Après quelques aventures plus ou moins dantesques dans cet univers. Je me jette à l’eau pour que l’esprit de Nez-Ocher ( ...nez au rocher... quand il n’ y a pas de vent ) ne vous surprenne plus au détour des joutes. Un homme averti en vaut deux, pour le plus grand bonheur des femmes savantes.
Pour les références, je vous brouille un peu les pistes pour que vous fassiez un peu fonctionner votre ciboulot, que dis je vos synapses. Daniel Pennac et Molière ne sont jamais très loins.
C’est en commençant à cramponner vers 13 ans et simultanément à lire les récits du XIXe, début XXe que j’ai commencé à mettre le doigt dans l’Alpinisme.
En lisant, adolescente , les récits de ces hommes lettrés, je ne m’attardais pas sur le style empesé et les manèges, je sautais les pages évoquant les voitures, bourgs, villes et autres hôtels de la belle époque précédant la Grande.
Je suivais attentivement les itinéraires et me retrouvais à mon tour nez au rocher avec des pages en décalcomanie sur la face.
Préparant je ne sais quelles expéditions en terrains d’aventure, je rêvais aussi de passer mon permis mais en attendant je me contentais de l’odeur d’essence, de hisser les voiles en tendant des drisses sur le petit port de plaisance tout en placardant les murs de ma chambre, de peaux noires de soleil des calanques des Edlinger et Cie.
Après le thé voilà mon évolution.
Nous ne sommes plus début XXe mais début XIXe.
Je ne suis plus une adolescente mais une mère aimante et protectrice.
Je me retrouve sur le bucher, allez savoir pourquoi.
Mais je vais vous dire le pourquoi, sans attendre.
Je tiens à prévenir les non initiés à la photographie : ça va être un peu acide.
Après quelques promenades de Turin à la chapelle du château de Chambéry, je m’étais échafaudé une conscience.
C’est Niépce qui après avoir enduit mon fils de bitume de Judée et son ami de nitrate d’argent, voulait me réduire au silence par la flamme. Mon erreur était d’avoir réussi, malgré la noirceur, à les identifier alors qu’il était sur le point de les tirer à des centaines d’exemplaires.
La science vous fait elle peur ?
Je ne trouve plus la lampe de poche et c’est terrifiant quand on se rend compte à quel point l’Humanité n’est pas encore sortie de la caverne.
L’époque préhistorique n’est pas si loin !
C’est donc dans la peur des flammes et non du gel ou du dégèle que je réussis à me réincarner en petite étagne pour vous relater l’une de mes dernières péripéties.
Mais avant ... encore un épisode naval à vous faire avaler.
Une fois , lors d’une CO, je devais trouver une balise. Je m’éloigne alors du groupe sans prendre le temps de signaler au groupe où j’allais. Concentrée, le sens de la vue aux abois. Je m’éloigne donc du navire pour explorer un secteur par cabotage. De retour au bâtiment, en nage, je me fais rabrouer comme une fille prodigue parce que je n’avais pas dis où j’allais au chef. Problème : je ne savais pas qui était le chef.
Mais j’en reviens à mon étagne intérieure...vous allez voir c’est encore une histoire de chef ... mon petit doigt de **** me dit que je devrais creuser de ce côté là ...
Attention , attention ça va commencer :
Certaines propriétés sont clôturées en aval mais les parcelles amonts ne le sont pas. Soyez prudents si vous pratiquez le trail hors piste. Après une bonne heure de course , j’entreprends de suivre une trace de chevreuil et descends dans ce que je croyais être un raccourci . Malgré les feuilles mortes, il était évident et il n’y avait pas de barres rocheuses en aval. Arrivant quasiment à mon but, revenant à mes pénates, je me retrouve nez à nez avec une palissade de presque 2 m de hauteur et des chiens hurlant dans mes oreilles. Baissant ma frontale et faisant l’effort de m’excuser au près du propriétaire, voilà l’injonction qu’il me sort : " Madame ... ou Monsieur ... je ne sais pas , vous allez retourner par là où vous êtes arrivée "
( 15 km , monsieur ) je ne sais plus si j’ai pensé tout haut , je ne crois pas
Toujours dans l’effroi, ce dialogue ubuesque et l’idée de repartir par l’amont, m’avaient malgré tout suffisamment reboostée pour que , ni une , ni deux je saute la palissade et rentre enfin chez moi , à 2 minutes , au pas.
Alors peut être que tout ce verbiage vous fait tourner la tête à 360° mais voilà un petit extrait du panorama que vous pourriez rencontrer au hasard de nos joutes verbales.
On pourrait croire à des débats ininterrompus mais non à mon âge , je me méfie des paroles en l’air. Aquarelliste à mes heures, je peux passer de ... heures justement à me taire, en marchant ou non , avec des claies de portage en guise de chevalet. A cela s’ajoute le poids non négligeable de mes lacunes en anglais qui ont pour effet de rendre toute tentative de discussion purement matérialiste : métro, dodo, casco, gâteau, photo . N’allez pas croire que je suis capable de défendre la couleur rose fuchsia de mon pull Lafuma, les rayures jaunes et noires de mes chaussettes, mon pantalon vert , la courbure de mes bâtons , les griffes d’ourse de mon bonnet et la sonnerie de mouette rieuse de mon portable dans une autre langue que le français.
Et puis oui , je suis aussi une menteuse parce que ce ne sont pas des griffes d’ourse mais simplement de marmotte. Morte à attendre au soleil sur un rocher son tour de moulinette, elle s’était penchée de très très près sur les gneiss et les lichens aux côtés d’Al-Khwârismî.
J’ai omis d’évoquer que je suis par ailleurs courageuse. Je me lave à l’eau froide, BSB en cours de validité et si c’est pour vendre du Beaufort, je veux bien faire un petit effort en anglais et même développer mes talents en origamis.
A ce stade je pense que vous en savez assez. Il y a toujours et encore des labyrinthes mystérieux qui m’amèneront à vous parler de taxidermistes égyptiens qui , en pénurie de reines et de rois , auraient "traversé la rue" pour participer à la construction d’autres glorieuses pyramides.
C’est une autre histoire de communication
Au sujet de la Hi-Tech , j’en lis pas mal. Je ne sais pas si tout est vrai de vrai. Certaines vérités sont à manier avec des pincettes pour ne pas heurter certaines naïvetés. Par exemple à l’heure où le géomètre est dans le satellite, voilà le résultat, extrait d’une page web du routard : " deux sites naturels pas très loin de Mendoza : la sierra de las Quijadas, et la vallée de Calingasta avec son panorama superbe sur les Andes. Delà on voit tellement de sommets qui dépassent les 5000 mètres que beaucoup n’ont pas reçu de nom, juste des numéros... " . Le découvreur de la fosse des Mariannes , le docteur Piccard, doit se retourner dans sa tombe.
Au plaisir de vous lire ou de vous rencontrer si vous croyez aux prières du vent plus qu’au courage de la victoire.