Sortie du 16 juin 2024 par michel Lac de Rif Bruyant - Tour du Château des Lacs

Nota : toutes les citations ou références sont détaillées en fin de page (voir crédits).

Il me tarde de partir à la rencontre d’un air plus respirable.
J’arrive à Lavaldens en début de soirée, m’installe sur l’aire de pique-nique où des tables sont mises à disposition. Au fil du temps, c’est devenu une sorte de rituel : je sors mes affaires, vérifie mon sac, allume mon réchaud, me concocte un repas express. De ma salle à manger "plein air", j’observe la magnifique arête sommitale du Grand Armet... Lui et moi profitons d’une isolante solitude.

Le départ : un parking, un hameau, une stèle.
Je m’attarde un instant pour décrypter le récit gravé sur le marbre gris de la stèle. Il s’agit d’un texte à la mémoire des résistants qui se sont dressés contre la tyrannie. Quelques lettres se sont estompées, érosion de la pierre et des mémoires.
« Transmettre la mémoire de l’histoire, c’est apprendre à se forger un esprit critique et une conscience »

La marche : voilà une activité qui nous ramène à l’essentiel !
« L’exercice permet de réenchanter le monde qui nous entoure ». Ça ne sera pas du luxe !
Repus que nous sommes de la civilisation, comment échapper à la nostalgie d’un brin de sauvagerie ? S’évader, prendre de la hauteur, ne pas laisser les murs grandir autour de nous.

Sorte d’antithèse à la randonnée subordonnée au GPS, je pars sans but précis, au gré du relief. Je fouille le secteur pour y déceler d’éventuels parcours hors des sentiers battus. Ma fantaisie me poussera même à suivre un torrent à rebours.
Il faut rêver, se dire qu’il existe encore des replis secrets, des endroits épargnés par les activités humaines, des lucarnes ouvertes sur l’inconnu...

Retour "voie normale" :
Le grondement sourd du Rif Bruyant accompagne mes pas. J’observe les blocs rocheux tapissés de lichen, la profusion des fougères, les troncs d’arbres asymétriquement recouverts de mousse… Ne pas perdre le nord !
L’eau vive du torrent rabote la roche, dévale le vallon en y creusant un cours sans berge. Pan manifeste sa divine puissance !

Après avoir franchi plusieurs torrents fougueux, on atteint le petit refuge du Rif Bruyant. Pour gagner le lac, deux possibilités s’offrent à nous : celle de gauche emprunte un magnifique sentier en balcon. Après avoir brièvement quitté la proximité du torrent, il s’évertue à le suivre au plus près. On profitera plus longtemps du couvert végétal de la forêt domaniale du Coiro.

À droite, l’autre parcours s’étire au sud-est, puis décrit de longues séquences en lacets.
Craignant la surfréquentation, j’évite les randonnées à destination des lacs de montagne. Cependant, la virulence des torrents et la présence de névés tardifs me garantissent une quiétude toute printanière.

Sorte de strapontin géologique dominant le vallon de quelques toises, du collet s’ouvre une belle perspective, sur le Château et son lac blotti à sa base, mais aussi sur les cimes enneigées.
Avec en toile de fond ce magnifique décor alpestre, et après avoir exploré les environs immédiats du lac, une sieste alpine s’impose !