Sortie du 19 septembre 2019 par CourtePatte Tête de l’Enchastraye (2954m) par la Tinée
Découverte d'une montagne à rayures, dans des couleurs et une ambiance très automnales. Vallon du Lauzanier en bonus.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Très beau en début de matinée, nuageux à partir de 11h environ, tournant à l’orage vers 17h
Récit de la sortie
C’est décidé : pour finir mes vacances je vais passer quelques jours dans l’Ubaye où je n’ai jamais mis les pieds. Et je veux voir des montagnes dépaysantes !
Alors je parcours les topos d’AltitudeRando et je tombe bientôt sur le Bonnet Carré. Wow, une montagne rayée comme un pyjama, ça c’est intéressant. Quelques minutes plus tard je découvre cette photo de la Tête de l’Enchastraye, et plus rien n’a existé.
Encore une montagne en pyjama, et quelque chose dans sa silhouette de léviathan semi-émergé m’attire particulièrement. En plus le topo me promet que je vais "envahir l’Italie" : en route !
Au Camp des Fourches, le ciel est pur comme au premier jour du monde. Difficile de croire à l’envahissement précoce du ciel par les nuages annoncé par la météo, et encore moins à l’orage prévu vers 17h.
Tout au plus pourrait-on s’inquiéter du petit bourrelet de brume, là-bas vers le Col de Pouriac... Et de quelques entrées maritimes qui font halo derrière les sommets au sud-est...
Pour l’instant je me régale des contrastes de couleur entre le blond des alpages, le bleu du ciel et la gamme de gris des roches. Ainsi que de la silhouette du Bonnet Carré qui fait coupole byzantine au-dessus de tout ça. Les premiers nuages ne font rien pour déparer le tableau : chacun sait qu’il faut une touche de blanc pour rehausser les couleurs.
Ce n’est qu’en approchant du Col de Pouriac que la "touche de blanc" devient un édredon joufflu qui enveloppe partiellement mon objectif du jour. Ah ! ça ne ressemble plus à la photo du topo cette fois !
Je vois bien que pour les vues du sommet, c’est déjà raté. En d’autres lieux et d’autres temps cette idée me découragerait de l’ascension, mais aujourd’hui je suis zen. Depuis que je suis en route j’ai déjà eu une bonne dose de spectacles glorieux, et je suis venue pour la montagne elle-même : tant que la visibilité me laisse apprécier ses reliefs, ça vaut le coup de monter !
Du coup je monte dans une ambiance encore plus dépaysante que prévu. Les grosses côtes de grès ont l’air de surgir du néant. Au-dessus de moi, je vois se détacher à flanc de vide la silhouette spectrale des deux randonneurs qui me précèdent ; je suis presque déçue lorsque la montée s’achève à la croix sommitale.
Me voyant ainsi indifférente à la contrariété, la montagne décide alors de me faire un petit cadeau. Je n’ai certes pas droit au 360° des beaux jours mais voilà que s’ouvre un petit 90° plein ouest, en direction du Lac de derrière La Croix. Non seulement le spectacle en vaut déjà la peine, mais en plus ça me permet d’envisager sereinement la descente via l’itinéraire décrit dans ce topo afin de poursuivre mon chemin vers le vallon du Lauzanier et le Col de Larche.
La descente n’est pas aussi pépère que la montée : je n’y vois ni balisage ni cairn et me fie essentiellement à la logique, ainsi qu’au cap du topo. Rapidement, une ou deux empreintes de chaussures viennent confirmer le raisonnement - quelqu’un a dû prendre cet itinéraire dans des conditions humides.
A noter que, malgré ses allures de pierrier gravillonneux, le terrain est plutôt stable sous le pied. Finalement, l’obstacle le plus impressionnant sera constitué par les trois bouquetins indolents qui se lèvent sans aucune hâte pour me laisser le passage.
Au bas de la rampe d’éboulis, je retrouve des cairns qui m’emmènent au Lac de derrière La Croix, dont les reflets presque verts contrastent avec les pelouses roussies des alpages. A partir de là, le GR n’est qu’une longue promenade jusqu’au Col de Larche, mais quelle promenade !
Passé le Lac du Lauzanier, dont la surface tremblante brille aujourd’hui comme une pièce d’argent, l’on quitte la grande montagne, les grès et les lapiaz, pour un paysage de large vallée plate à fond humide. L’Ubayette y déroule des tresses grises entre les saules et les buissons ; et avec les jaunes déjà vifs de certains feuillages, l’ensemble me rappelle étrangement certains paysages d’automne américains.
Ajoutons que les éclairages varient d’un quart d’heure à l’autre, selon la nature du nuage qui passe au-dessus du vallon : cela va de la bouffée vaporeuse à la sinistre nuée grise.
N’empêche que chez Meteoblue ils sont forts. Lorsque j’arrive au Col de Larche, il est 17h et j’entends distinctement les premiers grommellements de l’orage au fond de la vallée. Je me retourne et me dis qu’il ne ferait pas bon d’être sur la Tête de l’Enchastraye maintenant. Pour une fois j’ai bien géré mon parcours !
Photos
Auteur : CourtePatte
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