Sortie du 26 juillet 2024 par Vero. Le Chevalier (2886m) et Ventebrun (2872m) par le Lac Verdet

Où l'on verra de très nombreux bouquetins et où l'on verra aussi qu'avoir mal à une main, c'est gênant pour marcher

Itinéraire, carte // Fiche topo

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Conditions météo

Comme souvent l’après-midi, un petit troupeau éparpillé de nuages blancs moutonne dans les prairies bleues du ciel et devient vers le soir un troupeau de moutons noirs.

Récit de la sortie

On aura peut-être remarqué que je ne suis pas toujours une lève-tôt. Plus souvent que les levers de soleil sur les cimes, il m’est arrivé d’admirer les crépuscules.
Bref ce jour-là, battant les records, je démarre à 16 h, et vu l’heure je pense me contenter d’une courte sortie juste pour prendre le frais : la petite balade familiale au lac Verdet.

Vu sa facilité d’accès, le lieu est très fréquenté, mais tous les autres sont sur le chemin du retour et j’ai finalement le lac pour moi seule : les avantages de ne pas marcher aux mêmes heures que tout le monde.

Naturellement, une fois au lac Verdet, voilà, juste au-dessus de moi, le Pas de Touréis qui me tente irrésistiblement.

Arrivée au Pas de Touréis, je vois s’ouvrir devant moi le joli vallon de Touréis et les formes fantasmagoriques des rochers de la Tournouire.
À quelques centaines de mètres, ce cairn posé là-bas sur la bosse d’une barre rocheuse me permettrait d’avoir une vue plongeante vers la vallée du Bachelard.

Une fois au cairn, je reconnais aussi, en face, le vallon de Braissette où nous avions fait une balade familiale quand les enfants étaient petits. Mais nous n’étions pas montés jusqu’aux lacs de Braissette que d’ici, je vois miroiter au soleil. Parfait, voilà une idée pour les prochains jours.

Je suis sur le point de m’en retourner, quand mon regard posé sur le flancs du Chevalier se fixe sur ce sentier bien marqué qui monte en pente très douce et rectiligne jusqu’à un autre col qu’on voit, là bas.
Il y a quelques années, mon fils et moi étions montés sur le Chevalier, ensuite nous avions fait une boucle hors sentier par le lac des Terres pleines et le pas du lac.
Mais je ne le connais pas ce col, là-bas.
Voyons, c’est l’été, les journées sont longues et le soleil est encore haut dans le ciel.
Allons voir.

Au détour du sentier, la montagne me réserve une jolie surprise : une harde de bouquetins, pas très loin en contrebas. Il y en a qui se battent, et d’où je suis, j’entends s’entrechoquer les cornes. Longue pause pour les observer. À côté de moi, Archie n’en perd pas une miette. Museau pointé, oreilles dressées, il a des étoiles plein les yeux. Mais il est en laisse et ne bronche pas, il se contente, comme moi, d’admirer – ou dans son cas le terme serait plus approprié : de convoiter- en silence.

Nous repartons tous deux jusqu’au "Col 2758" d’où la vue plonge sur le verdoyant vallon de Julien, et aussi d’où le sentier continue vers un alignement de petits sommets, pas loin du tout.

C’est tellement proche que ce serait bête de s’en retourner maintenant.
Je monte donc tranquillement vers les petites pointes de grès d’où je peux apercevoir une croix posée au bord du vide sur la falaise qui surplombe Bayasse. Je ne vais quand même pas m’en retourner sans aller jusqu’à la croix ?

J’irai donc jusqu’à la croix, ce qui se fait très facilement hormis, en descendant de la dernière arête avant le replat de Ventebrun, un passage de quelques mètres que je qualifierais de « méchant petit escalier dans les plaques de schiste ».

Satisfaite d’avoir atteint la croix, je fais demi-tour, et me retrouve immédiatement devant mon méchant petit escalier.

Petite digression personnelle. Je suis en convalescence après une blessure à la main assez grave, et en attendant que la rééducation produise son effet en me restituant l’usage de ma main et la possibilité de travailler, je profite de mon temps libre entre les séances de kiné pour m’offrir le lot de consolation : randos montagne. Partant du principe qu’avoir mal à la main, ça n’empêche pas de marcher.
Voire !
Comme on va le voir.
(Et parenthèse : je fait mes exercices de rééducation tout en marchant. Donc si vous avez croisé une randonneuse qui avance en faisant des gestes bizarres et des signes incompréhensibles, non, je ne suis pas siphonnée, j’essaye de reprendre contact avec tous ces petits muscles, tendons et terminaisons nerveuses qui composent cette chose prodigieuse : une main).

