Dhorpatan Trek
- Randonnée
- Népal
- Difficulté :
- Difficile
- Dénivelé :
- 3000m
- Durée :
- 3 jours et plus
De belles vallées verdoyantes, une végétation dense, de magnifiques villages de montagne, un col débouchant sur des alpages à plus de 3000m, des forêts de conifères et des grandes étendues sauvages, des vues époustouflantes sur des cimes de plus de 7000, 8000m, une immersion totale avec nuit chez l'habitant, vie à la népalaise... Un dépaysement absolu et un isolement intense à cent mille lieues du monde moderne... Voilà ce qui vous attend dans ce trek extraordinaire ! – Auteur : Dyn’s
Accès
Le départ s’effectue de Beni que l’on rejoint facilement de Pokhara en bus ou en taxi.
Photos
Les infos essentielles
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Itinéraire
Carte et permis
- Carte : Trekking Map 500 Series - 1 : 150 000 - Dhorpatan Hunting Reserve. On trouve les cartes de trek dans les nombreuses librairies de Katmandou et de Pokhara.
- Permis : Se munir au préalable de la carte TIMS (Trekkers Information Management System), obligatoire pour tout trek en zone préservée et du permis d’entrée dans la zone de la réserve Dhorpatan. On peut faire cette carte et ce permis dans une des nombreuses agences de trek de Pokhara ou directement à l’office qui s’occupe de les délivrer.
Présentation du trek
Le trek se déroule sur la limite au sud de la réserve de chasse du Dhorpatan. Nous n’étions pas attirés par le côté "chasse" de la réserve, bien entendu, d’autant plus qu’elle n’y existe plus, mais surtout par sa très faible fréquentation. Effectivement sur ce point là, nous avions été comblé. Nous n’avions croisé aucun trekkeur en une semaine, l’immersion népalaise était totale !
- Durée : 7 jours ou plus.
- Logement : Pas de lodges confortables tels que l’on peut trouver sur un trek fréquenté comme celui des Annapurnas. Sur la carte, se trouve des "H" indiquant les lodges dans les villages, mais une fois sur place, il ne faut pas s’attendre au confort d’un lodge classique, pas de salle de bains / douches, seulement le robinet extérieur, chambres rustiques, lit sans matelas ou à même le sol. Bref la vie à la népalaise !
- Ravitaillement : Pas de maisons de thé, ni de petits restaurants. Compter seulement sur le petit déjeuner (chapati, soupe de nouilles, etc) et le repas du soir qui sera servi par vos hôtes, le dalbhat (composé de riz, de soupe de lentilles, d’épinards et d’autres légumes qui varient d’un plat à l’autre). Pour la journée, prévoir barres de céréales et autres en-cas à acheter sur Pokhara ou sur le chemin jusqu’à Darbang (ou le choix sera limité).
- Pour l’eau : une fois à la montagne, nous n’avons pas hésité à prendre l’eau des sources captées dans les villages. Nous ne sommes pas tombés malades. Il faut savoir que l’eau du robinet en plaine est à proscrire, on trouve facilement dans les échoppes des gros bidons d’eau de source (que l’on préférera à l’achat d’une bouteille) auquel il est possible de se ravitailler.
Le trek
Nous avons réalisé ce trek en novembre 2014.
C’était quelques mois avant le tremblement de terre qu’à connu le Népal en avril 2015. Cinq mois après le pays n’attend qu’une reprise du tourisme pour relever la tête. En effet, ce secteur d’activité emploie plus de 500 000 personnes. Il est primordial que le tourisme reprenne, d’autant plus que des zones sont restées intactes. En espérant que ce topo suscitera des envies d’aller visiter ce pays magnifique où les gens vous accueillerons à bras ouverts, de fouler ces belles montagnes himalayennes et d’approcher les plus hauts sommets du monde.
1er jour : Beni (830m) - Tatopani (890m)
- Dénivelé : +60m
Partis de Pokahara, Boris et son amie Maud, que nous venons de rencontrer il y a quelques jours, Raph, un ami avec qui je partage ce voyage au Népal, et moi-même arrivons à Beni par le bus local après trois heures de trajet. Cette petite ville est le point de départ du trek. Après avoir déambulés dans les rues, nous prenons la piste à la sortie et à l’ouest de la ville.
