Traversée du massif Alpin Samoëns - Trieste durant 71 jours

Difficulté :
Difficile
Dénivelé :
100000m
Durée :
3 jours et plus

Ce "topo" retrace notre traversée de l'arc Alpin de Samoëns à Trieste durant 10 semaines au cours de l'été 2011. Nous sommes partis à pied et en totale autonomie pour ce trek (très...) longue durée... – Auteur :

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Le départ se fait depuis la station française de Samoëns en Haute-Savoie, au départ on suit un peu le GR5, une portion du tour des Dents Blanches et ensuite on laisse faire les sentiers...

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Itinéraire

Transalpine 2011 : 10 semaines de Samoëns à Trieste

Histoire d’imager un peu plus notre "balade" voici 2 liens :
youtu.be/B_03lZXOMoE
youtu.be/_A0E6XaHSwQ

Et la carte récapitulative de nos bivouacs :
maps.google.com/maps/ms?ie...

Voici une série de photos en plus des quelques-unes mises sur le site :

facebook.com/media/set/?se...

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L’envie de reprendre la route a progressivement fait son chemin dans nos têtes, 1 an en Italie pour Rudi et une traversée de l’Islande à vélo pour moi ont suffi à raviver notre envie de voyager au rythme de nos pas.
Les Alpes nous ont laissé un souvenir extraordinaire, en 2008, lors de notre traversée de la France par le GR5 (Nice - Wissembourg). Nous décidons donc de repartir dans cette direction. Très rapidement l’itinéraire Rouge de la Via Alpina apparait comme une base de travail intéressante à notre projet. On décide cependant de conserver une certaine indépendance par rapport au tracé proposé. En effet les tracés de la Via Alpina ont « une logique Refuge » : parfois l’itinéraire « dévie quelque peu » pour atteindre un refuge ou pour pouvoir justifier les 2500 km du parcours proposé… Traverser les Alpes, d’accord, mais faire des détours pour incrémenter le compteur ne fait pas partie de notre philosophie.

Dans le but de nous immerger au maximum nous décidons, comme en 2008, de partir en autonomie complète, ce qui bien évidemment offre une souplesse indéniable sur l’organisation des étapes, mais c’est aussi un atout économique incontestable.

Le départ est fixé au 04 juin 2011, quelques amis nous ont fait la surprise de nous rejoindre pour un pique-nique pantagruélique avant de reprendre les Alpes où nous les avions laissées.

La première semaine est celle du réveil du corps qui sort péniblement de son sommeil. Quelques crampes, les jambes qui tremblent en se couchant, le souffle court, tous les signes d’une vie « confortable » où l’effort physique n’est plus nécessaire et est réduit au maximum.
Malgré tout nous sommes rapidement dedans. Les journées de marche s’allongent même si le temps n’est pas au beau fixe. On se rassure en se disant qu’on est qu’au mois de Juin et qu’après ça ira mieux… Les premiers gros cols arrivent (col de Susanfe, col du Domecre…) que l’on passe sur et sous la neige avec quelques petites frayeurs au programme. Malgré tout, les paysages dépassent de loin nos attentes, les quelques éclaircies qui nous sont offertes sont d’intenses moments de bonheur. La neige sublime les sommets, on se nourrit comme des ogres de tant de splendeur.

Mais nous sommes partis trop vite et au bout d’une grosse semaine le couperet tombe. Rudi a des problèmes au niveau de la malléole droite et j’ai une tendinite aiguë au tendon d’Achille gauche. J’avais pourtant pris le temps de « faire » les chaussures 1 mois avant de partir mais ça n’a pas suffi. Impossible de mettre le pied dans la chaussure sans que ça me fasse mal. 2 jours d’attente interminable au camping de Lenk à me masser le pied et à ne pas bouger. Le troisième jour on décide de racheter chacun une paire de chaussures basses en espérant que ça nous permette de continuer.

La reprise n’est pas concluante mais on avance quand même. Le soleil qui commence enfin à réapparaître et la vue de la Jungfrau (4158 m) et du Finsteraarhorn (4274 m) font office d’anti-douleurs exceptionnels.

