Sortie du 22 novembre 2018 par patrick73 Petit Som (1772m) par la faille et le Pas du Loup

Boucle du Petit Som par le col de la Ruchère et la cheminée W, le col de Léchaud et le pas du Loup, depuis le Habert de la Ruchère. 22 Septembre 2018

Gourmandise

Il y a tout juste deux ans, ou un poil moins, je faisais ce petit tour. Noël 2016 fut bien sec et je découvrais ce petit mais ô combien classique sommet de Chartreuse à pied sec.
Et j’avais adoré.

Deux ans plus tard, après un début d’automne fantastique, la pluie fait enfin son apparition, poudrant légèrement les sommets de Chartreuse. Le défilé des perturbations laisse parfois quelques heures de répit où le grand soleil règne en maitre.

Alors comme une gourmandise, et bien avant de se régaler de la future AOC Chartreuse qui ne manquera pas d’arriver (elle va arriver hein ????) je profite pendant quelques heures des lumières rasantes, éclatantes, et d’un ciel nettoyé par la pluie, purifié par un violent vent du Sud.

Dès le habert je l’entends, furieux, qui siffle dans les cimes des arbres, qui hurle là-haut sur les crêtes. La neige, ce léger saupoudrage discret résiste tant bien que mal dans l’ombre, à l’abri de la furie de ce vent du sud très, trop doux.

Je suis seul, caché du monde dans cette profonde cheminée. Mes pas marquent de leur empreinte ce cheminement secret dans l’ombre froide de cette fin d’automne.

Ce crapahut raide dans les rochers enneigés est amusant, et finalement pas assez long !

Alors et ça je m’y attendais, il a bien fallu sortir sur la crête. Je fus accueilli par ce vent qui rend fou, ces tourbillons qui nous ploient, et cette lumière cristalline si caractéristique des journées où le soleil est bas.

Calé contre la superbe grande croix métallique verte, pendant un temps qui me sembla long, je dévore le paysage, je mitraille pour emporter le maximum de souvenirs.

Les coups de bélier sont violents. Les nuages défilent à toute allure. Au loin, au Sud, de lourdes nuées noires, pesantes dévorent le Dévoluy, la Mahtésine, puis rongent le Vercors.

Les Choucas s’amusent de la violence du vent. J’assiste à leurs pirouettes et autres acrobaties, leurs cris stridents comme des éclats de rire.

J’avais envie d’un coucher de soleil depuis le sommet. Les sinistres présages de la prochaine dépression me font décamper, et c’est avec bonheur que je retrouve la douceur de cette fin d’après-midi, tranquillement calé contre un rocher au pas du Loup.

Mes amis les choucas m’accompagnent, virevoltent autours de moi. Les gourmands quémandent quelques miettes de mon casse-croûte que je partage volontiers.

Sans vraiment comprendre, d’un coup d’un seul la grande famille des Choucas s’éparpille, le silence devient profond, le vent est tombé. Il est temps pour moi aussi de renter...

PS : Pour les puristes, mes choucas sont des chocards à bec jaune.