C’est déjà la fin d’après-midi mais nous n’avons pas beaucoup de marche à faire, deux heures tout au plus. Notre but étant de prendre un peu d’avance pour le lendemain sur cette longue piste de presque trente kilomètres pour atteindre le terminus de la vallée du Myagdi Khola - rivière qui trouve sa source dans le glacier du Dhaulagiri - à Darbang avant d’entamer les réelles dénivelées vers la montagne.
La piste est terreuse, et à chaque passage de véhicules, nous finissons dans un nuage de poussière. La nuit tombe et nous tardons pas à arriver à Tatopani qui signifie sources d’eaux chaudes en népalais. Nous trouvons un petit hôtel local facilement. Les chambres sont rudimentaires, une planche de bois fera office de lit pour la nuit. Nous rendons visite aux sources chaudes après avoir manger le traditionnel dalbhat, le plat national, mais l’eau est trop brûlante pour s’y baigner !
Puis nous rentrons à l’hôtel pour notre première nuit de cette aventure.
2ème jour : Tatopani (890m) - Dharapani (1560m)
- Principale étape : village de Darbang (1070m)
- Dénivelé : +700m
Nous reprenons la piste de bon matin, le soleil est au rendez-vous. Le chien qui nous avait harponné la veille à la sortie de Beni, que nous avons baptisé Chester, nous accompagnera de nouveau pour toute cette journée de marche. Nous faisons quelques haltes lorsque nous rencontrons des maisons sur le bord de la route. Nous achetons des fruits, nous nous rasassions un peu puis continuons notre chemin.
Nous arrivons à Darbang, le principal village avant de s’élever en montagne. C’est ici, principalement, que les habitants de la montagne viennent se ravitailler.
Nous attaquons la piste qui monte vers Dharapani, nous rencontrons un jeune couple qui nous invite à les suivre sur des sentiers plus directs. La montée est plus raide mais à l’avantage d’être plus courte !
A notre arrivée à Dharapani, alors qu’il nous avait posé aucun soucis depuis le départ, Chester ne manque pas de courir après un troupeau de moutons et de disperser les bêtes. Il est tant de trouver une solution pour s’en débarrasser. Il ne faudrait pas qu’il nous attire des ennuis.
Nous rentrons dans le village, la ruelle principale est bordée par des murets de pierres, les maisons sont construites en pierre ou en terre. Celles en pierre ont des volets bleus, celles en terre sont peintes en orange et en blanc. De la paille sèche sur les toit. Deux, trois poules gambadent par ci par là.
Nous sommes bien accueillis dans le petit "hôtel" du village, on s’y sent plus chez l’habitant qu’autre chose ! Les chambres sont autant rustiques qu’à Tatopani, il va bien falloir prendre le pli ! Pas de douches, seulement le robinet extérieur. Le soleil est déjà parti derrière un autre versant de la montagne et les températures ont vite baissé. A l’instar de mes compagnons de route, je ne trouve pas la motivation pour me laver, le froid et la fatigue m’ayant déjà refroidi.
La soirée se passe dans la pièce principale avec la famille dont les trois enfants de 9 à 11 ans qui nous portent beaucoup d’attention. Après le dalbhat du soir, nous profitons encore un peu de la famille puis nous partons nous coucher sur notre planche de bois respective !
3ème jour : Dharapani (1560m) - Lumsung (2190m)
- Principales étapes : villages de Sibang (1680m) et de Muna (1700m)
- Dénivelé : +700m
Le soleil est encore au rendez-vous ce matin et illumine magnifiquement ce petit village Gurung, une des nombreuses ethnies présentent au Népal, le panel de couleurs des maisons, des cultures, de la végétation, des hautes montagnes est saisissant. Ces cimes enneigés font parti du massif du Dhaulagiri, le principal sommet que nous voyons du village est le Gurja Himal culminant à 7193m.
Nous apprenons de notre hôte que Chester est parti à l’aube avec deux nouveaux copains canidés. Tant mieux.
La suite de notre marche enchaîne ces somptueux villages bordés de cultures façonnées en escalier dans ce décor hallucinant. C’est totalement dépaysant ! Nous prenons quelques pauses pour admirer la magnificence des lieux.
Puis vient l’heure de chercher un toit pour la nuit, à chaque village qui se succède, c’est la même rengaine, on nous invite à continuer notre chemin jusqu’au prochain ! Nous entamons alors la descente vers le bas du vallon pour changer de versant. Nous traversons une portion inhabitée avant de débarquer, avant la tombée de la nuit, à Lumsung.
