vers la crête de Tré la Grande se dévoile. Celle-ci s’effectue à vue au plus facile, dans la caillasse, les rochers ou les éventuels névés, selon les conditions.

La crête rejointe, remonter en direction de l’Aiguille de la Bérangère, visant une large épaule à sa droite permettant de rejoindre le plateau sous la face sud où se trouvent les restes du glacier de la Bérangère. Dans la première partie de l’été, les pentes menant au sommet sont en neige et se remontent facilement pour atteindre les rochers au sud-est du sommet, qui se grimpent sans difficultés. Lorsque, plus tard en saison, les restes glaciaires sont en glace vive, il faudra grimper les raides ressauts de rochers brisés au sud du sommet, ce qui est plus délicat.

Par beau temps, le panorama du sommet est magnifique, portant sur le bassin glaciaire de Tré-la-Tête et au-delà vers la plupart des massifs des alpes du nord. Au nord se dressent les pentes du glacier d’Armancette menant aux Dômes de Miage, qui semblent à portée de chaussures. Cependant, si en début d’été les pentes immaculées du glacier semblent débonnaires, le randonneur s’abstiendra de s’y rendre, la trace de montée vers les Dômes coupant à maintes reprises une grosse rimaye dissimulée sous la neige.

Descente

Le retour s’effectue soit par le même itinéraire, soit par l’itinéraire classique via le refuge des Conscrits.

Le retour par le même itinéraire reste l’option la plus courte et la plus rapide, notamment si l’avoir parcouru à la montée facilite la navigation pour trouver les passages les plus faciles.

A la descente, la principale difficulté consiste à repérer le meilleur passage pour basculer dans le versant ouest depuis la crête de Tré-la-Grande (à peu près à l’altitude 3050m, quelques cairns indiquent le lieu) pour ensuite descendre au mieux le dévers rocheux assez raide. On repérera ensuite la petite épaule à gauche de la bosse 2897m permettant de descendre facilement derrière, puis on visera le collet entre la Pointe du Plan et celle de Chaborgne. Au cas où un mur de neige raide empêcherait la descente directe vers le collet, y descendre par les rochers à gauche (côté Pointe du Plan). Ensuite, plongeant dans la combe à l’ouest, on repérera les petites vires évidentes permettant de remonter facilement vers la crête à gauche. Finalement, on évitera les chaos rocheux de la combe derrière en traversant vers les pentes herbeuses de sa rive droite le long de la base de la Grande Roche pour descendre vers le sentier.

La descente via le refuge des Conscrits est à privilégier en cas de mauvaises conditions de neige ou de visibilité. Les grandes pentes dalleuses de Tré-la-Grande se laissent facilement descendre à vue en direction du refuge, et il sera très agréable de tirer parti d’éventuels névés encore présents. Une belle variante pas vraiment plus longue consiste à suivre la crête en direction de la Pointe de Tré-la-Grande pour profiter au mieux du paysage. Un peu au-dessous, à peu près à l’altitude du refuge, il faudra ensuite basculer à gauche et rejoindre le sentier (ne pas poursuivre sur la crête).

Le clou du nouveau sentier d’été du refuge des Conscrits est l’impressionnant pont himalayen de 60m, bien étroit et mouvant comme il se doit, enjambant une vertigineuse entaille rocheuse au-dessus du glacier. Cependant, la suite du retour est bien long, avec une belle remontée d’environ 150m de dénivelé pour aller traverser un ravin, suivi d’une longue traversée en dents de scie franchissant plusieurs échines rocheuses, obligeant à tours et détours pour se faufiler entre les obstacles, parfois dans la roche grâce à des cordes fixes. Bien plus long que ce que ne le laisse supposer la carte, l’exercice est d’autant plus pénible que la fatigue de la longue journée commence à se faire sentir dans les jambes. C’est donc avec soulagement qu’on atteint les dernières pentes herbeuses débonnaires descendant vers le refuge de Tré-la-Tête, et de là le sentier long mais tranquille retournant vers le point de départ en fond de vallée.

