Sortie du 9 avril 2023 par Mika et Sylvain Col de la Grande Sagne (3402m), traversée

Certaines courses se démarquent des autres par leur beauté et leur amplitude, le couloir Sud de la Grande Sagne fait parti de celles-ci ! Presque mille mètres d'une ligne directe et majestueuse, permettant de franchir la muraille entre le Glacier Noir et le Glacier Blanc. Un parcours soutenu et engagé, qui demandera un peu d'abnégation afin d'ignorer le froid et la fatigue, mais la satisfaction de franchir ce minuscule col après une ascension dantesque fera oublier tous les efforts pour l'atteindre !

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

Pour découvrir la carte, l'itinéraire et les infos détaillées, veuillez consulter le topo de référence

Conditions météo

Froid le matin et grand ciel bleu dans la journée.

Neige bien transformée et portante dans le couloir, hormis dans la zone centrale au niveau du glacier de la Grande Sagne qui est un véritable champ de boules usant à traverser. Les 300 derniers mètres soutenus sont en neige dure. La corniche sommitale est un peu délicate. Poudre en versant nord, les deux rimayes sont bouchées.

Course réalisée avec Mika.

Récit de la sortie

Voila presque deux ans que cet itinéraire me faisait rêver, depuis que j’en ai découvert l’existence totalement par hasard grâce au topo de Paul.

Une ligne directe de presque mille mètres aux difficultés modérées mais très soutenues, en plein cœur des Écrins, difficile de trouver mieux !

Envisagé déjà l’année dernière mais un peu trop tard en saison, ce n’était que partie remise. Étant orienté Sud, il n’est pas évident que ce couloir soit encore en condition lors de l’ouverture de la route du Pré de Madame Carle.

Début avril la route est dégagée jusqu’au parking de printemps, la météo s’annonce excellente pour le week-end de Pâques et Mika est motivé. C’est l’occasion ou jamais !

Nous arrivons la veille à onze heure du soir, le réveil est prévu à trois heures pour un départ trente minutes plus tard. Les difficultés à nous préparer dans le froid mordant de la nuit nous feront partir à quatre heures...

Après avoir remonté la moraine du Glacier Noir, nous arrivons au pied du couloir peu avant le lever du jour. Nous choisissons de l’attaquer par la belle croupe située en rive gauche, celle-ci est un peu plus raide que l’itinéraire normale mais également plus panoramique !

Peu après, les premiers rayons de soleil viennent illuminer la Barre et le Coolidge, véritable spectacle de la nature faisant oublier le manque de sommeil.

Grâce à un excellent regel, nous progressons bien et arrivons assez rapidement au niveau du glacier de la Grande Sagne. Celui-ci est recouvert de boules et d’escargots complètement gelés ralentissant nettement notre progression. Traverser ce véritable champs de bataille nous demande beaucoup d’énergie.

La rimaye est ouverte mais se franchit aisément en rive droite, au dessus la neige est exécrable sur un peu moins d’une centaine de mètres et le soleil commence à effleurer le haut du couloir. Nous craignons de payer la demie heure de perdu au réveil...

Une fois sortie de cette zone les conditions redeviennent excellentes, une chance car c’est à partir d’ici que le couloir se redresse sérieusement et que la difficulté augmente.

La neige est dure et les ancrages bétons, dorénavant nous progressons presque uniquement en pointes avant. Au fur et à mesure de notre ascension l’ambiance devient vertigineuse, nous évoluons sur un gigantesque toboggan dominant le Glacier Noir de près d’un kilomètre !

La pente est très soutenue et ne laisse pas le moindre moment de répit, impossible de relâcher l’attention ne serait-ce qu’un instant, celle-ci nous semble interminable... Nous avons l’impression de faire du sur place, les mollets brûlent, et même si la fatigue nous assomme il faut continuer à avancer.

Une corniche un peu délicate à la sortie vient augmenter la difficulté en faisant fleurter la déclivité avec les 50°. Un dernier effort dans une neige semblable à du sucre en poudre et nous pouvons enfin relâcher notre attention après plusieurs heures d’effort. Le col de la Grande Sagne sonne comme une délivrance. Neuf cents mètres d’une ligne directe et terriblement esthétique pour y parvenir, une merveille, une course d’anthologie, et malgré l’extrême fatigue notre joie d’avoir réalisé une telle course est immense !

Au col le vent rend la température glaciale, impossible de trop s’y attarder. Nous sortons la corde et plongeons en versant Nord. La descente est facilitée par une bonne vingtaine de centimètres de fraiche, et de plus les deux rimayes sont bouchées.

