Wildhorn (3248m) - Traversée par l’arête nord-ouest (Wildgrat) et tour par Iffigenalp, le Mont Pucell, les Eaux-Froides et le Rawil

Difficulté :
Alpinisme PD
Dénivelé :
2200m
Durée :
1 jour

Un itinéraire loin des foules dès que l'on quitte le sentier du tour du Wildhorn et la voie normale, dans un environnement varié (alpages, rocs, neige) ponctué de nombreux lacs. – Auteur :

Accès

Aller à Lenk im Simmental dans le canton de Berne, en Suisse.
Au centre du village il y a un rond-point, venant du nord prendre la troisième sortie.
Vous êtes sur la Rawilstrasse, qu’il faut suivre tout du long jusqu’à Iffigenalp.
À partir d’Hubelmatte (petit parking avant une barrière abaissable) la route devient mauvaise et il est difficile de se croiser, surtout que des bus y circulent !

Si la route d’Iffigenalp est fermée, il faut se garer à Hubelmatte, ce qui rajoute 6km et 300m de dénivelée.

Précisions sur la difficulté

C’est une longue course, à titre indicatif j’ai mis 10h30 en comptant la pause au sommet, une boisson à la cabane des Audannes et les nombreuses pauses photo. Je ne marche pas très vite (400 à 600m/h suivant les jours).

Suggestion :
Sur l’arête il est difficile de pouvoir assurer quelqu’un, la qualité du rocher ou le manque d’ancrages naturels rendant l’utilisation de la corde périlleuse en cas de chute. Il faut alors soit prévoir une progression en corde tendue à 5m (réglable aux anneaux de buste), pas plus, soit progresser librement.

Qualité du terrain :
Le rocher est bon pour grimper, mais il ne faut pas forcer dessus (une prise m’est restée dans la main et d’autres bougaient). Le reste c’est du pierrier ou terrain à chamois en dehors du sentier.

Remarque additionnelle :
Vous trouverez peut-être des obus sur le parcours.

  • Ceux qui ont une tête peinte en rouge sont chargés à blanc et peuvent être manipulés.
  • Ceux ayant une tête jaune ont une charge d’entrainement, au mieux vous perdez un membre.
  • Ceux ayant une tête noire sont chargés pour la guerre, vous mourez.

Les infos essentielles

  • Durée : une journée
  • Difficulté : PD+
  • Matériel : crampons et piolet si le parcours est enneigé, casque utile surtout pour la descente sous le mont Pucell.
  • Cartes : SwissTopo n° 1266 Lenk et 1286 Saint-Léonard
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Itinéraire

D’Iffigenalp prendre le sentier en direction du Iffigsee et de la Wildhornhütte (panneaux, balisage blanc-rouge-blanc). Le lac d’Iffig se contourne par l’une des deux rives au choix.

De la cabane du Wildhorn continuer sur le chemin du Chilchligetscher jusque vers 2500m et repérer sur la droite une sente cairnée avec un unique repère bleu. La suivre jusqu’au Dürsee. Il y a de nombreux cairns décoratifs sur un replat avant ce lac.

Passer le lac et continuer par une vague sente dans les pentes d’éboulis jusqu’au Silberritzepass (point coté 2712m).

Gravir l’arête sur la gauche, d’abord par des pentes de caillasses et rapidement par une succession de raides gradins (II). Rester autant que possible sur le fil où le rocher est meilleur. L’arête présente parfois des passages assez étroits mais jamais compliqués (quelques pas de II).

Un peu après la jonction d’avec une arête secondaire (NNE, la Germanrippe), il faut désescalader un court ressaut de 5m exposé (III) puis en face gravir un ressaut d’une vingtaine de mètres soit en passant par la gauche par un système de vire, fissure et facette (déconseillé, exposé, III), soit en passant à droite en remontant une cheminée (un vieux piton rouillé en place, IIsup).

À partir de là, les difficultés rocheuses sont terminées jusqu’au somment. Remonter l’arête par un pierrier pénible, quelques vires et gradins puis sous le dernier bastion remonter un pierrier (encore) pour atteindre un couloir qui part vers la gauche.

Prendre pied sur l’arête sommitale par ce couloir et rejoindre facilement le faux sommet (avec une croix) puis le vrai sommet (avec rien).

Du sommet, continuer sur l’arête rocheuse en direction du Sud et atteindre une antécime vers 3180m (cairn).

