Sortie du 14 septembre 2024 par Mary989 Pic Nord de la Font Sancte (3385m) par Maljasset et l’arête Est

Départ

Le départ se fait du petit col atteint lors de la montée de la Combe de la Petite Part. Une sente peu marquée mais visible apparait alors main droite, je distingue déjà au loin la première pointe à contourner.

Contournement de la première pointe

Rien de compliqué au début, j’arrive un peu plus loin à devoir escalader une petite cheminée qui me fait continuer sur du terrain moins stable jusqu’à quelques blocs rocheux. Il faut mettre les mains à quelques endroits afin de contourner les blocs et arriver sous la première pointe.

À ce moment-là, il faut la contourner par la gauche, juste en face le pierrier noir du deuxième contournement apparait bien clairement.

Deuxième contournement

Traverser jusqu’à celui-ci et le remonter sans trop de difficultés.

Par la suite je vais devoir faire face à ce fameux passage qui auparavant était constitué d’un pierrier et qui à l’heure actuelle ne l’est plus. C’est l’un des passages les plus compliqués à surmonter d’après moi à cause de l’exposition et de la qualité du terrain, car en moins de 30 secondes il se désagrège sous les pieds sans laisser le temps de s’arrêter.

Je suis restée collée le plus possible contre la paroi et j’ai hésité longuement avant de réussir à franchir les derniers mètres car aucune prise n’était à ma hauteur, le gaz était juste en dessous et le sol se désintégrait de minute en minute.

J’ai réussi à passer en allant récupérer une prise située à la hauteur de mes pieds, me permettant ainsi de basculer le poids du corps de l’autre côté. Sueurs froides mais c’est passé.

Passage de la "virette"

Je me dirige vers la troisième pointe où je comprends qu’il s’agit du passage de la "virette" comme décrit dans le topo.
Celle-ci se situe à mi-hauteur de la pointe, il ne faut pas descendre trop bas sinon on risque de passer à côté, il faut également toujours rester bien au nord.

Une fois engagée, je devine assez facilement le chemin à suivre jusqu’à apercevoir le replat à l’extrémité.
Du replat, j’ai une vue de tout ce qu’il va falloir traverser par la suite…
Au fond j’aperçois enfin le sommet et son antenne juste à sa gauche.

C’est la lumière au bout du tunnel !

Le meilleur conseil que je puisse donner et qui s’applique principalement à partir de ce moment-là de l’ascension, c’est de faire au mieux en fonction des ressentis de chacun et d’aller au plus simple à chaque fois. Le niveau de difficulté ressenti diffère d’un individu à un autre, de ce fait, faire ce qui parait être le plus "facile" à l’instant t.

Passage des autres pointes

Pour ma part, je suis redescendue de quelques mètres pour continuer la traversée et suis remontée de plus belle par la suite.

Malheureusement pour moi, la descente n’a pas été de tout repos car quasiment toutes les prises étaient recouvertes de plusieurs centimètres de glace ou de neige.

Je suis descendue par un petit couloir , jusqu’à ce que je décide de bifurquer (car celui-ci continuait de descendre bien trop bas) en grimpant un petit passage exposé, ce qui m’a permis de rejoindre l’autre côté.

Je continue tant bien que mal à avancer dans un terrain toujours instable, où les prises sont à vérifier à chaque fois. je réussis à rejoindre le haut de l’arête, ce qui me permet d’y voir un peu plus clair.

Il faut toujours contourner par la droite, je suis redescendue puis remonter plusieurs fois car le terrain ne permet pas une avancée linéaire.

De nouveau sur un passage exposé, je me rapproche progressivement du sommet jusqu’à ce que, à ma grande surprise, je me retrouve stoppée par un gros névé qui bloque la traversée…

N’ayant pris ni crampons ni piolet, je tente de lui échapper en remontant la pente entre la parois et celui-ci…

Tentative peu confortable et évidente, je me suis servie de mes bâtons comme pseudo piolets mais la neige étant vraiment dure rien ne s’enfonçait. J’ai fini par réussir à traverser le névé, puis j’ai pu rejoindre la crête d’en face.

En direction de la vire "salvatrice" et du sommet

À cet instant je suis presque arrivée, quelques petits passages exposés où il faut mettre les mains en remontant, permettent d’atteindre une brèche où une sangle a été installée ; juste en face s’offre à moi le replat tant attendu qui précède l’ascension finale du sommet.

Le rejoindre avec prudence, là encore passage exposé, terrain pourri.
Du replat, je devine la sente à suivre qui amène à devoir escalader une petite brèche située juste en face.

Une fois celle-ci passée, il reste juste à monter les dernières dalles sous le sommet, j’ai fais un tout droit et ça y est après plusieurs heures de montée éreintante je parviens enfin au cairn sommitale du Pic Nord de la Font Sancte. Sacrée traversée ! Le panorama est largement apprécié . Je contemple tout le massif du Queyras, l’imposant Pic Sud, le massif du Chambeyron... vraiment magnifique !

Descente par le couloir de la Banane

Pour la descente je décide de tester le couloir de la Banane situé à un petit col entre le Pic Nord et le Pic Sud.

Bien se rapprocher du Pic Sud afin de ne pas le rater.

Je pensais que ça allait bien dérouler et que j’allais me retrouver en bas plus vite que prévu mais non…

À cause des forts glissements de terrain et sûrement aussi des faibles températures, je me retrouve à descendre sur de la terre très dure sans appuis de qualité.

Il faut aller chercher les quelques passages où il reste encore des éboulis pour pouvoir glisser sur quelques mètres mais ça reste fatigant et ça ne permet pas de descendre rapidement.

Vers le milieu du couloir certains passages s’y prêtent mieux, mais rien de fantastique pour autant. Sortie du virage, j’arrive face à quelques blocs rocheux qui sortent de terre, puis je me retrouve de nouveau dans un pierrier mais qui est de meilleur qualité comparé à ceux du début du couloir .

C’est long… la fin du pierrier se termine en blocs rocheux que je dois traverser jusqu’à réussir à rejoindre la forêt juste en face.

Retour dans la forêt

Dans la dernière partie des blocs rocheux j’aperçois un petit sentier qui semble descendre dans la forêt . Je l’emprunte jusqu’à ce que je comprenne qu’il conduisait directement dans un parc avec des vaches et leurs veaux.

Méfiance à ce moment là il ne faut pas trop les approcher et essayer de les contourner de loin

Ce petit sentier finit par se dissiper peu à peu , je continue ma descente dans un petit vallon où je récupère le sentier qui continue jusqu’aux clôtures électriques du parc.

Je le suis et il finit par me faire déboucher en dehors des bois où je vois apparaitre au loin la Barge.
Quelques mètres plus loin, j’ai été de nouveau confrontée à devoir passer une autre clôture électrique.

Le chemin se perd un peu, il faut rejoindre alors le cours d’eau qui descend et finalement je finis par le rattraper quelques mètres plus loin.
Je finis tranquillement la descente jusqu’à atterrir sur une petite placette située juste avant la Barge.

Quelle sortie ! Je m’en souviendrai, riche en émotions mais tellement prenante. Cependant très éprouvante physiquement et mentalement, il faut en avoir conscience avant de se lancer.