Sortie du 6 août 2018 par patrick73 Col de Rhêmes-Calabre (3076m) et Col de Fons (3067m)

Col de Rhèmes-Calabres 3076m, versant S par le glacier de Rhèmes-Calabre, et la pente des Cavales, 6 Aout 2018.

Le vallon perché.

Le soleil chauffait déjà fort. Une lumière dorée s’écoulait dans ce vallon minéral, dolomitique.

Les roches ocres ruiniformes des hautes parois de la pointe Basel et de Calabre, écrasaient le paysage. Rude contraste avec leurs ombres portées dans le petit vallon glaciaire encore complétement gelé.

Ainsi, rythmé sur la lente progression du temps, ils sortirent de la raide moraine, et cette progression compliquée au milieu des blocs de toutes tailles, instables à souhait, roulants sous les pas, dégringolant sans cesse.

La pause au pied du glacier, au soleil était la bienvenue.

Le silence est profond, profond comme le ciel, profond comme ce petit vallon encore à l’ombre, où le reste d’un glacier survit comme il le peut entre les grandes parois.

Au fond, et c’est à peine s’ils le devinaient, l’échancrure du col éclatante de lumière, et derrière le val di Rhème ouvert sur de grands paysages.

Quelques pierres se détachent de l’immense mur de la paroi Basel, et ricochent pendant plusieurs centaines de mètres dans de profonds couloirs, contre des gendarmes invisibles et autres dalles compactes. Ce tintement métallique, remplissait tout l’espace.

Des coulis d’air froid s’écoulent dans cet étroit talweg, ils indiquent la route à suivre.

Rythme lent et régulier. Deux ombres se glissent entre les parois et se fondent dans la froidure du vallon. La neige est tôlée. Il faut chausser les crampons.
La halte est de courte durée dans cette froidure matinale.

Ils n’ont qu’une envie, retrouver la douce chaleur au col, une fois sorti de l’étreinte des gigantesques murs qui les surplombent.

Crissement des pointes acérées des crampons sur la glace. Ricochets de quelques pierres dans les parois, le son mat quand elles s’écrasent sur le glacier. Quelques courants d’air plus doux, comme un pinceau de lumière le soleil les rattrape dans l’échancrure du col.

Derrière, un autre monde, aéré, immense, profond. Glacier en pente douce, la verticalité dolomitique de la sublime Granta Parei, au fond la vallée d’Aoste, le Mont Velan et les Combins. Des crêtes à perte de vue.

Le plaisir est immense, la halte est longue. Le soleil cogne maintenant, la neige transforme vite. Les ruissellements de cascades invisibles et secrètes emplissent maintenant tout l’espace. Les chutes de pierres se font nombreuses, parfois incessantes.

Sans vraiment le décider, ils entamèrent les premiers pas de la descente, sereins, ivres de grands espaces.

Les heures vont ainsi s’égrainer sur le raide et caillouteux parcours de retour, seuls au monde dans ce vallon haut perché