  • De là un sentier file vers le col de Brochet (T5 ou 6) d’où par une traversée à vue vers le sud on peut rejoindre le sentier du col et de la cabane des Audannes .
  • Ou alors descendre par les pentes sous le Mont Pucell, décrit en dessous.

Pour cette deuxième option, rejoindre la base de l’arête du Mont Pucell depuis l’échine du Wildhorn moyennant quelques pas de désescalade facile.

Sur la gauche repérer soit le névé soit des gradins rocheux faciles qui viennent presque jusqu’à hauteur du fil de l’arête et s’engager dans cette pente. Viser la cabane des Audannes en utilisant les vires et les quelques petites barres que l’on traverse au mieux (petits couloirs, petites cheminées faciles...).

Passé ces gradins, un pierrier glisse vers les prairies des Audannes. Vous y trouverez parfois de vieux obus rouillés (cf remarques). Il y en a des petits et des gros, les gros étant bien plus dangereux... Quelquefois le gardien du refuge des Audannes fait un tour dans le secteur pour repérer les plus dangereux et prévenir les démineurs.

Aux Audannes, remonter le col des Eaux-Froides et suivre le sentier balisé blanc-rouge-blanc et les panneaux indiquant Rawil, sentier qui traverse une succession de lapiaz bien rugueux. Passer devant le discret lac de Ténéhé avant d’atteindre le vallon du Plan des Roses, particulièrement venteux.

Au bout de ce vallon traverser le Rawilpass et suivre les zigzags du sentier jusqu’à Iffigenalp (panneaux et balisage). Le sentier passe à travers des faiblesses de la falaise, invisible du bas.

Sortie liée du 15/07/2017

Durant le week-end prolongé du 14 juillet, j’ai décidé de découvrir d’autres horizons, du côté des Diablerets/Wildhorn.

Un peu de recherche en amont durant la semaine me donne l’envie de faire la Wildgrat (le côté "loin de tout" m’attire particulièrement), et pour ne pas devoir revenir sur mes pas je décide de faire une boucle par le versant sud de ce petit massif.

Ma seule inconnue était de savoir si une descente plus ou moins directe sur les Audannes était possible, pour éviter le glacier. Il y a une alternative tentante par le col de Brochet mais je voulais quand même voir.

Le départ se fait sous un ciel très nuageux, psychologiquement préparé à me prendre une belle rincée, je profite du caractère sauvage des lieux sublimé par les nuées et le nom du sommet (wild=sauvage).

Le ciel se découvre subitement au lac d’Iffig, quelques bancs de nuages restant accrochés aux parois. J’en profite pour deviner la suite du parcours qui devient lunaire. Le replat du Dürsee est un temple à la solitude. Au vu de la profusion de cairns décoratifs du secteur je me suis laissé imaginé un esprit errant, abandonné de tout qui trompe son ennui séculaire en fabriquant ces tas de cailloux, dans l’espoir que ça attirerait un autre égaré.

La montée au Silberritzepass est décourageante visuellement mais passe très bien, le pierrier étant stable. J’ai cru suivre un pseudo sentier, vite perdu, retrouvé parfois... On y trouve de nombreux cristaux de quartz par ailleurs (il y avait déjà peu de place dans le sac...)

J’avais peu d’indications visuelles de l’arête avant de venir. Je l’attaque frontalement, "on verra bien". En restant sur le fil le rocher semble meilleur, c’est de toute façon le plus simple et confortable malgré quelques passages étroits où le vide est proche. Les courts passages de grimpe sont faciles et plein de possibilités.

De loin je repère un passage qui semble être la difficulté de la course, un ressaut à gravir dont j’ignore tout et dont le passage de loin n’est franchement pas évident.

Mais avant ce ressaut il y a une faille, et il faut y descendre. Du haut de l’arête il y a environ 5m à désescalader, et j’ai dû m’y prendre comme un manche car j’ai eu un mal de chien à trouver des appuis de pied fiables. Durant une traction pour prendre de la distance par rapport au caillou une prise me reste dans la main manquant de me faire faire un dangereux porte-à-faux. Une suée plus tard je suis dans la faille, un peu échaudé par un passage si court et vu du bas si simple (je les voie maintenant ces fichues prises de pied).

La suite est donc le ressaut repéré de loin. Ça semble passer plus ou moins facilement partout, plus ou moins dangereusement aussi. Mais, il y a une échancrure sur la droite qui me rend curieux. Une belle cheminée facile permet d’accéder derrière le ressaut, accueilli par une sente improbable sur l’arête qui devient débonnaire.