Détail de la sortie du 7 juillet 2020

C’est la saison des "grosses" sorties d’altitude. L’Aiguille de la Bérangère, qu’on peut considérer comme le plus haut sommet "randonnable" de Haute-Savoie, fait partie de l’une d’elles, d’une part parce que cette saison offre le meilleur compromis entre les jours longs de la saison estivale et de beaux névés pas trop vieux facilitant les pentes d’altitude habituellement en pénibles caillasses, d’autre part parce que la sortie au Mont Tondu 15 jours auparavant s’est vue privée du panorama sommital pour cause de nuées envahissantes. Une belle journée à la météo "béton" sera l’occasion de prendre en compte tout cela et de revenir dans le vallon glaciaire de Tré-la-Tête après plusieurs dizaines d’années d’absence.

L’Aiguille de la Bérangère, donc... Gros dénivelé en perspective, qui sera l’occasion de tester ce nouvel itinéraire promettant d’être plus court que le nouveau sentier d’été et d’offrir une voie d’ascension plus directe et, espérons-le, plus raisonnable pour un aller-retour à la journée.

Départ vers 9h de Notre Dame de la Gorge. Montée par le chemin romain, ponctué de quelques belles cascades et beaux points de vue, en direction du refuge de Tré-la-Tête. Puis on s’élève sur le nouveau sentier d’été dans une magnifique verdure fleurie.

Depuis la dernière visite du lieu il y a environ 30 ans, le changement est spectaculaire. Le glacier s’est bien retiré et fait triste mine, quasiment coupé en deux au verrou rocheux qui formait par le passé les séracs de Tré-la-Grande, condamnant définitivement la langue inférieure et compliquant singulièrement le parcours du sentier historique pour monter au refuge des Conscrits, justifiant la création du nouveau sentier d’été en 2012.

On aborde les petits passages facilités par des cordes fixes. Certaines sont déjà passablement usées, il faudrait voir à les remplacer par des solutions plus pérennes, chaînes ou barreaux.

Et voilà le temps de quitter le sentier pour monter dans l’"inconnu". Bon, inconnu pas vraiment, car l’itinéraire est assez logique ici. La carte n’offre pas beaucoup d’aide ici pour différencier ce qui passe de ce qui ne passe pas, mais une étude préalable sur les photos aériennes montrant plus fidèlement la réalité du terrain a permis de défricher préalablement les points clés de l’itinéraire. Seule inconnue, la présence et la raideur des névés éventuellement en neige dure, mais c’est pour cela que piolet et crampons sont du voyage au cas où.

On monte donc, s’aidant parfois de quelques traces et croisant deux personnes redescendant l’itinéraire, signe que ce parcours n’est pas si inconnu que ça. D’ailleurs, on ne rencontre pas vraiment de difficultés, tout passe et se passe comme prévu. Voilà finalement la dernière raide montée vers la crête de Tré-la-Grande. On chausse les crampons pour monter plus agréablement dans la neige dure plutôt que sur les rochers. Ça passe bien, même si quelques détours sont nécessaires pour éviter les zones les plus raides.

Finalement, on retrouve l’itinéraire classique, face à l’Aiguille de la Bérangère maintenant toute proche. On monte dans la chaleur de la mi-journée, renforcée par l’effet "four solaire" de la blancheur environnante. Heureusement, l’eau fraîche coule de partout entre les rochers.

La montée finale vers le sommet est en neige, assez raide mais la neige est suffisamment ramollie pour ne pas être dangereuse. Finalement, quelques rochers faciles, et voilà le sommet.

