Sortie du 20 mai 2020 par bibox Balcons de la Dent de Crolles (2062m)
La perspective de pouvoir explorer un peu le Trou du Glaz puis d'enchainer avec le somptueux sangle de la Barrère avant le clou du spectacle que constitue la traversée de la vire du versant est de la Dent de Crolles, au-dessus de ses immenses falaises emblématiques de la vallée du Grésivaudan, était vraiment ce qui me tentait le plus pour une reprise post-confinement.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau temps, quelques nuages parfois gris entre 14h et 18h qui accrochaient les sommets de Belledonne mais pas de Chartreuse.
Récit de la sortie
Première sortie depuis la fin du confinement. Et c’est pour une randonnée après le travail, terminé exceptionnellement tôt en ce début du week-end de l’Ascension. Je ne voulais pas trop de dénivelé mais un parcours qui puisse raviver mes sensations. C’est pourquoi je me dirige vers le col du Coq pour un départ autour de 14h15.
Comme on pouvait s’y attendre, il y a la foule des grands jours sur ce sommet emblématique du massif et du Grésivaudan. Ce sera une spéciale Covid-19 ! Je prends mon petit gel sachant qu’il y aura des câbles et autres passages où mettre les mains.
Que c’est bon de retrouver les alpages. En arrivant au col des Ayes, j’ai des souvenirs de jeunesse qui me reviennent quand avec mon frère nous nous lancions dans une course effrénée, tout droit dans les raides pentes de Pravouta, vers son sommet.
Je me dirige vers le Trou du Glaz que j’explore un peu à la frontale. Je passe le petit tunnel étroit, continue quelques dizaines de mètres puis fait demi-tour ayant une confiance toute relative en la dernière fois que j’ai changé les piles. Je ne percute que ensuite le fait que mon portable, chargé à bloc, possède une application lampe torche plutôt puissante.
Arrive le passage des fissures. Je grimpe sans toucher le câble puis après la passerelle, je sais pas si je dois rigoler de me sentir ridicule dans cet enchainement entre les deux parois très étroites du GR où littéralement tout le monde passe et touche. Spéciale Covid, comme je disais. Bon bah, un coup de gel.
Enfin, j’attaque le sangle de la Barrère où pour le coup, je ne verrai personne. Le soleil de l’après-midi éclaire, malgré quelques nuages qui passent, l’ascension de cette raide mais sublime rampe. Je n’avance pas très vite alors j’ai tout le loisir de profiter du panorama sur ma Chartreuse qui trouvera toujours grâce à mes yeux. Ici sont mes racines de montagnard.
Je franchi le très esthétique sentier transversal du sangle permettant de rejoindre le pas de l’Oeille en admirant les bombés anarchiques du calcaire qui m’entoure. Mais si je suis venu là, en plus de la Barrère, c’est pour découvrir la fameuse vire du versant est de la Dent de Crolles. J’en rejoins le début vertigineux en quelques minutes paisibles au dessus des alpages du col des Ayes.
Le plus impressionnant est le départ. Le câble est bien en place et effectivement, il est impossible de s’en passer là où cette portion de la vire est partie plonger dans le vide. Ouf ça passe encore mieux quand on est grand. Hop, un petit coup de gel hydroalcoolique.
Je commence très vigilant puis prends mes aises malgré l’étroitesse du tracé alors que la sente est tout de même confortable à suivre. Le sommet est à environ quatre-vingt mètres au dessus et surement encore peuplé. Heureusement, le rocher incurvé dans lequel on évolue, protège d’une éventuelle chute de caillou provoquée par les randonneurs arrivés.
Le sentiment est tout de même fort. On connait tous la silhouette de la Dent de Crolles et je sais ce qui se trouve à ma droite, entre mes pas et le plateau des Petites Roches.
Le final est évident pour rejoindre la crête dans une vision jamais démodée vers le secteur du col de Bellefont où ceux qui ont la chance de bivouaquer profiteront d’un lever de soleil de première classe après être peut-être montés aux Lances de Malissard.
Seuls les sommets de Belledonne sont emmitouflés dans les nuages quand je remonte vers la croix sommitale. Longer les falaises à ce niveau me donne bien plus le vertige que là où je me trouvais quelques minutes plus tôt. Je n’emmènerai pas mon fils ici.
