Les Avoudrues (2666 m), traversée intégrale Est-Ouest
- Alpinisme
- Haut-Giffre Haute-Savoie Sixt-Fer-à-Cheval
- Difficulté :
- Alpinisme PD
- Dénivelé :
- 1900m
- Durée :
- 1 jour
Une belle course entre randonnée aérienne et alpinisme facile. La traversée des arêtes possède un charme indéniable et offre plusieurs beaux passages aériens. Le tout se déroule dans le cadre magnifique du Cirque du Fer-à-Cheval. – Auteur : Randorama74
Accès
De Samoëns, suivre la D907 jusqu’à Sixt. Traverser le village pour suivre la direction du Cirque du Fer-à-Cheval. Dépasser le hameau des Curtets et tourner à gauche juste après. Rejoindre "Le Crot" où un petit parking se trouve au terminus de la route.
Précisions sur la difficulté
Difficulté Rando = T5
Difficulté alpinisme = PD
Cotation obligatoire = 3a pour le premier ressaut (cotation sujette à discussion) ; 4a pour le second.
Matériel : Casque, piolet, corde, 5 dégaines si l’on escalade le grand ressaut, éventuellement quelques sangles.
Course longue en distance et dénivelé.
Progression "relativement" aisée jusqu’à l’antécime des Avoudrues. La Boîte aux Lettres est plus malcommode que difficile. Les rares ressauts de l’arête Ouest peuvent tous se contourner.
Progression délicate après l’antécime. Le ressaut de 10m est coté 3a sur le guide du CAS (cotation sujette à discussion selon moi). Le contournement du ressaut se fait via des bancs rocheux (versant Nord) qui peuvent présenter quelques difficultés selon le niveau des névés.
Le second ressaut est athlétique (4a) mais passe bien en tire-clou. Possibilité de le contourner en versant Sud (très exposé - pentes schisteuses raides).
La suite de l’arête présente quelques passages effilés et parfois très aériens, notamment le râteau de chèvre et le ressaut qui fait suite.
La descente sous le Col des Grands Fats nécessite beaucoup de prudence, en raison notamment des barres rocheuses et du terrain peu franc (éboulis et schistes).
Photos
Les infos essentielles
- Carte IGN : IGN 3530 ET - Samoëns Haut-Giffre
- Altitude minimum : 818 m
- Altitude maximum : 2666 m
- Distance : environ 21 km
- Horaires : comptez entre 8 et 12 h
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Itinéraire
Approche
Du parking, emprunter le chemin pierreux qui monte au Nord dans la forêt. Suivre "Pointe de Bellegarde" aux différentes bifurcations. Après une raide et longue montée en forêt, le chemin débouche dans le vallon de Salvadon. Observer au passage l’itinéraire de descente (point de vue idéal).
Le chemin rejoint les Chalets de Salvadon puis longe un ruisseau au pied des contreforts Nord de la Pointe de Sans Bet. Rejoindre ainsi le fond du vallon puis suivre un sentier cairné et remonter les larges pentes herbeuses situées à l’Ouest de l’arête de Trécot. Après un replat vers 2000 mètres, on atteint un pierrier où la trace est plus difficile à suivre. Remonter ce pierrier jusqu’à venir sous les parois.
Suivre toujours les cairns pour atteindre des câbles au pied du Passage de la Boîte aux Lettres. Franchir le passage entièrement équipé (plus étroit et malcommode que réellement difficile). Remonter ensuite la rampe rocheuse pour déboucher au col 2469. De celui-ci, l’aller-retour à la Pointe de Bellegarde (2514m) prend 5 minutes (suivre les cairns).
Du col, suivre la crête qui s’élève à l’Ouest en direction des Avoudrues. D’abord herbeuse, la crête devient ensuite rocheuse. Remonter plusieurs séries de gradins en progressant au plus facile et en évitant les rares difficultés par le versant des Chambres (possibilité de corser la chose en franchissant quelques ressauts en II). Atteindre ainsi l’antécime des Avoudrues (2625m).