Je me trouve donc devant le méchant petit escalier que je n’avais déjà pas trop aimé à la descente et qu’il me faut maintenant remonter. Le traître, il a des marches pentues faites de lamelles de schiste et des contremarches bien trop hautes. En temps normal ce serait pourtant très facile, il suffirait de mettre un peu les mains : agripper cette pierre ci, ou prendre appui sur celle là pour se hisser.

Mais voilà : la main valide tient la laisse d’Archie, et à cet étage de bouquetins et de marmottes, il est hors de question de le lâcher. L’autre main est actuellement incapable d’agripper quoi que ce soit ni même de prendre appui.

Et tout cela se trouve à 2850 mètres juste en surplomb de Bayasse qui n’est qu’à 1850. C’est probablement plus impressionnant que véritablement dangereux mais… Me voilà bien !
C’est donc en rampant sur les coudes et les genoux que je remonterai les 3 marches du méchant petit escalier.
D’où il ressort indubitablement qu’avoir mal à la main, c’est gênant pour marcher.

Cependant, toute réconfortée d’avoir surmonté l’anicroche, je reprends gaiement le chemin du retour où, passé le col 2758, le bouquetins de tout à l’heure sont toujours au même endroit et continuent de se battre. Pas encore fatigués ?
Au sommet du Chevalier, les silhouettes d’autres combattants se profilent sur le ciel.

Mais encore un peu plus loin, c’est toute une harde qui broute paisiblement en plein sur le sentier, et ne se dérange pas à mon approche.
Seul le plus cornu de tous me fixe du regard.

S’ensuit un échange muet qu’on pourrait transcrire ainsi

Lui :
J’étais tranquille j’étais peinard,
Je broutais sur le sentier,
Kestu viens faire à randonner
Accompagnée de ton clébard ?

Moi :
Mon bon monsieur, sachez que je fête ce week-end mes 60 balais
Et pour autant que je sache encore compter
je vous vois ici sur la pente une bonne trentaine :
si je multiplie par le nombre de cornes, le compte y est !
Que c’est sympa ! Que c’est chic et beau
d’être tous venus à ma rencontre pour me souhaiter mon anniversaire !
C’est le plus beau cadeau qu’on puisse me faire.

Satisfait de ce dialogue silencieux, l’autre ne me file pas une beigne, avec ses longues cornes, mais dit à sa bande : allez venez on se pousse, on laisse passer et on va prendre la pose pour la photo de groupe.
Dont photos.

Un peu plus loin voici de nouveau des bouquetins. Encore ! Ce ne sont plus des hardes, mais des hordes ! Pas gênés par notre passage, ils continuent à se battre comme si de rien n’était, et si les cornes ne suffisent pas, vlan ! à coups de sabots. Pendant que d’autres broutent, se grattent les oreilles ou se vautrent dans l’herbe, sans façons.

Un peu plus loin encore c’est un petit chamois gracieux qui déboule, nous observe quelques secondes, puis s’enfuit.
Nous revoici au Pas de Touréis. Les ombres s’allongent, les lacs luisent comme des yeux levés vers le ciel et la lumière du soir dore les flancs du Caire Brun.
Nous quittons le sentier principal pour rejoindre un petit lac sans nom où il fait bon se rafraîchir les pattes. Puis c’est le retour, dans la paix silencieuse du soir.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 26 juillet

Dernière modification : 31 juillet 2024

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Avis et commentaires

Merci François pour tes commentaires et tes encouragements.
Attention, si la reprise en main de mon clavier (pour le moment encore un peu pénible) doit être considéré comme un exercice salutaire que tu m’invites à pratiquer sans modération, je vais prochainement contribuer à te rendre encore plus "à la bourre"...

Bonsoir Vero,

C’est vrai, je suis à "la bourre" !
Mais je n’ai plus le temps de lire les nouveaux textes par anticipation, et lorsqu’ils ne sont pas encore parus officiellement Cela fait que je ne trouve donc tes paragraphes qu’aujourd’hui 05 août...

En tout cas, c’est avec un grand plaisir que je te lis ! Et je profite de tes talents de versification, d’humour, et de conteuse. Un plaisir, un régal !
CourtePatte et vermatoiz y ont réagi de suite.

Une remarque toutefois :
taper un texte aussi long au clavier devrait être une bonne rééducation de la main et des doigts. Non ???
Je ne peux alors que t’encourager à continuer cet exercice salutaire...

Et bon anniversaire, également !

Merci CourtePatte, merci Vermatoiz !

Ah.... et aussi, bon rétablissement !

Super texte ! J’adore !
Et belles photos aussi, excellents les bouquetins !
Et Archie est très beau....du coup, il est de quelle race, pas border colley ?
Et enfin, bon anniversaire, en retard, mais ça dure un an....Héhé !

Les années Renaud n’ont pas été perdues pour tout le monde 😊

Une belle sortie pour un bon anniversaire !

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