Traversée du cirque de Mafate en cinq jours de Dos d’Âne à Cilaos

Difficulté :
Moyen
Dénivelé :
4200m
Durée :
3 jours et plus

Dépaysement total. Tranquillité assurée. Paysages magnifiques. Sentiers superbes et surprenants. – Auteur :

Accès

Faire pas mal d’heures d’avion.
De l’aéroport de Saint-Denis, rejoindre Dos d’Âne par les pittoresques transports en commun (ne pas oublier de claquer des mains pour demander l’arrêt !).
Bus Aéroport à Gare routière de St-Denis, puis bus St-Denis à Gare routière de ‘Le Port’, puis bus Gare routière de ‘Le Port’ à Dos d’Âne.

Précisions sur la difficulté

La seule vraie difficulté est la chaleur qui, même en octobre, peut être forte (30°C voire plus), combinée au manque de sources (voir plus loin).

Les sentiers n’offrent en terme de passage technique que quelques courtes échelles et même si on est parfois accrochés en pleine forte pente, la végétation masque presque tout le temps le vide.
Dans Mafate, lorsqu’on s’arrête, bien souvent on ne se remet pas ‘en marche’ mais ‘aux marches’. Les sentiers sont truffés de marches (quel boulot pour les faire !!!) ; le ‘must’ étant le Sentier Dacerle du 3e jour (combien de centaines de marches ?).

On est amenés à traverser quelques gués qui ne posent aucun problème … sauf lorsque des pluies ont gonflé la rivière, pouvant même parfois empêcher d’utiliser le gué (là encore, la population locale est au courant).

Une autre difficulté peut venir de l’alimentation ; en effet beaucoup de randonneurs trouveront les petits déjeuners (thé + pain blanc, parfois des fruits mais rarement) trop légers pour 5 à 6 heures de randonnée à venir.

Les infos essentielles

  • Carte : IGN TOP25 4402 RT St-Denis - Île de la Réunion - Cirque de Mafate et de Salazie
  • Lien IGN : Cirque de Mafate
  • Dénivelé : Les dénivelés sont donnés étape par étape ; en cumulé cela fait 4200m
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Itinéraire

Plutôt que de recopier le guide qui m’a servi à préparer cette traversée, autant en donner simplement la référence. Il s’agit du TopoGuide de la Fédération Française de Randonnée ayant pour titre « L’Ile de la Réunion  » (15 euros en 2012). Les étapes qui sont commentées par le texte ci-après y sont clairement décrites. Il peut suffire, mais il existe plein de littérature intéressante sur La Réunion.

La Réunion est un vrai ‘paradis’ pour les randonneurs ; les sentiers y sont nombreux et bien entretenus. Il arrive que des sentiers soient fermés pour cause d’éboulement par exemple, mais des panneaux préviennent et la population locale, d’une gentillesse extrême, est au courant de ces fermetures.

Il n’est pas trop difficile de se ravitailler dans Mafate  ; il y a malgré tout quelques ‘épiceries’ où on trouve de quoi se nourrir sans être trop exigeants ; le guide mentionné ci-dessus permet de les repérer.

Les sources sont très rares et il fait chaud (voire très chaud), il faudra donc porter pas mal d’eau. On peut partir très tôt et marcher vite … mais que faire à l’arrivée ? Ou bien marcher tranquillement, profiter des points de baignade, chercher l’ombre pour des arrêts … et prendre le temps de s’en mettre plein les yeux sans pour autant arriver tardivement au gîte d’étape.

Il n’est en effet pas rare de trouver des sites de baignade au long du parcours … mais il est parfois difficile de se remettre en route après la trempette.

Les temps donnés ci-après sont des temps de marche (hors arrêts) donnés à titre indicatif (les concurrents du Grand Raid vont beaucoup plus vite !).

Quelques détails tout de même.

J1 : de Dos d’Âne à Aurère

  • D+ 890m
  • D- 940m
  • 4H30

On commence par une très longue descente pour rejoindre une première fois (il y en aura plein) le lit de la Rivière des Galets.
On découvre ce que c’est qu’un sentier taillé en plein ‘rempart’ et on est admiratif devant le travail accompli pour réaliser de tels sentiers.
On utilise pour une première fois un gué.

J2 : de Aurère à Grand Place Ecole

  • D+ = 600m
  • D- = 830m
  • 4H

On franchit le Bras Bémale sur une magnifique passerelle.
Puis on découvre la belle chapelle de l’Ilet à Malheur … dont l’emplacement est un pur bonheur.

  • A signaler un bon ‘bar-épicerie’ à l’Ilet à Bourse presque en milieu d’étape.

