Sortie du 21 août 2019 par michel Le Péouvou, Pic Sud (3174m)
Au cœur d'une vaste étendue de plissements rocheux se dresse un majestueux sommet. Le Péouvou est une montagne massive qui domine abruptement le Plan de Parouart. Pour s'engager sur ses pentes scabreuses et parcourir sa ligne de crête aérienne, il vaudra mieux avoir le pied alpin !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Enfin une fenêtre météo !
Récit de la sortie
Instabilité météo - bivouac
Contraint à l’attente, j’opte pour un bivouac sauvage sous le Grand Bec de la Blachière. Un décor de rêve à quelques encablures de la route. Ce sera mon camp de base pendant deux jours !
Au troisième jour, je décide de passer une nuit au camping.
Je profite de ce retour à la civilisation pour recharger mes batteries ainsi que celle de mon portable.
Ma modeste tente contraste quelque peu avec l’énorme camping-car garé au voisinage de ma parcelle. De quoi "trimbaler" un ostensible confort en tous lieux…
C’est pas mon truc !
Il est vrai que pour moi, c’était déjà du luxe de prendre une douche chaude !
Le jour J
J’implore la clémence des nuages arborant leurs voiles gris. Tous les après-midi, ça pétarade !
Même si la fenêtre météo semble plus large que les jours précédents, pas question d’engager une ascension trop longue.
Je décide de gravir le Péouvou dont l’approche assez courte m’autoriserait quelques flâneries.
Péouvou
J’arpente ce massif depuis 35 ans et le Péouvou ne figure toujours pas à mon palmarès… Une excuse ?
Ce n’est pas faute de l’avoir contemplé sous toutes les coutures ce sommet.
Certes, je n’ai pas le don d’ubiquité et le temps que je consacre à la montagne s’est réduit au cours des années. Il y a même une époque où j’enchaînai les sommets comme d’autres enfilent les perles.
Comme dirait l’autre, j’ai moins de niaque, même si la passion demeure intacte.
La conquête
« Départ matinal à la frontale »
C’est pour l’élégance de l’expression car, en réalité, je n’ai pas besoin de la loupiote pour ce trajet que je connais comme ma poche.
La silhouette sombre et mastoc du Péouvou impressionne !
« Ça se grimpe » voilà tout ce qu’il me faut savoir, pour le reste on improvisera.
Le jour naissant laisse entrevoir un relief cabossé. Au niveau d’une petite flaque, on quitte le chemin principal. Je me guide sur les cairns abondamment disséminés tout le long du sentier.
C’est en arrivant au pied de la paroi, dans l’immense cirque alpestre, qu’on prend toute la mesure de ce qui reste à gravir. C’est un morceau !
Je grimpe déjà par le regard, j’imagine quelques points de faiblesse.
Une fois n’est pas coutume, me voilà parti pour un solo des plus exaltants...
"Gravir est de l’homme, grimper est de la bête ; il gravissait et grimpait." Victor Hugo
Ça monte sec dès le début de l’ascension.
Il faut se méfier de l’apparente stabilité des grosses pierres qui ne demandent qu’à se libérer. Les plus petites ne sont pas en reste et semblent comploter pour m’envoyer valdinguer. Je franchis ce premier chaos minéral !
Plus haut, je repère une sorte de draille, une vire oblique qui traverse un versant plus rocheux. Je tente ma chance sans savoir si ça sort quelque part... Bingo !
L’euphorie est de courte durée... Et c’est un vaste champ de pierraille qui s’annonce. Le contournement des grosses barres rocheuses, par un dévers délité, se passe sans encombre.
J’aborde les premières pentes du grand couloir ouvrant l’accès au sommet convoité.
Je découvre une ascension plus ludique que je ne l’avais imaginé de prime abord. La voie est « joueuse » à qui sait appréhender le relief.
On évite les fastidieux éboulis qui se succèdent en empruntant de petites diagonales en zigzag. La roche compacte est alors plus agréable à grimper.
Cependant, pour ne pas dévier de la trajectoire idoine, on renoue parfois avec des pentes plus caillouteuses.
Alors que je tenais le sommet pour vaincu, le doute s’immisce dans mon esprit. Le couloir de gauche est-il praticable ?
Un court moment d’hésitation puis, par des dalles de plus en plus redressées, je continue à grimper droit dans la pente.
Enfin, j’arrive sur un piton rocheux...
Si j’en juge par la taille du cairn qui le chapeaute, un tantinet plus petit que celui du sommet d’en face, il se peut que je sois sur l’antécime du Péouvou.
Il me faut alors suivre la crête aérienne où, selon l’expression consacrée, le faux pas est interdit !
Je descends dans la brèche qui sépare les deux pointes puis, j’atteins le "véritable" sommet du Péouvou.
Comme à leur habitude, les nuages ont envahi le secteur frontalier. L’ouest du massif est encore épargné. Cela dit, je ne vais pas m’éterniser au sommet.
Une boite d’Haribo planquée sous le cairn a pris l’eau !
Sur un petit carnet totalement détrempé, un dernier message est inscrit. Il date du 02 août... Seulement deux ascensions dans le mois ? Ce n’est pas beaucoup.
Même pour un sommet à priori peu fréquenté.
Je rejoins à nouveau la brèche en piquant directement dans la goulotte, vers le fameux couloir repéré à la montée. C’est raide mais ça se dévale plutôt bien. Je reste vigilant car le risque de chutes de pierres est bien réel.
Plus bas, je devine une sorte d’échancrure qui me permet de rejoindre le couloir emprunté à la montée… Il y a même un cairn !
Seul et unique représentant de son espèce, il atteste de la justesse de mon parcours.
À quelques encablures de la pelouse alpine, un moment de relâchement me conduit à la faute… C’est la chute !
Le gadin de la saison, voire de la décennie ! Rien de cassé fort heureusement.
Histoire de me requinquer, je prends un café à Maljasset.
Les tenanciers, indifférents au drame qui s’est joué plus haut (humour), ne semblent pas pressés de me servir.
Il y a du monde, voilà qui change de la quiétude hivernale où les montagnards ne se bousculaient pas au portillon.
Fin de l’aventure... Au cœur de ce splendide massif ubayen.
Photos
Auteur : michel
Avis et commentaires
Il y a de fortes chances pour que ce soit le même Arnaud, Depuis le temps, je connais pas mal d’endroits... au cas où !
Bibox : je n’ai pas fait beaucoup de photos car je publie rarement mes sorties. Le "tour d’horizon" m’a paru sympa.
C’est la première fois que je chute aussi lourdement en montagne. De surcroît sur une portion facile. Il faut croire que les dieux (auquel je ne crois même pas) sont taquins et imprévisibles ! lol
Il faut écrire des sorties plus souvent, Michel ! Belle plume !
Il me semble que nous avons le même quand de base...
Merci pour ce récit d’aventure en immersion et les photos qui vont avec ! haha, tant mieux si rien de cassé. Illustration parfaite de l’expression "ça arrive même aux meilleurs" !
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