Sortie du 19 juillet 2018 par Jean michel AVON Traversée des Petites Charances par le sentier de la Baronne
L'incrédulité. C'est bien le sentiment éprouvé sur plusieurs séquences de ce sentier hors norme et audacieux du Dévoluy, popularisé (si l'on ose dire) par Pascal Sombardier il y a quelques années. Dès le départ, de la vallée, on imagine mal comment cet étroit chemin de ronde parvient à s'insinuer dans les pentes soutenues et escarpées des Charances, surplombant des falaises verticales. Cette impression s'accroît tout au long du cheminement et atteint son paroxysme à la fin de la traversée : "on est vraiment passé par là ?". Le sentier de la Baronne est une escapade dont on se souviendra longtemps. Une seule frustration : l'obligation constante de bien regarder où on met les pieds car toute chute se solderait par un atterrissage 800 mètres plus bas !
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Beau temps.
Récit de la sortie
Nous voilà de retour à Tréminis, Pierre, Christophe et moi.
Il y a deux ans, nous étions prêt a emprunter ce fameux sentier mais la météo était trop instable. Au regard des recommandations du topo, il faut que celle-ci soit parfaite : cette fois, c’est la bonne !
Après une nuit passée à la ferme Chris-Cath (que je recommande), nous nous réveillons à 5H30. La fermière de ce gite nous a préparé la veille un thermos de café et tout le nécessaire pour prendre un solide petit-déjeuner.
Et c’est parti.
Les repérages effectués il y a deux ans nous facilitent grandement le début de l’itinéraire. Il faut dire qu’aucun topo n’est vraiment clair sur le sujet et, à ma connaissance, de nombreux randonneurs se sont paumés, dans cette forêt sans visibilité, où multiples chemins se croisent sans indication et pour laquelle la carte IGN semble un peu foireuse.
Je vous livre donc notre itinéraire d’approche, qui est bien plus simple que ce que j’ai pu lire ailleurs :
Après le parking de Boutari, traverser le radier. Peu après, un chemin part sur la droite. Il s’agit d’un itinéraire de raquette a neige balisé par des petits panneaux carrés sur les arbres. Suivre constamment cet itinéraire balisé. Il conduit jusqu’au lit d’un grand torrent asséché. Le traverser et rejoindre un cairn bien visible sur la rive opposée. Au Cairn, poursuivre sur le chemin jusqu’à rejoindre la piste venant du Serre. Prendre alors à gauche pour remonter cette piste qui est balisée par un petit avion marqué à la peinture jaune. Après une montée un peu éprouvante, on débouche ainsi sur la Grande Casse.
Des débris de l’avion US crashé en 1963 jonchent ce grand pierrier (appelé casse dans le jargon local).
Nous attaquons dans la fraîcheur du petit bois suspendu du Poët Platin et débouchons sur la ruine de la Seia (plateforme d’une ancienne bergerie). Nous distinguons le chemin inférieur que nous suivons un peu vers le nord mais ne trouvons aucune trace pour monter au sentier de la Baronne, dont le départ se situe au-dessus. Tant pis, nous décidons de monter hors sentier dans les hautes herbes.
Soudain, Christophe nous signifie qu’il l’a trouvé. C’est bon, les choses sérieuses peuvent commencer !
Comme indiqué dans tous les topos, ce sentier aurait été façonné à la demande d’une mystérieuse baronne, désireuse que ses bergers puissent faire paître ses troupeaux sur le balcon supérieur des Charances. J’utilise le conditionnel et j’emploie le mot "mystérieuse" car je n’ai trouvé aucune trace de l’existence passée d’une telle baronne à Tréminis et dans les environs. Encore plus surprenant, les habitants de Tréminis que j’ai interrogé n’en ont aucun souvenir. C’est étonnant dans ce coin isolé, où tout le monde se connaît et où les histoires du pays se transmettent de génération en génération par la bouche des plus anciens...
Que la baronne ait existé ou non, on ne peut que s’incliner devant l’audace de l’ouvrage. Après un premier pierrier un peu scabreux, on est tout de suite dans l’ambiance. La suite est une succession d’étroites vires, alternant terrains rocheux et herbeux. Le sentier monte progressivement, le souffle n’est pas vraiment sollicité, ce qui permet de bien rester concentré.
Vers la mi-parcours, le sentier débouche sur une falaise. C’est le choc et l’incompréhension ! Comment poursuivre ? En fait, le sentier s’élève par deux courts lacets pour entamer la traversée sur la bande herbeuse bien inclinée au-dessus des falaises, elles-mêmes prenant pied sur des ravines dont on ne voit même pas le fond... L’ambiance est exceptionnelle.
On arrive ensuite au niveau du col du portail. Une petit couloir de 60m (raide escalier dévoluyard) à gravir, habituellement emprunté par les plus courageux pour basculer vers la bien nommée combe de la Prison et poursuivre vers la tête de la Cavale, puis, sur crête, vers le Bonnet de l’Evèque (décrit dans un autre topo sur le site).
Après le pique nique au col, nous rebasculons côté Tréminis pour poursuivre le chemin de ronde où un ultime passage spectaculaire nous attend.
Un peu plus tard, dans la descente, le panorama de l’itinéraire suspendu au-dessus des falaises s’offre une nouvelle fois, mais d’en bas et de face. On réalise alors vraiment l’ampleur de cette randonnée très particulière et on joue à retrouver les endroits où nous sommes passés, avec l’impression que c’était dans un rêve.
Photos
Auteur : Jean michel AVON
Avis et commentaires
Merci à toi au nom de tous les admins.
Oublions certaines brigittes (certains comprendront 🙂
Bonjour, merci pour vos commentaires et votre accueil.
Alain, Dyn’s et Galipette, je lis et suis vos topos/sorties depuis longtemps.
Grace à des gens comme vous, ce site est clairement devenu une référence pour de nombreux randonneurs.
J’ai pas mal de choses à mettre en partage sur les 04, 05 et 38 mais le manque de temps m’avait jusqu’ici empêché de le faire.
C’est vrai que les photos de la sortie sont surexposées. Je pense que mon vieil appareil devait être sur un mauvais programme. Alain, je suivrai tes conseils la prochaine fois...
A bientôt.
Géant !
A lire ce compte rendu, on s’y croirait ! Sentier que l’on est pas prêt d’oublier. Merci pour le partage.
Bravo pour la traversée.
Il est un peu dommage de ne pas avoir retouché les photos pour y ajouter un peu de contraste.
Mais ce n’est que mon avis (voir photo du logo)...
Bienvenue sur le site.
Bravo pour cette traversée grandiose ! Et bienvenue sur le site par la même occasion !
Il est vrai que l’approche par le parking de Boutari est paumatoire, je ne l’ai jamais emprunté. C’est pour cela que j’ai réalisé et décrit l’itinéraire au départ du Serre et le retour par le pont de l’Ebron. Cela rallonge la boucle mais on est sûr de ne pas se perdre !
Au niveau du dernier passage spectaculaire, on peut aussi passer plus bas au niveau de l’aiguille percée... (cf topo).
Cordialement,
Arnaud
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