Sortie du 18 septembre 2024 par Jérôme Dauvergne Photographie Lac de Peyre - Pointe de Balafrasse (2296m)
Deux jours pour débusquer le seigneur des airs...
Itinéraire, carte // Fiche topo
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Conditions météo
Nuageux le 17 en fin d’après-midi, le brouillard a enveloppé tout le paysage dès que le soleil s’est couché. Ambiance automnale avec le brame du cerf...
Ciel complètement dégagé au petit matin du 18, une journée estivale au-dessus d’une belle mer de nuages. Frais au petit matin, mais pas froid (4°c).
Récit de la sortie
Chez moi les colchiques sont sortis, c’est enfin le clap de fin pour l’été ! Enfin !
Finies les chaleurs écrasantes, les lumières dures et les hordes de touristes. Comment ça, je suis un sauvage ?! Bon, un peu, c’est vrai. Pardon.
Il est temps pour moi de retourner vers les cimes et leur réconfort. L’automne frappe à la porte de la nature, la saison de tous les superlatifs.
Pour une mise en bouche, je choisis non pas un lieu, mais une espèce.
Pour ceux qui ne le savent pas, je suis photographe de nature et mes sorties sont principalement choisies pour leur potentiel photographique.
Cette fois, j’ai choisi d’aller "débusquer" le plus mythique, le plus grand, et le plus bel oiseau des montagnes, le Gypaète barbu.
Je suis tombé amoureux de cet oiseau au premier regard. C’était déjà il y a fort longtemps... À l’époque, je faisais encore de l’escalade, et c’est ici même, sur la très connue Arête des Bouquetins que j’ai pour la première fois croisé son regard.
Alors que nous évoluions sur la dite arête, il nous avait survolé à deux reprises de très près tout en nous fixant de son regard... Un moment inoubliable.
C’est ici même également que j’avais emmené ma fille alors âgée de 7 ans et qu’elle aussi, avait pu l’apercevoir. Là encore, il était venu voir ce que faisions là...
Mardi 17 septembre. Une fois ma maison sur roues chargée, je pars en début d’après-midi, direction le col de la Colombière au-dessus du Grand Bornand.
Quand on voit le monde qui s’y trouve encore un jour de septembre en semaine, on imagine juillet/août... Cyclistes, randonneurs, grimpeurs, motos, voitures de luxes, de sport... Tout ce petit monde se côtoie avec plus ou moins de facilité et de compréhension...
Je me trouve un emplacement plus où moins plat pour stationner. Comme il est tôt, je me change et pars en direction de la bergerie pour échapper à la foule du col, et faire quelques repérages.
Les moutons, le berger et les patous sont encore présents. Les patous, parlons-en. On entend souvent, à juste titre, des incidents avec les randonneurs. Eh bien, ceux du col de la Colombière sont exemplaires ! Aucune agressivité ! Ils aboient, font leur job mais viennent à votre rencontre sans montrer les crocs, ils vous reniflent un peu et c’est tout !
Je me souviens d’un bivouac au lac de Peyre, où ces patous étaient venus passer un moment avec moi près de ma tente, de vrais bons gros toutous. Mais attention, cela reste de bons chiens protecteurs.
Le plafond nuageux est très bas. Je stoppe au-dessus de la bergerie et scrute attentivement la falaise. Je me dis que peut-être...
Alors que je photographie un joli rouge-queue puis un faucon crécerelle, il surgit de nul part sans un bruit !
Sa majesté me fait l’extrême honneur de survoler son territoire.
L’ambiance est juste incroyable. La falaise, les bancs de nuages qui dansent et lui, le gypaète barbu qui tout en parcourant son royaume me foudroie de son regard perçant.
À ce moment, je suis transporté dans un monde parallèle. Je suis là où je dois être, rien ne peut m’atteindre. Envolés les soucis et les tracas de la vie, la nature m’offre le plus beau des cadeaux...
Je reste de longues minutes avec lui. Je me sens privilégié.
Retour au camion avec un sourire énorme... La foule a déserté le col, le silence peut enfin s’écouter.
À peine le soleil couché, que les nuages ont envahi le paysage. Tout en préparant le repas du soir, je me repasse le film de cette fin d’après-midi. un frisson de joie me parcours.
Nuit très moyenne. Pleine lune, le camion un peu en pente, bref le réveil est accueilli avec un petit soulagement.
Le ciel est complètement dégagé et il ne fait pas froid. Un petit 4°c, idéal pour ne pas transpirer dès la première bosse.
C’est parti pour une balade jusqu’à la pointe de Balafrasse.
Croiserai-je de nouveau le voilier des cimes ? Je l’ignore mais après le cadeau d’hier, je peux lui pardonner ses caprices de roi.
De nouveau les patous viennent me renifler, une caresse et ils me laissent tranquille.
Le soleil sort de sa torpeur un peu en dessous du lac de Peyre.
Deux tentes y sont installées. Il faut dire que c’est un spot idéal. J’en sais quelque chose.
À noter que le sentier est de plus en plus érodé et que lorsque celui-ci est gras ou au contraire très sec, il peut s’avérer délicat. Je pense que désormais, on ne peut plus vraiment considérer cette randonnée comme "familiale".
La montée au col de Balafrasse se fait bien et une fois en haut la vue sur le versant opposé est grandiose.
Je parcours l’arête, parfois un peu exposée, jusqu’au sommet peu marqué.
Une petite harde de bouquetins mâles s’y restaure.
Leur imposant gabarit contraste avec leur nonchalance et leur acceptation vis à vis des humains. Eux qui subissent tant de pressions dans la région sont plus tolérants que nous...
Je rejoins le lac par les pentes côté pointe du Midi sans encombre pour une belle pause dans l’herbe grasse.
En contrebas les nuages semblent faire un pas de danse avec les sapins. La danse de l’automne...
j’ai beau m’user les yeux à scruter le ciel, point de seigneur. Seuls les choucas font leur ballet.
Je le remercie de tout mon être d’être venu à moi hier. Merci d’avoir ensoleillé mes yeux et réchauffé mon cœur.
Je sais que nos regards se croiseront à nouveau.
Peut être cet hiver... ?
Photos
Auteur : Jérôme Dauvergne Photographie
Avis et commentaires
Un grand merci à vous pour vos compliments qui font chaud au cœur.
@François : je n’ai pas compris de suite ta remarque sur la photo 12, puis en zoomant, ça m’a sauté aux yeux. Oui c’est vrai que cela fait bizarre 🤔 pourtant je t’assure qu’il n’y a pas de photoshop derrière ça 😅😉. Je pense à un effet d’optique avec la brume atmosphérique, ou bien effectivement un défaut génétique... Sur le terrain, je n’ai pas vraiment fait attention...
Bonjour Jérôme Dauvergne Photographie,
Je m’associe aux compliments pour les photos et les légendes !
Superbes !
Toutefois, il y a une photo que je ne comprends pas tout à fait.....
La n°12.
Les cornes n’ont pas l’air d’être au bon endroit sur le crâne de la bête...
Que s’est-il passé ??
Photos magnifiques accompagnées par de bien belles légendes
Merci Jérôme pour ces superbes clichés ! Le Gypaète barbu dans toute sa splendeur.
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