Plusieurs gîtes existent à Grand Place. On peut soit s’arrêter au plus vite à Grand-Place les Hauts, soit poursuivre et loger à Grand Place Ecole qui est mieux situé pour l’étape du jour suivant. Et la conversation avec Mr Ivrin Pausé (‘LE’ facteur de Mafate) est un ‘must’ pour comprendre ce qu’était le métier d’un facteur dans Mafate.

J3 : de Grand-Place Ecole à Roche Plate

  • D+ = 870m
  • D- = 420m
  • 5H30

Plusieurs itinéraires possibles pour cette étape. Mais le site de la Roche Ancrée vaut le détour … et offre un site de baignade. Il suffit de suivre le GR ‘R2’ pour le parcourir.

J4 : de Roche Plate à Marla

  • D+ = 900m
  • D- = 400m
  • 6H30

Là encore deux possibilités pour cette étape.

Une qui passe par ‘La Nouvelle’ qui est presque une petite ‘ville’ dans Mafate (donc ravito assuré).

Une autre, qui évite La Nouvelle, est un peu plus sauvage et permet de longer un instant la Rivière des Galets, donc devinez quoi : baignade possible. Et en plus en cours d’étape, on passe au site des ‘3 Roches’ ; certes on y trouve du monde (enfin tout est relatif), mais on comprend pourquoi : c’est magnifique et il est possible d’y venir en aller-retour dans la journée depuis le parking du Col des Bœufs.

A Marla, on se rend compte que l’on est plus très loin de sortir de Mafate  ; ça ‘sent’ presque le site touristique (gîtes plus confortables qu’au cœur du cirque) ; pas mal d’animation.

J5 : de Marla à Cilaos

  • D+ = 930m
  • D- = 1310m
  • 5H30

On passe (c’est parfois raide mais au bout de 4 jours on est habitués) le fameux col du Taïbit qui constitue une porte de sortie de Mafate.

Si on est trop fatigués on pourra emprunter un bus à Bras Rouge ; à moins d’y arriver après le dernier bus … dont on ne connaît pas l’heure.
Mais il serait dommage de ne pas rejoindre Cilaos par le site de la cascade de Bras Rouge pour arriver a centre de Cilaos à pieds.

‘Sortie’ du 12 au 16 octobre 2012

J1 : Dos d’Âne à Aurère ; on rentre dans Mafate

Sacs ajustés, bâtons bien en mains, nous (trois amies, ma femme et moi) empruntons le raccourci indiqué par le propriétaire de notre gîte d’étape « Les Acacias  ». Nous traversons le village afin d’entamer la longue descente jusqu’à la Rivière des Galets (sentier un peu technique, passages vertigineux avec des échelles, végétation dense et luxuriante). Nous en prenons déjà plein les yeux ; le dépaysement est total.

A mi parcours nous devisons avec des ouvriers de l’ONF. Nous imaginons le travail remarquable que cela leur demande pour entretenir un tel sentier (mise en place de protections, création de marches d’escaliers pour stabiliser le terrain). Enfin nous touchons le fond, l’eau de la Rivière des Galets n’est plus un mirage ! Nous allons pouvoir y faire trempette à l’occasion du pique-nique. Nous connaissons nos premiers passages à gué pour traverser le Bras de Ste Suzanne.

Il nous faut maintenant remonter. La lente remontée se fait sous une chaleur déjà éprouvante. Le sentier, bordé d’agaves, est parfois taillé dans la roche.
Les marches d’escaliers sont nombreuses.

On rencontre des bambous à la taille démesurée. De petits paniers (nids de béliers) se balancent au gré du vent à la cime des arbres.

Pour arriver à Aurère nous empruntons le ‘sentier panoramique’ bordé d’agapanthes pour déboucher dans un écrin de verdure et de fleurs (poinsétias géants). Nous passons devant l’école silencieuse (c’est les vacances) mais il est bien facile d’imaginer une ribambelle d’enfants remuant de tous côtés.

Nous trouvons refuge, détente et repos sous le kiosque du gîte de Georget Boyer … en compagnie de la bière Dodo qui nous est maintenant familière. Après le repas (aïe, aïe, aïe le rougail !!!) on discute avec notre hôtesse qui tient à nous informer des problèmes au quotidien de son Ilet : éducation, hygiène. La visite de l’ancien ministre François Baroin semble avoir porté ses fruits puisque l’Ilet bénéficie désormais de l’hélicoptère éboueur tous les mois au lieu de tous les 2 ans !!!