Trouver au Sud de l’antécime un grand ressaut de 10 mètres équipé de 5 spits qui bloque la progression. Deux possibilités ici :
- Franchir directement le ressaut (escalade en léger dévers - 3a à confirmer) et poursuivre sur l’arête jusqu’au ressaut suivant.
- Du pied du ressaut, descendre d’environ 10 mètres sur les bancs rocheux en versant Nord (plus ou moins difficile selon le niveau des névés). Traverser sur une cinquantaine de mètres jusqu’à atteindre un couloir évident de rochers clairs. Remonter facilement celui-ci (quelques rares pas de II) et rejoindre une nouvelle brèche dans l’arête au pied d’un ressaut.
À nouveau deux possibilités :
- Escalader directement le ressaut assez court (2 mètres) équipé de 2 spits très rapprochés. Le passage peut se faire en tire-clou (4a).
- Descendre dans un petit couloir en versant Sud pour contourner le ressaut et remonter vers l’arête via des pentes de schistes brisés très raides (passage très exposé).
Poursuivre enfin sur l’arête, fine et aérienne, jusqu’au sommet des Avoudrues (2666m).
Descente
Continuer sur l’arête Ouest jusqu’à rejoindre un petite brèche (progression sur le fil impossible derrière celle-ci). Au Sud, un couloir de blocs brisés de couleur ocre permet de rejoindre la grande vire herbeuse de la Diagonale Sud.
Si l’on souhaite réaliser la traversée intégrale, descendre légèrement dans le versant Nord à l’opposé du couloir Sud. Poursuivre vers l’Ouest dès que possible pour contourner le ressaut infranchissable. Retrouver ensuite l’arête qui devient de plus en plus étroite. Franchir un passage impressionnant en râteau de chèvre et atteindre un ressaut que l’on escalade par le versant Nord (plus impressionnant mais plus facile que la progression sur le fil). Poursuivre ensuite sur la crête débonnaire jusqu’au Col des Grands Fats.
Du Col des Grands Fats, descendre au Sud le raide couloir d’éboulis qui permet de rejoindre la grande vire inclinée qui court sous les parois en direction de la Pointe de l’Écorchoir. Progresser prudemment sur cette vire alternant dalles rocheuses et éboulis schisteux. Ne surtout pas tenter de descendre vers Salvadon (barres rocheuses) !!!
Franchir plusieurs ravines en passant au-dessus de plusieurs petites pointes rocheuses. La dernière ravine permet de rejoindre un pierrier où les premières pentes herbeuses apparaissent (on se trouve sous le Col Nord de l’Écorchoir). Descendre ce pierrier en direction d’un petit bastion rocheux. Remarquer ici une petite trace qui traverse une ravine à gauche (c’est l’arrivée de l’itinéraire de descente de la Diagonale Sud).
Depuis le bastion rocheux, on peut voir l’intégralité de la pente qui descend vers Salvadon. Descendre ce pierrier pénible au mieux et rejoindre ainsi le chemin de l’aller à l’entrée du vallon de Salvadon.
La vidéo du topo
Détail de la sortie du 28 août 2018
Mardi 28 Août 2018. Les vacances se terminent à la fin de la semaine avec la traditionnelle journée de pré-rentrée. Heureusement, la météo de cette fin Août est absolument radieuse et j’ai donc l’occasion de terminer mon été avec une bonne grosse bavante. L’objectif du jour est la traversée des Avoudrues, un projet qui m’intéresse particulièrement et que j’ai proposé à plusieurs potes. Au fil des reports et des annulations, ça sera Stéphane, avec qui j’ai déjà partagé la traversée du Roc des Bœufs, qui m’accompagnera.
L’itinéraire promet d’être long et un poil engagé, même si à priori il n’y aura rien de très difficile. Les seuls interrogations portent sur le grand ressaut qui coupe l’arête après l’antécime des Avoudrues et l’itinéraire de descente de la Diagonale Sud. Comme souvent le topo annonce des difficultés raisonnables (du IV au max) et je me dis qu’on verra sur place.