Après quelques journées plates dans le Valais bien utiles à ma guérison, nous prenons la direction de la Suisse Italienne et de l’Italie où s’ajoute aux montagnes le charme des torrents sauvages comme dans la « Valle di Peccia » où la truite règne encore en maître des lieux.
Le corps s’habitue bien au traitement qu’on lui inflige, rationnement et efforts physiques. Les kilos superflus disparaissent à vue d’œil, on commence à vraiment entrer dans la peau du marcheur.

Pour l’instant la saison estivale ne fait que commencer et nous ne croisons quasiment personne. La plupart des refuges ouvrent tout juste leurs portes. Etrangement les hameaux perdus dans les montagnes grouillent d’activités. Les habitants préparent l’été et nous sommes impressionnés par le soin qu’ils apportent à leurs chalets et aux jardins attenants. On envie presque la sédentarité en les voyant…
Première vraie pause, depuis le temps mort de Lenk, du côté de Biasca (Suisse Italienne) où notre premier restaurant depuis le départ nous rappelle que nous n’avons plus l’habitude de manger en quantité et en « qualité ». Il faut mastiquer longuement et surtout aller à l’encontre de nos envies face à cette profusion de nourriture. (Cette fois-ci pas de dommages collatéraux…)

Les ascensions des cols sont longues dans cette partie des Alpes mais la récompense au sommet est à chaque fois au rendez-vous (quand le temps est avec nous…) On se nourrit de la vue, de l’air pur et du silence reposant que nous offre la solitude des montagnes. La beauté des paysages et l’effort sont les meilleurs assaisonnements que nous connaissons. Dans ces moments-là un morceau de pain rassis et un vieux bout de saucisson valent tous les grands restaurants !

On s’enfonce toujours plus dans les Alpes et on découvre de merveilleuses vallées encore préservées de l’industrie du ski . La vallée de Juf est un parfait exemple : Située à une moyenne de 2000 m d’altitude elle est bordée de part et d’autre de pentes plus ou moins douces et se termine en « cul de sac » par le Pix Turba (3018 m), une vraie carte postale. Je prends plusieurs photos pour conserver l’image de cette zone encore sauvage, mais pour combien de temps…
Derrière c’est la vallée de Saint-Moritz. C’est en quelque sorte le Chamonix Suisse avec son côté clinquant et des sommets renommés tel que le P. BERNINA ( 4019 m) et le PIZ ROSEG (3937 m). Mais cette vallée ne serait rien sans ses 3 lacs (Lej da Segl, Lej da Silvaplauna et St Moritzersee) où la truite se pêche de la manière la plus noble qu’il soit : à la mouche.

C’est dans une ambiance féerique que nous longeons ses lacs tout juste sortis de leur sommeil. De cette matinée nous tirerons quelques-uns de nos plus beaux clichés.

Malgré l’accueil exceptionnel des Suisses et des paysages hors du commun, nous aspirons à changer d’air. L’arrivée en Autriche par le Schlappinner Joch (2202 m) nous donne une bouffée d’oxygène exceptionnelle malgré le mauvais temps qui s’est réinstallé. Notre portefeuille n’est pas mécontent non plus car lors de notre passage en Suisse 1 euro équivalait à 1,15 Francs Suisse, d’où un coût exorbitant de la nourriture qui a durement entravé notre budget.
Nous jouons avec la frontière Suisso-Autrichienne durant 3 jours le long d’un splendide sentier en balcon jusqu’au Lichtenstein où nous croisons nos premiers Via Alpiniste. Il s’agit d’un couple d’Américains d’une cinquantaine d’années qui parcourt l’itinéraire rouge de la Via Alpina 6 semaines par an.
Avant d’attaquer pleinement l’Autriche nous prenons une journée et demie de repos bien mérité au camping de Feldkirch où la piscine et les équipements du camping réparent nos corps fatigués mais heureux de vivre pleinement cette aventure.

Après les paysages grandioses de la Suisse, le démarrage en Autriche nous paraît, au premier abord, un peu fade. L’altitude est moins importante et les deux jours en fond de vallée pour quitter Feldkirch sont un peu ennuyeux. Mais comme toujours la « route » réserve des surprises. Au détour d’un village on se fait gentiment inviter par une institutrice à prendre le café…
On reprend de l’altitude en passant le petit village de Schröken et le col de Hochtannbergpass qui nous offrira une nuit agitée sous le signe des orages et de la danse endiablée de nos toiles de tente. On commence à apprécier ces paysages moins « grands » mais dont le charme est incontestable. On a l’impression d’être dans un immense terrain de jeu ou chaque chemin, chaque sentier est une histoire à vivre.

