Sortie du 8 octobre 2020 par jean331 Esterel - Pic du Cap Roux (453m) et Rocher Saint Barthélemy (203m)
Journée d'automne limpide sur la Côte d'Azur, quelques jours seulement après le passage dévastateur de la tempête Alex. Le Pic du Cap Roux, atteint ici par une boucle différente du topo de référence, est un magnifique point de vue sur le Var et les Alpes Maritimes.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Temps magnifique, ciel clair, température estivale.
Récit de la sortie
Je suis de passage quelques jours à Nice. En planifiant cette visite à ma famille, j’imaginais en profiter pour faire une petite excursion dans le Mercantour mais entre temps, un cataclysme nommé Alex s’est abattu sur les vallées de la Tinée, de la Vésubie et de la Roya.
Le secteur est bouclé par les secours aux populations, tandis que les images apocalyptiques des maisons qui s’effondrent comme des châteaux de carte tournent en boucle sur les chaines d’info. Sur la Baie des Anges, des troncs d’arbres décharnés flottent au gré des vagues et s’échouent sur les plages de la Promenade des Anglais.
Dans les flots, on a retrouvé des cadavres. D’hommes et d’animaux.
Des coins entiers du 06 ne sont accessibles que par voie aérienne, situation inimaginable, presque surréaliste.
En ville, l’ambiance est étrange, ouatée. Les badauds semblent groggys et les discussions presque en sourdine, tournent en boucle sur les inondations. Il existe un lien très fort entre Nice et son haut pays. Beaucoup ont là-haut un membre de la famille, un proche, une maison secondaire ou un bout de terrain. Tout le monde ou presque a des souvenirs, ses habitudes dans ces montagnes. Randonnées, pique-niques ou simples moments entre amis… Les routes ont été emportées par la tempête.
Il faudra attendre longtemps pour retrouver les joies d’une journée au Boréon ou à la Madone de Fenestre.
Un arrêté préfectoral interdit les randonnées dans le 06, toutes les forces de secours étant focalisées sur le désastre du haut pays niçois. Pour la sortie dans le Mercantour, il faut oublier. De toutes les façons, le cœur, plutôt gros, n’y est plus.
Dans ce climat lourd comme un cheval mort, je décide néanmoins de ne pas renoncer à aller faire une balade.
C’est décidé, je ferai un petit tour dans l’Estérel, côté varois. Histoire de penser à autre chose, et parce que la marche est le meilleur anti-déprime que je connaisse.
Parce que ma région natale est une splendeur et qu’aucun désastre ne pourra détruire sa beauté singulière, ses contrastes, son azur incandescent.
Le coin est splendide et Météo France promet une fort belle journée. Ce ne sera pas les merveilles du Mercantour mais des rochers vermillons sur fond de pinèdes émeraudes. C’est pas mal aussi.
J’ai dans l’idée de faire une boucle entre Anthéor et le Trayas.
Une heure de train plus tard, je me retrouve à la lilliputienne gare du Trayas. De là, je gagne par le bord de mer la Pointe de l’Observatoire. Je poursuis sur la petite route fermée aux véhicules qui monte vers le Rocher de Saint-Barthélémy puis j’enchaine avec le sentier qui gagne le Col du Saint-Pilon.
Le temps est limpide, une magnifique journée d’automne avec la grande bleue qui scintille à perte de vue.
Hélas, mais ce n’est la faute de personne, je ne suis pas le seul à avoir eu la brillante idée de randonner par ici Les sentiers sont archi bondés et d’interminables processions de promeneurs se succèdent sur les chemins ocres.
Je ne m’attarde pas au sommet du Pic du Cap Roux, trop de monde, trop de bruit, pas de place, on se croirait dans le métro à l’heure de pointe. Je jette quand même à la hussarde (en tentant de ne pas piétiner les gens agglutinés les uns contre les autres) un coup d’œil sur le panorama.
La vue est époustouflante, les nuances de couleurs me pétant littéralement à la figure.
La descente côté ouest du sommet se fait dans une relative tranquillité. Pour fuir la foule, j’ai opté pour un pas preste, quitter les lieux dare-dare pour mieux prendre mon temps, plus tard et plus loin.
Et ça marche - c’est le cas de l’écrire.
Le gros de la troupe continue vers le Parking de la Sainte-Baume. Il est temps de m’auto-congratuler avec chaleur d’avoir choisi un itinéraire pas vraiment orthodoxe, bien que dicté par mon allergie chronique à la voiture. En effet, mon unique moyen de locomotion (le train) m’impose de lâcher le peloton pour filer dans une échappée solitaire pour un retour vers le départ (et le TER de 15h13, 1 minute d’arrêt).
Au lieu de faire le tour complet du Pic du Cap Roux, j’attaque une courte mais consistante montée vers le Col des Lentisques.
Ici, tout est subitement calme. Quelques rares VTTistes fréquentent les lieux mais ils semblent bien discrets en comparaison des foules du Cap Roux. Et même la proximité de la route du Pic de l’Ours s’oublie aisément quand le bruissement du vent dans les pins vient enfin chatouiller l’oreille interne.
Une longue pause, un pique nique et de longues minutes de tranquillité après, il est temps de rejoindre la gare par le Ravin de Cazal de Bœuf.
J’arrive un peu en avance.
C’est l’occasion de faire un détour par les criques. Ce sera mon unique plouf de l’année 2020, une longue baignade dans une eau fraiche, vivifiante. Un délice.
Mais entre deux mouvements de brasse coulée, je croise quelques vieilles branches tout droit venues de la forêt du Boréon...
Photos
Auteur : jean331
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