Sortie du 25 juin 2022 par CourtePatte Tour de la Grande Lance (2842m) et du Grand Charnier d’Allemont (2777m), par les cols de la Portette et du Grand Charnier

Aventure et découverte dans les replis sauvages de Belledonne.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Beau le matin, se couvrant dans l’après-midi, ciel mixte en fin de journée.

Récit de la sortie

J’avais en tête une autre destination lorsqu’à la dernière minute je suis tombée sur ce topo pour lequel j’ai craqué.
Dans la précipitation, je n’ai peut-être pas accordé à des détails comme "caillasse" ou "passage exposé" l’attention qu’ils méritaient... Bah. Aucun regret !

Juin est décidément un mois glorieux pour les floraisons de montagne. Même si cette année les conditions météo ont hâté la floraison des asphodèles qui sont déjà bourrelées de graines, les rhododendrons répandent leurs nappes roses au flanc des pierriers, et les lis orangés et martagon ponctuent les herbages. Profitons-en, car dès le vallon des Sagnes, le ton est donné. Même si l’univers de cette balade ne sera jamais entièrement minéral, la roche va y devenir le matériau dominant.

Pas toujours sous ses aspects les plus agréables. Le col sans nom qui ferme le vallon des Sagnes est habillé d’un pierrier croulant ; puis c’est le petit contournement exposé et son rocher pourri. Il faut dire que je m’y suis bêtement appliquée à rester à niveau ; à refaire j’essaierai de passer un peu plus haut. En récompense il y a la vue sur les vastes plis de la combe des Chalanches.

Le Col de la Portette est bien plus agréable d’accès. L’on s’y retrouve enserré entre les murailles verticales dans une ambiance très dramatique. Pendant que j’essaie d’en trouver un cadrage satisfaisant avec mon APN, je suis surprise par une sorte de ronflement étrange qui vient des airs. Je lève les yeux et merveille, un rapace me survole de si près que pour une fois, sur fond de nuages sombres, je distingue parfaitement les détails de sa livrée. Vite ! mise au point ! Seulement l’appareil ne passe évidemment pas si vite que ça du grand angle au zoom, et le temps de pointer ce hiératique gypaète dans le viseur, contre-jour, distance ; voilà comment on rate une photo à faire la une de Terre Sauvage.
D’ailleurs cet animal est doté d’un sens de l’humour sardonique. Il reviendra me survoler en choisissant tout exprès un moment où il m’était absolument impossible de porter les mains à l’appareil photo.

Je n’aurai pas plus de chance avec les mouflons d’ailleurs. Pour en voir, j’en vois, et je suis enchantée car je n’en avais jamais croisé dans Belledonne ; mais faut-il qu’ils soient l’objet d’une chasse assidue par les amis du Marquis de la Grande Vaudaine, pour détaler dès qu’ils perçoivent ma présence à cinquante mètres ou davantage ! ils sont moins farouches à la Grande Sure.

Avançons. Pentes est de la Grande Lauzière, flancs de la Grande Vaudaine, autant de replis de Belledonne qui m’étaient inconnus et qui prennent aujourd’hui un visage.

C’est en montant à la crête qui va me mener au "Vrai Col" de Charnier que je découvre un endroit, à l’aplomb du sommet 2659, qui est pour moi un petit enchantement. Des roches roussâtres et feuilletées y ménagent parfois d’étonnantes minuscules pelouses qui sont un véritable appel au bivouac ; et en s’approchant du bord de la crête, un petit couloir offre une vue secrète sur le lac de Belledonne.

Je ne sais pas si j’ai pris la crête plus haut que ne le prévoyait le topo. À l’endroit où je la longe, je découvre l’existence d’une profonde fissure qui lui est parallèle depuis le sommet 2659 jusqu’à l’approche du col. Je n’avais jamais vu un tel phénomène - qui laisse rêveur sur la pérennité de la crête. À l’œil nu, impossible d’évaluer la profondeur de la béance ; un caillou y tombe avec des échos sinistres comme dans un puits.
En arrivant au col, je suis obligée de faire une petite désescalade un peu angoissante, autre raison pour laquelle je me demande si j’étais trop haut.

Puis je me penche sur ce fameux couloir de descente. C’est un toboggan à ongulés, raide et terreux, qui me paraît parfaitement rebutant. Si je n’avais pas eu le choix, il aurait bien fallu que je m’y mette ; mais voilà, il est tout à fait possible de descendre à gauche de ce couloir, où le terrain est plus stable et la roche offre une sorte de main courante. Il m’en coûtera quelques mètres de pierrier de plus que par le toboggan, mais du pierrier je vais en manger sur plus de 400m, alors...

Au lac de Belledonne je me retourne, et je suis un peu effarée par la vision de ce que je viens de descendre. Mais mes genoux me confirment qu’on a bien fait tout ça...

Le lac, encore drapé dans ses guenilles de névé, est plongé dans l’ombre ; les campeurs du soir sont en train de s’installer. Je m’accorde quelques minutes pour apprécier le grand théâtre du Pic de Belledonne au-dessus des eaux, puis il me faut me dépêcher pour ne pas faire le gros de la descente à la frontale. Ce sera l’occasion d’apprécier encore plus le sens de ce topo, car les sentiers du Lac de Belledonne sont délicieusement confortables et efficaces.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 25 juin 2022

Dernière modification : 26 juin 2022

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Avis et commentaires

Toujours très agréable de lire tes récits, ton écriture est maitrisée, c’est un bonheur. J’espère que tu as fait d’autres sorties cet été et que tu les partageras ici !

Bonjour François,

Tu as très bien fait de récupérer cette photo. J’ignorais si tu remarquerais ce clin d’oeil et tu me vois ravie que ça t’ait fait plaisir. Bravo, au passage, pour tes efforts de "réhabilitation" du sentier grignoté par la forêt et la montagne !

Bonsoir CourtePatte,

Je viens de voir - d’admirer - ta photo "spécialement cadrée pour faire la part belle au Gros Cornillon", insérée dans ta sortie.
Cette photo est magnifique ! Elle est parfaite, et elle me réjouit.
Depuis l’automne dernier que je prépare, que je rumine, ces sorties au Cornillon, je sais que c’est depuis le versant d’en face qu’il me fallait aller faire une photo, afin de bien mettre en valeur cet éperon. Et puis aussi pour en avoir une vue d’ensemble complète.

Mais comme je ne vais que peu souvent en montagne, je suis avare de mes destinations, et j’ai donc consacré chacune de ces sorties au Gros Cornillon, car je ne pouvais pas disperser mes forces ni mes journées de balade. Donc je n’étais pas encore allé côté Belledonne...

Et voilà que cette nécessité m’est supprimée, que cet effort m’est soulagé, par toi, qui as fait ce beau cliché, au cours de ta sortie sous la Grande Lance d’Allemont. Quel bonheur ! Quel plaisir ! Merci plein de fois ! Je suis très touché de l’attention que tu as eue.

Du coup, et sans t’en demander la permission - excuse m’en - j’ai de suite fait un nouveau tracé de l’itinéraire du Gros Cornillon sur la photo "spécialement cadrée". Ainsi le topo en est complété, amélioré, peaufiné...
altituderando.com/?page=al...

Merci !

@Vermatoiz : pour le mouflon, disons qu’on voit au moins que ce n’est pas une marmotte 😄

@Forêts-myrtilles-et-caillasse : merci pour le topo...Sans cela, aucun doute que je ne me serais jamais lancée dans cet itinéraire !

Belles photos, les mouflons pas si ratés que ça !

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