Il est 15h30, et la vue est fantastique. On passera presque 1h30 au sommet, entre photos, casse-croûte, contemplation, et sieste sur les dalles rocheuses. Tout en bas, le val Montjoie du fond duquel on est parti montre le chemin parcouru. Le Mont Tondu, si imposant durant une bonne partie de l’ascension, n’est maintenant plus qu’une modeste bosse derrière laquelle les sommets du Beaufortain, explorés une semaine auparavant, font figure de taupinières. Les pentes glaciaires de l’Aiguille des Glaciers et de celle de Tré-la-Tête sont toujours aussi impressionnantes, alors que derrière, le Mont Blanc maintient sa domination. Toutes proches, les dernières pentes de neige débonnaires menant aux Dômes de Miage sont bien tentantes, mais ce n’est ni l’heure, ni le lieu où un randonneur solitaire doit se trouver dans la neige molle pouvant dissimuler rimaye et crevasses. Profitons juste du lieu comme ça...

17h passé, il va quand même falloir penser à descendre. Choix est fait d’aller découvrir le nouveau sentier d’été, histoire de faire une boucle. Mais plutôt que de passer par le refuge, passons plutôt par la Pointe de Tré-la-Grande, histoire de profiter au mieux du paysage. Belles glissades sur les premières pentes de neige, puis descente agréables dans les névés avant que la crête ne se déneige...

Après une énième pose photo panoramique, on rejoint le sentier puis la vertigineuse passerelle, ambiance "via ferrata". Vient ensuite la pénible remontée du sentier, heureusement égayée par verdure, fleurs, torrents, bouquetins et marmottes sous les pentes du Mont Tondu jaunissant ayant retrouvé sa domination. Mais ce n’est pas fini, il faut monter puis descendre pour franchir une échine rocheuse, puis encore une autre, et derrière ça monte encore pour contourner des dalles... Les jambes sont lourdes et le parcours commence à se faire un peu longuet, bien plus long qu’anticipé. C’est donc avec soulagement qu’on termine les passages de cordes fixes pour finalement retrouver le sentier descendant dans la verdure tranquille vers le refuge de Tré-la-Tête. 21h30, le soleil se couche alors que des vacanciers profitent du paysage.

On dévale le sentier en forêt dans le calme de la soirée. Toujours ce curieux "3e souffle" se produisant à cette heure tardive, maintenant on se sent bien et en forme, peut-être à cause de l’altitude maintenant basse permettant de mieux respirer... On retrouve la voie romaine, descente tranquille dans la nuit tombante, fin de la balade vers 22h30.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 7 juillet 2020

Dernière modification : 26 juillet 2022

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Avis et commentaires

J’avais initialement prévu de remonter la combe de Tré la Petite en passant à l’est de la Pointe de Terriers. Cela semble passer aussi, au prix d’un petit labyrinthe de ressauts de dalles peut-être pas évident à naviguer à la descente. Et puis, je me suis ravisé et choisi la version "Chaborgne", et c’est pas plus mal, finalement cela me paraît être l’itinéraire le plus court et le plus pratique.

Je me souviens être arrivé au refuge des Conscrits par le Glacier. Puis la traversée des Dômes de Miages, Probablement encore sublime au vu de l’altitude.
J’avais zappé ce sommet.
Bravo, c’est une sacrée course à la journée !

Génial, cet itinéraire bis ! Quand j’étais allé à la Bérangère l’an passé, en arrivant dans la petite combe, je m’étais posé la question de couper ainsi l’interminable boucle du sentier du refuge des Conscrits, mais n’ayant pas étudié la question avant, j’avais renoncé. Il y a donc bien un passage, merci pour le topo

Tellement de choses ont changé depuis ces années là... A commencer par la belle traversée d’un *vrai" glacier pour monter au refuge des Conscrits, ainsi que le charme de l’ancien refuge, petite bâtisse bien rustique qu’on trouvait parfois presque complètement enterrée sous la neige en début de saison... Quant à l’Aiguille de la Bérangère, on pouvait encore la considérer comme une "vraie" course d’alpinisme.

Belle bambée !
A noter que peu après le refuge de Tré-la-Tête, une raide sente à gauche, ouest, coupait (en 82 !) toute la pente et permettait d’atteindre le parking de ND de la Gorge en quelques minutes. Sente raide, à prendre obligatoirement en courant. "Jeunes" genoux requis...

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