Sortie du 9 juin 2018 par Antoine Rattier (2474m) par le Sentier de l’Hirondelle et Rochassac
Un sommet entre deux orages.
Itinéraire, carte // Fiche topo
Topo de référence
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Conditions météo
Stratus de bon matin, puis cumulus se transformant en congestus sans évoluer jusqu’au cumulonimbus.
Récit de la sortie
Ha, maudite météo ! (citation typiquement Française qui fonctionne aussi avec les termes suivants : politique, patrons, grèves, salaires, journalistes, et télévision).
Voilà plusieurs longues semaines que nous barbotons dans la baignoire Grenobloise sans savoir vraiment quand le robinet va s’ouvrir ou se fermer. Pas une journée complète sans pluie. Les végétaux sont heureux, c’est déjà pas mal étant donné ce qu’on leur fait subir…
Qu’à cela ne tienne, les matinées sont encore relativement sèches et parfois ensoleillées. Misons donc sur un départ matinal.
Le Rattier, cette ligne de crête menant à l’imposant Obiou, me tentait depuis longtemps.
C’est au chant d’un coq siégeant sur une botte de paille de Cordéac, que je fis mes premiers pas dans la forêt bordant le Châtel (1937 m) et l’AIguille (2037 m). Les volutes de brumes assiégeaient les collines environnantes, tandis que le soleil perçait doucement au-dessus des sommets occidentaux des Écrins.
Cette forêt, pleine de vitalité, humide à souhait. Les rayons du soleil commençaient à percer pour créer un exquis mélange de lumière et d’ombre entre les résineux, les feuillus, la brume, la terre, la roche et l’eau coulant de la montagne.
Étant en train de lire « la vie secrète des arbres », je fus naturellement touché par la puissance de la scène. Il se dégageait un certain côté mystique de cette forêt, un peu comme celui que l’on peut retrouver dans les forêts de Chartreuse, qui à mon sens sont habitées par des druides.
Bref, un pivert et un chevreuil plus loin l’heure tournait et les volutes d’humidité montaient pour former des nuages.
J’aime flâner dans les forêts mais rapport aux orages, il fallait avancer.
Après une heure de rude bataille avec la pente du sentier, je finis par sortir sur l’alpage entre le Châtel et l’Aiguille.
Point de soleil, puisque masqué par de jolis spécimens de cumulus. J’avançais entre brumes et éclaircies, prenant de l’altitude sur l’alpage jusqu’à atteindre les barres rocheuses au Nord de l’Aiguille. Quelques éclaircies me permirent une courte vue dégagée sur la plaine de Trièvre. Les faces Ouest étant dégagées, laissaient présager une ascension en demi-teinte.
Passée une courte traversée sous l’humidité des faces nord, je débouchai sur la Côte de l’Aiguille, exposée Sud-Est et donc baignée de brume. Je suivis la crête menant à l’Aiguille pour tenter de rattraper la cime des nuages. Après avoir débusqué trois chevreuils, oui, des chevreuils à 2000m d’altitude ! Je parvins au col de l’Aiguille. Face Est dans les nuages, et face Ouest libre de toute humidité.
Désormais, il suffisait de suivre la ligne de crête jusqu’au cairn matérialisant le sommet du Rattier. Je me laissais donc guider par un arc en crête de fleurs, de nuages, et de roche. Par moments, fut-il que le paradis exista vraiment, j’eus l’impression d’y monter en gravissant des marches taillées par l’érosion ou je ne sais quelle autre implication divine.
C’est assoiffé que j’atteignis le sommet. Bercé par tant de beauté, j’en avais oublié de boire.
Atteindre un sommet, lointain ou non, est une belle chose. D’ailleurs je m’écrie à chaque fois « L’affaire est faite ! » en arrivant sur un sommet. Ce qui a au moins le mérite de faire beaucoup rire mes compagnons de rando ou de cordée, et de m’amuser quand je suis seul.
Mais ce qui est gravi doit être redescendu afin de pouvoir profiter à nouveau de cette douce euphorie une prochaine fois. Sur le Rattier, je n’eus que peu de temps de m’émerveiller de la beauté des Alpes, les faces Sud de l’Obiou chauffant l’air à blanc pour alimenter l’usine à congestus (comprendre développements orageux). Je dus donc m’empresser de redescendre pour ne pas goûter à la colère de Zeus et de son éclair.
Le retour fut, comme à son habitude, long et douloureux. Une bonne chose en soi car cela permet de méditer sur divers sujets, j’eus trois heures pour cela.
Encore une fois, la montagne fut belle, et à l’heure où j’écris ces lignes, il me tarde d’y retourner…
Photos
Auteur : Antoine
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