Depuis quelques jours je rêve de la dernière rivière sauvage d’Europe, la rivière Lech. J’imagine ces eaux cristallines grouillant de truites et son lit tumultueux. Ce jour arrive enfin le 10 juillet, mais avant, encore une fois l’aventure nous surprend au détour d’un chemin. Cette fois-ci ce sont des bergers autrichiens qui nous ouvrent les portes de leur bergerie pour une grande bière à 9h du matin… Ils nous chambrent un peu quand je leur parle des ours et de la Slovénie. Ils nous disent qu’on n’a rien à craindre, de toute façon on sera trop maigres en arrivant là-bas…
La rivière Lech dépasse nos espérances. Elle est large, sinueuse au possible et l’eau d’un bleu à concurrencer le ciel. Les truites sont au rendez-vous dans les petits ruisseaux qui la bordent. On s’arrête plusieurs minutes sans rien dire juste pour contempler et apprécier le moment présent.

Avant de repartir, symboliquement, on boit chacun une gorgée en pensant à toutes ces rivières en Europe dont la seule survivante est devant nous.

Nous poursuivons notre découverte de l’Autriche en alternant montagnes, fonds de vallées et jolis petits villages touristiques. C’est également le temps des orages qui s’occupent d’anéantir tous nos efforts pour sécher notre équipement. Après Lermoos nous découvrons avec plaisir la vallée du Galstal où sans efforts nous évoluons dans un paysage grandiose.
Déjà un mois et demi que nous marchons quand nous arrivons à Innsbrück. Au programme une journée et demie de repos et visite de la vieille ville. Nous préférons nous arrêter le moins longtemps possible car par expérience on s’est rendu compte qu’il était de plus en plus difficile de repartir quand nous cassions le rythme.
Malgré la pluie qui accompagne notre arrivée en ville nous passons un excellent moment en visitant la vieille ville, le château impérial et en nous offrant un somptueux chocolat viennois « with cream » dans l’illustre hôtel de l’Aigle d’Or. C’est aussi l’occasion de réparer un peu le matériel. La tente de Rudi semble souffrir de gros défauts de conception et les arceaux sont cassés. Nous partons donc en quête de scotch blindé au cas où... Les pointes des bâtons montrent également de gros signes de fatigue, Rudi qui a déjà attaqué le carbone d’un de ses bâtons optera pour un simple bâton de ski à Hintertux quelques jours après notre départ d’Innsbrück.

Cette pause citadine nous a fait du bien et c’est ragaillardis que nous retournons tutoyer les « hauts » sommets. Après une journée sans saveur pour nous éloigner d’Innsbruck nous prenons le chemin de notre plus haut col : Friesenbergcharte 2912 m.
Ce sera notre passage vers 5 jours de temps exécrable où la neige sera notre plus fidèle amie. Un réveil hivernal au bord du lac Schlegelsspelcher et une crête avortée avant notre arrivée sur Campo Tures entravent sérieusement notre moral. Mais heureusement nous avons notre kit de survie : le chocolat !! Une après-midi « tranquille » en ville et quelques pâtisseries nous font oublier les désagréments des précédents jours.
Pour la deuxième fois depuis le départ c’est avec des chaussures neuves que nous attaquons une de nos plus grosses étapes : plus de 2000 m de dénivelé positif pour atteindre Gemsbichljoch à 2800 m. On se lève à 5h. Après deux heures à longer la route on arrive au départ du sentier. A Innere Gelttalam on a le souffle coupé tellement le paysage qui s’offre à nous est grandiose. Hier on maudissait la neige aujourd’hui on la remercie de sublimer ainsi les sommets. Cette ascension restera gravée dans notre mémoire comme celle nous ayant offert un des plus beaux panoramas.

Nous prenons tranquillement la direction des Dolomites. Le temps se gâte à nouveau et c’est le début de deux jours de galère à se perdre, à descendre du mauvais côté du col, à remonter sur un autre inutilement et à dormir sous la neige. Malgré tout on arrive au Tre Cime où l’on refait à nouveau connaissance avec le tourisme de masse. « Autoroute » pour accéder au refuge qui est sale et bondé. La contrepartie d’un site exceptionnel facilement accessible.

