Sortie du 16 juin 2023 par Forêts-myrtilles-et-caillasse Chamousset (2089m) - Grand Chamousset (1930m)
Une nuit au Chamousset, après on verra.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau temps voilé, beaucoup de vent en soirée.
Récit de la sortie
Plus de deux jours de beau temps consécutifs ! Calés sur un week-end qui plus est ! De mémoire d’homme, on n’avait pas vu ça depuis de nombreuses semaines. Ni une, ni deux, je boucle mon sac pour un tour sur trois jours, avec pour premier objectif le coucher de soleil au sommet du Chamousset.
Arrivé peu après 10h à la gare de Lus-la-Croix-Haute, je n’ai même pas besoin de faire de stop, la sympathique gérante du camping de Champ la Chèvre me voyant consulter mon itinéraire s’arrête et me propose de faire la navette jusqu’au village. Un petit passage à l’office de tourisme pour m’informer sur la position des troupeaux et me voilà de nouveau sur la route, direction la bergerie du Roc de Rimat. Je lève le pouce au cas où et quelques instants plus tard me voilà dans un joli coupé à deviser sur la beauté des lieux avec un gars qui a sa résidence secondaire dans les parages et qui me propose de m’emmener jusqu’aux Chabottes, parce que "c’est interminable à pied quand même".
Toutes ces gentillesses, ça fait chaud au cœur et c’est guilleret que je m’engage sur la piste forestière, vers le Roc de Rimat, que j’atteins assez rapidement. dans une forêt rendue exubérante par la météo de ces dernières semaines, Première pause, et je fais le plein d’eau à la source en vue du bivouac là haut. Il n’y a pas un chat, les herbes et les clôtures attendent sagement l’arrivée des moutons.
Pas de balisage, pas vraiment de traces évidentes, une belle forêt en pente, c’est la gourance assurée. J’essaie de longer la clôture par la droite pour rester à peu près dans les clous des traits rouges sur la carte et puis à un moment donné, je me dis que ça fait un bout de temps que je marche et le Petit Chamousset devrait être en vue. Je jette un œil au GPS et effectivement je suis monté bien trop haut ! La technologie me remet dans le droit chemin vers le Petit puis le Grand Chamousset où le panorama majestueux sur les aiguilles de la Jarjatte se révèle.
Il est encore assez tôt lorsque j’arrive au sommet et c’est avec joie que je découvre que c’est un beau plat verdoyant qui m’accueille, un lieu franchement idyllique pour une nuit à la belle étoile. Je teste directement la literie et m’étend pour une petite sieste méritée au soleil qui a perdu son ardeur de la mi-journée, le dos bien calé avec une vue imprenable sur l’impressionnant cirque rocheux et l’enfilade des falaises vertigineuses jusqu’à l’Obiou. Quelle vue quand même !
Toutes ces rêveries me plongent dans un semi-état bien agréable, le bonheur d’être là-haut, le nez taquiné par l’odeur de la prairie et des cailloux inondés de soleil, la peau caressée par le vent tiède qui remonte les pentes. La paix est totale, le temps s’étire en même temps que l’ombre des herbes et des falaises. En plus le chocolat aux éclats de caramel n’est pas du tout mauvais et je dois faire preuve de discipline pour en garder pour les jours suivants.
C’est un peu ankylosé que je finis par me remettre en station verticale pour aller me balader un peu sur les crêtes alors que le soleil entame son dernier quart dans le ciel. Bien au ras du sol, je ne m’étais pas aperçu que le vent avait sensiblement forci, et par moment je suis obligé de maintenir ma casquette pour qu’elle ne s’envole pas. Un peu plus loin c’est encore pire. Le coupe-vent claque comme un drapeau en bout de jetée, la casquette a rejoint la poche et je suis parfois obligé de faire une pause pour laisser passer une rafale. C’est vivifiant et onirique à la fois, seul sur cette crête magnifique secouée par le vent et le soleil.
Je déambule encore un peu et d’un coup sans crier gare, j’ai faim. Je songe au hachis parmentier qui m’attend ainsi qu’au saucisson et au fromage et moussaillon d’un soir du navire Chamousset, je remonte jusqu’à sa proue pour me préparer mon repas. On se passera de l’image romantico-naturaliste du gars touillant paisiblement sa popotte qui fume dans l’air apaisé du soir. Là, c’est un peu la lutte et je dois descendre un peu dans le versant sud pour ne pas avoir trop d’air pour caler mon réchaud sur une marche de terre dans la pente.
Vingt minutes plus tard, j’ai la peau du ventre tendue comme il faut. Quelques vautours s’attardent encore dans le ciel filant entre les deux Garnesier pour rejoindre l’Abéou. Le ciel est un peu voilé, et les falaises se colorent d’un bel orange tamisé. La douceur des couleurs contraste vivement avec le vent qui n’en finit plus de souffler. C’est simple, ça souffle tellement fort qu’il est difficile de tenir debout au niveau du petit col en contrebas du sommet. Je suis plutôt content de ne pas avoir pris de tente et de m’être contenté du sur-sac et d’éviter ainsi l’exercice périlleux de la monter sans que rien ne s’envole... Il est vingt heures et je n’ai plus rien d’autre à faire que de me laisser aller à la contemplation du paysage : parfait !
Lendemain matin, 5h30, tout est calme, pas un brin de rosée, le ciel est sans nuage et l’air doux comme une caresse. J’ai rien de prévu de particulier aujourd’hui et l’herbe est toujours aussi tendre. Quelques mouvements pour réveiller le corps, quelques gorgées d’eau fraîche et je prends mon temps pour imaginer ma journée. Option 1, poursuivre la crête jusqu’au pas de l’âne, trouver la faiblesse dans la barre rocheuse et remonter les raides pentes sud jusqu’au sommet de la Tête de Garnesier. Option 2, redescendre dans le vallon et plonger dans l’ivresse florale et accessoirement refaire le plein d’eau car là je suis à sec, après on verra.
Option 2. Quel bon choix, même si je sais que j’aurais dit la même chose avec l’option 1 ! Les pentes sont un immense jardin floral, où virevoltent papillons et abeilles, inondé de couleur et de parfum. Quel bonheur !! Je m’arrête toutes les trente secondes, ce serait dommage de se presser ! Je finis par retrouver de l’eau qui coule vers 1500m et je fais le plein. Me voilà bientôt à la croisée des chemins où il va bien falloir décider dans quelle direction aller. Je me souviens qu’il y a un beau mélézin en allant vers le col de Plate Contier. Il doit être magnifique en ce début d’été avec peut-être des trolles illuminant le sous-bois. Allons-y voir.
Photos
Auteur : Forêts-myrtilles-et-caillasse
Avis et commentaires
Merci pour vos commentaires 🙂
Beau récit et belles photos.... Je vais vite voir la suite !
Superbe et tellement bien raconté ! Merci
Bonjour Forêts-myrtilles-et-caillasse,
En voilà une flânerie qu’elle est belle !
Cet exercice d’une nuit sous la Grande Voûte, juste dans son sac, est sûrement splendide. Je ne l’ai jamais pratiqué, car la tente était toujours là.
Merci de nous faire rêver nonchalamment...
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