Nous partons à 7h45 depuis « Le Croz ». La montée jusqu’au vallon de Salvadon est aussi longue et chi**** que dans mes souvenirs. Difficile de faire plus inintéressant que ce chemin forestier, raide et à la vue complètement bouchée. Nous arrivons dans le vallon vers 9h. C’est l’occasion d’avoir une première vue sur l’itinéraire de descente de la Diagonale Sud, avant de passer devant les Chalets de Salvadon pour entamer la montée vers la Pointe de Bellegarde.
Nous rejoignons un randonneur solitaire sous la Boîte aux Lettres. Il va aussi à la Pointe de Bellegarde et nous poursuivons ensemble. Le Passage de la Boïte aux Lettres n’est pas très impressionnant mais plutôt malaisé. Il s’agit de ne pas être trop gros. Nous atteignons ensuite facilement le sommet de la Pointe de Bellegarde. Après avoir pris congé de notre randonneur, nous entamons la remontée de la ligne de crête des Avoudrues. On s’amuse un bon moment dans la remontée de ces gradins et ressauts faciles avant de rejoindre l’antécime. Je comprends pourquoi ce sommet attire pas mal de monde. Et à la vue de la suite, je comprends aussi pourquoi si peu de gens poursuivent la traversée.
Devant nous se dresse la grosse difficulté du jour. Il s’agit d’un grand ressaut de dix mètres de haut. Le ressaut est équipé de cinq spits et mon topo du CAS annonce une difficulté modérée (4a). On s’équipe avec les baudriers, les casques et la corde. Je propose à Stéphane de tenter de passer le ressaut, et ce malgré la possibilité de le contourner en versant Nord. Le début se passe plutôt bien, même si le fait de grimper avec les grosses et le sac sur le dos apporte une difficulté supplémentaire. J’avais d’ailleurs pensé prendre mes chaussons d’escalade, ce qui aurait pu être une bonne idée. Je commence à coincer sérieusement au troisième point. Le spit suivant est loin au-dessus et le rocher est bien déversant ici. Malgré cela, ça doit passer en forçant un peu. Stéphane n’est pas de cet avis et doute sérieusement de ses chances de passer le ressaut. Dans le doute et plutôt que de me ramasser en tentant de forcer le passage, je descend en laissant une dégaine en place. Tant pis pour mon amour propre. Je sais de toute façon être un piètre grimpeur...
Après cet échec, nous entamons la traversée des bancs rocheux du versant Nord pour contourner le ressaut. Le topo indique de traverser sur environ 60 mètres jusqu’à trouver un couloir. Depuis l’antécime, on peut effectivement bien voir un couloir de rochers clairs qui remonte vers l’arête. La traversée des bancs rocheux demande un peu d’attention. Le terrain n’est pas excessivement raide mais il y a de quoi se faire mal en tombant. A quelques mètres du couloir, le terrain devient plus difficile, en raison notamment d’un énorme névé qui "mange" une partie des gradins. Nous parvenons tout de même à rejoindre le couloir au prix de quelques acrobaties.
Le couloir se remonte assez facilement et nous atteignons une nouvelle brèche dans l’arête. A droite nous trouvons un court ressaut équipé de deux spits. Stéphane décide de contourner le ressaut via une traversée hyper exposée en versant Sud. Je remonte un peu l’arête vers l’Est pour regarder le ressaut dans son intégralité. Le passage de Stéphane ne me tente pas trop. Il progresse dans des pentes de schistes friables très raides et galère pour rejoindre l’arête. Je décide donc de forcer le ressaut. Les deux spits me permettent de tirer au clou assez facilement. La suite de l’arête est très aérienne mais la progression y est relativement facile.
