Sortie du 10 septembre 2018 par bibox Col de la Valloire (2751m) en boucle

Le Col de la Valloire se mérite par une longue ascension sur un rude terrain montagnard dans des combes où l'on progresse lentement. La boucle permet d'explorer un secteur très sauvage de Belledonne où le Puy Gris en est le sommet le plus fascinant.

Itinéraire, carte // Fiche topo

Topo de référence

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Conditions météo

Ciel clair au petit matin en montant dans la Combe de la Grande Valloire. Nuages bas en arrivant au col, sur le Puy Gris et les autres sommets environnants. Chaud.

Récit de la sortie

Il y a des jours comme ça où on fait un peu plus n’importe quoi. Où je fais n’importe quoi. Rien de grave évidemment.

Tant pis pour le piolet que j’ai laissé sur le frigo en partant la veille de peur de passer devant mon épouse. Pourtant, justement, c’est pas comme s’il était transparent. Elle le sait très bien qu’il existe. Alors pourquoi ?

Tant pis pour les grosses chaussures cramponnables que je n’ai pas daigné chausser ou m’encombrer en les glissant ou plutôt bourrant dans le sac. J’ai en fait tout misé sur une Selle du Puy Gris pas trop plâtrée dont la vire, sur sa droite, me permettrait de l’atteindre sans quincaillerie. Me renseigner sur l’état d’enneigement de ce passage ô combien clé n’aurait pas été superflu.

Attention, ce n’est pas la faute du topo, excellent par ailleurs, mais la mienne. C’est moi qui suis parti à 5h du matin, dans l’obscurité complète d’un lundi, en ce deuxième jour de chasse, à la frontale, en toute naïveté ; sans le matériel, en écoutant les chiens aboyer une heure plus tard dans la vallée.

J’avoue que randonner alors que la chasse a commencé me rend un peu parano dans ma montée au Premier Chalet de la Grande Valloire puis dans la combe du même nom en arrivant au Lac Blanc ( encore un ). Des fois qu’un tireur de chamois embusqué, sans jumelles, nous confonde avec son gibier, moi et mon pull rouge, dans ce décor minéral dégagé et une aube des plus clairs, je lance à tue-tête quelques Eh Oh de ma voix la plus lourde, pour bien signifier ma présence. Un peu exagéré !

M
ais c’est la partie la plus mémorable de cette journée. Celle où je pense encore vaincre ce Puy Gris. Ce n’est plus qu’une petite question d’heures et je profite pleinement des lacs Noir et Glacé sur le chemin avant de me hisser dans des pentes pénibles jusqu’au Col de la Valloire, à déjà 2751m d’altitude et où un capriné m’attend dans cet univers des plus montagnard.

Ça sera le terminus de mon voyage vers le haut pour aujourd’hui. Il n’est même pas 9h que les nuages sont déjà là et bas. Partout où je regarde, les sommets sont enfumés. Même derrière moi, d’où je viens, mais je ne m’en étais pas encore aperçu, concentré à batailler dans les caillasse et à franchir un large névé.

L’objectif est là, majestueux, sur ma droite, dans le contre jour. Pourtant, j’accepte vite le fait que je ne monterai pas, apathique, seul, alors que les nuages vont et viennent dessus. Quelques timides tentatives me dirigent vers les glaces de la Selle mais ce n’est que pour mieux reculer. Sous l’effet du dégel, des pierres chutent à intervalle régulier.

Mon regard se tourne vers la Pointe de Comberousse dont je repère un itinéraire pour rejoindre l’arête ’est’ et envisager le sommet. Mais le goût n’y est pas. Peut-être même inconsciemment depuis le début. Allez savoir. Reste la contemplation de ce secteur inconnu, du Charmet de l’Aiguille, du Grand Morétan ou de la Pointe du Gleyzin. Puis si les brumes venaient à s’installer encore plus, je ne veux pas prendre le risque de me faire tirer dessus en retournant vers la vallée. Perturbé par les fusils, le type.

La combe qui mène au Refuge de l’Oule n’est absolument pas ce dont j’avais besoin. Désagréable, avec de rares traces dans les éboulis et souvent sous une mauvaise lumière, il faut dévaler beaucoup de dénivelé pour rejoindre la cabane d’autant que je me retrouve, à un certain point, piégé au dessus de falaises et d’un canyon infranchissable qui m’empêche de gagner le bon chemin. Alors je coupe sur la gauche pour en sortir, je coupe plusieurs torrents, en pestant.

La remontée vers le Lac du Léat qui doit me permettre de faire la boucle est déjà de moitié entamée quand je prend une des décisions les moins lucides, pour pas dire débile, de ma vie de randonneur. Un ras le bol incongru me fait revenir sur mes pas pour rejoindre le hameau du Gleyzin d’où je ferai du stop !

Bien sur, le village étant des plus calmes ; il me faudra encore descendre toute la route jusqu’à Pinsot, dans la vallée... Un gentil monsieur me prendra heureusement vite dans sa voiture et me ramènera à mon parking. Tout ça pour les quelques cent mètres et des poussières qu’il restait à faire pour atteindre la Croix du Léat. N’importe quoi !

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 10 septembre 2018

Dernière modification : 19 septembre 2018

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Avis et commentaires

Hé oui Rémi, on a tous des jours sans........où rien ne va et où on n’a pas le goût, ou l’énergie, ou je ne sais quoi qui manque, mais on y va quand même et en fin de compte c’est l’essentiel, on est sorti !
En tout cas, les photos, elles, ne sont pas ratées !

Salut Patrick,
Merci pour votre retour. Je tâche à mettre de l’honnêteté dans les récits de mes sorties ( avec aussi une pointe de lyrisme 🙂 ).
Récemment passionné de montagnes, je suis désolé d’y constater les effets de ce catastrophique réchauffement climatique. Les témoignages sont édifiants et en si peu d’années. 2001... la moitié de ma vie !
Là tout de suite, je culpabilise car ce soir, je prend ma voiture, seul, pour rejoindre les massifs en faisant fumer mon diesel dehors. Le covoiturage est un mieux. Il faut que je le pratique quand possible !
@+
Rémi

Salut,

C’est une jolie boucle sauvage et bien caillouteuse !
C’est votre photo 33 qui me fait réagir !
Ce glacier du gleyzin, ses couloirs NE sur Porte de l’Eglise et Comberousse, je les ai parcourus sans compté comme une gourmandise. De la haute montagne en face de la maison.
En 2001 (ou je sais c’est vieux) le glacier du Gleysin affleurait encore au rocher rond bien visible avec à sa droite les deux petits "lago". C’était là ou en enlevait crampons baudriers...le matos quoi...
Et voilà ce qu’il reste aujourd’hui, c’est incroyable...
Je pense qu’on verra malheureusement sa disparition complète.
Je me dis aussi que j’ai été chanceux de pouvoir me régaler de cette combe en version alpi course de neige et couloir.

Je partage complétement votre sentiment quant à la chasse, les chasseurs au petit matin, ça me fait complétement flipper !

Et quant à vos hésitations, finalement je trouve qu’elles rassurent, parce que je pense qu’on est tous pareil... Combien de fois j’ai eu ce genre d’état d’âme ou on fait franchement n’importe quoi ! Bref on est humain !

En tout cas vos photos sont chouettes et votre récit très sympa.
A+
Patrick

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