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Trois jours dans le Beaufortain

Ce tour au cœur du beaufortain plonge dans les plus beaux alpages de Savoie, le paradis des vaches durant cent jours.

En bref

Durée : 3 jours
Distance : 44 km
Dénivelé positif : 2800m


  • Départ : Depuis Beaufort, monter en direction du lac de Roselend. peu avant le col du Méraillet, quitter la route en bifurquant à gauche en direction du lac de la Gittaz. Continuer jusqu’au bout de la piste en gravier et se garer sur le parking en herbe à droite du chemin.
  • Période : mi-juin / mi-octobre en fonction de l’enneigement.

Un jour, un gardien de refuge, de sa cabane haut perchée, me tint à peu près ce langage : « Le Beaufortain, oui, je connais, c’est une jolie montagne à vaches ! » On ne trouve pas de glaciers au royaume de l’herbe, mais le Beaufortain peut parfois se révéler plus minéral que végétal et cacher des sentiers aériens où les vaches se font rares. Quelque peu contrarié par cette boutade amicale, je me pris à imaginer une « haute route » beaufortaine : un itinéraire de trois jours parcourant les cols, crêtes, pierriers et alpages du pays du beaufort.

Jour 1 : La Gittaz - Refuge de Plan Mya

  • Durée : 6 heures
  • Point culminant : 2538 m
  • Dénivelé : + 1100 m

L’ascension débute après avoir traversé le torrent de la Gittaz – prononcez la Gitte – en direction du passage du Curé. Passé les quelques lacets surplombant la vallée de la Gittaz, la topographie se fait moins délicate. Notre sentier s’engouffre dans une gorge abrupte que le torrent de la Gittaz dévale avec fracas. Montagne à vaches ? C’est justement pour faciliter l’accès à l’alpage de la Sausse que le chanoine nommé H. Frison fit tailler entre 1891 et 1892 ce vertigineux chemin en encorbellement.

Après avoir dépassé les 300 mètres de cette entreprise titanesque, le paysage s’adoucit un peu. Une traversée de ruisseau plus loin, l’itinéraire prend de la hauteur en surplombant l’alpage de la Sausse, îlot de verdure cerné par les murailles rocheuses de la crête des Gittes et des Roches Merles, qui nous laissent deviner les passages aériens de notre haute route.

Au col du Bonhomme (2329m), nous pourrions presque toucher du doigt le massif du Mont-Blanc. Les experts en géographie alpine reconnaîtront aisément les lacs Jovet, le Dôme de Miage, celui du Goûter et le mont Tondu. Mais nous laisserons les hautes cimes derrière nous pour emprunter une partie de l’itinéraire du Tour du Mont-Blanc et rejoindre le col de la Croix du Bonhomme (2433m). À l’approche de celui-ci, la crête des Gittes se dessine au loin. Taillé en 1912 par le 22e bataillon de chasseurs alpins, le sentier offrait aux militaires la possibilité de dominer la vallée des Chapieux et de se déplacer sous le couvert de la crête dans l’éventualité d’un feu venant de l’Italie.

C’est avec un esprit moins belliqueux que nous parcourons la fine arête schisteuse. Notre numéro de funambule se termine au col de la Sauce (2307m), d’où nous rejoignons le plancher de notre montagne à vaches pour une halte bien méritée à l’alpage de Plan Mya où nous passerons une nuit.

Mon ami le gardien, dans sa cabane haut perchée, aurait été fort surpris de trouver au menu (le midi uniquement) des spécialités à base d’escargots élevés dans le Beaufortain. « J’ai débuté l’élevage d’escargots il y a trente ans, nous confie Françoise Bochet, hélicicultrice et propriétaire de ce chalet d’alpage à l’atmosphère familiale ; c’est une activité agricole qu’une femme peut mener seule d’un bout à l’autre de la production et qui se combine parfaitement avec l’activité du refuge, où j’écoule un peu plus du tiers de ma production. »

Jour 2 : Refuge de Plan Mya - Refuge de Presset

  • Durée : 4 heures
  • Point culminant : 2671 m
  • Dénivelé : + 900 m

Le lendemain, le début de l’itinéraire est moins montagnard car il suit la route jusqu’au Cormet de Roselend. Au parking, nous quittons la route des Grandes-Alpes pour rejoindre la combe de la Nova. À mesure que l’on s’engouffre dans la combe, l’ambiance pastorale s’estompe peu à peu pour laisser place à une austérité rocheuse. L’aiguille du Grand Fond (2920m), inquiétante tour qu’on croirait sortie d’un roman de Tolkien, nous scrute tout au long de notre ascension.

À l’approche du col du Grand Fond (2671m), l’atmosphère devient martienne. Plus une tarine, ni une brebis à l’horizon. Rien d’autre qu’un vaste chaos minéral. Le paysage nous ramène à nos instincts de Terriens : un lac, la promesse d’un bon repas chaud et un couchage douillet au refuge de Presset (2504m), que l’on aperçoit en contrebas.

Le soir, à travers la large baie vitrée du refuge, nous admirons quelques bouquetins dévaler joyeusement les pierriers et contemplons les dernières lueurs du jour illuminer la Pierra Menta.

Jour 3 : Refuge de Presset - La Gittaz

  • Durée : 6 heures
  • Point culminant : 2514 m
  • Dénivelé : + 1000 m

Dernier jour, nous rejoignons le col du Bresson (2469m) sur un chemin le long d’une pente raide et amorçons notre descente sur le verdoyant alpage de Conchette. C’est peut-être l’occasion de se procurer un peu de beaufort Chalet d’Alpage. De là, notre haute route se poursuit en survolant la rive est du lac de Roselend par la Grande Berge puis la Petite Berge pour rejoindre le Plan de la Lai. L’ambiance y est balnéaire.

Le repos n’est pas de mise. Devant nous, se dresse l’imposant Rocher du Vent (2360m), que nous gravissons par le sentier passant par l’alpage de la Lauze pour rejoindre le col éponyme. Là, nous basculons sur le barrage de la Gittaz pour redescendre sur le col de Sur Frêtes et regagner le Plan de la Gittaz, d’où nous sommes partis.

Qui a dit qu’au royaume de l’herbe, les vaches n’avaient pas le pied montagnard ?

En partenariat avec

© Copyright photos et texte : Julien Dorol / Alpes magazine

La carte de l’itinéraire

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Avis et commentaires

Ah le Beau...fortain ! Merci pour cette invitation au voyage dans ce superbe massif !

Merci Pascale pour cette alternative qui évite le tronçon de route 👍️ !

Il est possible d’éviter le tronçon de route : après le parking du Plan de la Lai, suivre le sentier du col de la Sauce, le quitter après le pont et monter le long du torrent rive droite par une sente non balisée, traverser la route et continuer la sente raide bien visible jusqu’au virage à proximité du point 1942 ; on peut ensuite marcher en contrebas de la route sur le plateau jusqu’au parking du Cormet de Roselend (en l’absence du troupeau de vaches...).

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