On s’extirpe tant bien que mal des Dolomites pour arriver à Sesto, point de départ du Karnisher Hohenweg qui est un trek de 10 jours où 90% du parcours se fait sur la crête. Un magnifique moment en perspective.
On se charge pour sept jours, il va falloir tenir la cadence car il n’y a pas moyen de se ravitailler sauf en redescendant dans la vallée. Le soleil nous accompagne par intermittences mais cela suffit à rendre cette partie du voyage extraordinaire. C’est grisant d’évoluer sur un sentier avec une vue à 360°. On se gave de paysages et aussi d’Apfelstrudel…(c’est une spécialité autrichienne servie dans les refuges).

Un soir après un bon chocolat chaud et une part d’Apfelstrudel accompagnée de crème chantilly, on part installer notre bivouac au dessus du refuge Hochweisstein. Les vaches semblent loin donc pas d’inquiétudes. Mais rapidement on ne sait par quel miracle elles s’approchent et viennent s’installer près de nos tentes. Le bruit du ruminement de ces boites à herbes est insupportable, elles n’arrêtent pas, on pensait que la nuit allait les calmer ! Mais non, elles ruminent assises, couchées, en dormant !!! N’arrivant pas à dormir de rage on sort à 1h du matin pour les chasser une n-ième fois. Là c’est un choc… Le ciel est somptueux, aucune pollution lumineuse n’est là pour nous empêcher de voir les milliards d’étoiles qui tapissent le ciel. Le voilà notre hôtel avec des millions d’étoiles dont parlent Poussin et Tesson. On s’incline finalement devant les vaches pour ce moment unique.

Le début de la traversée des Alpes Carniques est assez fréquenté sur les portions les plus intéressantes mais avec les altitudes qui baissent et des paysages moins imposants, les randonneurs se font rares. Notre moral est aussi en berne. Depuis le départ le temps n’est pas vraiment avec nous et les montagnes qui rapetissent nous signalent qu’on approche doucement mais surement de la fin de notre aventure. Comme prévu nous arrivons au bout de la crête à Thörl-Maglern au bout de 7 jours. Malgré une fin peu intéressante cette partie de notre transalpine restera comme la partie la plus aboutie d’un point de vue randonnée. En effet nous laissons derrière nous 7 jours de pur sentier sans équivalent depuis notre départ.
L’arrivée en Slovénie est un véritable moment d’émotion et un bon coup de pouce au moral. C’est en quelque sorte le pays « exotique » de l’aventure et une frontière que nous avons rêvée sans penser l’atteindre un jour.
Au Dreiländereck (point de rencontre des frontières Italienne, Autrichienne et Slovène) nous prenons tout notre temps pour entrer en Slovénie.

Rapidement nous atteignons notre premier village Slovène Ratece. Le temps de jouer à chercher les différences et similitudes avec nos villages que nous abordons déjà le parc national du Triglav. On rencontre un groupe de randonneurs autrichiens parti la veille pour effectuer la traversée de la Slovénie, on discute de nos expériences respectives et ils nous mettent en garde contre les Rangers. On passe quelques minutes ensemble en attendant que « leur messager » revienne avec des informations sur le chemin. On vient de découvrir que les cartes slovènes sont assez approximatives, ce qui nous vaudra quelques détours par la suite…
Nous sommes un peu déçus, nous avions rêvé la Slovénie comme un endroit sauvage et préservé et c’est ici même au cœur du Triglav que nous rencontrons le plus de monde et malheureusement le plus de papiers le long des chemins. La Slovénie victime de sa beauté ?

Après un après-midi de repos au camping de Trenta, réveil à 5h le 05/08/2011, direction le sommet de la Slovénie : Le Triglav. La journée va être longue, Trenta est à 600 m d’altitude et le Triglav à 2864 m soit presque 2300 m de dénivelé d’un seul bloc.
La première partie est progressive jusqu’au col de Luknja (1758 m), c’est un sentier sinueux très bien entretenu. Nous avons pris la décision de faire au plus « court » (sur la carte…) et de passer par Plemenice. Dans les derniers mètres avant l’arrivée au col je commence à avoir des doutes. Le sentier est en pointillé sur la carte et de chaque côté du col il n’y a que de la roche. Nous arrivons à 8h15 au col de Luknja, et là nos doutes se transforment en certitudes. Il n’ y a pas de chemin. On lève un peu la tête et à notre grande stupeur on observe des gens évoluer sur la roche sur une sorte de Via Ferrata.

