Sortie du 14 avril 2024 par Peyuko Tête de Frusta (2926m) par les Trois Hommes

Après ma sortie de la veille, j’ai bien compris une chose : raquettes et crampons peuvent se reposer, je n’ai pas d’autre choix que de fuir la neige alors que j’étais venu ici pour elle. Il me faut donc trouver un itinéraire au sec.

En observant les sommets autour de Barcelonnette, la crête des Trois Hommes semble en grande partie accessible. Je ne vois ni la base ni distinctement le final mais il n’y a qu’en allant sur place que je pourrai être fixé. Quant à la Frusta, avec les conditions qui règnent, d’emblée je n’y compte guère.

La piste qui mène à Bonnet Vert n’est pas dans sa meilleure forme, à moins que ça ne soit ma fidèle monture ou bien moi-même, toujours est-il que je préfère m’arrêter à hauteur de la croix à 1659m. Il n’est pas encore 7h lorsque je me mets en route et que les Séolanes flamboient.

Vers 2100m, je quitte le sentier encombré de la même neige mollasse foulée la veille et rejoins le Chemin Horizontal par une raide montée à travers bois.

D’en bas, j’avais vu un pan de la montagne bien dépourvu de neige, côté ouest et je m’oriente donc vers le point 2314. Bien m’en prend car je tombe sur un petit groupe de mouflons qui m’indique presque la voie à prendre. C’est raide, le terrain est pourri mais la vue sur Chalanche à gauche est une grande motivation.

Arrivé à 2700 m, je visualise enfin le sommet. Celui-ci semble bien à portée de semelles et quelques ressauts rocheux donnent une touche esthétique à cette âpre crête.

Une fois le but atteint, l’horizon change radicalement. La pyramide rocailleuse du Grand Bérard surgit d’un coup, magnifiée par l’immensité immaculée qui l’entoure. Et de tous côtés, des pics, de pointes, des têtes, des monts, des vagues blanches dans un ciel d’azur.

La Frusta est proche mais elle me restera interdite. Arête, corniches et neige à consistance de sable ne font pas bon ménage. D’ailleurs, en revenant à hauteur du Chemin Horizontal, j’entendrai une avalanche dévaler les pentes de la Frusta. Et puis, ce n’est que partie remise, d’autant qu’il me reste aussi la Chalanche à visiter.

Je repars de l’Ubaye sans avoir arpenté vallons ou crête enneigés comme je l’avais imaginé mais impossible de regretter les magnifiques journées que je viens de passer.