Dès l’entrée du village, nous trouvons un autochtone désirant nous offrir son toit pour cette nuit. Notre hôte est très sympathique, nous lui achetons un peu de roxi (l’alcool local) pour l’apéro et lançons une partie de cartes en attendant notre dalbhat quotidien.
Dans la pièce rudimentaire qui nous sert de chambre, nous trouvons un tas de vieilles couettes, nous nous en servons en guise de matelas. Cela rendra un peu plus moelleux la rude couchette. Mais avec la fatigue de la journée, nous ne tarderons pas à nous endormir.
4ème jour : Lumsung (2190m) - Moreni (2275m)
- Dénivelé : +100m
Aujourd’hui, c’est une petite journée qui nous attend, nous sommes maintenant proche du passage clé du trek, le col de Jaljala, la porte d’entrée dans le parc sauvage du Dhorpatan. Mais nous rallierons ce col demain au départ de Moreni.
Nous redescendons dans le fond du vallon encaissé pour traverser le pont nous donnant accès au versant que nous avons quitté la veille. Nous échangeons quelques mots avec des paysans du coin. Puis nous entamons la montée vers Moreni.
Nous trouvons facilement un nouveau hôte. La petite maison est plus que sommaire. Nous profitons de l’après-midi pour flâner sur la terrasse, nous engageons une bonne partie de carte sous les yeux curieux des enfants et des autres passants.
Puis le soleil tombe, et la température chute considérablement avec le vent qui s’est levé. Nous rentrons dans la vétuste pièce qui nous servira de salle à manger. Le dalbhat du soir est toujours le bienvenu.
L’heure de se coucher arrive, nous nous emmitouflons dans nos duvets sans savoir ce qu’il nous attend pour demain...
5ème jour : Moreni (2275m) - Gurjaghat (3015m)
- Principale étape : col de Jaljala (3414m)
- Dénivelé : +1200m / -400m
Levés dès l’aube, nous profitons du lever de soleil, prenons notre petit déjeuner, remballons nos affaires et repartons à l’aventure, cette fois-ci en direction de ce fameux col de Jaljala culminant à 3414m. Les étages d’altitudes ici n’a rien à voir avec celui des Alpes. A 3400m dans les alpes, on ne trouvera que de la caillasse alors qu’ici la végétation ne s’efface que vers les 5000m. Donc, ici, entre 3000m et 4000m, on trouve encore l’étage montagnard composé essentiellement de forêts de résineux et d’autres feuillus d’altitude.
Plus nous montons et plus le panorama se dévoile sur les monumentaux Dhaulagiri et Annapurna d’altitudes respectives de 8172m et 8091m, les 7e et 10e toits du monde ! C’est tout bonnement incroyable ! Ces hautes cimes sont couvert de nuages lenticulaires tel l’« âne » du Mont Blanc annonçant rien de bon en hautes altitudes.
Avec Raph - bon marcheur mais aussi bon grimpeur avec qui d’ailleurs j’ai réalisé la traversée des arêtes entre le Grand Parra et la pointes des Arlicots dans le massif des Bauges - nous prenons de l’avance sur Boris et Maud, étant plus habitués à marcher en montagne. Nous les attendrons avant de franchir le col.
Nous atteignons le "Jaljala Pass" et nous débouchons, à notre grande surprise, sur de vaste alpages avec des cabanes en pierre disséminées par ci par là. Le contraste entre l’herbe dorée par le soleil et les cimes blanches est époustouflant. Loin du décor des Annapurnas, pourtant tout proche, que nous avons eu l’habitude de rencontrer, c’est, dorénavant, une grande plaine qui s’étend devant nous.
Puis nous traversons un vallon plus encaissé, le sentier borde un petit torrent, les versants abritent des forêts de pins. Le lieu est d’une beauté sauvage exceptionnelle, on se croirait presque au Canada. Des petits ponts en bois et en pierre enjambent les méandres de la rivière. C’est contemplatif à souhait !
Nous retrouvons, à l’approche de Gurjaghat, ces grands alpages avec de nombreuses bergeries. Le village est petit et semble désert, seul deux maisons sont occupées, l’une par un homme seul et l’autre par un jeune couple avec une petite fille. Les autres habitants sont redescendus en vallée, la transhumance est terminée alors que l’hiver approche. Le village est très isolé et les conditions de vies sont dures pour ces pauvres gens.