On s’assied quelques minutes pour les observer et réfléchir. Deux solutions s’offrent à nous :

  • Soit on tente la Via Ferrata sans baudriers et avec des sacs de 20 kgs
  • Soit on fait demi-tour et on reprend le sentier « classique » 500 m plus bas.
    Je n’aime pas faire demi-tour mais à ce moment précis on n’en mène pas large. Un groupe de 3 personnes se lancent dans l’ascension, ils n’ont pas l’air très physique et n’ont pas d’équipements spéciaux. On se regarde avec Rudi et contre toute attente on décide d’y aller ! Les premières minutes sont stressantes d’autant que nos sacs ne sont pas du tout adaptés à ce genre d’exercice. Mais rapidement on commence à apprécier de jouer avec les câbles et la roche. Au bout d’une demi-heure le stress laisse place à l’euphorie. Nous n’avons aucune expérience de l’alpinisme et jusqu’à maintenant nous nous demandions quel plaisir peut on avoir à tromper la mort en permanence. Sans parler d’alpinisme cette première nous a permis d’approcher un peu le sentiment de plénitude que doivent apporter les cimes.

12h00 : nous arrivons au sommet !! Nous sommes exténués mais au comble du bonheur. La vue est époustouflante et l’ascension magique. Cette première approche rando/escalade nous a transcendés. Nous pensons déjà aux prochains sommets que nous gravirons une fois rentrés en France. Un véritable rêve éveillé dans lequel nous avons pleinement vécu l’instant présent. Vivre le moment présent, une utopie dans la vie de tous les jours que l’appréhension et le stress nous ont offerte…

Nous ne nous attardons pas au sommet, le temps commence à se couvrir et c’est la cohue (il y a même un vendeur de canettes ambulant !!!). Nous redescendons sur le refuge Triglavski Dom qui est le point de départ de la chaîne humaine qui se lance tout au long de la journée à l’ascension du Triglav.
Pour les Slovènes le Triglav est un véritable symbole, chaque Slovène doit l’avoir gravi au moins une fois dans sa vie. Ce qui explique les cris de joie qui descendent du sommet jusque tard dans l’après-midi.
Nous avons eu de la chance, le soleil a été avec nous pour l’ascension, mais depuis il a disparu pour laisser place à la pluie et à un épais brouillard en altitude. Difficile de rebondir après cette intense journée du Triglav, notre moral et le temps sont en bernes. Les journées qui suivent sont plates. On sort tranquillement du parc national après être passé sur les rives du lac Bohinjsko Jezero. On avance pour avancer. La fin de l’aventure est toute proche, notre esprit commence déjà à se projeter dans l’après.

Malgré tout on découvre une autre facette de la Slovénie. Le côté sauvage n’est pas là où on l’attendait. C’est dans ces paysages de moyenne montagne aux vallées profondes que la Slovénie prend à nos yeux tout son sens. Nous passons Porezen à 1630 m sous un vent particulièrement violent mais qui accompagne notre descente sur une crête que l’on assimile sans mal au Ballon des Vosges. A perte de vue une montagne arrondie, vallonnée et tachetée d’une multitude de hameaux.
Nous poursuivons notre descente paisible vers la mer en passant par Sovodenj et Idrija non sans avoir fait quelques détours plus ou moins voulus et où nous retrouverons notre groupe de randonneurs autrichiens descendant d’un bus…

Le passage dans les hameaux est toujours un grand moment gustatif, chaque maison a un grand jardin et un verger dans lesquels nous soulageons les arbres de quelques prunes et pommes qui dépassent plus ou moins sur notre chemin…
Nous nous arrêtons à Postojna 2 jours pour visiter les grottes du même nom. Une visite hors norme et mémorable. Mais malheureusement trop rapide, un peu à l’opposé du voyage tout comme Ljubljana petite capitale qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable.

La descente vers la Mer Adriatique s’amorce sérieusement après nos 2 jours de visites. L’esprit n’est plus à la marche il veut en finir. Le corps a bien récupéré depuis plusieurs jours, les efforts sont moins importants depuis que nous avons quitté le Triglav.

