Sortie du 8 mai 2021 par michel Tête Dure (2629m) par le versant sud-est

3 mai « la libération »
C’est avec une impatience non dissimulée que j’attendais la date fatidique.
Partir en montagne revient à prendre ses jambes à son cou pour échapper à la prison des habitudes.
Pas de chance ! Début mai, même le soleil est en crise !

7 mai « La poudre aux yeux de l’hiver »
La veille au bivouac, je scrute les reliefs environnants. Si l’adret semble dépourvu de neige, les plus hautes cimes du massif profitent encore du glaçage.

8 mai
Profitant d’une courte fenêtre météo, je retrouve (enfin) mes lieux de culte.
« Dans mon église, il n’y a pas de voûte entre moi et le ciel, » Jules Renard
Les montagnes sont mes cathédrales, leur beauté est leur dogme. je marche, je (re)vis, je respire, je m’enivre ; il paraît que ce n’était pas vital… Mais alors, qui a dit que marcher conduit à l’essentiel ?

Partir tôt, c’est aussi la promesse d’un rendez-vous éphémère :
La clarté qui précède le lever du soleil, les montagnes qui s’embrasent, le rougeoiement des sommets.

Tête Dure
Je découvre une tête débonnaire, voire rondouillarde... Pas si dure !
On pourrait dire que les poètes de la toponymie ne furent pas très inspirés.

Je suis presque gêné d’avoir gravi ce sommet aussi facilement. Lorsqu’on découvre le panorama, les efforts consentis pour l’atteindre semblent bien dérisoires.

Un panneau mémoriel évoque les luttes frontalières de 1940, et le hasard a voulu que le jour de mon ascension coïncide avec la fin de la guerre en Europe (1945).

Cette animosité entre les pays semble aujourd’hui faire partie d’un triste passé.
Au nom du terrible principe de nation, l’horreur et la fatalité se sont données carrière dans tous les siècles.
Comme l’écrivait Sylvain Tesson, il aurait fallu inventer autre chose que les drapeaux pour faire claquer la fierté des pays !

Le retour
À la différence du topo, je fais une boucle en passant par la ligne de crête issue du sommet, plein sud, en direction du relais.