Nous trouvons le gîte chez la petite famille qui nous accueille chaleureusement. Nous nous délestons de nos sacs et allons nous promener dans les alentours en profitant de la fin d’après-midi. Nous nous posons au bord de la rivière. Raph trouve le courage de se baigner, l’eau est vraiment très froide !
La maison de nos hôtes est petite et très rudimentaire, les murs sont en terres tandis que des planches de bois font office de sol et de toit qui laisse entrevoir la lumière. J’imagine de suite que le froid doit s’infiltrer aussi facilement... Une petite marmite frémit sur le feu au milieu de la pièce principale. Il se trouve également une couchette, ce sera la mienne pour cette nuit. Juste à côté, séparé d’un mur de planche, une autre petite pièce où trois, quatre couchettes sont collées les unes aux autres, celles-ci seront pour mes compagnons de route. Et à l’opposé, des autres planches séparent la chambre de la petite famille.
La nuit tombe, le froid se fait ressentir, nous nous retrouvons tous autour du feu. La femme prépare à manger, son mari l’aide dans la préparation. Grâce à notre petit livre franco-népalais, nous échangeons quelques mots. Boris prend le ukulélé et nous entamons quelques chants. Nous révisons notre comptine népalaise que nous avions appris dans les Annapurnas. Puis la femme nous sert un excellent dalbhat, le meilleur de ce trek, et certainement du voyage ! De quoi raviver nos papilles ! De plus, c’est l’une des première fois que des népalais mangent avec nous, ayant plus souvent l’habitude de manger de leur côté.
Nous nous souhaitons une bonne nuit et chacun retrouve sa couchette, nous enfilons nos vêtements chauds, superposons les couches et dormons habillés dans le sac de couchage pour parer le froid. Cette nuit à plus de 3000m risque d’être piquante !
6ème jour : Gurjaghat (3015m) - Sukurdung (2045m)
- Principale étape : village de Dhorpatan (2870m)
- Dénivelé : -1000m
Le lendemain à l’aube, réveillé par la femme préparant le feu, je m’extirpe de mon sac à viande et de mon duvet, enfile une polaire et vais jeter un coup d’œil dehors. Le sol est gelé, l’herbe givrée craquelle sous mes pas. Le soleil commence à dorer les petites montagnes. Le contraste entre ces dernières qui s’enflamment et la terre blanchie par le gel plongée dans l’ombre est carrément mystique. Un fort sentiment d’isolement s’empare de moi, toute civilisation moderne est à plusieurs journées de marche... Le sentiment d’harmonie avec la nature est d’autant plus intense... A chaque bouffée d’air, j’ai l’impression de respirer par tous les pores de mon corps. C’est dans ces moments uniques que je me sens vraiment libre...
Le soleil dépasse de la ligne de crête et ses rayons viennent effleurer mon visage de sa douce chaleur. Puis je retrouve mes compagnons et nous nous réinstallons autour du feu, la femme nous a préparé des savoureux chapatis. De quoi nous requinquer pour la journée ! Puis, nous les quittons en les remerciant grandement et nous reprenons notre route. Notre prochaine étape est Dhorpatan, à en regarder la carte, cela semble être une petite ville où nous pourrions peut-être trouver un peu plus de confort telle qu’une simple douche. Je n’en ai toujours pas pris depuis Pokhara...
Nous entrons officiellement dans la réserve du Dhorpatan, malgré que le chemin ne fait que suivre sa frontière au sud. Nous traversons des petits villages similaires à Gurjaghat qui semble désert. Le fond de vallée s’élargit de plus en plus, les paysages sont toujours autant sensationnels. Nous traversons un plus grand village, nous passons devant une école. Les cours sont terminés et les enfants se lancent à notre assaut ! Les élèves portent des vestes marquées "Dhorpatan", sommes-nous arrivés à destination ? La petite ville que nous avions espéré n’est qu’un grand village, tant pis !