Le sommet est encore loin mais les difficultés techniques sont maintenant derrière. L’arête est une crête maintenant. Un raide pierrier se présente devant moi, qu’intelligemment je m’efforce de gravir dré dan l’pentu. Me félicitant tout dégoulinant de cette bonne idée j’arrive face à un autre éboulis avant la barre rocheuse de l’arête finale.

Cette fois je suis moins vaillant et préfère les zigzags, puis m’engage dans le petit couloir qui permet de traverser la barre. De l’autre côté c’est une vision déconcertante après la rocaille et le vide précédents : c’est tout plat et blanc, un immense champ de neige (le glacier de Ténéhet) parcouru par des groupes encordés.

Je continue jusqu’aux sommets. Je ne pourrai pas profiter du paysage lointain à cause des nuages cachant les sommets, j’observe alors la suite et le groupe de personnes à proximité.

J’attends d’être vraiment seul pour manger le casse-croûte en compagnie des chocards, puis je décide d’aller voir la descente envisagée. En passant sur l’antécime je repère le sentier plan B et la traversée jusqu’au col des Audannes, et continue jusqu’au Mont Pucell en cherchant le meilleur passage possible versant SE (c’est à dire sans glacier).

Je repère une langue de névé quelques mètres sous l’arête qui me donnerait accès aux gradins rocheux. Ce ne doit pas être du glacier, j’en suis déjà loin, mais dans le doute je le descends en ramasse sans m’attarder, broches et sangles à portée de main.

Les gradins atteints, la cabane des Audannes en vue, commence alors la recherche d’itinéraire dans un terrain que j’affectionne (vires, barres, gravats). Il n’y a rien de difficile, mais les pierres partent facilement et ne s’arrêtent qu’en bas donc méfiance. Et puis surprise, je trouve un obus.

Plutôt incrédule, je me dis que c’est une zone d’entrainement de l’armée suisse, les charges ne doivent pas être dangereuses (il y a pas mal de skieurs dans le coin en hiver aussi). J’hésite, je décide de rester idiot jusqu’au bout et le mets dans le sac (enroulé dans le pull la tête à l’opposé du dos, au cas où, complètement conscient que c’est une idée à la ...).

Et plus loin sur le pierrier je voie un autre obus, mais éclaté ! Ah... Il se passe plein de trucs dans ma tête, mais la seule chose qui reste en surface c’est "j’ai un sacré souvenir dans le sac ! puis j’ai la flemme de me désharnacher et tout sortir..." (ça n’appelle aucun commentaire).

La descente vers le refuge dans le pierrier se fait sur des œufs, de caille. Je m’arrête à la cabane en ayant posé le sac assez loin puis me renseigne auprès du gardien.

Soulagement quand il me dit que les têtes rouges sont inertes, c’est celui que j’avais dans le sac. Une rigolade et un coca plus tard je reprends le chemin. Il faut remonter le col des Eaux-Froides alors que la pause m’a bien alourdi les jambes.

Durant la montée je suis content de sentir que les ampoules sont là, bien au chaud dans la moiteur des chaussettes qui frottent ; je ne suis donc pas encore totalement habitué à mes nouvelles chaussures. Je me rassure en me disant que le retour est sur un sentier en balcon, plat, facile.

Donc au col, il faut redescendre, puis traverser en yo-yo une succession de lapiaz. Ça permet de rester vigilant au moins.

Je retrouve de la verdure en arrivant au Plan des Roses, avec un vent à décorner des bouquetins et un ciel qui redevient gris sur le Wildstrubel. La fatigue et les ampoules me font trouver ce replat un peu long, je n’ai pas dû le savourer à sa vraie valeur.

Le Rawilpass franchi une raide descente reste à faire. Ça tombe bien il me restait des genoux à défoncer. Le sentier passe à travers la paroi face à Iffigenalp sous le Mittaghore, la trace est bonne et protégée par des câbles mais une plaque mortuaire rappelle que rien n’est trivial.

Dommage que le panorama n’était pas au rendez-vous, mais une chose est sûre je retournerai dans le secteur et je dois aller jeter un œil à ce Wildstrubel qui n’a pas cessé de se dérober à mon regard. Un autre regret est de n’avoir pas ramassé la douille explosée (cf photo), les autres étaient moins belles.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 15 juillet 2017

Dernière modification : 26 septembre 2022

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