Le Buet (3096m) - Grand couloir Ouest

Difficulté :
Alpinisme D
Dénivelé :
2200m
Durée :
1 jour

Entre la directe de la face NE et le Grand Couloir Ouest, difficile de trancher sur le plus esthétique et direct pour atteindre le sommet. – Auteur :

Accès

De Sixt-Fer-à-Cheval, se diriger vers Salvagny. Traverser le hameau et 50 m avant le pont de la bifurcation pour la cascade du Rouget, prendre à gauche et remonter jusqu’au parking de la Feulatière (panneaux touristiques, pont).

Précisions sur la difficulté

L’ambiance est exceptionnelle mais les dangers objectifs bien présents. Ce n’est pas très difficile mais il ne faut pas traîner lors de l’ascension du couloir, les pentes supérieures pouvant être avalancheuses longtemps après les alertes nivologiques et les coulées sont canalisées directement dans le couloir.
De plus, s’il y a un redoux en cours de journée, les pierres et stalactites peuvent tomber, et il y a peu de place en largeur pour éviter le choc. On est réellement en sécurité qu’une fois sorti sur le plateau de l’ancien glacier du Buet.

La trace gps fournie n’est là que pour illustrer grossièrement l’ascension sur la carte. Veuillez ne pas la suivre sur le terrain.

Les infos essentielles

  • Dénivelé  : 2200 m.
  • Difficulté  : D- (45°, 3sup, grade 3).
  • Matériel  :
    • Casque, et suivant l’enneigement crampons et piolet.
    • Skis si c’est le moyen utilisé pour redescendre.
      • Et de quoi préparer un rappel de 30 m si on redescend par le couloir et que le premier ressaut n’est pas skiable.
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Itinéraire

Montée

Du parking de la Feulatière à Salvagny, aller au hameau des Fonts. S’engager dans la prairie en direction du cirque en suivant une piste herbeuse.

Celle-ci se transforme assez rapidement dans la forêt en sentier qu’on suit jusqu’à son terme. Il mène au ruisseau issu du Grand Couloir. Suivre ce ruisseau par ses berges ou son lit jusqu’à l’attaque.

Franchir un premier ressaut rocheux techniquement facile mais souvent humide, boueux et gravillonneux - faire au mieux, puis poursuivre dans le couloir.

Un deuxième ressaut se franchit par la droite d’un pseudo-éperon au milieu du couloir, puis un troisième se franchit par la gauche.

Le couloir paraît se scinder en deux, prendre à gauche par commodité (ça passe à droite aussi, moins facilement, et c’est moins direct par rapport à la ligne globale du couloir).

Plus haut, un rognon rocheux scinde le couloir. Le contourner par les gradins à gauche (sortie/entrée des skieurs) ou par la fin du couloir à droite. On arrive sur une petite crête, les dangers objectifs liés aux stalactites et chutes de pierres sont maintenant derrière.

Franchir un dernier ressaut et déboucher dans les sous-pentes de l’ancien glacier du Buet.

Pour atteindre le sommet soit faire une traversée ascendante à vue, soit atteindre l’abri Pictet et la station météo (visible alors) et rejoindre le sommet par le sentier des Beaux Prés.

Descente

Quand on se lance dans cet itinéraire ce n’est pas en aveugle, et j’estime que l’on connait ou que l’on a étudié les itinéraires de repli et ceux permettant de monter ou descendre de ce sommet en jouant avec les conditions du moment.

Liste de solutions possibles :

  • Par le même itinéraire, à pieds ou à skis, rappel probable < 30 m à installer pour le premier ressaut décrit, prévoir le matériel en conséquence (pitons, abalakov).
  • Par les Frêtes du Grenier ou la Guivre.
  • Par le couloir du Lion ou ses variantes.
  • Par les Beaux Prés ou la Cheminée de Daniel.
  • Par la face SE (Bérard, Creux aux Vaches, ...) si on souhaite effectuer une traversée facile.
  • Par la face NE à skis (Éperon Central, Tours du Buet, contre-pentes sous le Génévrier) pour une traversée plus difficile.

Sortie, impressions personnelles

Houlà, tellement de trucs à dire entre l’émotion, le factuel ou simplement 2-3 pensées-souvenirs "pour mes vieux jours".

