Sortie du 29 juin 2024 par gegers Lac de la Ratoune (2250m) et Lac Blanc (2260m) aux Sept Laux

De nouveau, les montagnes subissent l’assaut du sable du Sahara, et les épisodes de nuages sablonneux sont de plus en plus fréquents. Rien que depuis le début de l’année, combien de fois l’éclat du soleil a-t-il été tamisé par ces grains en suspension soulevés 3000 kilomètres au sud ? Cinq, six ? Faut-il s’y habituer ? Si l’on en croit les scientifiques, qui les températures de plus en plus élevées dans les régions méditerranéennes et la sécheresse persistante au Maghreb, couplés à des changements dans la circulation atmosphérique, vont rendre ces épisodes plus fréquents encore, voire habituels.

S’y habituer, justement, est difficile. Alors que le beau temps est annoncé jusqu’à midi en cette chaude journée de début d’été, j’opte pour un départ matinal de Fond de France, pour tirer meilleur parti de la fenêtre météo. Il est 6 heures, et le ciel est d’un blanc laiteux qui affadit les couleurs et uniformise les formes. La montée sous le couvert végétal reste agréable, et la vue des premiers rhododendrons en fleur apporte un peu de vie dans cet ensemble désespérément terne.

Au Lac Noir, un vent fort marque les prémices d’un changement de temps prévu pour le milieu de journée. Dans cet environnement post-apocalyptique, à la vue des horribles installations hydro-électriques et de ces vastes étendues d’eau à moitié vide (voir au 2/3 pour le Lac Carré), je me demande même si j’ai fait le bon choix en venant dans ce secteur. Je pèse mes options, hésitant un temps de me diriger vers le Lac de l’ïle et la crête de Mouchillon, mais mes pas me guident presque naturellement à l’écart du sentier vers le minéral Lac de la Ratoune, havre de paix entouré par un vaste pierrier dont les blocs stables sont le terrain de chasse d’innombrables araignées dont les toiles vaillamment tissées sont ballotées par le vent se renforçant.

Je poursuis jusqu’au Lac Blanc, et traverse son large déversoir en tentant vainement de garder le pied sec. Et puis, en quelques minutes à peine, le vent devient tempétueux, rendant presque difficile la progression. Je redescends donc sur le plateau et me dirige prestement vers le Lac Noir pour attaquer la descente. Une sortie en demi-teinte, où s’entremêlent la joie d’avoir passé du temps en montagne et la déception de marcher dans un environnement si peu photogénique. Allez, sachons savourer ce que le temps nous offre ? Pas si facile...