Sortie du 28 juillet 2019 par NoMaD Montagne Sainte Victoire : Couloir des Libellules

La montagne Sainte-Victoire, on a beau bien la connaître, la voir tous les jours, avoir fait des soirées dans les refuges en plein milieu de semaine avec retour au taf le lendemain matin, avoir parcouru ses sentiers, et j’en passe... eh bien on ne s’en lasse pas malgré tout !
Toujours aussi majestueuse et attirante, elle crée une sorte d’attraction surnaturelle dès lors que l’on arrive à son pied.

C’est un peu ce que je me dis ce 28 juillet en montant le long du sentier rouge vers la Reine.
Ce n’est que lorsque j’emprunte le sentier marron que je décide de me reconcentrer sur ma sortie, le regard rivé sur la face Sud pour ne pas louper la faille de départ de la voie.
Ça y est, j’aperçois au loin le petit oratoire en haut sur la droite. Et là je découvre la fameuse faille côté gauche. Bon, ben je ne risquais pas de la louper !!
Je m’attendais à un accès un peu plus long et scabreux entre le sentier marron et le départ de la voie, mais non juste quelques dizaines de mètres en suivant une sente assez bien marquée.

En arrivant au pied de la falaise, on est tout de suite dans le bain : c’est raide, ça grimpe bien et ça ne tolère pas l’erreur ! Une bonne mise en jambe pour la suite.

Cette première grimpette avalée, je débouche alors dans une sorte de cône terreux dans une ambiance sombre et plutôt austère, avec la suite de l’ascension que l’on devine sur la droite. Eh ben, ce n’est guère engageant : des gros blocs rocheux qui tiennent dans de la terre on ne sait trop comment ...
Attention : Malgré ce que j’ai pu lire ici ou là, il n’y a plus du tout de chaîne à cet endroit.
On se fait tout léger mais finalement ça passe bien. Arrivé en haut de ce passage, je décide de remonter sur la petite crête en face. Je ne sais pas si j’ai bien suivi l’itinéraire, mais le passage emprunté, en dévers sur prises malcommodes, est engagé, la chute peut faire mal.

Je débouche alors au soleil dans la grande face Sud, et attaque la remontée vers la croix tout là-haut. Mais je pars trop à droite, et les traces vertes que je découvre quelques temps après me confirment que je suis dans l’erreur : j’ai rattrapé le Forcioli ...
1/2 tour et traversée vers la gauche, ça n’a pas l’air de passer. Je reviens sur mes pas et décide de consulter tranquillement mes notes. Après analyse, en effet je suis bien trop à droite, il me faut redescendre pour reprendre le cheminement.

Arrivé face à une grande falaise bombée et déversante, je contourne par la droite. À la sortie d’une petite grimpe, le tracé n’est pas évident : il faut passer au mieux entre les massifs rocheux en visant la croix.
Trop à gauche, il y a un pierrier qui ne donne pas envie.
Trop à droite, une dalle très bombée avec plein de petits cailloux dessus... Bof...

Bon, je décide donc de passer en plein milieu. Ça passe très bien mais il faut grimper, bien que la sensation de vide ne soit pas vraiment présente dans ces passages.

Après la traversée d’un pierrier sur la gauche, je m’engage dans un petit dièdre à bonnes prises, toujours en visant la croix et plus particulièrement le passage en dalle que j’ai repéré depuis le bas.
Ici, les rafales se font plus fortes, désagréables et déstabilisantes. Je décide de mettre le casque.

Quelques dizaines de mètres de grimpe facile plus tard, j’arrive au fameux passage en dalle. Au début, je monte trop haut vers la gauche et me retrouve entre un précipice vertigineux à gauche et une dalle lisse comme un c** à droite. Tss tss, ce n’est sûrement pas ici que ça passe !
Légère redescente pour trouver le passage clé. Je comprends rapidement quel est le pas à réaliser mais ne connaissant pas trop la qualité de la prise de sortie, je préfère mettre les chaussons à la place des grosses. Avec eux, en adhérence, ça passe bien car la prise de droite s’avère finalement être une boîte aux lettres !

Descriptif du pas de dalle : Au niveau d’un petit arbuste, prendre un bi-doigt main gauche, mettre le pied droit en adhérence dans la dalle et attraper le gros bac bien visible à droite (rampe) avec la main droite. Ensuite ça sort tout seul, la rampe étant une très bonne prise.

Après une petite remontée grimpante, arrivée au dièdre lisse. Ayant gardé les chaussons, je choisis un passage sur le fil du dièdre à gauche plutôt que la renfougne. Les prises sont bonnes mais attention, c’est de la fissure et le passage est très expo !

La suite continue dans une sorte de couloir, bien grimpant. La face se redresse et devient alors trop dangereuse pour continuer tout droit (on voit un peu plus haut un arbuste avec un anneau de corde rouge accroché). Je décide alors de partir en traversée (expo !) vers la droite puis de remonter sur le fil de l’arête. La fin est magnifique sur cette belle arête gazeuse à bonnes prises mais avec l’interdiction absolue de tomber !

Sortie au niveau de la croix sous le regard à la fois effrayé, interrogatif et ébahi des randonneurs sur place !

Quelques minutes de discussion avec la personne à la vigie concernant un feu que je distingue depuis le début de la voie (du côté de Cabriès peut-être ?), un grignotage, et j’entame la descente vitesse grand V. Le sentier jaune étant interdit, je choisis le rouge.

La sortie se clôturera avec la rencontre d’une biche qui me coupe le sentier sous le nez juste en dessous du refuge Cézanne. Sympa !

Pour résumer, belle petite aventure dans cette superbe face Sud, toujours engagée, souvent exposée.
En cordée, prévoir tout le matériel nécessaire pour poser ses protections (je n’ai vu aucun point, sauf un cassé).
Pour un solo, selon moi il faut remplir deux conditions :

• Très à l’aise en escalade (couenne et grande voie) dans le 5sup,
• Pied montagnard.