J2 : De Aurère à Grand Place Ecole

Vers 8h nous quittons cet havre de verdure et de paix. Descente pour aller traverser le Bras Bémale sur une passerelle toute neuve. Une rude remontée ensoleillée en direction de l’Ilet à Malheur suit ; une belle forêt de filaos nous apporte heureusement un peu de fraîcheur ! L’Ilet à Malheur est un ravissement ; une petite chapelle et sa cloche indépendante nous invitent au recueillement, des fleurs bien ordonnées attirent le regard.

Rencontre et discussion avec d’autres randonneurs fort sympathiques. On poursuit vers l’Ilet à Bourse et on traverse une passerelle ludique (un panneau indique qu’il ne doit pas y avoir plus d’une personne sur la passerelle … qui pourtant paraît très solide).

On trouve une mini épicerie : achat de bière (on est en manque !) et d’ananas ! Déjeuner au bord de la rivière du Bras d’Oussy ; les forces nous reviennent car le sentier vers Grand Place les Hauts avec la chaleur n’est pas de tout repos ! Bien vite nous amorçons la descente sur Grand Place Ecole, jusqu’au gîte du Bougainvillier. Quel plaisir de poser les chaussures !

On discute un peu avant le repas avec Ivrin Pausé, le « messager de Mafate » dont nous achetons le livre à caractère autobiographique. Il nous conte sa vie de facteur dans Mafate ; il nous dit avoir, en 40 ans, fait l’équivalent de cinq tours du monde à pied !!!
Après le repas fait de cari poulet ce soir … et de gâteau chouchou patate (horrible !!!) nous passons une soirée récréative avec de jeunes réunionnais et on va leur faire la surprise de pousser la chansonnette , le rhum arrangé aidant !!!

J3 : de Grand Place Ecole à Roche Plate

Départ matinal (6H45) du gîte. On descend sur Cayenne  ; nous profitons de la fraîcheur matinale et admirons au passage la plus vieille cloche du cirque de Mafate !

On chemine en balcon au-dessus de la Rivière des Galets puis on la rejoint une nouvelle fois. La ‘Roche Ancrée’ offre un endroit propice à la baignade. On en profite.

Il faut penser à la suite et quitter la rivière pour gravir les interminables marches d’escaliers du ‘sentier Dacerle’ sous une chaleur de plus en plus accablante, le moral est en baisse !

Les troupes sont en perte de vitesse, l’arrêt le plus proche sera le bienvenu ; d’ailleurs une forêt d’eucalyptus nous invite au repos … et à un petit repas tiré des sacs. On se remet en marche et aux marches !!!

Notre gîte est proche, les premières maisons colorées de Roche Plate ravivent nos sens, les dernières marches sont escaladées avec vigueur, pour arriver «  Chez Merlin »‘ (nom du gîte) ; l’enchanteur est passé par là !

Mais combien de centaines de marches venons-nous de gravir en une seule journée ???

On découvre notre gîte de la nuit : pas de carreaux aux fenêtres … heureusement il ne fait pas froid, mais juste frais sur le soir.
Nous faisons un tour à l’épicerie locale où nous discutons longuement avec le très sympathique épicier … et nous lui commandons du pain pour le lendemain. Au repas discussion avec une habituée de la rando à la Réunion qui nous donne quelques indications sur les nombreux sentiers qu’elle a déjà pratiqués.

J4 : de Roche Plate à Marla

Pour une fois nous avons des fruits (fruits de la passion, bibasses) au petit déjeuner.

Achats de provisions à l’épicerie locale, notre interlocuteur se montre comme la veille très prolixe et convivial ; il va même nous offrir les ti’bananes réservées à ses cochons ! On récupère les meilleures (elles sont tout à fait consommables), elles amélioreront notre maigre ordinaire. Nous récupérons le pain … miracle c’est une baguette de bon pain (jusqu’ici c’était du pain blanc presque spongieux).

Le départ est donné vers 8h10, nous empruntons un raccourci repéré la veille pour rejoindre le GR et découvrons un sol très volcanique ; la chaleur est déjà là. Après avoir longé un terrain de foot perdu dans la campagne, nous effectuons une longue traversée sous le rempart, et nous sommes pas mal à l’ombre. Le sentier est ensuite au soleil et agrémenté par la découverte de ‘bibes’ (grosses araignées jaunes et noires) suspendues entre 2 branches à plus de 2m du sol ! Nous croisons deux randonneurs et faisons des envieux avec notre baguette de pain !

Bientôt le site des ‘3 Roches’ s’offre à nous, asile de fraîcheur ; la douceur du lieu nous séduit, la rivière est à son plus bas débit et nous laisse la traverser sur de larges dalles trouées de marmites. La Rivière des Galets fait une belle cascade qui se perd dans un canyon très profond.