Je redescend par la voie normale du pas de l’Oeille qui me plonge de nouveau dans mes souvenirs, ceux d’une traversée qui partait du cirque de Saint-Même et qui se terminait par une course jusqu’à Pravouta, avant de dévaler tout droit à travers la forêt, hors sentiers, pour rejoindre Saint-Hugues où nous attendait une bonne fondue.
Ce coup-ci, je suis rentré sagement à ma voiture au col du Coq, content d’avoir exploré les à cotés de là où j’étais déjà passé.
Photos
Auteur : bibox
Avis et commentaires
Salut Stoof,
C’était ma première sur cette vire ! En se tenant au câble, on cale facilement les pieds (si on est pas petit) entre la roche et le dévers terreux pour progresser. Je ne sais pas comment c’était il y a 7 ans mais pour moi, ayant quelques habitudes des passages scabreux, sans le câble, c’est directement en bas !
@+ Rémi
Bravo Bibox
J’ai fait cette vire en Aout 2013 j’avais adoré. Tu penses que la partie câblée est encore plus exposée qu’avant ou ça n’a pas trop bougé en 7 ans ?
Merci pour le récit en tout cas c’était sympa à lire
A+
Stoof
David, perso j’ai moins peur de franchir le câble sur cette vire que d’aller faire les Van en hivernale, même avec des conditions de neige parfaites hé hé. Je sais pas, après le câble, j’étais vraiment à l’aise dessus malgré l’environnement. Je suis en train de m’imuniser lol.
Oui Yann, le truc qui passe par la tête après avoir vu le départ, c’est que ça s’écroule aussi partout quand on y est... Mais bon, faudrait vraiment pas avoir de chance ! Puis c’est valable un peu partout en montagne, de toute manière.
Par exemple, le Néron est soupçonné comme instable après un grand éboulement relativement récent. Je l’ai déjà fait l’été dernier en traversée. Tu trouveras ma sortie si tu veux sur le site. Perso, je trouve ça bien plus nerveux que la vire est de la Dent de Crolles.
Je connais pas la vire nord qui prolonge le sangle de la Barrère ; je viens juste de regarder. Ça à l’air ambiance sauvage en quête d’authenticité et d’arche. Yes pour la photo 96, le départ de la voie d’escalade est à gauche !
Je ne referai pas le Néron cette année mais si on a d’autres idées, on peut essayer d’en faire une autre ! On se redira. Merci !
++
Bien joué.
C’est beau mais ça me tente moyen et c’est pas pour moi. J’ai testé le sangle des arches, OK, le sangle de belle ombre avec sortie sur le plateau, OK, le retour de la Dent de Crolles par le sangle qui prolonge le sangle de Barrère vers le nord (est-ce qu’il a un nom ?). La j’ai été plus perplexe sur l’intérêt global, c’est tout en forêt et limite praticable.
En tout cas sur celui de la face est, le départ est rédhibitoire je trouve. Un jour tout sera en bas c’est sûr.
Tu veux pas faire le Néron, je suis partant !
Sur la photo 96 (il me semble) de la face sud, ça correspond au tracé de "poussez pas derrière" si je ne m’abuse, très belle petite escalade facile.
Les photos de la vire de la face est sont extrêmement impressionnantes !
Pour ma part je ne suis plus capable d effectuer ce genre d itinéraire. Je l avais fait en 2004, en 2015 ou 2016 j avais été incapable de franchir le câble et d entamer de nouveau cette traversée. Bravo encore pour cette randonnée.
Merci le bouquetin !
J’espère que c’est pas le même passage au Pierroux, les photos sont peut-être trompeuses, car sur cette vire, si il y a pas le câble, je passe pas. C’est plus que déversant.
J’savais pas que les chamois pouvaient contracter le covid ! Dur de se badigeonner de gel hydroalcoolique avec des sabots ! Bravo pour celle nouvelle escapade du vertige.
Le passage éboulé et câblé de la vire en versant est m’évoque celui où je me suis fait des sueurs froides sur la grande vire du Pierroux, plus impressionnant à la Dent de Crolles, sans câble au Pierroux !
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