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Jelenia Góra, puis Karpacz (Sudètes - Pologne)
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Itinéraire
Introduction
Qu’est-ce qui vous vient en premier à l’esprit, lorsqu’on vous dit les Sudètes ?
Pour ceux qui arrivent à localiser approximativement cette chaîne de montagne, peut-être les multiples et douloureux épisodes de déportations de la 2nde Guerre Mondiale, peut-être les pluies acides et les bassins industriels avoisinants de l’ère soviétique, ou peut-être juste le froid et la grisaille, dans cette lointaine contrée nordique et anonyme...
Depuis que j’ai emménagé à Wroclaw, les Sudètes sont mon plus proche massif montagneux, raisonnablement accessible tranquillement le temps d’un week-end, ce qui est moins le cas pour les Beskides et autres Tatras, certes plus riches et spectaculaires...
Massif plus ancien que jeune (à l’image du Massif Central), montagnes plus balnéaires que pastorales, moins sauvages et colorées, plus sages et sophistiquées, leur ambiance n’a pas non plus le même cachet, comparées aux Carpates, montagnes jeunes. En France, cela reviendrait par exemple à comparer les Alpes aux Vosges.
A y regarder de plus près, ce massif énigmatique est cependant plein de particularités intéressantes. À commencer par sa géologie hors du commun, qui en fait la fierté de la région, et lui vaut le surnom local, certes un peu exagéré, de "Rocheuses d’Europe"...
Commençons par le piémont Nord, où certains gisements de basalte ont érigé ça et là de curieux édifices de colonnes hexagonales.
Vient ensuite la vaste région qui en constitue l’essentiel, et où le grès règne en maître. Érodé, il a créé de superbes labyrinthes et pyramides dans la région des Monts Tabulaires, de la "Suisse Saxonne" (au croisement des frontières polonaises, allemandes et tchèques), et il émerge aussi timidement sous forme d’édifices isolés dans les monts Hrubý Jeseník. Le grès est d’ailleurs une spécificité qui s’étend sur l’essentiel du territoire tchèque, aux gorges de l’Elbe et jusqu’en Bohème...
Arrive enfin le gigantesque affleurement granitique qui a soulevé le massif du Karkonosze, grand plateau monolithique mordu sur tous ses côtés par de spectaculaires cirques glaciaires, et d’où Sniejka (en polonais, Śnieżka) culmine à 1602m. La crête de ce massif est également clairsemée d’étranges édifices rocheux, mais dont la nature et la formation n’ont absolument rien en commun avec celle du grès...
Finissons par ses splendides hautes forêts, dont les parties les plus touchées commencent à se remettre de la pollution aux pluies acides, sa riche faune, ses mystérieuses tourbières et ses superbes torrents de montagne poissonneux. Car ces Hautes Terres, montagnes d’Europe les plus au Nord en dehors des Îles Britanniques et de la Scandinavie, dévoilent sans complexe les spécificités de leur latitude.
Mes visites des Sudètes sont à ce jour limitées, mais sont vouées à augmenter inexorablement...
Karkonosze
Départ vendredi dernier après-midi juste après le boulot, direction Jelenia Góra, puis Karpacz. Nous errons 30 minutes dans ce dédale de résidences secondaires avant de trouver un parking au départ du sentier. Nous finissons par demander pour nous garer dans la cour d’un hôtel, puis en avant.
Sac du bivouac pour 2 jours, plus une bouteille de vin (n’est pas montagnard gascon qui le veut). Le sentier est pavé, il passe devant la chapelle de Wang (église norvégienne médiévale démontée puis remontée ici il y a quelques siècles, avec ses ornements), et traverse quelques prairies déboisées avant de s’enfoncer dans une vallée. Le coucher de soleil illumine le massif et son sommet Sniejka, on ne pouvait pas rêver d’un meilleur moment pour passer exactement ici. Dans la vallée, nous quittons la piste pour un petit sentier. Obscurité ; puis nous arrivons au refuge de Samotnia, au bord du lac Maly Staw, niché au fond d’un cirque. Refuge désert, gardiens pas franchement joviaux, ambiance un peu lugubre. Nous buvons le vin.
Départ le lendemain matin : nous montons d’abord sur Sniejka, 1602m, d’où l’on domine toutes les Sudètes, observatoire (un peu hideux) au sommet. Nous redescendons, chaussons les sandales au lieu des chaussures pour la suite car c’est plat pour l’essentiel. Nous suivons la crête principale du massif, frontalière avec la République Tchèque, surplombant les lacs Maly Staw et Wielky Staw, puis s’enfonçant à travers de vastes plateaux herbeux sans fin. Ça pourrait être la Margeride, l’Aubrac, ou l’Écosse. Pins nains et éboulis de granites ça et là. D’étonnants édifices de granites, semblables à ceux du littoral de
Bretagne, voire aux formes de Fontainebleau, se dressent ici et là, défiant les lois de l’érosion : le "Pèlerin", la "Marguerite", les "3 chevaux"...
Fin de l’après midi : le ciel commence à se voiler. Nous longeons à présent les falaises de Snieze Kotly, le Cirque des Neiges, autre cirque glaciaire très escarpé, au fond duquel gisent trois laquets. Au fond au loin, des forêts de grands conifères, malheureusement décimées il y a une décennie par les pluies acides. Les arbustes commencent à peine à ré-investir les lieux. Nous finissons sur Szrenica, ultime mamelon de la chaîne, en haut duquel trône le refuge de notre destination, 1310m. Le ciel est franchement noir. Pieds douloureux. Nous mangeons, prenons une douche, et surprise : l’orage gronde.
Réveil le lendemain, je jette un œil à la fenêtre : on n’y voit rien ; à peine l’antenne située à 2m ! Brouillard à couper au couteau. Contrairement à notre plan de retour à Karpacz via le sentier forestier, nous descendons dans le crachin pour prendre le bus qui revient à Karpacz, à Szklarska Poręba.
Au passage, nous longeons l’hôtel où nous avions dormi sur le chemin de Prague il y a 2 mois. Retour à Wroclaw sous un soleil qui réapparaît au fur et à mesure que nous quittons les Sudètes, et à nouveau la canicule.
Eric Visentin
Juin 2005
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Auteur : Eric
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