C’est un lieu très prisé par les randonneurs et accessible en trois petites heures depuis un parking côté Salazie. J’ai la surprise d’y retrouver Jean-Christophe accompagné de son épouse, venu s’y détendre avant d’affronter le Grand Raid ! L’endroit est idéal pour se restaurer … ce que nous faisons.

On poursuit le chemin le long de la Rivière des Galets qui porte bien son nom (gros blocs).

Mais la montée s’amorce et la végétation se fait rarissime. Nous entamons la remontée d’une sorte de large canyon où le sol renvoie la chaleur ; la chaleur est très intense, presque suffocante. Au fil des pas nous découvrons notre chemin encore long bien que nous ayons en point de mire les premières toitures de Marla et surtout la forêt avoisinante (un peu d’ombre !).

Après avoir traversé une petite forêt de filaos, Marla se découvre sur un plateau à flanc de montagne avec ses petites maisons colorées si éloignées les unes des autres.

Nous nous installons chez Fanélie César, allons prendre une ‘Dodo’ au bar du ‘village’, puis prenons le temps d’admirer le panorama : les ravines, le chemin parcouru… Chacun a en tête les efforts fournis et la rivière au loin si petite ! Le ciel se dégage et le coucher de soleil est un moment de pur bonheur.

J5 : de Marla à Cilaos ; on quitte Mafate à grands regrets

8h, c’est le départ pour le col du Taïbit, les premiers escaliers sont là, nous sommes habitués maintenant et puis nous sommes à l’ombre bienfaisante des mimosas et des millepertuis odorants.

Enfin nous arrivons au col qui marque la ‘frontière’ entre le cirque de Mafate et celui de Cilaos. Joli point de vue et derniers regards sur le cirque de Mafate, il faudra s’en détacher et basculer sur un autre monde plus civilisé, celui du cirque de Cilaos  !

La petite ville nous apparaît au loin, petites maisons posées sur un vrai plateau gardées par la tour imposante et blanche de son clocher. La descente ‘vertigineuse’ (D- de 1250m) s’amorce au milieu de bruyères arborescentes recouvertes de lichens, nombreux escaliers jusqu’à la route goudronnée. Refusant d’attendre le bus, nous décidons de rejoindre Cilaos à pied par le sentier. Repas à l’ombre près d’un petit ruisseau ; au menu … ananas bien sûr !!!

Petite pause baignade à la cascade de Bras Rouge ; les corps sont endoloris et meurtris !

La remontée sur Cilaos se fera à l’abri de la végétation de plus en plus exubérante. A l’arrivée, au sortir du chemin, après quelques dernières marches, un carillon festif nous accueille ; nous retrouvons des amis d’amis, chez qui nous avions entreposé nos bagages pour le reste du séjour, venus en famille nous accueillir joyeusement … et nous livrer nos bagages.

On rejoint notre gîte, le « Bois de Senteur  », en passant devant l’Office de Tourisme de Cilaos, et là, horreur ! Qu’apprend-on ? Que les thermes sont fermés !!! Nous qui comptions sur une visite aux thermes pour une remise en forme … c’est râpé !

Nous débarquons nos bagages et nous nous installons. La température le soir est plutôt fraîche. Rendez-vous est donné à notre hôte qui viendra nous prendre en voiture pour nous conduire à son restaurant : le « Cryptomeria  ». Nous y aurons droit à un excellent repas typique avec : cassolette de gratin jambon/songe, cari pintade (avec rougail en option comme d’habitude) et gâteau au songe. Le propriétaire, employé de l’ONF, nous explique avec bonne humeur le reboisement de l’île avec les essences endémiques.

Nous voyons passer quelques concurrents du Grand Raid qui vont rejoindre Cilaos dans la nuit ; nous leur souhaitons bon courage. Après cinq jours dans Mafate, nous comprenons mieux pourquoi le Grand Raid de la Réunion est aussi appelé la Diagonale des Fous !

Quand à nous qui l’avons parcouru tranquillement, sac au dos, nous n’oublierons pas Mafate de si tôt.

Avertissements et Droits d'auteur

Dernière modification : 22 septembre 2022

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Auteur :

Avis et commentaires

Merci pour tes précisions.
C’est curieux, ces fleurs qui voyagent et qui du Japon (ou du Brésil) viennent jusqu’à la Réunion !

Sauf erreur :

  • Photo 9 :
    Nom commun : Asclépiade de Curaçao, herbe à Madame Boivin (nom local : herbe à chenilles, corbeille d’or à ouate, herbe à papillons, Ti Ouette.
  • Photo 36 :
    Nom commun : Iris du Japon (autre nom : Iris frangé).

wowwwwwwwwwwwww.... merveilleuse .... avec des sentiers spectaculaires...c’est le paradis ?????

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