Aucune trace sur le Glacier Blanc ne vient en perturber cette immense étendue immaculée, drôle de sensation que d’avoir l’impression d’évoluer sur un lac de neige. Avec un peu d’imagination on se croirait presque sur le Snow Lake au Pakistan. Après l’avoir traversé jusqu’en rive gauche, nous rejoignons la trace ainsi que les nombreux skieurs descendant du Dôme et de la Roche Faurio, ce sont les premières personnes que nous voyons depuis notre départ à quatre heure du matin.

Le retour jusqu’au Pré de Madame Carle dans une neige maintenant ramollit est très long, nous arrivons au parking à dix huit heures, soit quatorze heures après notre départ.

Quelle incroyable journée en montagne, merci Paul !

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 9 avril 2023

Dernière modification : 25 novembre 2023

Auteurs : ,

Avis et commentaires

Bonjour Roycla, Patrick et Paul, merci à vous pour ces retours enthousiastes !

@Paul : je n’avais pas reconnu Barney Vaucher... Et pourtant son livre sur le Verdon est dans ma bibliothèque. !
J’ai déjà vécu également ce genre de mésaventure en descendant un couloir en marche arrière... Comme toi, depuis ma vigilance sur les fixations tourne à l’obsession... 😅

A+

Bien joué 👍, grande ambiance, grande ampleur. Et une sortie du couloir somptueuse. Vous faites rêver les gars😁👏. Patrick

Roycla

Une course magnifique et vertigineuse, que nous partageons avec régal. de belles photos pour accompagner le récit.

@ Sylvain
Sur la vidéo on voit Barney Vaucher. Perso j’avais un piolet rando et un piolet technique des années 80, pas si mal.
Mais le plus chaud a été de perdre un crampon 150m sous le col. j’ai pu le rechausser en me vachant sur le piolet "technique". Je peux te dire que j’ai calculé mes mouvements pour le refixer.. lol
Depuis, je vérifie toujours mes fixations avant d’attaquer une difficulté...

@David : merci beaucoup également pour ton retour sur les photos !
Même si l’engagement est réel, la difficulté reste tout de même assez modéré, le plus dur étant de ne pas flancher... Et le décor du Glacier Noir, c’est comme le Mt Blanc, impossible de s’en lasser ! A+

@Nadine : Merci beaucoup ! Bien content d’avoir réussi avec Mika à retransmettre la formidable ambiance de ce parcours ! A+

Bonjour à tous !

@Paul : merci beaucoup pour ton retour ! Début avril offre la quasi certitude de trouver de bonnes conditions d’en bas jusqu’en haut, l’année dernière à la mi mai c’était déjà trop tard... Effectivement j’ai vu dans ta vidéo que vous aviez des piolets droits, sans être indispensable, un manche courbé permet d’éviter de se fusiller les doigts entre lui et la neige, sur une aussi grande distance cela doit être usant...
Même si j’aime bp ce genre d’ambiance, je vais également attendre un peu avant de repartir sur une telle course, c’est vraiment très dur physiquement... Également bravo à vous pour avoir réalisé ce couloir 13 ans en arrière ! Et merci !!!
A+

@Rabah : merci beaucoup ! Nous n’avons pas envisagé à un seul instant de sortir le sommet, et même si cela avait été le cas, nous en aurions été incapable tellement nous sommes arrivés cramés au col 😅...

Quelle ambiance ! Et des photos impressionnantes ! Bravo....

Bravo pour cette ascension sublime, quel décor ! et belles photos qui donnent une idée de la pente et de l’engagement nécessaire pour la gravir.

Chapeau les gars ! Avaler 900m D+ sur ce type de courses ce n’est pas donné à tout le monde !!
Et le sommet alors... lol
On l’a gravi par le Glacier Blanc, il y a une vingtaine d’années, le rocher n’est pas terrible !
Bravo à vous deux !!😉
A+

Et bravo à vous deux !
Cet itinéraire début avril c’est pas banal, je l’avais parcouru en juin 2010 avec deux piolets d’un autre âge comparé à votre matériel. C’était déjà une autre époque.
Je ne crois pas que je retournerai dans ce genre d’ambiance.
Merci pour les photos, je suis heureux de vous avoir lu.
La bise.

Chargement en cours Chargement en cours...

Autres sorties

Retrouvez les récits et photos de randonneurs ayant déjà parcouru cet itinéraire.

Aucune autre sortie pour le moment. Et si vous en ajoutiez une ?

Ces randos pourraient vous intéresser :

Dôme de Neige des Écrins (4015m)

Barre des Écrins (4102m)

Tour de la Barre des Écrins - Col de La Temple (3321m) - Col (…)