Sortie du 31 août 2013 par patrick73 Aiguille Noire (2870m), par l’arête sud

Douceur exquise et lignes fuyantes et aériennes, parcours ludique s'il en est dans le superbe cadre alpestre des Cerces.

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Grand beau temps au sortir de la mer de nuages au camp des Rochilles.
Chaud sur l’arête, puis vent du nord fort et bien frais pendant la descente.

Récit de la sortie

ASCENSION de l’arête Sud de l’Aiguille Noire, le 31 Août 2013.

Les Marronniers du Bord de Seine.

Une douce odeur ambrée et âcre à la fois, légèrement enivrante, flottait dans l’air doux de ce début d’automne.
Odeur de l’humus qui commence à se former et des feuilles séchées des grands arbres de la cour de l’école.

Un soleil doux et déjà bas filtrait au travers des épais feuillages vert sombre tournant sur le roux des grands marronniers du bord de Seine.

Nos pieds traînaient dans la terre battue de la cour de récréation, donnant des coups dans les coques des marrons déjà parterre.
La coque éclatée nous les ramassions et remplissions nos poches, trésors d’écoliers que nous étions.
Au coup de sifflet, toute la marmaille se mettait en rang deux par deux, les tabliers mauves d’un côté, les verts de l’autre.
En silence nous rentrions dans la grande salle de classe, où un gros poêle noir en fonte trônait au milieu de la pièce.

Sagement assis, je regardais la maîtresse devant le tableau vert, la grande carte de France accrochée à ses côtés.
Mon esprit d’enfant s’évadait, suivant le sillage des péniches sur la Seine aux couleurs sombres.

Alors apparaissaient la coupole blanche de la Grande Motte et le vaste glacier étincelant.

Il me revenait à l’esprit toutes les questions et les explications de mon grand-père sur ce qu’est le glacier, grand mystère pour le gamin que j’étais.

Cet été j’avais découvert la montagne, et les hautes cimes de Savoie, le lac de Tignes et ses truites et aussi mon premier album de Tintin…

Le soleil nous frappa quand nous passâmes le col des Rochilles. Une douceur bienfaisante se fit immédiatement ressentir. Les couleurs pastel des lacs et des aiguilles me renvoyaient à ce souvenir d’enfance, instant particulier empreint de couleurs et parfums gravés dans ma mémoire.

Aujourd’hui nous avons décidé de faire l’arête Sud de l’aiguille Noire.
Nous y avions pris un plaisir immense quelques automnes auparavant, l’envie de revivre l’expérience nous démangeait.

Le départ de Plan Lachat se fit dans une brume humide et opaque, jusqu’à ce que des formes indistinctes et presque fantasques apparaissent sous le camp des Rochilles.
La belle paroi du pic de l’Aigle toute en contraste sur la grisaille ambiante nous indiquât que le soleil ne tarderait pas à venir à notre rencontre.

Nous basculâmes sur le versant haut-alpin baigné de soleil, et remontâmes les doux alpages jusqu’au col des Plagnettes. Les hautes cimes de l’Oisans commençaient à dominer le paysage, déjà immaculées des premières neiges de la fin de l’été.

Le versant savoyard, la vallée de Neuvache et de Neuvachette roussissaient déjà, alors que la clarté de la lumière de la vallée de Névache nous inondait de douceur.
La raide montée des barres rocheuses nous amena d’un bon pas régulier au pied des premiers gendarmes de l’arête Sud de l’aiguille Noire.

Tout harnachés de notre attirail d’alpiniste nous entamons notre chevauchée de brèches en clochetons, de vires en plateformes.

La chaleur devint pesante.

Au sud les hauts sommets queyrasins flottent au-dessus des brumes bleuâtres et légères.
L’été a repris ses droits.

Tout à notre escalade, nous ne voyons pas le temps passer.
Nous recherchons les passages les plus grimpants, et tirons quelques longueurs dans du beau quartzite bien prisu.
Des à-pics du versant ouest surgit soudain un gypaète, que bien entendu je n’ai eu le temps de prendre en photo.
Et puis soudain, et ce ne fut pas une surprise, la croix sommitale se dresse devant nous.
Paysages superbes, piton flottant dans les airs, l’impression d’immensité nous envahit.

La chaleur aidant, nous nous relâchâmes, l’esprit vagabond, dans un bien être revigorant.

Mon lourd cartable sur les épaules, je marche sur les quais du bord de Seine. La haie des grands marronniers guide mes pas vers la maison.
Un vent froid et humide remonte le fleuve sombre, la corne sourde des péniches résonne dans la brume qui tombe.

Ma journée d’écolier se termine, je rêvasse sur un banc, le regard vagabond, l’esprit accroché aux longues barges qui s’en vont.

Pourquoi donc cette belle journée de montagne m’a-t-elle ramené à cette journée d’automne normande, quand gamin je m’amusais à lancer le plus loin possible dans le fleuve les marrons qui jonchaient les quais sous les grands marronniers du bord de Seine ?

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Randonnée réalisée le 31 août 2013

Dernière modification : 26 février 2024

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