Samedi 13 août 2011, nous arrivons dans la matinée, 70 jours tout juste après notre départ de Samoëns. Nous aurions voulu le faire exprès, nous n’aurions pas pu. Nous ne réalisons pas encore tout le chemin parcouru même si depuis quelques temps des images commencent à revenir. Nous nous arrêtons au port, on ne peut plus aller plus loin. C’est fini, nous y sommes arrivés, traverser les Alpes à pied en autonomie totale. Le voyage n’est pas complètement terminé, le retour en fait aussi partie mais pour l’instant nous prenons un bon repas sur le port en guise d’adieux (momentanés…) à la Montagne…

The End

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Dernière modification : 16 mai 2018

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Avis et commentaires

Merci !!! ça fait toujours plaisir de recevoir des ommentaires positifs !! En tout cas bon courage pour ton trip dans les Alpes avec ta chienne et tiens nous au courant ça permetra d’échanger nos impressions !!! Depuis l’article on a monté un petit site, si ça t’intéresse www.viaterra.fr .

Au plaisir et j’espère à bientôt !!

superbe trip ! J’envisage de faire un truc du style accompagné de de ma chienne Galice d’ici l’été 2014 peut être même l’été prochain... il sera surement un peu moins consistant (idéalement 20 à 40jours maxi). Pour l’instant je ne suis pas bien fixé (un parcours perso, genre "le tour des alpes françaises hors parc nationaux...rapport à Galice).

En tout cas vous m’avez régalé avec votre bande annonce et votre film de 50 minute où je me suis bien marré. Le verre d’eau chaude sucrée en guise de petit déjeuner.....c’était grand luxe ! 😉

Encore bravo !

Merci beaucoup Vince en effet on se connait depuis 20 ans avec Rudi (même si on est pas si vieux...😉 ) et c’est une des raisons pour laquelle on arrive à se supporter durant ces semaines ;)
Sinon Cricou 2 jours ou + c’est pareil il suffit de multiplier c’est tout ...😉

cricou_mrs

un grand bravo !!!
j’ai l’air malin avec mes bivouac de 2 jours... 🙂

Salut Nicolas et Rudi !
Vraiment un sacré récit qui se dévore du début à la fin !
Une belle expérience, et un témoignage qui donne envoie de prendre le sac pour quelques semaines !
Il y a quelques bons bivouacs qui m’ont fait bien bavé !
Bref un sacré moment qui marque une vie et une belle amitié !
Chapeau bas !

Merci Mich !!! Ton Megève - Nice est peut être le début d’une autre aventure dans les Alpes...( C’est le GR5 qui nous a donné envie de prolonger la balade dans les Alpes...)
En tout cas tu n’as pas trainé en 17 jours !!!

Bonne journée !!

Chapeau les mecs, mon petit périple solitaire de 2009 de Megève à Nice n’est rien en rapport de votre jolie balade.
Mais, au cours de mon périple, j’ai rencontré un autre solitaire qui effectuait la totalité de la Via Alpina d’une seule traite. Tout comme vous, il était en autonomie n’ayant passé que 2 nuits en refuge pendant les 4 mois. Je l’ai rencontré dans le Sud de la France presque au bout de son périple.
Pour moi, ce n’était qu’une petite balade solitaire de 17 jours. Les mêmes chiffres que vous mais dans le désordre.
Encore chapeau.

Pour la salamandre je ne saurais pas trop quoi répondre 😉 Tout ce que je peux dire c’est qu’on a en croisé que 2 fois en suisse vraiment sur des zones bien précises.

Merci à tous c’est vraiment avec plaisir que nous partageons cette traversée !!!

hereme

Notre ami Pierre Corneille eût apprécié : pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître (le Cid).

merci pour le nom du sommet. très belle photo en tout cas.

Bivouacs, étoiles et chocolat... C’est sympa d’avoir couché votre périple sur le "papier". Superbe contrib. Bravo !!

Pour le sommet il s’agit du Schneebiger Nock ou Monte Nevoso c’est au niveau de Campo Tures avant d’attaquer les dolomites.
Merci beaucoup pour tout vos commentaires !!!

Bonne soirée !!

qu’elle est donc le sommet visible sur la 21e photo ?

Et quelle contribution, bravo et chapeau comme on dit, la 4e photo, est ce une salamandre de Lanza ?

Bienvenue, Nicolas, pour cette brillante première contribution sur altituderando !

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