Le village est très étendu, nous continuons tout droit et tombons sur le bureau des gardes qui nous demandent nos permis d’entrée dans la réserve, nous avons notre carte TIMS mais nous n’avons pas de permis car notre itinéraire ne fait que la longer par le sud et la quitte à la sortie de Dhorpatan. En aucun cas, nous nous enfonçons réellement dans la réserve. Ils nous réclament 3000 roupies par personne, soit 25 euros. Cela ruinerait considérablement le budget que nous avons en poche pour le retour ! Une longue négociation s’engage. Mon ami prend les devant et ne lâche pas l’affaire. De plus en plus de gardes nous entourent. La tension s’élève quelque peu. Mais avec un brin d’humour, mon ami libère la situation et un garde prend la décision de nous laisser partir mais il nous faut quitter rapidement Dhorpatan et passer sous silence cette rencontre si nous croisons d’autres gardes en chemin.
Nous nous empressons de quitter le village, nous coupons à vue dans la plaine. Il nous faut traverser quelques méandres de la rivière Uttar Ganga. A trois fois, il nous faut déchausser et rechausser nos chaussures pour traverser à gué. Boris ne manque pas de glisser et de s’étaler dans l’eau ! Puis, nous gagnons rapidement par une petite montée le petit col qui nous sépare de notre long vallon de retour à la civilisation.
Nous qui pensions dormir sur Dhorpatan, nous voilà encore sur la route ! Je regarde sur la carte, le prochain "H" sur la carte est indiqué au village de Sukurdunk, il nous reste autant de chemin que celui parcouru depuis ce matin jusqu’à Dhorpatan ! Nous pressons le pas, il déjà est 15h30, nous n’arriverons pas avant la tombée de la nuit !
Nous entamons une longue descente sur une piste avant d’approcher un premier village. Nous coupons dans les sentiers qui évitent les grands lacets de la piste. Nous traversons quelques villages, le soleil s’éclipse et le ciel s’assombrit peu à peu. Nous continuons au plus direct dans les sentes qui délimitent les parcelles de cultures en escaliers. mais nous ne rattraperons pas la nuit qui finit par tomber. Nous nous armons de nos frontales en espérant trouver prochainement sur un village. Nous reprenons la piste, ce ne serait pas le moment de se perdre dans le labyrinthe des parcelles dans le noir.
Enfin, nous arrivons dans un village, nous croisons un habitant et lui faisons comprendre que nous cherchons un toit pour la nuit. Il va frapper à quelques portes et nous trouve finalement une maison tenue par une femme et son père. Toute la maison est en terre et la femme prépare à manger sur son petit feu dans un coin de la pièce. Pas de sortie d’aération, la pièce est enfumée. La femme nous montre nos chambres à l’étage, il y en a deux, Boris et Maud prendrons celle avec la grande couchette, et avec Raph nous prendrons l’autre, celle avec la paillasse à même le sol... La fumée montant dans la pièce a vite fait de nous étouffer et de nous brûler les yeux. Nous laissons nos sacs et sortons vite à l’air libre.
Pendant que la femme prépare le repas, nous jouons aux cartes, nous trouvons même de la bière, elle est chère, mais nous nous offrons le luxe d’une canette chacun ! Après avoir dévoré notre dalbhat, la femme laisse le feu s’éteindre. Nous regagnons nos chambres, il y a une fenêtre dans la notre, enfin pas de vitres, juste une ouverture sur l’extérieur. Nous laisserons les volets ouverts quitte à avoir un peu froid. Puis, c’est sur ce sol rude que nous finissons notre longue journée.
7ème jour : Sukurdung (2045m) - Burtibang (1130m)
- Principale étape : village de Bobang (1730m)
- Dénivelé : -1000m
Tôt le matin, la femme rallumant le feu de la cuisine nous sort de notre sommeil, nous nous empressons alors de remballer les affaires dans un temps record avant d’être envahi par la fumée !
Nous rejoignons notre hôte dans la pièce du bas, elle nous a préparé un surprenant petit déj... de petites pommes de terres à la vapeur accompagnées de sel ! Nous remercions notre hôte pour son accueil chaleureux et reprenons notre route en direction de Burtibang où se trouve la gare routière.
La piste descend le long du vallon, traverse de beaux villages et de magnifiques rizières en terrasse et longe par moment le bord du torrent. Nous trouvons un coin où nous nous baignons. L’eau est fraîche mais l’envie de se laver prend le dessus. Si je n’ai pas battu mon record d’altitude - de 3519m, détenu par l’Igoudamène dans le Haut-Altlas marocain - j’ai largement battu mon record de jours sans me laver !
