Aiguille de Quaix (1143m), traversée nord-est / sud-ouest

Micro course de rocher facile mais déjà technique sur une canine étrangement détachée sur l’arête de la Pinéa juste au-dessus de la profonde forêt cartusienne.

Fiche technique :

• Difficulté : PD inf, pas de 4a au départ, voie courte très bien équipée.

• Horaire : 2 à 3h au total.

• Dénivelée : 400m dont 40/50 d’escalade.

Itinéraire :

• De Planfay 826m, remonter la route forestière jusqu’au virage cote 879m (Panneau indiquant l’Aiguille de Quaix)

• Quitter la route et monter droite la piste forestière 50m, puis prendre la piste de droite en pente douce dans la forêt jusqu’à un croisement (cote 930m/ ruine/pré/panneau indicateur).

• Partir à gauche par cette piste qui contourne le pré par un grand virage à droite (cote 970m)

• Suivre cette piste jusqu’à voir un chemin évident partir à gauche dans la forêt en direction de la crête (cote 970m)

• Remonter ce chemin plus raide en suivant le balisage jaune discret jusque sur la crête cote 1070m. (50m/1h depuis Planfay)

• De la crête suivre un sentier bien marqué horizontal qui amène en 5mn au pied de la facette S de l’aiguille.

Traversée NE-SW de l’aiguille de Quaix :

• Du pied de la facette S remonter un sentier raide qui amène rapidement à des gradins faciles.

• Remonter ces gradins (passage avec les mains) et arriver sur une terrasse au pied d’une fissure évidente sur le tranchant de l’aiguille.

• Remonter cette fissure 20m/4a-3c, 3 spits, relais sur terrasse, spit et corde usée autour d’un gros béquet.

• Du relais traversée SW évidente de la terrasse pour venir buter contre un mur vertical de 3/4m (un spit/3b), relais sur anneau 3m plus haut.

Quelques mètres de crapahut et on atteint le sommet (Cairn) et point de vue à 360° superbe.

Traversée de l’aiguille de Quaix.

• Du sommet désescalade facile sur une vire prononcée versant Sud (deux ressauts de 5m), corde en main courante.

• Arriver au dessus de l’arête SW, poser un rappel sur anneau de 15m.

• Descendre 20m des gradins raides qui amènent au sentier juste à côté de deux clochetons marqués (but de la randonnée pédestre "aiguille de Quaix)

• Suivre le sentier, longer la facette S et retrouver le sentier de la montée.

Retour à Planfay par l’itinéraire de montée.

Aiguille de Quaix, traversée NE-SW le 24 Décembre 2015.

"Elle a tout d’une grande !"

Ce n’est pas que j’attende la neige avec impatience, mais quand même.
L’heure n’est plus à l’escalade mais au ski.

Ce n’est pas la coutume, mais le beau temps chaud et stable rappelle les belles heures d’automne à lézarder sur les falaises.

Depuis longtemps déjà mon regard s’est posé sur ce bout de canine, curieux et interrogateur parfois, hautain et l’ignorant souvent.

Mais je savais qu’elle était là et qu’un jour j’irai voir à quoi elle ressemble.

Cet hiver sans neige est prétexte à prolonger le plus longtemps possible le plaisir au soleil sur le calcaire blanc de Chartreuse.

Le tout petit niveau de cette année ne permettant pas les grandes voies, je m’amuse dans les voie faciles de moindre notoriété.
Du moment que le plaisir est là !

Et là, j’en ai trouvé une marrante, prétexte à s’enivrer du vent violent qui bat contre les arêtes, du toucher froid et granuleux de ce magnifique calcaire gris clair.

Azur bleu scintillant, clarté métallique, la course des nuages lenticulaires dans le ciel de Chartreuse, mugissement du vent du sud...

La terrasse est large, l’ombre piquante et vivifiante. Le rocher n’est pas froid. Le sifflement du vent, l’ombre froide, le premier pas un poil vertical... ambiance austère.

Et puis les gestes s’enchaînent, un pied, la bonne prise de main, robuste, le premier clou, et me voilà dans la fissure.

Quelques mètres au dessus de la canopée des arbres déplumés par l’hiver, par le vent, la pique du sommet des sapins sombres de Chartreuse, la verticalité du rocher.

Un quart de tour, dos au vide, pas le grand vite, mais juste suffisamment vertical, un pas en adhérence, le second clou.

Une petite dalle verticale, de bonnes réglettes solides et franches et je débouche sur une belle terrasse au relais.

Le vent est violent et me gifle. La transparence de l’air m’aveugle. Les couleurs pastel de jours d’hiver contrastent étrangement avec les grandes ombres portées d’un soleil bas.

Geste machinal, le second de cordée monte emmitouflé dans ses pensées et la froidure mordante du vent de plus en plus violent.

Relais. Vite vite, s’échapper au plus vite. Vers la chaleur des cieux, vers l’astre du jour pâle et froid.

Une dalle un clou et au-dessus un cairn. Le vent mugit, on ne tient pas debout.

Relais. Vite vite, s’échapper au plus vite. Vers la grande vire en dessous baignée de lumière. Le vent cogne toujours et nous vole la douce chaleur espérée.

Désespérément nous fuyons. Nous glissons le long du court rappel. La corde fouette hargneusement l’air furibond.

La forêt enfin, les arbres effeuillés laissent passer la lumière bienfaisante d’un soleil doux.
Le vent mugit là haut, nous lui avons échappé.

Abasourdis, titubants, ivres du grand air, nous nous regardons comme deux nigauds !

Notre petite heure de grimpe nous a paru une éternité, hermétiquement enveloppés et secoués par le vent qui rend fou.

Retour à la réalité hébétés !

Vraiment cette micro escalade avait tout d’une grande aujourd’hui !