Le factuel d’abord.
Fréquentation nulle, pas une seule empreinte humaine ni une vieille trace, même aux Beaux-Prés, et personne sur les sommets voisins.
Le couloir quand il est enneigé est vraiment simple. À relire le topoguide Bossus la cotation D me semble surcotée si on considère que les cotations sont posées par conditions idéales. Et les pas d’escalade ne valent pas V quand le couloir est sec. Le terrain a dû changer en 60 ans.
La vraie difficulté vient surtout de l’évaluation des conditions, savoir quand y aller. Et puis quelle ambiance, le mental travaille pas mal alors les pauses sont courtes et les mollets ou cuisses chauffent en conséquence par peur de prendre un truc sur la tête.

Le récit maintenant.
Parti sans vraiment cet objectif précis en vue, c’était plutôt le Couloir du Lion que je visais. J’ai eu la bonne surprise de découvrir un sentier bien taillé tout nickel pour traverser le cirque. Bonne surprise parce-que quand je vais baguenauder dans le coin je passe par les lits des ruisseaux, les vernes et les ravines. C’est sauvage et c’est beau, ok. Mais c’est un peu chiant quand même.
Bref le sentier passe sous le Couloir du Lion que je zieute, que je me dis qu’il est en excellentes conditions le bougre. Et même qu’on peut sortir directement pas loin du Daniel sans faire cette traversée un peu péteuse en haut. Je suis en forme, et le cerveau est resté dans la voiture avec ses peurs, alors je décide d’aller voir plus loin vers le Grand Couloir par curiosité (des fois que ...), quitte à faire demi-tour et faire le Lion.
Je continue sur ce sentier qui mène à la fin du monde civilisé, puis m’engage dans le ruisseau du Grand Couloir qui est devenu un bon névé grâce aux avalanches précédentes. Montée facile et rapide, accessoirement j’entends que ça parpine un peu partout dans ce cirque, bonne ambiance. Le cerveau qui était resté dans la voiture à dû réussir à sortir et taper un sprint pour me rejoindre, la tension commence à monter. J’arrive à l’attaque qui ne colle pas vraiment aux souvenirs de l’été. Hé oui, maintenant il y a plein de neige qui porte et plus de roche dégueulasse qui zippe.
Bon ben ... banzaï !
Je monte, je monte. Stalactite par-ci, gravier qui tombe par-là... je minimise les pauses cardio/souffle au minimum vital parce-que le couloir est quand même étroit, c’est un peu la roulette russe si jamais ... Mais durant toute l’ascension et malgré l’heure tardive rien ne tombera dedans. Cierge, loto, etc...
Quelques ressauts glacés amusants à franchir, pour parfaire ma technique cascade grade 3 et demi.
Et puis j’arrive à la fin. Déjà ? 2h dedans quand même, pas vu le temps passer le nez dans le guidon. Il reste quand même les dernières pentes et la petite barre finale. Ces pentes me foutent la trouille, elles sont un peu plus raides que le couloir, la neige est bien plus épaisse et inconsistante, peur d’une plaque vicieuse... Je vise chaque bout de caillou qui dépasse, longe comme un mulot chaque banquette de rocher puis parviens à sortir au travers de la corniche finale.
Sorti ! Je ne réalise pas sur le moment, il faut encore continuer, viser la crête de la Mortine et être sûr d’être à l’abri. La fin est barbante, en fait je suis claqué sans m’en être rendu compte et la neige croûtée qui enfonce est une purge. Les raquettes fonctionnent mal, elle zippent souvent. Finalement je les déchausse et préfère tracer comme une brute.
L’abri Pictet atteint, pas envie d’aller au sommet tout proche mais foulé trop de fois. Je profite enfin de la journée et prends le temps d’apprécier rétrospectivement cette ascension culottée. Les nuages arrivent, hop !, descente.
Rien de marquant ensuite, ça descend et c’est bien comme ça. Mais c’est beau aussi, ce qui est bien, aussi.
L’arrivée au hameau des Fonts est une petite émotion. Ce petit village au milieu de la prairie déneigée, sous un rai de soleil. Si paisible, dans l’attente du réveil estival, avec ces odeurs végétales printanières. Un endroit accueillant après le lugubre couloir.

Avertissements et Droits d'auteur

Randonnée réalisée le 1er mai 2022

Dernière modification : 6 septembre 2022

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