Nous faisons une halte dans un petit resto local tenu, pour le coup, par un bel homme aux origines népalaise et marocaine. Raph s’éclipse un moment et revient trempé de la tête au pied ! Il est parti au bord de la rivière, il s’est trop pencher en lavant des affaires et a perdu l’équilibre. Raph aujourd’hui, Boris hier, moi dans les Annapurnas, les gars y sont tous passés !
Nous arrivons en milieu d’après-midi à Burtibang, elle semble être une ville champignon tant les bâtiments en béton sont inachevés. Cette bourgade est grise, sale et polluée. Les gens ne sont pas forcément accueillants, ils nous lorgnent dans l’indifférence la plus totale. L’atmosphère est oppressante. Dur retour à la civilisation !
Nous trouvons malgré tout un petit hôtel après en avoir marchandé plusieurs. Nous sortons tout de même déambuler dans la ville. Mes compagnons de route décidant de continuer à pied et moi rentrant plutôt en France et désirant prendre quelques jours de repos tranquilles à flâner sur Pokaha avant le retour final sur Katmandou, je prends mon ticket de bus. Au guichet de la gare routière, une grande place poussiéreuse, je n’ai pas le temps de sortir de quoi payer que de nombreux badauds m’entourent... La situation est gênante, j’arrive tant bien que mal à extirper discrètement la somme requise parmi ma petite liasse de billets. Départ demain matin, 9h00.
Nous passons la soirée dans le petit resto en dessous des chambres à jouer aux cartes, et après un énième dalbhat, nous retournons dans nos chambres. Voilà cette journée met fin à mon deuxième trek. Après la halte dans cette ville, je serai bien content de remettre les pieds à Pokhara. Mais sans le savoir, le voyage en bus de demain me réserve bien des surprises...
Retour sur Pokhara
Avec Raph, nous nous levons en avance, je remballe une dernière fois mes affaires, et partons en ville prendre un petit thé dans une sympathique petite échoppe tenu par une femme qui prépare d’excellentes pâtisseries. J’en reprends quelques unes pour le voyage en bus.
Nous rejoignons Boris et Maud à l’hôtel, je salue tout le monde et leur souhaite bonne chance pour la suite et je pars prendre mon bus. Je gagne la gare routière et monte dans le bus en direction de Pokhara. Je trouve une place dans le compartiment à l’avant avec le chauffeur et les hommes qui sont chargés d’alpaguer les gens sur la route.
Le bus se met en route peu après 9h00, et entame la piste à la sortie de Burtibang. Cette piste est bien cahoteuse, le bus ne dépasse pas les 30, 40 kilomètres à l’heure. La route est sinueuse et s’applique à suivre les lignes de niveaux. En effet pas de ponts, ni de tunnels. Pour passer de versant en versant, il faut descendre jusqu’au fond de la vallée puis remonter à nouveau et ainsi de suite.
A certains endroits la piste a subit des éboulements et des hommes se chargent de dégager la voie, le bus marque alors de nombreux arrêts. On retrouve de plus en plus le monde industrialisé avec pas mal de travaux pour agrandir la route et des édifices pour parer les éboulements.
Le trajet est long, très long, il faudra 8h de piste chaotique pour rejoindre Baglung, la ville où reprend la route goudronnée en direction de Pokhara. Mais à la sortie de la ville, le bus s’arrête, le chauffeur et ses hommes sortent. Puis des bruits métalliques surviennent, on bricole à l’avant du bus. Je sors à mon tour et j’aperçois qu’ils sont entrain de retirer une roue !
Il y a quelques échoppes sur le bord de la route, je prends de quoi grignoter. Le bus est toujours sur cale, l’essieu attend toujours sa nouvelle roue. Il est presque 18h et la nuit commence à tomber. Je souhaitais arriver à Pokhara avant que cette dernière ne prenne place, c’est raté !
Puis on ramène une nouvelle roue, elle est vite changée, les gens remontent dans le bus et c’est reparti. Je regagne ma place et quelques femmes prennent place dans le petit compartiment à l’avant, nous nous retrouvons tous serrés les uns contre les autres.
Le bus redémarre et reprend la route, la femme juste à côté de moi se jette la tête dans ses bras comme pour dormir, elle est visiblement malade en trajet. En même temps il y a de quoi avec tous ces saccades !