Il est 12h30 quand nous atteignons le sommet. Le temps est toujours aussi radieux et nous faisons une bonne pause de 20 minutes, le temps d’avaler nos sandwichs et d’observer la suite du parcours. Je sais que les plus grosses difficultés sont passées, mais il reste encore la descente de la Diagonale Sud qui ne va pas se faire si facilement. Deux solutions se proposent à nous. Soit descendre par la "vraie" Diagonale Sud ou alors poursuivre la traversée des arêtes jusqu’au Col des Grands Fats pour descendre la grande vire inclinée qui rejoint la Diagonale plus bas. Ce parcours semble plus aléatoire en raison du terrain raide et schisteux. Néanmoins, il est beaucoup plus esthétique et Stéphane, comme moi, est plutôt motivé à l’idée de faire une traversée intégrale.
Nous entamons la descente du sommet jusqu’à rejoindre une brèche dans l’arête. Au Sud, un couloir de rochers brisés peut nous permettre de rejoindre la Diagonale Sud. Nous choisissons donc de partir en versant Nord pour contourner un ressaut et poursuivre la traversée. Le terrain est ici beaucoup moins solide que sur l’arête Est. Heureusement, nous atteignons bientôt une partie très effilée et aérienne où le rocher est bien plus costaud. Ce court passage en râteau de chèvre est on ne peut plus esthétique. A la suite de celui-ci, nous escaladons un petit ressaut assez aérien dans le versant Nord. La vue sur le Lac des Chambres en contrebas est assez démente.
Après ce passage, l’arête se transforme en crête débonnaire et nous atteignons facilement le Col des Grands Fats. La première vue de la grande vire que nous devons emprunter n’est pas vraiment rassurante. Nous pouvons voir un large couloir d’éboulis qui va en se rétrécissant et qui semble donner sur une barre rocheuse. Sous celle-ci, la large vire s’étend le long des parois situées à l’aplomb des Grands Fats et poursuit jusque sous la Pointe de l’Ecorchoir. Comme souvent les apparences sont trompeuses et le couloir d’éboulis ne donne pas sur une barre rocheuse, mais sur une portion plus raide qui rejoint la vire. La progression n’est pas des plus facile et je suis bien content d’avoir le piolet. A gauche, on devine des barres assez importantes, ce qui nous invite à une progression lente et appliquée.
Je fais dégringoler quelques petites pierres mais c’est Stéphane qui décroche le plus beau morceau en faisant valdinguer un énorme parpaing. J’espère simplement que personne ne remonte la Diagonale Sud située à notre aplomb. A mi-chemin, j’entends un bruit de pierres qui vient des parois. Trois bouquetins font partir une avalanche de pierres, dont certaines de bonne taille, qui viennent s’écraser à 50 mètres de nous. Passé ce moment de stress, nous poursuivons la descente de la vire en franchissant plusieurs ravines de schistes jusqu’à rejoindre enfin les pentes herbeuses situées sous le Col Nord de l’Ecorchoir. La descente de ces pentes herbeuses est assez désagréable, et c’est complètement lessivés que nous retrouvons le sentier emprunté ce matin à l’entrée du vallon de Salvadon.
Nous retirons tout le matériel d’alpinisme et entamons la longue et douloureuse descente vers le parking. Nous terminons notre randonnée à 16h et sommes étonnés de retrouver le randonneur croisé au sommet de la Pointe de Bellegarde. Il est redescendu à pied depuis le Fer-à-Cheval soit une bavante de 30 kilomètres. Notre bambée n’est pas mal non plus avec 21 kilomètres et 1900 mètres de dénivelé. Stéphane et moi sommes ravis et nous décidons de nous arrêter à Sixt pour savourer une bière en terrasse. Difficile de mieux terminer ce bel été passé quasi exclusivement sur les sommets du Haut-Giffre !
Auteur : Randorama74
Avis et commentaires
C’est pas les bavantes qui manquent dans le secteur. On est loin d’avoir tout épuisé. Et pour le 3a on est d’accord que c’est une bonne blague.
Une sacré belle bavante et un joli résumé de cette belle journée ! Au plaisir de se refaire de belle journée comme ça ensemble 🙂
D’ailleurs, la cotation 3a du premier ressaut est en effet une belle blague et on doit surement etre plus proche du 5a.
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