Le bus arrive péniblement à Pokhara après 3h de route depuis Baglung, il me dépose en ville. Je ne suis visiblement pas tout proche de Lakeside et son quartier routard. Après ses 12h de trajet interminable, je suis exténué. En plus je découvre que la femme malade a vomi sur mon pantalon et ma chaussure...
Je regagne Lakeside en une vingtaine de minutes à pied et m’empresse de trouver un resto ouvert, heureusement, il y en a encore quelques uns. Ces 12h de voyage m’ont bien creusé le ventre. Je me rassasie à ma guise.
Puis je me dirige vers ma guesthouse. Je n’ai qu’une idée en tête, prendre une douche et m’effondrer dans mon lit. En chemin, de la circonstance la plus inattendue qu’il soit, je tombe nez à nez avec Pablo et Aaron, nos compagnons de route des Annapurnas ! Ils vont boire un coup au Blues Bar, où nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Je leur fais part de mes dernières péripéties, et à me voir éreinté, ils ont l’impression que je reviens de loin !
Cette rencontre inopinée me requinque immédiatement, mais je ne passerai pas outre une bonne douche tant attendue avant de les rejoindre !
Bilan de l’aventure
Revenons en au trek après ces derniers rebondissement...
Le trek du Dhorpatan a surpassé toute nos attentes tant sur les rencontres que sur les grands espaces naturels traversés. C’était une aventure palpitante de bout en bout. L’immersion dans ces contrées reculées a été totale et nous avons pu partager un infime moment du quotidien de milliers de népalais qui vivent à la montagne dans la plus grande autarcie. Certains nous ont fait part d’une grande gentillesse et d’un accueil des plus chaleureux qu’il soit, alors qu’ils sont pour la plupart des gens pauvres et démunis vivant avec le strict minimum. De quoi relativiser sur nos sociétés dites modernes et sur toutes les discordes qui y règnent... De quoi prendre conscience que notre confort et que certaines choses de notre quotidien, qui nous paraissent banales, se révèlent du luxe...
Ce trek est plus destiné à des âmes aventurières qu’à de simples trekkeurs. Il faut s’attendre à de longues journées de marche, à ne pas savoir où l’on va passer la nuit suivante ni à une simple douche, bref à tous les aspects du confort que l’on peut rencontrer dans des treks plus "touristiques". Sur le plan humain, aucune différence, nous avons fait d’inoubliables rencontres tant dans le Dhorpatan que dans les Annapurnas, bien plus fréquentés par les trekkeurs. En général, quel que soit l’endroit où vous vous trouverez au Népal, les gens vous accueilleront à bras ouverts...
Auteur : Dyn’s
Avis et commentaires
Du village de Dhorpatan, il est possible de partir au nord par le Phalgune Pass (3915m).
Plus haut, à Maikot, soit on peut continuer au nord vers Dunai via le Jang La (4535m), soit effectuer une boucle par l’ouest en passant par Dharmasala (le village le plus occidental du trajet) pour revenir à Dhorpatan, puis retour à Burtibang (cf ce topo).
Himal Churen ? Tu dois parler de Churen Himal, le chaînon entre le sommet homonyme et le Dhaulagiri VI culminant à plus de 7000m. Pas de sentier d’approche sur la carte... Mais il est indiqué que le Phalgune Pass offre un point de vue sur ce dernier.
Je ne connais pas de guide car nous sommes partis sans, mais il possible d’en trouver facilement sur Pokhara. De même pour la carte de la réserve du Dhorpatan.
EXISTE T IL UN TREK PLUS LONG SUR LE TREK DU DHORPATANG 12 JOURS PAR EXEMPLE
VERS HIMAL CHUREN ? CONNAISSEZ VOUS UN GUIDE SYMPA ON PART EN AVRIL 2019 POUR LE NEPAL h.ams@laposte. netMERCI
Près du col de Jaljala : le rhododendron à la népalaise.
Le Dhaulagiri quel monstre !
Une petite pensée pour Jean-Christophe Lafaille, aujourd’hui disparu, et qui l’avait gravi en solitaire !
"Certains nous ont fait part d’une grande gentillesse et d’un accueil des plus chaleureux qu’il soit, alors qu’ils sont pour la plupart des gens pauvres et démunis vivant avec le strict minimum. De quoi relativiser sur nos sociétés dites modernes et sur toutes les discordes qui y règnent... De quoi prendre conscience que notre confort et que certaines choses de notre quotidien, qui nous paraissent banales, se révèlent du luxe..."
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